Conseils pour éviter les erreurs alimentaires des sportifs: ce qu`il ne

Le kinésithérapeute
conseiller des familles
Parce qu'il est vu -àjuste titre -comme un spécialiste du mouve-
ment, le kinésithérapeute est souvent l'objet de demandes de rensei-
gnements de la part de familles dont un ou plusieurs enfants pratiquent
les sports, de la part d'un sportif qui vieillit et se trouve en butte àdes
douleurs dont il n'avait pas l'expérience, de la part de son patient qui
désire rapidement reprendre la pratique sportive. Nous entendons ici lui
fournir des éléments de réponse. Nous n'avons pas cru nécessaire de pro-
céder àun panorama complet des sports pratiqués, puisque les accidents
sont souvent les mêmes ... et que les accidents du jardinage, par exem-
ple, produisent les mêmes maux et sont justiciables des mêmes remèdes.
Conseils pour éviter les erreurs
alimentaires des sportifs:
ce qu'il ne faut pas faire
Ann. Kinésithér" 1981,8.113-118
J.-P. de MONDENARD 1
Quel est le sportif de compétition ou non qui n'a pas souffert un jour
ou l'autre de crampes, fringales ou «coups de pompe », troubles diges-
tifs, points de côté, diminution brusque du tonus musculaire, soif im-
périeuse?
Tous ces troubles peuvent être prévenus par une alimentation équi-
librée et adaptée, que ce soit avant, pendant et après la compétition.
En effet, c'est longtemps àl'avance qu'il faut adopter de bonnes habi-
tudes alimentaires. Elles contribuent pour une large part àmener progres-
sivement un athlète au mieux de sa forme.
A l'inverse, une alimentation fantaisiste en période de compétition ou
de pré-compétition est très souvent source de mauvais rendement àl'effort.
Deux tendances se rencontrent chez les sportifs: ceux qui sacri-
fient trop les lois de la diététique àla gastronomie et ceux qui font de la
1. Médecin fédéral.
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diététique un «moyen» infaillible et miraculeux pour les aider à remporter
la victoire.
D'un aliment, ou même d'un nutriment prétendu «prodige », ils font
dépendre la possibilité de leurs succès et de leur réussite: qu'il s'agisse
de viande crue, de vitamines, de potassium, de sucre ou glucose, etc.
Dans les deux cas, les erreurs ou croyances nutritionnelles sont
nombreuses.
Aussi nous proposons-nous de passer en revue les différentes' erreurs
ou croyances diététiques les plus fréquemment rencontrées dans le do-
maine sportif.
Peut-on prendre des forces au repas précédent l'effort?
Non; en raison de la lenteur relative de la digestion, le dernier repas
ne jouera aucun rôle en tant qu'apport d'éléments énergétiques indispen-
sables pour la poursuite de l'effort lors d'une compétition, Tous les spé-
cialistes sont unanimes pour recommander un repas aussi léger que possi-
ble,
Doit-on manger juste avant l'effort?
Non, le dernier repas précédent la compétition doit être pris au moins
trois heures et même quatre heures pour certains sujets avant l'effort.
Pourquoi ce long intervalle entre le dernier repas et le début de la
compétition? Lorsque l'effort a lieu en pleine digestion, celle-ci est for-
tement perturbée et des crampes d'estomac, voire des vomissements,
de la tachycardie (augmentation du nombre des battements du cœur par
minute), de l'essoufflement, peuvent survenir.
La masse sanguine, au moment de la digestion, est appelée au ni-
veau de l'appareil digestif et ce, au détriment du muscle et du cerveau.
Si, à ce moment-là, le sportif effectue un effort, les muscles se.trouvent
défavorisés alors qu'ils réclament un afflux sanguin pour accomplir leur tra-
vail (d'où manque de tonus, mise en train lente et pénible, rendement
diminué, somnolence). Il est facile de comprendre que digestion et effort
musculaire ne peuvent s'associer sans risque de désagrément.
Faut-il éviter certains aliments avant l'effort?
