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Université Populaire du Pays Salonais
CYCLE HISTOIRE DU MONDE 2016-2017
Le monde globalisé depuis 1914 (3/5)
1919-1939, le Moyen-Orient
dans l’Entre-deux-guerres
Samedi 4 Mars 2017
1918, La guerre est finie
Le 11 novembre 1918, les combats cessent sur le front ouest. Ils cessent également en Italie
et dans les Balkans, point de départ du cataclysme. A lest, la guerre civile russe a déjà
commencé et durera jusqu’en 1921.
Au Moyen-Orient, la paix sonne le glas de l’Empire ottoman et la défaite historique des
Turcs. A l’opposé, le monde arabe soumis et en sommeil depuis au moins quatre siècles,
entrevoit l’espoir d’une renaissance.
Pour bien comprendre le film de cette histoire, qui pour certains se transformera en jeu de
dupes, il convient d’énumérer les cinq principaux acteurs.
D’abord, les maîtres du jeu, les Britanniques. Vainqueurs incontestables sur le terrain, en
octobre 1918. Une armée d’un million d’hommes, essentiellement des Indiens musulmans,
assistée par la RAF, occupe le monde arabe et ses principales capitales : Le Caire, Damas,
Bagdad. Avec cette occupation massive, les Britanniques ont pris soin de ne pas partager
cette prise de guerre avec leurs alliés français.
En face, les Turcs, vaincus et encore ottomans, laissent faire. Le dernier sultan Mehmed VI
n’oppose aucune résistance aux appétits occidentaux. En attendant l’arrivée de Mustapha
Kemal.
Au sud, le monde arabe. 12 millions d’habitants sur les 25 que comptait l’Empire ottoman
en 1914. Désuni et soumis depuis des siècles, sa récente victoire contre les Ottomans
semble lui ouvrir les perspectives d’une large union.
En octobre 1918, cette victoire est d’abord celle d’une famille, les Hachémites. Hussein, le
père, Chérif de la Mecque, secondé par son fils aîné Ali. A Damas, ses deux autres fils, Fayçal
et Abdallah, préparent l’avènement du grand royaume arabe qui irait du Taurus jusqu’au
Sinaï (pas jusqu’au Caire…), jusqu’à la Mecque et au Golfe. Avec laide évidemment de l’allié
britannique… avant que celui-ci les abandonnent et choisissent leur ennemi Ibn Saoud.
A côté de ces acteurs principaux, les autres.
Les Russes bolchéviques trouveront en Mustapha Kemal un allié de circonstance dans la
reconquête du Caucase, au détriment des Arméniens, des Géorgiens et des Azéris.
Les Grecs, poussés en avant par les Britanniques, seront abandonnés en peu de temps à
leur sort.
Plus à l’est, les Perses avec Reza Khan tentent de jouer leur carte et de libérer du joug
européens.
Quant aux Américains, ils sont déjà là en 1919 et attendent leur heure.
1919- 1939 : Les Britanniques « construisent » le Moyen-Orient
Cette histoire du Moyen-Orient de l’Entre-deux-guerres, est encore et pour la dernière
fois - une histoire britannique, et très secondairement française. Maître du jeu en 1918,
maître de l’Orient jusqu’à Singapour, la Grande-Bretagne joue au Moyen-Orient son rôle de
superpuissance impériale (1/4 du monde habité) et militaire, même si à cause de la guerre,
ses moyens économiques et financiers sont en net déclin.
Avec un état d’esprit colonialiste, tempéré par l’Américain Wilson, les puissances
occidentales tenteront de se partager le monde arabe comme elles l’avaient fait deux
décennies auparavant de l’Afrique.
Sauf que cette fois-ci elles trouveront en face des peuples mieux « structurés » et surtout
fiers de leur passé et profondément désireux de le faire renaître. Le partage purement
colonial laisse ainsi et très vite la place à l’idée de « mandat ». Le but reste toutefois le
même. En créant ex-nihilo des Etats « clients », les Britanniques cherchent avant tout à
généraliser dans l’ensemble du Moyen-Orient le système des protectorats arabes déjà
présent autour de l’Océan Indien en 1914. Aux yeux des Britanniques, ces nouveaux Etats
devront être au final de véritables colonies sans le nom.
Cependant, à cause des ambiguïtés et des louvoiements du principal acteur, le jeu
britannique ne fut pas un long fleuve tranquille. Les Britanniques sont maîtres du jeu, mais
rien ne se passera vraiment comme prévu…
Trois facteurs expliquent les louvoiements britanniques.
D’abord, leur volonté de maintenir l’alliance avec la France. Surtout que l’allié américain
disparaît avec la défaite électorale de Wilson en novembre 1920.
Ensuite, maintenir la même politique que celle d’avant 1914, protéger la Route des Indes.
Les Indes, perle de l’Empire, pourvoyeuse en richesses et surtout en hommes, atout
indiscutable pour une métropole en déclin et surendettée.
Mais l’Inde, l’Empire et le colonialisme en général, c’est déjà le début de la fin. Le principal
facteur qui va déterminer la politique occidentale, il a pour nom pétrole. Les navires de la
Royal Navy, arme privilégiée, fonctionnent au fioul à partir de 1911. Ce furent les trains à
vapeur qui ont permis à l’armée prussienne de vaincre en 1870. Ce seront par la suite les
norias de camions sur la Voie sacrée qui permettront la victoire française à Verdun. Et sans
parler de l’avènement de la voiture individuelle, encore à ses balbutiements dans les années
1920. Cest ce pétrole qui conditionnera les nouvelles enjeux géopolitiques.
Au final, les Britanniques veulent maintenir et renforcer leurs acquis : Suez et Bassora pour
la Route des Indes ; l’Irak et Mossoul, et l’Iran des Palhévis pour le pétrole. Au sud, on laisse
Ibn Saoud vaincre Hussein à la Mecque, s’emparer de la plus grande partie de la péninsule
arabique, à condition qu’il renonce au Koweït et à l’Irak, et à leurs prometteurs champs
pétrolifères. Cest ce compromis qui prévaut, en attendant l’arrivée des Américains à partir
des années 1930.
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