Evolution de la perception sensorielle et des préférences

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Evolution de la perception sensorielle
et des préférences alimentaires chez les personnes âgées :
quel lien avec le statut nutritionnel ?
Isabelle Maître, Claire Sulmont-Rossé
Marion Amand, Véronique Cariou, Evelyne Vigneau
Virginie Van Wymelbeke
Alimentation et vieillissement
Changements
physiologiques
 Métabolisme
 État
de base
de santé
 Transit intestinal
 Perception sensorielle
 Etat bucco-dentaire
Changements
psychologiques
 Etat
cognitif
 Dépression
Changements
sociologiques
 Revenus
financiers
 Solitude, veuvage
 Dépendance
 Appétit -  Prise alimentaire
Altération du statut nutritionnel
Risque de dénutrition
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Alimentation et vieillissement
•« Le Créateur, en obligeant l’homme à manger pour vivre, l’y
invite par appétit et l’en récompense par plaisir. » - Brillat-Savarin
- L’acte alimentaire ne se résume pas à la satisfaction d’un besoin
physiologique, il comprend aussi une dimension « plaisir »
susceptible de contribuer à l’appétit et au plaisir d’une personne
La dimension plaisir de l’alimentation
Perception
sensorielle
Préférences
alimentaires
Statut nutritionnel
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Claire Sulmont-Rossé1, Isabelle Maître2
Marion Amand3, Véronique Cariou3, Evelyne Vigneau3 et Virginie Van Wymelbeke4
1. Centre des Sciences du Goût et de l'Alimentation, UMR 1324 INRA, Dijon, France
2. LUNAM Université, Groupe ESA, UPSP GRAPPE, Angers, France
3. ONIRIS, Unité de Sensométrie et Chimiométrie, Nantes, France
4. CHU, Unité de recherche service de médecine gériatrique, Dijon, France
I.Maître et al, juin 2012. page 4
Le processus de vieillissement, même lorsqu’il se déroule normalement, est
associé à de nombreuses modifications d’ordre physiologique
(ralentissement du transit intestinal, du métabolisme basal, perte de dents,
altérations des capacités chimiosensorielles), psychologique (solitude,
dépression, démence) et sociologique (retraite, veuvage, déménagement…)
susceptibles d’avoir un impact sur la prise alimentaire et le statut
nutritionnel de la personne âgée. Au-delà de ces changements, l’apparition
d’une dépendance pour l’alimentation, qui fait généralement suite à une
perte d’autonomie de la personne (apparition d’une incapacité physique ou
psychique, veuvage…), modifie en profondeur le rapport de la personne à
son alimentation. Dés lors qu’une personne âgée doit déléguer tout ou
partie de son alimentation à une aide ménagère ou à un service de
restauration collective, elle doit s’adapter aux pratiques culinaires, aux
habitudes alimentaires, voire aux préférences alimentaires de tierces
personnes.
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Au regard de ces changements, l’âge et la dépendance s’accompagnent
fréquemment d’une diminution de l’appétit et d’une dégradation du statut
nutritionnel. Selon les estimations de la HAS (2007), 4 à 10% des personnes
âgées vivant à domicile seraient dénutries et cette proportion atteindrait
entre 15 et 38% des personnes âgées vivant en EHPAD (Etablissement
d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). A l’heure actuelle, la
prévention et la lutte contre la dénutrition s’appuient essentiellement sur
une prise en charge nutritionnelle – mise en place de régimes alimentaires
adaptés, formulation d’aliments enrichis, prescription de compléments
alimentaires. Or, comme l’exprime la grande majorité des personnes âgées,
l’acte alimentaire – manger – est et reste avant tout un plaisir. « C’est
même le dernier plaisir qu’il nous reste » pour reprendre l’expression d’une
personne interrogée dans le cadre de nos travaux.
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Afin de mieux comprendre le lien entre plaisir sensoriel et état nutritionnel
chez les personnes âgées, une enquête multidisciplinaire a été réalisée
auprès de 559 personnes âgées de plus de 65 ans. Cette enquête
comprenait près de 200 questions portant entre autres sur les habitudes et
les préférences alimentaires des seniors, leur perception des odeurs et des
saveurs des aliments ainsi que sur leur état de santé et leur état
nutritionnel. Cette enquête a été menée dans quatre villes françaises
(Angers, Brest, Nantes et Dijon), auprès de seniors vivant en EHPAD ou à
domicile, avec ou sans aide extérieure.
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Les résultats ont mis en évidence une grande variabilité au sein de la
population âgée, tant au niveau de la perception sensorielle que des
préférences alimentaires. Alors que la communauté scientifique admet que
les capacités chimiosensorielles diminuent avec l’âge, l’enquête a montré
qu’environ 45% de la population âgée présentait des capacités sensorielles
préservées. Le reste de la population se partage entre ceux qui perçoivent
plutôt moins bien les odeurs et ceux qui perçoivent plutôt moins bien les
saveurs.
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En parallèle, les résultats ont mis en évidence trois styles de mangeurs. Les
amateurs de “mitonné” préfèrent la viande au poisson, le beurre à l’huile
et ne peuvent pas se passer d’un dessert à la fin de leur repas. Les
amateurs de “bonne chair” apprécient un bon rôti, saignant de préférence.
Ces personnes apprécient un bon verre de vin pour accompagner leur repas
mais n’apprécient pas particulièrement les produits sucrés. Enfin, les
amateurs de “nature & brut” préfèrent le poisson à la viande, l’huile au
beurre. Ils apprécient les légumes, en particulier cuits à la vapeur, et
rejettent les plats tout préparés. Si peu de liens ont été observés entre
perception sensorielle et préférences alimentaires, les résultats ont en
revanche montré que les personnes présentant une forte altération
olfactive tendent à avoir un statut nutritionnel plus fragile. De même, les
amateurs de “bonne chair” tendent à avoir un moins bon statut
nutritionnel.
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Fort de ces constats, l’enjeu des travaux à venir est de développer des
aliments répondant à la fois aux attentes en matière d’habitudes
alimentaires et de préférences des personnes âgées, tout en tenant compte
de leurs capacités chimiosensorielles et de leurs besoins nutritionnels. In
fine, l’objectif est d’augmenter le plaisir associé au repas pour cette
population et de contribuer ainsi à la lutte contre la dénutrition.
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Remerciements. Les travaux susmentionnés s’inscrivent dans le cadre du
programme AUPALESENS (Amélioration du plaisir alimentaire du senior
pour bien vieillir et lutter contre la dénutrition) financé par l’Agence
Nationale de la Recherche (ANR – 2010-2013). Ce programme est
coordonné par Virginie Van Wymelbeke du CHU Dijon (Unité de recherche
service de médecine gériatrique) et implique l’INRA (UMR Centre des
Sciences du Goût et de l’Alimentation, Dijon et l’UMR ALISS, Ivry Sur Seine),
l’Ecole Supérieure d’Agriculture (UPSP GRAPPE, LUNAM Université, Groupe
ESA, Angers), le CHU Angers (Service d’endocrinologie et diabétologie),
ONIRIS (Unité de Sensométrie et Chimiométrie, Nantes), l’Université
François Rabelais (Laboratoire Psychologie des Ages de la Vie, Tours) ainsi
que les partenaires du monde économique Lactalis (Retiers), Les Repas
Santé (Beaune), Cecab d’Aucy (Saint Thurien), Livrac (Haute Goulaine),
Frutarom (Dijon), Entremont Alliance (Malestroit).
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