Chapitre 9 hn Rotation des molécules polyatomiques Guy Collin, 2014-12-29 Molécules polyatomiques – Rotation pure La molécule diatomique tourne sur elle-même Quant est-il d’une molécule polyatomique ? Est-ce que les lois, la quantification des niveaux d’énergie, les règles de sélection sont conservées ? L’utilisation de la mécanique quantique est-elle toujours aussi féconde dans la détermination de la structure moléculaire ? v=2 hn Que se passe-t-il si l’on applique un champ v = 1 électrique important aux molécules en même temps que l’excitation infrarouge ? v=0 2014-12-29 Molécules polyatomiques linéaires en rotation v=2 hn v=1 v=0 Le modèle mécanique choisi pour représenter la molécule diatomique peut s’étendre à ce cas. La mécanique quantique permet d’obtenir les niveaux d’énergie de rotation possibles. La formule est identique à celle correspondant aux molécules diatomiques : E = (h2/8 p2 I) J (J+1) et le terme spectral est F (J) = BJ (J+1) où B = h/ (8 p2 c I). 2014-12-29 Molécules polyatomiques linéaires en rotation v=2 hn v=1 v=0 La nécessaire variation du moment dipolaire permanent se traduit par une règle de sélection qui est encore D J = ± 1. Puisqu’une valeur de B, permet d’obtenir une longueur de liaison plusieurs liaisons, il faut obtenir autant de valeurs de B qu’il y a de liaisons. On mesure la constante B pour des molécules isotopiques : la substitution isotopique d’un atome ne change pas la longueur de la liaison. 2014-12-29 Cas d’une molécule linéaire triatomique Exemple la molécule O=C=S On observe le spectre de rotation pure 16O=12C=32S et 16O=12C=34S On en déduit B dans chaque cas, d’où I dans chaque cas. En ayant 2 valeurs de I, on calcule les valeurs de r . On peut ensuite vérifier ces valeurs de r en refaisant le sur un autre couple de molécules isotopiques v = 2 calcul 18O=12C=32S, 16O=13C=32S hn v = 1 etc. v=0 2014-12-29 Distances internucléaires Paires de molécules Isotopes O, C et S v=2 hn v=1 v=0 Distances internucléaires (nm) C=O C=S 16 12 32 16 12 34 0,1165 0,1558 16 12 32 16 13 32 0,1163 0,1559 16 12 34 16 13 34 0,1163 0,1559 16 12 32 18 12 32 0,1155 0,1565 Inspiré de Physical Chemistry, W. J. Moore, Prentice-Hall, 1972. 2014-12-29 Moment d’inertie d’une molécule linéaire triatomique m2 m1 m3 G 1 - r1 2 - r2 0 + r3 Le centre de masse G est déterminé par la relation : S i m i ri = - m 1 r1 - m 2 r2 + m 3 r3 = 0 v=2 hn On montre que : v=1 m m 2 + m m 2 + m m ( + )2 v=0 I = 2 1 1 2 3 2 1 m1 + m2 + m3 3 1 2 2014-12-29 Paramètres géométriques de quelques molécules linéaires v=2 hn v=1 v=0 Molécule Liaison re (nm) Liaison re (nm) O=C=O C=O 0,1162 HCN CH 0,1064 CN 0,1156 HN=O NH 0,1126 N=O 0,1191 ClCN CCl 0,1629 CN 0,1163 BrCN CBr 0,1790 CN 0,1159 HCCCl CH 0,1052 CC 0,1211 CCl 0,1632 2014-12-29 Moments d’inertie d’une molécule spatiale Une molécule spatiale a trois moments d’inertie perpendiculaires (trièdre trirectangle) : un par rapport à chacun des 3 axes. IA = Si mi[(xi - xo)2 + (yi - yo)2] IB = Si mi[(xi - xo)2 + (zi - zo)2] v=2 hn v=1 v=0 Axe principal de la molécule IC = Si mi[(yi - yo)2 + (zi - zo)2] - i représente chacun des atomes constituant la molécule; - xi, yi et zi les coordonnées de l’atome i; et - xo, yo et zo les coordonnées du centre de masse. 