SMTOIF-14janvier 2016-quali

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Maintien dans l’emploi 6 ans après un
diagnostic de cancer :
analyse qualitative
B. Asselain, M. Sevellec, L. Belin, M. F. Bourrillon, D. Lhuillier,
E. Rérolle, S. Le Bideau, F. Cotasson Guillet, N. Le Peltier.
Institut Curie et SMTOIF
Projet soutenu par l’INCa et l’ARC
Analyse qualitative
LES PROBLÈMES RENCONTRÉS AU MOMENT DE
LA REPRISE ET LES DIFFICULTÉS DE LA
RÉINSERTION
SMTOIF, 14 janvier 2016
Une étude en 2 temps et 2 focus
2008, Le retour au travail
• Interview de 42 salariés
• Échantillon représentatif
2014, La réinsertion
• Interview de 24 salariés
• Échantillon représentatif
Sauf score anxiété >11
Significativement supérieur
SMTOIF, 14 janvier 2016
Le cancer s’inscrit dans une histoire de vie
dont il bouleverse les multiples dimensions
▪ La maladie vient questionner le sens de la vie, les priorités,
l’identité profonde, la confiance en soi
▪ Le contexte douloureux amplifie la difficulté à s’orienter, à
retrouver ses repères, à faire des choix.
▪ Dans ce contexte, la reprise d’activité est souvent mal estimée,
entre le déni des difficultés et l’idéalisation du retour en
entreprise.
SMTOIF, 14 janvier 2016
Au moment de la reprise (1/2)…
Cancer et identité
Une profonde déstabilisation des personnes malades, atteintes jusque dans la
perception de leur identité.
« Je pense que sincèrement la maladie m’a… je ne suis plus la même. »
« j’étais pas comme ça, avant »
L’enjeu du retour au travail
Le moment du retour au travail est un double enjeu social et psychique.
« De reprendre le travail, ça remet tout de suite dans un contexte normal »
« Donc je voulais me prouver que c’était qu’une parenthèse et que tout repartait
comme avant»
L’absence de préparation
Le retour se fait dans une confiance en soi et une forme de naïveté qui occulte
la préparation de ce retour
« Je pensais que ça s’arrêterait, que je pouvais souffler et revenir tranquillement
dans la société. »
SMTOIF, 14 janvier 2016
Au moment de la reprise (2/2)
Le corps et la fatigabilité
« Vous avez envie d’oublier, donc de vous remettre dans le boulot….mais on se rend pas
compte tout de suite qu’on est encore fatigué, que le corps a encore besoin de repos »
« Parfois, il faudrait quand même écouter son corps»
La perte des anciens repères
« J’aurais jamais imaginé qu’on revienne, complètement en décalage et complètement dans un
autre monde en réalité »
« On sent qu’on a décroché … on est diminué »
_
Le constat des salariés eux-mêmes
« Les gens ont besoin d’une aide, d’adaptation, de transition et de suivi, un coach, un
soutien »
SMTOIF, 14 janvier 2016
Les solutions pour améliorer la reprise
Pouvoir proposer un accompagnement
« Quand vous traversez tout ça, des fois vous ne raisonnez peut être plus de
façon très posée »
Etre informé pour permettre d’anticiper
« Après quelques mois on s’aperçoit que… j’aurais dû faire comme ça, mais
c’est aussi par un manque d’informations, ou… je n’ai pas posé les bonnes
questions au bon moment »
Entendre le besoin d’un temps de convalescence
« Je pense que j’ai repris trop tôt. J’aurai eu besoin, avant de revenir dans le
monde du travail de faire ma petite pause à moi. »
« La maladie vous arrête et vous permet de vous poser les bonnes questions, de
relativiser, de prendre soin de vous et de prendre du temps pour vous »
SMTOIF, 14 janvier 2016
Le livret
Disponible gratuitement
auprès de la fondation ARC
http://www.fondation-arc.org/Lesbrochures/le-retour-au-travail-apresun-cancer.html
SMTOIF, 14 janvier 2016
Résultats des entretiens six ans plus tard
La vie au travail après le cancer :
une épreuve encore présente 6 ans après
SMTOIF, 14 janvier 2016
Quelques difficultés, 6 ans après la reprise…
Difficulté à trouver le bon rythme
« j’ai repris à plein temps, pour bouger au sein de mon entreprise… ça
se passe bien mais c’est difficile…et je compte redemander un temps
partiel parce que c’est vraiment trop, trop… »
Stigmatisation
« je ne sais pas pourquoi, il y a toujours eu une barrière, quelque
chose qui fait que je n’évolue pas… »
Séquelles évolutives
« j’ai toujours des douleurs… le bras qui gonfle un petit peu, c’est
récent »
Insuffisance d’écoute et de dialogue
« on peut pas se plaindre, on ne peut pas le dire, vous faites comme
les autres… »
SMTOIF, 14 janvier 2016
Un constat global
L’histoire personnelle et l’environnement
jouent un rôle déterminant
dans la construction de stratégies
pour « retomber sur ses pieds »
SMTOIF, 14 janvier 2016
Retomber sur ses pieds c’est :
Avoir une place à soi…
Etre perçu comme une ressource utile et nécessaire à l’entreprise
Avoir confiance en soi et avoir la confiance des autres
Avoir des projets et être en capacité de les réaliser
….
SMTOIF, 14 janvier 2016
(Co) construire une place, un poste de travail
Cette place est celle qui respecte ce que le salarié :

