FAIRE DE LA LUTTE ANTI-INFECTIEUSE UNE PRIORITÉ

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1.
FAIRE DE LA LUTTE ANTI-INFECTIEUSE UNE PRIORITÉ
Le problème
Jusqu’aux récentes flambées de tuberculose MR/UR survenues dans un hôpital d’Afrique australe
parmi des patients dont beaucoup vivaient avec le VIH, la lutte anti-infectieuse dans les
établissements de soins et les lieux collectifs avait généralement été négligée.
La lutte anti-infectieuse s’appuie sur une combinaison de mesures destinées à réduire autant que
possible le risque de transmission du bacille, dont le choix dépend des conditions
programmatiques, climatiques et socio-économiques locales.
La politique actualisée de l’OMS sur la lutte anti-infectieuse1 indique aux pays ce qu’il faut faire
et comment hiérarchiser les différentes mesures de lutte. Si les recommandations s’appliquent
principalement aux établissements de santé, la politique de l’OMS comporte aussi des
orientations sur la prévention de la transmission du bacille dans les lieux collectifs et au sein des
ménages. Elle est divisée en quatre grandes catégories: gestion, administration (par exemple
mettre à part les patients qui toussent), contrôles environnementaux et matériel de protection du
personnel. Elle encourage le traitement communautaire et à domicile de la tuberculose, y compris
sous sa forme multi-résistante, et défend une approche axée sur le patient, qui vise notamment à
éviter la stigmatisation.
L’étude de la littérature montre que l’association des diverses mesures de lutte permet de réduire
la transmission du bacille dans les établissements de soins et ainsi de protéger les agents, d’éviter
l’apparition de cas de tuberculose et les décès parmi le personnel soignant.1 Par conséquent, tous
les établissements, publics et privés qui prennent en charge des patients atteints de tuberculose ou
chez qui on suspecte la maladie doivent mettre en oeuvre des mesures de lutte contre l’infection,
en plus des mesures générales de lutte anti-infectieuse et de celles visant à combattre d’autres
infections transmises par voie respiratoire.2
Peu de pays ont élaboré des stratégies pour appliquer des mesures de lutte contre la tuberculose.3
Dans la plupart de ces pays, le ministère de la santé, de la justice ou celui responsable des
infrastructures, par exemple, n’est pas chargé de prendre les mesures nécessaires pour définir une
approche coordonnée de la lutte contre la tuberculose, y compris par la participation de diverses
parties prenantes autres que les pouvoirs publics, par exemple des partenaires techniques et la
société civile.
1
WHO policy on infection control [sous presse]. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2009.
2
Prévenir et combattre les maladies respiratoires aiguës à tendance épidémique ou pandémique
dans le cadre des soins : recommandations provisoires de l’OMS. Genève, Organisation mondiale de la
Santé, 2007.
3
Global tuberculosis control: epidemiology, strategy, financing. WHO report 2009. Genève,
Organisation mondiale de la Santé, 2009 (WHO/HTM/TB/2009.411).
La solution
Pour appliquer et généraliser rapidement les meilleures pratiques de lutte anti-infectieuse et ainsi
réduire la transmission de la tuberculose, y compris sous ses formes multi-résistante et ultrarésistante, dans les établissements de soins et les lieux collectifs, il faut tenir compte de trois
grands aspects au niveau politique le plus élevé :
1.
2.
3.
L’encadrement
La lutte anti-infectieuse implique l’intervention de nombreux spécialistes (personnel du
programme de lutte contre la co-infection tuberculose/VIH, agents de santé, ingénieurs,
personnel chargé de la maintenance des bâtiments) et suppose d’inciter les gens à
appliquer systématiquement des mesures d’hygiène (se couvrir la bouche avant de tousser
ou porter un masque, par exemple). Il faut mettre en place des systèmes d’orientation,
d’encadrement, de suivi et d’évaluation.
Les compétences techniques
L’amélioration des systèmes d’aération, associée au rayonnement ultraviolet germicide,
si nécessaire, ainsi que l’application de l’ensemble des mesures de lutte anti-infectieuse
requièrent des compétences techniques spécifiques. Les agents de santé doivent être
encadrés et formés pour acquérir les habitudes nécessaires à l’application des mesures
voulues.
Les ressources financières
L’application des mesures de lutte anti-infectieuse requiert un minimum d’infrastructure,
notamment des rénovations et la construction de nouveaux établissements sûrs, et
suppose que les bâtiments soient conçus, construits ou rénovés et utilisés de manière
rationnelle, ce qui a des conséquences financières et politiques importantes au niveau des
pays et exige un haut niveau d’engagement politique.
Mesures à prendre d’urgence
•
Diffuser la politique de l’OMS en matière de lutte anti-infectieuse (2009).
•
Définir le rôle et les responsabilités au ministère de la santé, au ministère de la justice, au
ministère chargé des infrastructures et dans la société civile afin de faciliter l’application de
la politique de l’OMS. Il faut pour cela:
− recenser et renforcer les organismes nationaux chargés de coordonner la lutte contre
l’infection par le bacille tuberculeux sur la base des mesures générales de lutte antiinfectieuse. Il faut assurer une coordination entre la lutte contre le la tuberculose, la lutte
contre l’infection à VIH, la médecine du travail, l’administration pénitentiaire et la
société civile;
− élaborer des plans nationaux, assortis de budgets, pour élargir la lutte anti-infectieuse;
mobiliser des groupes de personnes vivant avec le VIH et leur donner les moyens d’agir
afin d’éviter la propagation de la tuberculose, notamment sous sa forme multi-résistante;
− mettre en place des systèmes normalisés de suivi et d’évaluation utilisables par toutes les
parties prenantes pour assurer le suivi continu de la lutte anti-infectieuse;
− exploiter les ressources existantes et nouvelles afin de mieux appliquer les mesures de
lutte anti-infectieuse dans les établissements de soins, les lieux collectifs et les ménages.
•
Déterminer les infrastructures nécessaires sur le plan des bâtiments pour mettre en oeuvre
les mesures de lutte anti-infectieuse et calculer les coûts que cela engendrera.
•
Évaluer les besoins et fournir l’assistance technique nécessaire pour instaurer et généraliser
la lutte anti-infectieuse au niveau national.
•
Calculer et évaluer le coût des ressources humaines nécessaires (ingénieurs, personnel de
maintenance, développement du personnel chargé de la lutte anti-infectieuse) au niveau
national.
•
Établir et appliquer un programme de recherche permettant de déterminer l’efficacité des
mesures de lutte sur la transmission de la tuberculose. Il faut entreprendre davantage de
travaux de recherche opérationnelle sur la mise en oeuvre des mesures prévues dans la
politique.
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