2014-12-29 Cas de la molécule à symétrie sphérique Cas de CH4 et SF6. L’atome central se trouve au centre de masse. Les autres atomes sont à une distance r du centre de masse. Ces molécules ont trois moments d’inertie égaux. v=2 hn v=1 v=0 IA = IB = I C = 2014-12-29 Cas du méthane et de SF6 SF6 CH4 mF mH r mF r mH v=2 hn v=1 v=0 r r mH mH I = 8/3 mH r2 mF r r r r r r mF mF mF I = 4 mF r2 2014-12-29 Cas de la molécule dite toupie symétrique Cas de CH3Cl et BrF5 . L’atome central ne se trouve pas au centre de masse. Les autres atomes ne sont plus à une distance commune du centre de masse. Ces molécules ont un axe principal et 2 moments égaux perpendiculaires à cet axe. v = d’inertie 2 hn v=1 v=0 2014-12-29 Cas du chlorure de méthyle et de BrF5 CH3Cl BrF5 mF mmCl Cl r' r mH v=2 hn v=1 v=0 r mH r mH mF mF r' r r r r mF mF Dans ces cas, on a deux moments : Ipar (parallèle à l’axe principal); Iperp . 2014-12-29 Cas de l’ammoniac, NH3, et du pentachlorure de phosphore, PCl5 mCl mCl mN r mH v=2 hn v=1 v=0 r m H r r' mH mCl r r r' r mCl mCl mCl Dans ces cas, r = 0,204 nm; 2014-12-29 r' = 0,219 nm. Le rotateur symétrique La toupie symétrique Système moléculaire qui possède trois moments d’inertie principaux finis dont deux sont égaux. Certaines molécules, radicaux... diatomiques appartiennent aussi à cette classe. Le nuage électronique n’a pas une symétrie complètement cylindrique. v=2 Cas de N=O · hn v =P1 = M + K v=0 B C P M A K 2014-12-29 Le rotateur symétrique rigide La toupie symétrique E = PA2/(2IA) + PB2/IB F(J) = v=2 hn v=1 v=0 J(J+1) IB + 1 IA 1 2 h -I K 2 B 8p c h h -1 B = et A = cm 8p2c IB 8p2c IA F(J) = B J(J+1) + (A-B) K2 cm-1 2014-12-29 Niveaux d’énergie des toupies J 8 8 7 7 7 6 6 6 5 5 5 4 4 8 4 2 v =22 2 K=2 hn 0 K=1 v = 1K = 0 v=0 J 8 8 8 8 8 7 7 7 7 6 6 6 6 4 4 4 4 2 0 2 2 7 6 5 4 K=3 « prolate » K=0 K=1 K=2 « oblate » K=3 2014-12-29 L’analyse du spectre Les règles de sélection sont modifiées : DJ = 0, ± 1. On va donc obtenir trois branches appelées P, Q et R : DJ = - 1, on a la branche P (pauvre); lorsque DJ = 0, on obtient la branche Q (visible seulement en combinaison avec un autre mouvement); lorsque DJ = + 1, la branche R (riche) apparaît. lorsque v En = 2 rotation pure, le spectre obtenu sera donc semblable hn à celui obtenu avec le rotateur rigide à ceci près que la valeur DJ = 0, on obtient une autre série de v =pour 1 v=0 raies, souvent confondues (rotation pure). 2014-12-29 Série P Série Q Série R v=2 hn v=1 v=0 Énergie Les transitions observées DJ = - 1 DJ = 0 DJ = + 1 u' = 1, J '= 5 u' = 1, J ' = 4 u' = 1, J' = 2 u' = 1, J ' = 0 u = 0, J = 5 u = 0, J = 4 Spectre u = 0, J = 2 u = 0, J = 0 Énergie (cm-1) 2014-12-29 L’analyse du spectre : vibration-rotation Pour DJ = 0, on obtient une raie unique qui est en fait la superposition des transitions J' J (0' 0, 1' 1, 2' 2, 3' 3, . . . ). Intensité v=2 hn v=1 v=0 P Q Intensité R l Énergie Sous faible résolution 2014-12-29 La toupie symétrique non rigide L’énergie d’un niveau dépend à la fois de J et K : F(J,K) = B J(J+1) + (A - B) K2 – DJ J 2 (J + 1)2 – DJK J (J + 1) K 2 – DK K 4 cm-1 La différence d’énergie entre deux niveaux d’énergie de rotation est : 3 F(J+1,K) – F(J,K) = 2 B J(J+1) – 4 D (J + 1) J – 2 DJK (J + 1) K 2 v=2 hn Là règle de sélection est toujours DJ = 0, 1 v=1 v=0 2014-12-29 Déformation sous l’effet de la rotation selon l’axe principal CH3Cl v=2 hn v=1 v=0 K=0 K>0 La force centrifuge a deux effets : - elle augmente