Mesurer et prévenir les risques au travail : alcool, tabac, cannabis, médicaments LE CONCEPT D’ADDICTION Vient du mot latin ad dictus, c’est-à-dire celui qui dans le monde romain est dit à l’esclave (perte de la liberté du corps) Evolution vers un concept juridique désignant le « don de son corps en gage pour une dette non payée » L’addiction met donc l’accent sur la perte de la liberté du corps, l’esclavage. Le concept d’addiction: L’addiction est un processus par lequel un comportement susceptible de permettre la production d’un plaisir et/ou le soulagement d’une sensation de malaise, s’organise d’une manière qui inclut la notion de perte de contrôle et la poursuite de ce comportement, malgré la connaissance de ses conséquences négatives. AVIEL GOODMAN LE CIRCUIT DE RECOMPENSE L’addiction peut se caractériser par 2 notions essentielles : 1) L'impossibilité répétée de renoncer à un comportement 2) La poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences. De l’abstinence vers la dépendance : Au fil de la vie, un sujet abstinent peut devenir consommateur d’une ou plusieurs substances en raison de : - - - Facteurs personnels : deuil, rupture, maltraitance, anxiété, maladie grave… Facteurs sociaux : habitudes de consommation de la famille, des amis ou de la société ; chômage, précarité… Facteurs professionnels : pots entre collègues, repas d’affaires, certaines conditions de travail… Si ces facteurs persistent, la consommation peut être responsable de complications qui amènent le sujet au stade d’abus voir de dépendance. Substances psychoactives Substances licites Substances illicites alcool, médicaments tranquillisants et somnifères, opiacés (héroïne, morphine, méthadone…). Substances qui stimulent le fonctionnement du système nerveux. Ces produits favorisent temporairement un état d’éveil et d’excitation et réduisent la fatigue. Ils induisent un sentiment fallacieux d’assurance et de contrôle de soi. L’effet est généralement suivi d’un état d’épuisement et de dépression. cannabis, L.S.D, produits volatils (colles et solvants), Kétamine, champignons LES DEPRESSEURS LES STIMULANTS LES PERTURBATEURS Substances qui agissent sur le système nerveux central pour réduire l’activité fonctionnelle, la coordination motrice ainsi que l’anxiété et la tension. tabac, cocaïne, crack, amphétamines, ecstasy Substances qui perturbent le fonctionnement du système nerveux. Ces produits provoquent une perturbation de la perception de l’environnement et de la réalité : modification du temps et de l’espace, sensibilité exacerbée aux couleurs et aux sons. Données épidémiologiques et culturelles Estimation du nombre de consommateurs de substances psycho actives en France parmi les 12-75 ans en 2005-2008 ALCOOL TABAC MEDICAMENTS PSYCHOTROPES CANNABIS Expérimentation (1) Dans l’année (2) Régulier (3) Quotidien 42,5 M 92% 39,4 M 86% 9,7 M 21% 6,4 M 14% 34,8 M 76% 15,1 M 33% 12,4 M 27% 14,9 M 32% 8,7 M 19% 3,9 M 8,5% 11,8 M 26% 3,8 M 8% 1,2 M 2,6% 11,8 M 26% 550 000 1,2% (1) Au moins un usage au cours de la vie (2) Au moins un usage dans l’année (ou fumeurs actuels) (3) Au moins 3 consommations d’alcool dans la semaine parmi les adultes, au moins 10 consommations d’ alcool dans le mois parmi les 17 ans, tabagisme quotidien, au moins 10 consommations de cannabis dans le mois Consommation régulière d’alcool, de tabac et de cannabis suivant l’âge (en %) Baromètre santé 2005 40 35 36.2 33.5 29.6 30 21.6 25 20 13.5 15 8.7 7.6 10 2.5 5 0 TABAC ALCOOL 18-25 ans 26-44 ans CANNABIS 45-64 ans 0.2 Le produit alcool Quelques éléments d’information Etymologie : Alkohol : poudre utilisée comme fard à paupières Symbole de subtilité, masque, illusion, tromperie, mensonge L’alcool est la substance psychoactive la plus consommée en France. Outre les états d’ébriété, la consommation d’alcool est responsable d’une diminution de la vigilance et des réflexes, de troubles de la vision et de comas. Un effet désinhibiteur est observé dès les premiers verres. Il entraine une prise de risque et rend le sujet familier voir violent ; la consommation répétée peut s’accompagner d’une dépression, de crises convulsives, de cirrhose, d’insuffisance cardiaque, d’hypertension artérielle, de cancers, de dénutrition, d’accidents vasculaires cérébraux… 50 000 décès sont dus chaque année à l’alcool. 