ressources nouvelles (énergie éolienne, gaz de schiste) se combinent dans les régions-ressources
pour exiger la mise en place de nouveaux arrangements, plus complexes et subtils, entre
économie et société (Howlett, Brownsey, 2007). Plusieurs dossiers saillants de ces dernières
années (crise forestière, développements éoliens, exploration des gaz de schiste) ont ainsi donné
lieu à des échanges plus poussés entre les administrations, divers groupes locaux et les
entreprises. Ces dynamiques semblent indiquer qu’il ne sera plus vraiment possible, à l’avenir, de
gérer séparément les enjeux économiques et les enjeux sociaux des régions-ressources et qu’il
faudra y intégrer de nouvelles variables. Des résistances au gaz de schiste aux mobilisations
favorables aux entreprises, nouvelles (éoliennes) ou traditionnelles (mines), la société civile et les
acteurs locaux tendent à acquérir un poids nouveau qui conduit les acteurs traditionnels du
développement à ouvrir (non sans difficulté) les paramètres du développement à ces nouveaux
acteurs.
L’étude de terrain de deux projets de développement (une controverse autour d’un parc
éolien et les négociations autour de l’exploration des gaz de schiste) démontre la nécessité (mais
aussi la difficulté) de partager l’espace, lorsqu’il est question d’introduire de nouvelles activités
économiques sur les territoires. Nous insisterons en particulier sur deux dynamiques : la
médiation au sein des communautés, à partir de l’exemple d’agriculteurs-citoyens mobilisés
contre l’exploitation des gaz de schiste et la « traduction » socio-technique, liée à l’implantation
d’un parc éolien. Il s’agira de démontrer la difficile articulation entre les intérêts particuliers et
l’intérêt communautaire ou territorial, avancée au cœur des conflits par certains groupes, qui
posent de véritables défis pour trancher les dilemmes du développement territorial.
En conclusion, nous souhaitons montrer comment ces structures socioéconomiques et ces
dynamiques sociopolitiques obligent à un renouvellement des outils conceptuels des études
régionales : à partir du cas particulier des recherches québécoises, nous souhaitons interroger plus
largement les réalités que peut recouvrir la notion de « région ». Au Québec, le GRIDEQ
(Groupe de recherche interdisciplinaire sur le développement régional, de l'Est du Québec)
poursuit depuis quelques dizaines d’années un programme de recherche sur le développement des
territoires périphériques. Initialement, il développe une étude interdisciplinaire à forte coloration
« sociale » (histoire, géographie sociales, sociologie, etc.), souvent très attentive aux
contradictions entre les structures et les acteurs mais, confrontée aux apories d’une
conceptualisation fondée sur le partage structure-acteurs, il s’oriente à partir des années 1990 vers