la longueur des liaisons et - elle rend les liaisons C-H davantage 2014-12-29 perpendiculaires à la liaison C-Cl. Spectre comparé de rotation J=1 J=2 Cas d’une molécule diatomique J=3 Énergie (cm-1) Cas d’une molécule de type toupie symétrique J=2 J=1 v=2 hn v=1 v=0 K = 10 K=210 J=3 K=3 210 2014-12-29 Énergie des transitions Niveau d’origine v=2 hn v=1 v=0 Énergie de la transition en cm-1 F(J+1,K) – F(J,K) = J K 0 0 2 B – 4 DJ 1 0 4 B – 32 DJ 1 4 B – 32 DJ – 4 DJK 0 6 B – 108 DJ 1 6 B – 108 DJ – 6 DJK 2 6 B – 108 DJ – 24 DJK 2 2014-12-29 Valeurs numériques des constantes de rotation Molécules B (cm-1) DJ (cm-1) DJ K (cm-1) NH3 9,9439 0,197 10-3 - 3,50 10-3 ND3 5,1426 0,197 10-3 - 3,52 10-3 15NH 3 9,9197 NF3 0,3563 0,484 10-6 - 0,756 10-6 v=2 hn v=1 v=0 DJ et DJK << B 2014-12-29 L’analyse du spectre électronique On retrouve la parabole de FORTRAT qui systématise les raies des branches P et R. On obtient en outre, une branche Q, qui forme un morceau d’une autre parabole. L’énergie d’un niveau quelconque dans un état électronique excité est : v=2 hn v=1 v=0 E' = Eélec + F(J') + G(u') = Eélec + B'J'(J'+1) + (A'-B')K2 + G(u') 2014-12-29 L’analyse du spectre électronique Pour un niveau inclus dans l’état électronique fondamental : E = F(J) + G(u) = BJ(J+1) + (A-B)K2 + G(u) L’énergie d’une transition est alors : v=2 hn v=1 v=0 DE = E' - E = n 00 + B'J'(J'+1) - BJ(J+1) + G(u') - G(u) On admet en effet que le terme (A-B)K2 a la même valeur dans les deux états. 2014-12-29 L’analyse du spectre électronique En incluant la différence G(u') - G(u) dans le premier terme : R(J) = n-00 + B'(J+1)(J+2) - B J(J+1), DJ = + 1 v=2 hn v=1 v=0 Q(J) = n-00 + B' J(J+1) - B J(J+1), DJ = 0 P(J) = n-00 + B' J(J-1) - B J(J+1), DJ = - 1 En appliquant le changement de variable approprié, soit m = -J pour la branche P, m = J pour la branche Q et m = J+1 pour la branche R, les deux séries de raies P et R sont comprises dans la parabole de FORTRAT. 2014-12-29 L’analyse du spectre électronique Compte tenu du fait que la molécule peut présenter une grande différence de géométrie entre ses états fondamental et excité électroniquement, les deux branches de la parabole sont repliées sur elles-mêmes. Les raies de la branche Q se trouvent sur une autre branche de parabole. v = 2Après les changements de variables appropriés (m J), on obtient une figure qui peut ressembler à ce qui apparaît dans hn la figure qui suit. v=1 v=0 2014-12-29 L’analyse du spectre électronique m Branche R Branche Q E (cm-1) v=2 hn v=1 v=0 Branche P 2014-12-29 Paramètres géométriques de quelques toupies symétriques Molécule CH3F v=2 hn v=1 v=0 Angle de liaison HCH 1100’ Liaison re (nm) C-H 0,1109 C-F 0,1385 PH3 HPH 9318’ PCl3 ClPCl 1006’ P-Cl 0,2043 SbH3 HSbH 9130’ Sb-H 0,1712 NH3 HNH 10718’ N-H 0,1008 2014-12-29 Molécules assimilables à des rotateurs asymétriques v=2 hn v=1 v=0 Un rotateur asymétrique possède trois moments d’inertie principaux différents. Les solutions des équations sont plus complexes. Elles permettent cependant d’obtenir les paramètres géométriques des molécules. Exemple : CH3OH HCH : 10928’ et COH : 11015’ longueurs de liaison : C-H : 0,110, C-O : 0,1421 et O-H : 0,0958 nm2014-12-29 angles Paramètres géométriques de quelques toupies asymétriques Molécule H2 O CH3SC’N HN=C=O v=2 hn v = 1 CH2Cl2 v=0 Angle de liaison Liaison re (nm) HOH 10431’ O-H 0,09572 HCH (109) C-H 0,109 C-S 0,181 CSC’ 142 C’N 0,121 C’-S 0,161 HNC 1285’ H-N 0,0987 N=C 0,1207 NCO (180) C-O 0,1171 HCH 1120’ C-H 0,1068 C-Cl 0,177 24 ClCCl 11147’ 2014-12-29 Spectre RAMAN de rotation L’accroissement du pouvoir de résolution des réseaux utilisés et surtout de la finesse et de l’intensité des raies de lasers utilisés comme sources de lumière, on a pu analyser un certain nombre de rotateurs symétriques. Cela a permis de confirmer les analyses faites par spectroscopie en hyperfréquences. v=2 Il est cependant difficile d’analyser le spectre très hn v = 1compliqué d’un oscillateur asymétrique. v=0 2014-12-29 Géométrie des états vibrationnels excités Les spectres de rotation pure de molécules se trouvant dans des niveaux excités de vibration ont pu être obtenus. Il est nécessaire de chauffer les molécules pour qu’un nombre appréciable d’entre elles se trouvent dans un niveau de vibration supérieur à u = 0. v = 2 La distance inter nucléaire moyenne et les angles de liaison (qui ne sont pas nécessairement les hn v = 1 mêmes que dans le niveau de vibration fondamental) peuvent également être calculés. v=0 2014-12-29 Effet STARK sur les transitions rotationnelles Pour qu’il y ait transition en rotation, il faut qu’il y ait variation du moment dipolaire durant le saut rotationnel. On peut donc se demander quelle sera l’influence d’un champ électrique sur chacun des niveaux de v = 2rotation, et donc sur les transitions. hn v=1 v=0 2014-12-29 Effet STARK sur les transitions rotationnelles Chacun de ces niveaux d’énergie peut-être caractérisé par un nombre quantique M dont les valeurs possibles vont de -J à +J. Chaque niveau J initialement dégénéré (de même énergie) va être dédoublé en 2J + 1 sous niveaux, dont v l’énergie =2 varie selon chacune des valeurs de M. hn v=1 v=0 2014-12-29 v=2 hn v=1 v=0 sans champ Énergie (cm-1) Effet STARK sur HCl avec champ (E = 1000 V/cm) M=0 100 50 0 J=3 J=2 J=1 J=0 M = ±3 M = 0 M = ±1 M = ±2 M=0 M = ±1 E - 50 M=0 2014-12-29 Effet STARK sur les transitions rotationnelles des molécules linaires on montre que la variation d’énergie, de, d’une raie est telle que : J(J+1) - 3M2 de = 2 h B J (J+1) · (2J-1)(2J+3) m2 E2 m2 E2 v=2 hn v=1 v=0 de = - 6hB quand J 0 quand J = 0 m est le moment dipolaire ; B est la constante de rotation de la molécule ; E est le champ électrique appliqué. 2014-12-29 Moment dipolaire déduit de l’effet STARK v=2 hn v=1 v=0 Molécule Type) moment dipolaire (Debye NaCl linéaire 8,5 ± 0,2 OCS linéaire 0,712 ± 0,004 HCN linéaire 2,986 ± ,004 NH3 toupie sym. 1,47 ± 0,01 CH3Cl toupie sym. 1,871 ± 0,005 2014-12-29 Conclusion L’application de la mécanique quantique est toujours aussi féconde pour l’interprétation des observations spectroscopiques du mouvement de rotation des molécules polyatomiques. On obtient non seulement les longueurs de liaison mais également les angles de liaison. Les règles de sélection et les lois qui gouvernent les rotations des molécules polyatomiques sont v = 2 conservés. hn La variation de moment dipolaire est la variable v = 1 déterminante qui établit la faisabilité d’une transition. v=0 2014-12-29 Conclusion L’application d’un champ électrique intense permet de lever la dégénérescence des niveaux J et donc d’observer le dédoublement des raies, donc v = 2des transitions en rotation. hn v=1 v=0 2014-12-29