Histoire et actualité - Bibliothèque Sainte

publicité
Salle de lecture. Par Dominique Lecuivre. BSG, 2009.
Histoire
et actualité
La Bibliothèque Sainte-Geneviève est l’héritière de la bibliothèque de l’abbaye Sainte-Geneviève
de Paris, à laquelle elle a survécu pendant la Révolution française, occupant jusqu’en 1842 le dernier
étage de l’édifice abbatial qui abritait alors l’École centrale du Panthéon, aujourd’hui lycée Henri IV.
Le bâtiment actuel, édifié par l’architecte Henri Labrouste (1801-1875) et agrandi par la suite,
a été inauguré en février 1851.C’est le premier édifice construit en vue d’être exclusivement une
bibliothèque. Il a été inscrit en 1975 et classé en 1992 au titre des monuments historiques. Il fait
figure de manifeste pour la modernité en architecture.
C’est aujourd’hui une bibliothèque d’État à la fois interuniversitaire (universités Paris 1, 2,
3, 4 et 7) et publique, accessible à toute personne de plus de 18 ans ou titulaire du baccalauréat.
Elle est administrativement rattachée à l’université Sorbonne Nouvelle. Ses collections sont
pluridisciplinaires et comptent environ deux millions de documents. Elles se répartissent en trois
fonds : la Réserve, pour les fonds anciens, rares et précieux principalement, le Fonds général pour les
documents publiés de 1830 à aujourd’hui, et la Bibliothèque Nordique proposant un très riche fonds
fenno-scandinave dont l’origine remonte aux collections de l’abbaye.
De la basilique des Saints-Apôtres à la bibliothèque nationale
Au début du VIe siècle, Clovis, à l’instigation de sainte Geneviève, fait construire une basilique
dédiée aux saints Pierre et Paul, sur la rue qui porte aujourd’hui son nom. On peut encore en
admirer le clocher, appelé aujourd’hui indûment « tour Clovis » et situé dans l’enceinte du lycée
Henri IV. On enterre sainte Geneviève dans la crypte de la basilique. Très vénérée par les Parisiens
au long des siècles, elle est aujourd’hui patronne de Paris. Son nom dès le IXe siècle supplante ceux
de Pierre et Paul. Il désigne tout à la fois la basilique, l’abbaye et la Bibliothèque.
Les terres attenantes sont confiées à des religieux. Au IXe siècle, les pillages des Normands
causent de nombreux dégâts. La basilique et l’abbaye doivent être entièrement reconstruites au
XIIe siècle, et l’abbaye est réformée par Suger. C’est alors que s’installent des chanoines réguliers de
saint Augustin, qui disposent d’une bibliothèque et d’un scriptorium. Au XIIIe siècle, un catalogue,
peut-être partiel, fait état de 226 volumes. La construction du mur de Philippe Auguste, dont les
vestiges sont visibles rue Clovis, attire une population nombreuse. Au XVIe siècle, pour desservir
les gens du quartier, on construit l’église Saint-Étienne-du-Mont (église paroissiale), tout contre la
basilique abbatiale.
Le contexte troublé du XVIe siècle et la mauvaise administration de l’institution provoquèrent
de graves pertes de collections. Le manuscrit le plus ancien portant la marque de l’abbaye SainteGeneviève (son ex-libris) date du XIIe siècle et se trouve à la Bibliothèque municipale de Soissons
(la Bibliothèque possède aujourd’hui des manuscrits plus anciens, à partir du IXe siècle). Au
XVIIe siècle, Claude du Molinet commence à rassembler des objets singuliers pour le Cabinet de
curiosités attenant à la Bibliothèque. Celle-ci a conservé entre autres les objets ethnographiques,
pièces aussi rares qu’anciennes, présentés aujourd’hui dans une galerie menant à la Réserve.
Au XVIIIe siècle, la basilique est destinée à être remplacée par une nouvelle église SainteGeneviève commandée à Soufflot par Louis XV en accomplissement d’un vœu. La première pierre
est posée en 1764. Elle est achevée en 1790 et devient « Panthéon des grands hommes » dès 1791.
À la Révolution, les collections de la Bibliothèque ne sont heureusement pas dispersées.
Alexandre-Gui Pingré, chanoine génovéfain en charge des collections, astronome, explorateur et
écrivain, présente un catalogue bien tenu et son charisme fascine les commissaires du peuple.
Seules les pièces du Cabinet de curiosités sont dispersées dans diverses institutions, à quelques
exceptions près. La Bibliothèque, elle, reste en place et cohabite avec le lycée installé dans les
bâtiments de l’ancienne abbaye jusqu’en 1838, année où est prise la décision de construite un édifice
indépendant pour abriter les collections. C’est Henri Labrouste qui doit honorer la commande
dans le cadre du réaménagement de la Montagne Sainte-Geneviève. L’emplacement de l’ancien
collège de Montaigu, voué à la démolition, est donc dévolu à cette nouvelle construction qui sera
un chef-d’œuvre égal à l’ancienne bibliothèque. Les bâtiments de Montaigu accueillent les lecteurs
pendant la construction de la nouvelle bibliothèque.
Voir Les bâtiments et leur décor
Des collections variées, pour un public nombreux
Le Fonds général regroupe l’essentiel des documents publiés de 1830 à nos jours, la part la
plus importante du point de vue quantitatif. Deux départements spécialisés contribuent au
rayonnement de la Bibliothèque : la Bibliothèque Nordique, pôle documentaire d’excellence dans
le domaine des langues, littératures, histoire et civilisations fenno-scandinaves, et la Réserve.
