Le gaz de schiste en Algérie :
Quels enjeux et quels impacts pour notre territoire ?
KHIER Nacira1, RABIA Mimouna2, BOUDER Abdelmadjid3
I.Qu’elle est la différence entre hydrocarbures
conventionnel et hydrocarbures non conventionnel ?
Physiquement et chimiquement, rien ne différencie un hydrocarbure non
conventionnel d’un hydrocarbure conventionnel : il s’agit toujours de
pétrole (hydrocarbure liquide) ou de gaz (gaz naturel, principalement
composé de méthane CH4). Le classement d’un hydrocarbure dans l’une
ou l’autre catégorie tient aux conditions d’accumulation de cet
hydrocarbure dans le sous-sol et aux types de technologies à mettre en
œuvre pour l’en extraire.
L’industrie pétrolière nomme conventionnels les gisements contenus
dans des roches poreuse et perméables et dont l’exploitation est
relativement facile ; elle nomme non conventionnels tous les autres, la
limite entre les deux notions évoluant cependant au cours du temps avec
les progrès de la technologie : dans toutes les industries, ce qui était hier
technologie de pointe peut être aujourd’hui méthode de routine.
II. Qu’est ce qu’un gaz de schiste
Le gaz de schiste est un gaz naturel contenu dans des roches
sédimentaires argileuses, situées entre 1 et 3 kilomètres de
profondeur, qui sont à la fois compactes et imperméables. Il y est
emprisonné en petite quantité et dispersé sur de grandes surfaces, dans
un volume de roches conséquent.
III. La répartition géographique du gaz de schiste
1. Le gaz de schiste dans le monde
Les réserves de gaz de schiste sont réparties dans tous les continents. Les
seuls pays qui exploitent le gaz de schiste sont les états Unis et le Canada.
2. Le gaz de schiste en Algérie
Les réserves de gaz de schiste identifiées en Algérie se situent dans sept
(7) bassins : Mouydir, Ahnet, Berkine Ghadamès, Illizi, Timimoune,
Reggane et Tindouf. L'objectif annoncé du gouvernement, une production
de 60 milliards m3/an qui se traduirait par le forage de 12.000 puits sur
une durée de 50 ans.
IV. L’extraction de gaz de schiste
Deux technologies permettent d’obtenir des productions viables :
1. Le forage horizontal qui augmente la section productrice de chaque puits
(par rapport à un forage vertical);
2. La fracturation hydraulique contrôlée qui permet d’améliorer la
perméabilité de la roche;
Ces techniques sont connues de l’industrie et également utilisées en
production conventionnelle.
Les quantités de gaz extraites de chaque puits sont limitées, nécessitant un
nombre important de puits pour une production significative
V. Les impacts de l’extraction de gaz de schiste
1.Pollution de l’eau et des nappes phréatiques : Le principal problème de
l’exploitation des gaz de schiste tient dans la consommation d’eau, mais
aussi dans les risques de pollution.
Un puits de gaz de schiste, c'est 20000 m3d'eau douce par fracturation.
Un même puits peut être "fracté" plus de 10 fois, soit au moins 100000 m3
pour certains. Il faut retenir que pour avoir un milliard m3de gaz, un
million de m3 d'eau est définitivement perdu et plein de contaminants
(600 produits chimiques) qui arrivent d'une façon ou d'une autre à la
nappe phréatique. L'Algérie dispose, d'une nappe phréatique millénaire de
plus de 45000 milliards m3. Toutes les oasis du Sud vivent de cette source
et on contaminerait toute vie au Sahara qui est un écosystème.
2. Pollution de l’air : Outre la pollution de l’eau, les techniques
d’extraction des gaz de schiste ont aussi un impact sur l’atmosphère,
parce que les eaux de forages récupérées et stockées dans des bassins de
récupération à ciel ouvert favorisent l’évaporation de composés
organiques volatils qui entrent en contact avec l’air. Ces émissions
entrainent une pollution chimique qui pourrait être dommageable pour la
santé des populations.
3. Pollution de paysage : Les puits s’épuisant rapidement (productivité en
forte décroissance à l’issue de la 1ère année de forage), il faut
régulièrement en forer de nouveaux.
Figure 1:Les différents types d’hydrocarbures
gazeux non conventionnels
Figure 2:Les différents types d’hydrocarbures
liquides non conventionnels
Figure 3:Répartition des gaz non
conventionnels dans le monde
Figure 4:Réserves non prouvées (en milliards de m3)
Figure 5:Répartition géographique de Gaz de schiste en Algérie
Figure 6: L’extraction de gaz de schiste
Figure 7: Fracturation hydraulique
1er Colloque International sur Hydrocarbures, Énergies et Environnement –HCEE- Ouargla les 23/ 24 novembre 2014
Conclusion
Nombreux sont les impacts de l’extraction de gaz de schiste, sur la nappe
phréatique et l’eau, sur l’air, sur le paysage, sur la santé ….
L’exploitation durable des carburants fossiles non conventionnels (gaz de
schiste) est impossible puisqu’ils ne durent pas, par définition.
Le gaz de schiste est loin d’être sans conséquences ! Pourtant, les industriels
considèrent cette nouvelle ressource comme une solution face à la crise
énergétique. Mais les dommages ne prendront-ils pas le dessus sur les
bénéfices ?