11 litres d’alcool pur par an et par adulte soit : 120 bouteilles de vin à 12° 39 bouteilles de whisky 818 bouteilles de bière à 4° 17 18 19 LA CLASSIFICATION DES USAGES Caractérisé par la consommation d’une substance psychoactive n’entrainant ni complication, ni dommages pour la santé, ni troubles du comportement ayant des conséquences pour soi et les autres Consommation prise en dehors de tous risques situationnel et individuel Consommation dans certaines situations : Le risque situationnel -Conduite automobile, d’engin -Poste de sécurité -Situation qui requiert vigilance et attention Le risque individuel La consommation au-delà de certaines quantités -Grossesse, -Association avec d’autres produits, -La consommation précoce -Les conduites d’excès dont l’ivresse, -La consommation auto thérapeutique TROP C’EST COMBIEN ? POUR UNE CONSOMMATION MODÉRÉE à moindre risque (1 verre standard = 10 gr d’alcool) Pas plus de 3 verres d’alcool par jour Pas plus de 2 verres d’alcool par jour Il est conseillé de ne pas consommer au moins 1 jour par semaine et pas plus de 4 verres par occasion de boire Caractérisé par une consommation répétée induisant des dommages dans les domaines somatiques, psychoaffectifs ou sociaux, soit pour le sujet lui-même, soit pour son entourage Impossibilité de s’abstenir de consommer Dépendance psychique définie par le besoin de maintenir ou de retrouver les sensations de plaisir, de bien-être, la stimulation que la substance apporte mais aussi éviter la sensation de malaise psychique Dépendance physique définir par un besoin irrépressible qui oblige le sujet à la consommation pour éviter le syndrome de manque. Elle se caractérise par l’existence d’un syndrome de sevrage et par l’apparition de la tolérance Avec une seule bière, mon taux d’alcoolémie peut être supérieure à 0,5 g d’alcool par litre de sang ? Un verre standard de bière 25 cl à 5° Un prémix : 33 cl à 6° Une bière extra forte : 50cl à 10° simulateur Quantité d’alcool (10g d’alcool pur par verre standard) Poids (en kg) X coef. de diffusion 0,7 pour les hommes 0,6 pour les femmes Exemple : Un homme de 70kg qui consomme 5 bières aura un taux d’alcoolémie de 1,02g Car l’alcoolémie = 50 : (70x0,7) = 1,02g Généralités : Les effets de l’alcool sont : Variables selon les conducteurs, Peu ressentis par le conducteur lui-même ou peu visibles à 0.5g/l mais facilement décelables par des tests psychomoteurs Conséquence sur la conduite de véhicules ou le maniement d’outils : - prise de risque par l’effet euphorisant et désinhibiteur - libération de l’agressivité, indifférence au danger - surestimation de ses capacités Ralentissement des réflexes/augmentation du temps de réaction : à 100 kms/h à 0.80g/l = 0.5 seconde de retard au freinage soit 14 m Perturbation des capacités à : Se concentrer Évaluer les vitesses et les distances Raisonner et faire des choix Incoordination motrice : Imprécision, inadaptation des gestes, mouvements brusques dus : Au manque de nuances dans l’appréciation de la situation A l’impossibilité d’anticiper les conséquences des actes de conduite (freinage brutal, accélération par à coups, grand coup de volants…) Alcoolémie et relation dose/effet 0,10 g à 0,30 g/l légère atteinte 0,30 g à 0,50 g/l Les gestes commencent à être perturbés Trouble de la vue, estimation faussée des distances 0,50 g à 0,80 g/l Euphorie, allongement du temps de réaction et trouble des réactions motrices 0,80 g à 1,50 g/l Baisse massive de la vigilance, conduite très dangereuse 1,50 g à 3,00 g/l Allure titubante –diplopie-passage à l’acte Plus de 3 g/l Risque de coma pouvant entrainer la mort Impact de la consommation d’alcool dans le milieu professionnel Vidéos (15 minutes) : Irène et les autres Focus : - De la tolérance à l’intolérance - Du Pot à l’accident Interviews : - Tabou - Des difficultés à se positionner Protocole de gestion d’un état d’alcoolisation Collègue ou autorité hiérarchique directe - Identifier les signes de troubles du comportement du salarié - Appeler le secouriste le plus proche pour conseils - Faire cesser la situation et informer le responsable si cela n’a pas été fait avant Autorité hiérarchique directe ou cadre responsable du service - Accompagner la personne vers un lieu où les risques seront