C'est selon; et la composition du repas précédent la compétition ne
doit pas être rigide. Certains peuvent impunément manger pratiquement
n'importe quoi et réaliser leur meilleure performance alors que d'autres, au
contraire, doivent s'astreindre à un repas pré-compétitif style sportif
(jambon + tartine de confiture) sous peine d'avoir des difficultés digesti-
ves au moment de l'effort. Je connais un champion de judo qui, durant
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toute la journée d'un championnat (Tournoi de Paris, Jeux Olympiques),
ne pouvait absorber qu'une alimentation liquide.
Sans verser dans la démesure, le sportif peut manger de façon rai-
sonnable tout ce qui lui plaît, même si ce sont des aliments ayant une
mauvaise réputation en diététique sportive.
Toutefois, si l'on veut mettre toutes les chances de son côté, il
est préférable de prendre le repas pré-compétitif préconisé par les Scan-
dinaves. «Ce repas sera composé principalement de pain, de marmelade
(confiture), d'une tranche de jambon, et d'une boissonJfaiblerTÜmi:sùcrée
(moins de 20 g par litre). En tout état de cause, ce repas devra être lé-
ger et il est indispensable de recommander aux athlètes de ne pas absor-
ber des rations importantes de poulet, viande, etc. à ce moment-là.»
Est-il nécessaire de prendre des comprimés de sel
pour éviter crampe et fatigue?
Non, lors d'efforts intenses et répétés sous forte chaleur, la sé-
crétion sudorale augmente surtout au niveau de l'eau, alors que la con-
centration en sel de la sueur diminue. Le rein s'adapte en diminuant l'ex-
crétion urinaire du sodium et les glandes salivaires sécrètent un liquide
contenant moins de sel. A ce degré d'adaptation, le sportif entraîné est
capable de maintenir son équilibre hydrominéral (eau + sels) et de conser-
ver sa condition physique avec seulement 5 g de sel par jour, tout en
fournissant un travail intense atmosphère chaude et humide et en
excrétant 4 à 9 litres de sueur par jour.
Ainsi, l'adjonction d'un peu de sel aux aliments suffit à réparer des
pertes excessives.
Faut-il prendre du potassium lorsqu'il fait chaud?
Non, vu la très faible perte de potassium par la sueur. De nombreux
auteurs en ont apporté la preuve. Une nourriture normale en assure une
fourniture suffisante. Au cas où l'on craindrait une perte de potassium,
1/4 de litre de jus d'orange naturel apporte l'équivalent de la perte potas-
sique correspondant à 2 à 3 litres de sueur.
Faut-il éviter de boire àl'effort sous prétexte
que cela Il coupe les jambes))?
Non, mieux vaut s'hydrater. En sport, deux légendes particulière-
ment rebelles continuent d'être prônées en 1980:
«Le coureur qui marche le mieux par temps chaud est celui qui boit
le moins.»
«Ne bois pas à l'effort, cela coupe les jambes.» 115
A notre avis, c'est surtout la tête de ces légendes qu'il serait bon
de couper. En effet, les travaux des savants scandinaves ont mis en évi-
dence le rôle essentiel?,e la boisson dans la réaliS'ation d'une perfor-
mance.
Lorsque le sportif transpire, les liquides dans lesquels baignent les
cellules musculaires diminuent. Ces cellules ne peuvent fonctionner con-
venablement tant que la quantité de liquide n'est pas rétablie. Pour limi-
ter la baisse du rendement àl'effort due àla transpiration, il faut apporter
de l'eau associée àdu glucose. La concentration du glucose dans la bois-
son varie en fonction de la température de l'air (été ou hiver). par exem-
pie:
- au-dessous de 10° C 120 gll,
- aux environs de 20° C 60 gll,
- au-dessus de 25° C 40 g/!.
Est-il bon d'augmenter la ration de viande pour accroître
la force musculaire?
