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Son his toi re était lamentable. Ceux des vieux gentilshommes
qui avaient vécu sous le connétable d'Armagnac auraient
pu en dire long sur les malheurs tic sa famille, si(quarante
années d'exil et d'oubli, dans un pays où l'on avait plus
le culte de l'épée que celui de la plume et où les chroniqueurs
étaient rares, n'eussent effacé les anciens souvenirs. Mais
lui, il n'avait rien oublié.
Armagnac, il l'était, et de sang et d'allure. Ses aïeux,
détachés au
XIVe
siècle du rameau des seigneurs et barons
de Termes, avaient été apanagés de la terre de Sainte-Clins-
tic, près Nogaro. L'un d'eux, Bertrand, homme prudent et
sage, s'insinua si avant dans l'amitié du conn&.able d'Arma-
gnac, que le bruit était dans toute la Gascogne qu'il gouver-
iiaitMoneigneur le Comte. li fut gravement compremis dans
de drame sanglant qui se termina en 4402, par la mort du
comte
de:
Pardiac et de ses deux fils (4). Les deux enfants
lui avaient été confiés; il avait juré d'en répondre sur son
honneur et sur ses biens. Le connétable, gêné dans ses pro-
jets par Phonnête gentilhomme, prétexta des affaires pres-
santes en Espagne, et l'y envoya en qualité d'ambassadeur.
Confiant dans son maître, Bertrand lui remit la garde des
pupilles et passa les monts. Mais à peine était-il parti, que
le cruel et félon connétable les fit jeter en prison, et sans
égard poule sang d'Armagnac qui coulait dans leurs veines,
les condamna au supplice de la faim. Les pauvres enfants
furent réduits dans leur détresse à manger les doigts de
leurs mains et moururent misérablement (2).
(1)
Voir
Documents retat/
Vs â la chuta &Armagnac-Fee,t;a9uct
et à
la
mort du comte de Pardiac,
par Ni. Paul Durieu.
(2)
Le P. Anselme (11.1. p. 435) donne un récit dramatique de l'arrestation
des jeunes Pardiac; il accuse Bertrand de les avoir livrés et le qualifie par erreur
de batard.
Jeanue d'Armagnac justifie, dans son Mémoire, son aïeul de ce
crime. Voici le texte de son récit:
e ...
Dictas cornes Armanliaci misit eumdem
lertrandum ad partes et regnum Yspanie pro aliquibus suis negociis et aflariis,
dictis pupillis in suo regimine existentibus, quos rernisit et come]ldaviv dicto
comiti tanquam sors, qui respondit quod non egebant conicudatione quia
ilios tanquam suos consanguineos volebat nutrire et custodire, licet fecerit