limités - Utiliser l’alcootest dans les conditions prévues dans le règlement intérieur - Demander un avis médical auprès du médecin du travail (si absence, contacter le SAMU, SOS Médecin, un médecin généraliste) - Noter par écrit les indications du médecin contacté Dès la reprise d’activité de l’agent : - Entretien de la personne avec l’autorité hiérarchique pour rappeler les faits - Organiser une consultation avec le médecin du travail Le produit cannabis Quelques éléments d’information herbe huile joints feuille résine CANNABIS CANNABIS Le nom scientifique est Cannabis sativa ou chanvre indien. Il contient une substance qui agit sur le cerveau : Le THC (Tétra-Hydro Cannabinol). Présentation L’herbe contient de 1 à 5% de THC. Il s’agit de feuilles et tiges fleuries. Elles se fument mélangées à du tabac ou non sous forme de joint. La résine contient de 5 à 10% de THC. C’est de la résine de plante, séchée et compressée. Se présente sous forme de barrette L’huile contient de 20 à 80% de THC; L’effet du cannabis sur le comportement A court terme désinhibition sociale, euphorie, altération du jugement, mauvais contrôle des mouvements, troubles de l’équilibre, vertiges Troubles de la mémoire à court terme, troubles de la vigilance, difficulté de concentration, somnolence, difficultés à accomplir des taches multiples simultanées Troubles sensoriels A long terme Syndrome amotivationnel, altération des facultés d’apprentissage et de mémorisation Des problèmes cardiorespiratoires ainsi que des cancers peuvent apparaitre Dépistage Un point spécifique est fait sur la consommation de cannabis. Cependant, il ne faut pas écarter les autres substances entrainant une dépendance et mettant en danger votre santé (liste non exhaustive) : - Cocaïne - Ecstasy - Héroïne Les médicaments psychotropes Quelques éléments d’information Les médicaments psychotropes sont consommés par une partie non négligeable de la population française. Lorsque leur utilisation se fait en dehors d’une prescription médicale, leurs effets ne sont plus contrôlés et peuvent être dangereux. Certains médicaments sont susceptibles d’altérer les capacités de conduite. Il est conseillé à chaque travailleur de signaler à son médecin traitant le poste de travail occupé lors de la prescription de médicaments psychotropes. Il est utile d’en parler au médecin du travail pour évaluer la nécessité d’une adaptation du poste de travail. antidépresseurs Tranquilisant ou anxiolytique Somnifère ou hypnotique Neuroleptique ou antipsychotique Les antidépresseurs Prescrits pour diminuer les symptômes suivants : la tristesse, une diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir de vivre, des troubles du sommeil et des troubles alimentaires, sensation de fatigue ou perte d’énergie, diminution de l’aptitude à penser et à se concentrer Augmente l’activité du cerveau Les effets indésirables : la perte de vigilance, la somnolence et l’excitation Représentent 50% des ventes contre 25% en 1980 Les tranquillisants ou anxiolytiques Diminuent l’angoisse et la manifestations de l’anxiété (insomnie, tension musculaire…) Les plus prescrits appartiennent à la famille des benzodiazépines connues pour le risque de dépendance Le danger se centre sur l’altération de la vigilance et les reflexes (conduite), des troubles de la mémoire, de l’équilibre Parfois utilisés à dose toxicomaniaque Selon une enquête OFDT, 6% des hommes et 12% des femmes avaient consommé un anxiolytique au cours de la semaine précédent l’enquête et dans 75% des cas, il avait été prescrit par un médecin Traitement limité à 12 semaines Les somnifères ou hypnotiques Destinés à provoquer et/ou maintenir le sommeil N’appartiennent plus forcement à la famille des benzodiazépines car les molécules d’aujourd’hui ont un effet hypnotique de plus courte durée, ce qui évite les somnolences le jour. Ils altèrent la vigilance, créent des troubles de la mémoire à court terne Prescription sur une période courte : 4 semaines Les neuroleptiques Premier médicament psychotrope (qui abat les nerfs) Relèvent de prescriptions psychiatriques, notamment pour le traitement des psychoses. Ils permettent de calmer les patients afin de faciliter leur prise en charge. Prise en charge psychologique associée Les médicaments psychoactifs La prise d’alcool