Non, bien que la plupart des sportifs en soient persuadés et fondent
leur consommation excessive de viande sur le fait que les protéines par-
ticipent àla formation du muscle. L'adage bien connu «c'est avec du mus-
cle de bœuf que l'on fait du muscle d'homme)} est bien incrusté dans l'es-
prit des sportifs, mais plusieurs travaux ont mis en évidence que la par-
ticipation énergétique des protides lors d'un effort physique intense n'est
pas supérieure à celle du repos. Ce qui veut dire que lorsque la ration est
trop importante, au-delà de 20 %de l'apport calorique, l'excès est dé-
truit.
Peut-on penser que, pour maigrir, il faut transpirer
abondamment àl'effort?
Oui, mais en plus il faut travailler avec une très grande intensité. Il
n'est pas rare de voir des sportifs à l'entraînement se couvrir abondamment
et même porter une sudisette dans l'espoir de perdre plus rapidement les
kilos accumulés pendant les fêtes ou l'inter-saison. Les kilomètres sont
même effectués à vive allure, car ces mêmes sportifs ont constaté que la
transpiration était plus abondante lorsque l'effort était intense.
Il est certain que la pesée effectuée immédiatement après l'effort in-
dique une perte de poids de un à trois kilos suivant l'intensité et la durée
de l'effort. Cela est normal. Par contre, si le contrôle du poids est effec-
tué après le repas qui suit l'entraînement, le sportif aura la désagréable
surprise de constater que la perte de poids est nulle.
En effet, lors de l'effort intense, la perte de poids est due àla dés-
hydratation, autrement dit à la perte d'eau par la transpiration. Lors
de la prise alimentaire qui suit l'effort, l'organisme met en jeu toutes ses
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possibilités pour que l'équilibre des liquides qui baignent les cellules soit
maintenu, Ainsi, lors du repas suivant l'effort, l'eau des aliments ne sera
pas éliminée par l'urine mais conservée pour compenser la perte due à
l'effort, Par conséquent, le poids mesuré avant l'entraînement n'aura
pratiquement pas changé,
Par contre, pour perdre du poids, il faut faire un effort se situant
entre 30 et 50 % de sa capacité maximum, car, à ce moment-là, ce sont
les graisses qui seront consommées par l'organisme.
Est-il bon de boire une boisson sucrée plus de 30 minutes
avant l'effort en pensant élever le niveau d'énergie?
Non, car s'il est admis par tous que le dernier repas normal doit être
pris au moins trois heures avant la compétition, il est inutile de prendre
une boisson glucosée entre la fin du repas et 30 minutes avant la compé-
tition. En effet, cette boisson «sucrée» consommée durant cette période
entraîne par réaction une sécrétion d'insuline, hormone qui fait baisser
le taux de glucose sanguin et ainsi diminue les possibilités physiques au
début de l'effort. En d'autres termes, l'excès de sucre au repos sous for-
me de boisson risque de provoquer des effets inverses aux effets recher-
chés.
Par contre, une boisson glucosée consommée dans les 30 minutes
précédent l'effort, en raison du temps nécessaire pour être absorbée et
donc utilisable par l'organisme, sera efficace 20 à 30 minutes après l'avoir
bu, c'est-à-dire au départ de l'effort.
Doit-on croire que l'abus de vitamines augmente les performances?
Pas réellement: les vitamines sont des substances sans valeur éner-
gétique propre, nécessaires à l'organisme et à sa croissance, agissant
à faibles doses et qui ne peuvent être, en général, fabriquées par l'or-
ganisme. Ce qui implique de les lui fournir dans la ration alimentaire. La
présence en quantité suffisante de vitamines dans l'alimentation est indis-
pensable pour obtenir de bons résultats sportifs.
Des expériences effectuées sur de jeunes sujets montrent que l'en-
richissement en vitamines de régimes déjà équilibrés n'améliore en rien
l'aptitude au travail et à l'effort.
Plusieurs règles importantes sont à respecter lors de l'utilisation de
vitamines par le sportif:
1. - Ne jamais donner une vitamine seule mais une préparation po-
Iyvitaminée : une seule vitamine absorbée en trop grande quantité entraî-
ne un déséquilibre préjudiciable au rendement musculaire.
2. - Il n'est pas nécessaire, vitaminiquement parlant, de «doper»
le sportif au moment de l'épreuve par une surcharge importante en vita-
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