sait faire = ses compétences

peut faire =

souhaite faire = ses besoins et ses aspirations profondes
SMTOIF, 14 janvier 2016
ses possibilités en prenant en compte ses
séquelles
Etre actif et soutenu facilite la réintégration
Pour le salarié, il s’agit de se réapproprier, réinventer son rôle
« se remettre dans le tableau, faire en sorte qu’on compte
avec vous, qu’on pense avec vous »
Il a besoin d’interlocuteurs qui le soutiennent :
 Etre reconnu et entendu dans ses besoins
 Avoir des moyens mis à sa disposition pour s’adapter, se former,
ne pas s’épuiser seul et sans aide
Il a besoin d’un temps et d’un lieu pour l’élaboration
• Mettre des mots sur le vécu du cancer permet de « raisonner de
façon plus posée », de trouver de nouveaux repères, de faire des
choix qui tiennent compte de ses capacités et des compétences
acquises par la maladie
SMTOIF, 14 janvier 2016
Recommandations pour réussir une réinsertion
après un cancer
Un triple appui peut favoriser la réussite de la réintégration dans
l’entreprise en associant:
 Bienveillance …. Solidarité (milieu de travail, collègues… )
« mes collègues ont accepté que je sois un peu plus lent… il y avait une
certaine attention, c’est agréable de se sentir soutenu »
 Soutien, moyens donnés par l’entreprise (hiérarchie, médecin du
travail, RH…)
« Ils m’ont fait confiance… et j’ai montré qu’il y a des choses que je peux
faire malgré mon handicap… et en fait tout le monde est content »
 Accompagnement, lieu d’écoute à distance (psychothérapie,
groupes d’entraide, groupe de parole…)
« j’ai suivi une psychothérapie, ça été un vrai tournant, ça m’a permis de
rebondir »
« je travaille pour oublier, comme ça j’ai pas le temps de réfléchir »
SMTOIF, 14 janvier 2016
L’entreprise à l’écoute
Œuvrons pour faire évoluer les pratiques de l’entreprise pour
améliorer l’accompagnement des salariés atteints de cancer,
de maladies chroniques…
Proposons des réflexions collectives, que nous pouvons enrichir
par l’expérience des situations de ces salariés
Les salariés atteints de cancer, de maladies chroniques auront-ils
la possibilité de combiner l’organisation de leur travail et leur
suivi médical, leur vie avec la maladie?
SMTOIF, 14 janvier 2016
PRÉSENTATION
Réflexions à partir du récit de deux salariées
SMTOIF, 14 janvier 2016
Impossibilité de prendre soin de soi
Femme, 50 ans employée, reprise à plein temps après AT de 2 mois
Tenir sa place à tout prix
-
Conserver une existence sociale
-
Raisons financières et peur du chômage
-
Travailler pour ne pas penser - Travail « réparateur psychique » M. Pezé
Tenir sans aide de l’organisation
-
Reprise trop rapide, visite de reprise tardive, pas d’aménagements
-
Peu de solidarité entre les employés
-
Pas d’accompagnement de la part du management
-
Pas de présence du Médecin du Travail au côté de la salariée tout au long de la reprise
 Séquelles s’aggravent : n’y arrive plus, lymphoedème en train de s’installer
« Je me dis qu’il faut que je pense à moi maintenant »
SMTOIF, 14 janvier 2016
Seule pour mener le double combat de la maladie et
du retour
Femme, 47 ans, cadre, premier cancer puis rechute un an après
Incommunicabilité de l’expérience
-
Vivre dans le mensonge pour protéger ses proches
-
Refus de parler de ses difficultés au travail, se conformer au modèle d’un salarié sans
problèmes personnels
Travailler jusqu’à l’épuisement
-
Ne pas décevoir, répondre, quoi qu’il en coûte, aux attentes de l’entreprise
-
Se prouver que l’on est comme avant, que l’on vaut encore quelque chose
-
Besoin d’une parole compréhensive pour s’autoriser à « freiner un peu »
Un accompagnement tant attendu
-
Etre aidée et accompagnée dès la reprise et après
-
Mettre des mots sur l’expérience …
-
SMTOIF, 14 janvier 2016
… pour « sortir enfin de la maladie »
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