peut diminuer ou amplifier les effets des médicaments. L’alcool augmente par exemple les effets sédatifs des tranquillisants. La prise d’un médicament susceptible d’altérer l’aptitude à la conduite est retrouvée chez environ 10% des accidentés de la route. Conséquences d’une consommation addictive La consommation de substances psychoactives (alcool, drogues, médicaments) diminue la vigilance et les réflexes; modifie les capacités de raisonnement, le champ de vision et la perception du risque. La consommation même occasionnelle peut être à l’origine d’accidents du travail ou de trajets, d’autres risques professionnels et/ou décisions erronées. Procédure à suivre face à un collègue dans l’incapacité d’assurer son travail en toute sécurité - - - Alerte de l’employeur : rôle de chacun d’alerter quand une personne est en danger. Pas de délation mais moyen d’éviter un accident ou l’aggravation de la santé du salarié et/ou des tiers. Retrait de la personne de toute activité dangereuse. Respect de la vie privée du travailleur et absence de jugement de valeur sur son comportement. Rappel Règlement intérieur (Fiche Préventions des conduites à risques) 22 L’agent doit être en possession de toutes ses facultés pour assurer ses fonctions. Il ne doit donc pas absorber toute substance (drogues, alcool…) pouvant provoquer une conduite à risques, et notamment se rendre sur son lieu de travail en état d’ébriété. De même, il lui est interdit d’introduire des boissons alcoolisées sur son lieu de travail, autre que le vin, la bière, le poiré, l’hydromel non additionnés d’alcool (cf organisations d’événements exceptionnels). Son supérieur hiérarchique a l’interdiction « de laisser entrer ou séjourner dans les mêmes établissements des personnes en état d’ivresse. » (Article R. 232-2 du code de travail, applicable aux collectivités territoriales). En cas d’ivresse, l’agent est ramené chez lui, puis convoquer à un entretien dans les deux jours ouvrés suivant la constatation de l’événement. En outre, l’employeur a une obligation de prévention de l’alcoolisme et d’incitation à la consommation de boissons non alcoolisées. Il ne peut recevoir des boissons alcoolisées au titre d’avantage en nature. L’agent doit également informer sa hiérarchie d’une consommation particulière de médicaments. L’agent peut être soumis à un contrôle d’alcootest (l’article L.230-2 du Code du Travail impose à l’employeur d’éviter les risques). En cas de refus, il y a présomption d’état d’ivresse. Le recours à un médecin est toujours possible pour avis médical. La liste suivante détermine les postes jugés dangereux pouvant être soumis à cette procédure : (liste ne pouvant porter atteinte aux droits des personnes et aux libertés individuelles/collectives) Conduite d’engin ou de véhicule motorisé Manipulation de produits dangereux Utilisation de machines dangereuses Contact avec le public Travail sur la voirie Travail en hauteur Travail exposant à un risque de noyade Travail auprès d’enfant Trajet en voiture Travail avec des outils électroniques, tranchants ou perforants Les dispositions préétablies sont également applicables à tout agent ayant consommé une substance illicite. L’organisation d’événements La consommation d’alcool sur le lieu de travail est permise dans certaines circonstances, lors d’événements exceptionnels tel que des naissances, mariages, mutations, retraites… Une demande d’autorisation formelle doit être faite à l’autorité hiérarchique. Les locaux utilisés doivent être préalablement définis. La durée de l’événement doit être limitée dans le temps. Seules les boissons du groupe 2 (pas plus de 15°) sont autorisées, et des boissons non alcoolisées en quantité suffisante doivent être proposées. Les boissons alcoolisées ne peuvent être servies qu’en accompagnement d’un repas ou d’une collation. Le tabagisme Tous les agents ont l’interdiction de fumer dans tous les locaux municipaux, ainsi que dans les véhicules appartenant à la commune Numéros de téléphone et sites internet d’informations Ecoute Alcool : 0 811 91 30 30 Alcool info service : alcoolinfoservice.fr Drogues info service : 0 800 23 13 13 droguesinfo-service.fr Ecoute Cannabis : 0 811 91 20 20 Tabac Info Service : 39 89 Mission interministérielle de lutte contre la drogue : drogues.gouv.fr