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LeTemps.ch | Les aventures du bacille de la tuberculose en direct
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Microbiologie Jeudi18 mars 2010
Les aventures du bacille de la tuberculose en
direct
Par Lucia Sillig
L’EPFL inaugurait hier son nouveau laboratoire pour l’étude des
aéropathogènes
Il faut vingt-quatre heures au bacille de la tuberculose, ou bacille de Koch, pour se répliquer.
Largement de quoi s’endormir devant son microscope, même si l’évolution de la bactérie est
passionnante. Dans le cadre de ses travaux sur la maladie, l’Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL) a
mis au point un nouveau système pour observer en parallèle le développement de centaines de
souches. L’appareil, utilisé dans un laboratoire dévolu à l’étude des aéropathogènes inauguré hier, a
contribué à la découverte d’une nouvelle molécule qui attaque la bactérie.
La tuberculose tue deux millions de personnes par année. En outre, l’apparition de souches multi,
voire ultrarésistantes préoccupe les chercheurs. «Cela fait quarante ans que nous utilisons les mêmes
médicaments», rappelle Stewart Cole, directeur du Global Health Institute de l’EPFL. Le bacille de Koch
se transmet par voie aérienne. Pour s’investir dans la recherche sur la tuberculose, la haute école s’est
donc dotée d’un nouveau laboratoire disposant des mesures de sécurité nécessaires pour la
manipulation de ces pathogènes. Zone dépressurisée, volume d’air filtré 12 fois par heure,
combinaison obligatoire et lecture des empreintes digitales pour entrer: un laboratoire de niveau P3,
comme il en existe une cinquantaine en Suisse.
La nouveauté réside surtout dans le dispositif d’observation. Les bacilles sont repartis sur des puces de
silicone alimentées – en nutriments notamment – par des microcanaux. Ils peuvent être placés dans
700 puits différents afin d’observer leur évolution individuelle. Le microscope prend une image de
chaque souche tous les quarts d’heure. «Cette technologie permet de refaire ce qu’on faisait avec une
pipette en plus petit et des centaines de fois en parallèle, relève Nicolas Denervaud, du Laboratoire de
caractérisation des réseaux biologiques. On accomplit en quelques semaines un travail qui prendrait
autrement des années.» Ce système exploite le fait qu’à l’échelle microscopique, les fluides ne
deviennent pas turbulents. «En appliquant des pressions par endroits, on actionne des microvalves qui
contrôlent ce qui se passe à l’intérieur de la puce», ajoute le chercheur.
Nouvelle molécule en test
En se passant les images en accéléré, les scientifiques tentent par exemple de comprendre pourquoi
certaines bactéries sont éliminées par les médicaments et d’autres pas. «Un traitement dure six à neuf
mois, explique Neeraj Dahr, un des chercheurs. Or la plupart des bactéries sont tuées dans les deux
premiers mois, tandis qu’une petite minorité résiste très longtemps.» Les «films» ont permis d’écarter
l’hypothèse selon laquelle celles qui croissaient lentement étaient plus coriaces.
L’EPFL a en outre contribué à mettre en évidence l’action d’une nouvelle molécule. Celle-ci fragilise la
paroi cellulaire du bacille, une barrière pourtant particulièrement efficace, qui lui permet de résister
aux antibiotiques, aux antiseptiques et au système immunitaire. Ce nouveau composé chimique
devrait prochainement entrer en phase de test.
© 2009 Le Temps SA
3/25/2010 3:14 PM
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