Le Fonds général compte 950 000 ouvrages, environ 15 000 titres de périodiques, dont 2 800
abonnements en cours, 85 000 microformes (thèses, journaux, ouvrages) et de nombreuses
ressources électroniques (documents numériques, bases de données et périodiques en ligne,
livres électroniques). L’offre multi-supports aujourd’hui développée vise à satisfaire les besoins
documentaires d’un public large et fidèle composé principalement de chercheurs, enseignants,
étudiants des niveaux licence à doctorat et inscrits en cycle de formation continue, élèves des classes
préparatoires ainsi que tout public intéressé par une documentation de niveau universitaire. La
collection à caractère encyclopédique est héritée de l’histoire de la Bibliothèque Sainte-Geneviève
et en particulier de l’apport du dépôt légal. Le Fonds général affiche aujourd’hui une orientation
résolument pluridisciplinaire et pluraliste. Reposant sur un socle « Lettres, arts, sciences humaines
et sociales » affirmé, il demeure toutefois à même de répondre à des attentes spécifiques en sciences,
sciences juridiques, sciences économiques et de gestion pour le public étudiant. Par convention,
la Bibliothèque Sainte-Geneviève est pôle associé de la Bibliothèque nationale de France pour le
dépôt légal éditeur dans certaines disciplines.
L’histoire de la Bibliothèque Nordique plonge ses racines dans la croissance de la bibliothèque
abbatiale. Le don effectué en 1710 par Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims et frère
de Louvois, contient environ 500 volumes concernant les pays scandinaves. Ce fonds a toujours
été alimenté, même après 1790. En 1868, précisément, le legs d’Alexandre Dezos de La Roquette,
ancien consul de France au Danemark et en Norvège, enrichit la Nordique de plus de 1 500
ouvrages, noyau lourd menant à instituer la collection spécialisée. De nombreuses personnalités
scandinaves ont depuis effectué des dons. Henri Lavoix, administrateur de la Bibliothèque, chargé
d’une mission en Scandinavie en 1885, établit des contacts avec les éditeurs, les bibliothèques et
les sociétés savantes. Son apport essentiel au développement du fonds est salué par le portrait qui
décore l’escalier menant à la Nordique. L’accroissement régulier du fonds par la suite conduit à
le baptiser officiellement « Fonds scandinave » et à lui attribuer en 1903 une salle de lecture
et des magasins au 8, place du Panthéon. Quand à l’appellation « Bibliothèque Nordique »,
elle a été formée par un Comité de patronage international. La salle de lecture et les magasins
ont été transférés en 1961 dans les nouveaux bâtiments d’André Lecomte (entrée par le 6, rue
Valette). La Nordique possède plus de 160 000 documents, et un fonds patrimonial d’environ
3 000 documents. Elle reçoit douze quotidiens des cinq pays nordiques et un quotidien estonien.
Exception à la règle, la Nordique prête ses collections. Elle est actuellement la bibliothèque la plus
riche en livres scandinaves et finnois en dehors des pays nordiques.
La salle de lecture de la Réserve (où étaient conservés les ouvrages rares et précieux) s’est d’abord
trouvée à l’extrémité est de l’édifice, au rez-de-chaussée. Le lecteur pénétrait dans un vestibule
où étaient exposées quelques « curiosités », des trophées d’armes des XVIIe et XVIIIe siècles. Il
parcourait le couloir bordé d’armoires en bois où étaient conservés – et en quelque sorte exposés
– les manuscrits et livres anciens. La salle a été plus tard distribuée en bureaux, une salle de lecture
étant attribuée en 1929 à la Bibliothèque Jacques Doucet, qui conserve des manuscrits littéraires.
Cette salle ressemblait davantage aux bibliothèques « à contempler » du XVIIIe siècle, elle a
d’ailleurs hérité du décor de son aïeule : galerie des portraits des rois de France au pastel, de Louis IX
à Louis XIV (le programme les voulait « au naturel, sur les originaux les plus fidèles qui se sont
pu rencontrer dans Paris »), bustes de grands hommes sculptés par Coysevox, Caffieri, Houdon,
etc. Aujourd’hui, la Réserve conserve et communique des collections modernes et contemporaines
en bibliophilie, histoire du livre, etc., ainsi que de riches collections patrimoniales anciennes et
modernes : 6 000 manuscrits, 160 000 volumes imprimés anciens, rares et précieux, plus de 50 000
dessins, estampes et photographies, en plus des reliures, œuvres et objets d’art provenant pour
l’essentiel de la bibliothèque et du Cabinet de curiosités de l’abbaye Sainte-Geneviève. Parmi les
plus anciens manuscrits conservés figure un volume contenant les commentaires de Cassiodore sur
les Psaumes copié au VIIIe siècle (ms. 55).
Le Cabinet de curiosités, attenant à la bibliothèque à l’époque de l’abbaye, était composé d’objets
rares ou curieux, venus parfois de continents lointains et souvent identifiés de façon approximative
intéressant les savants : monnaies et médailles, pierres, animaux empaillés, plantes séchées,
statuettes, momie, tableaux... Beaucoup d’objets ont été attribués à d’autres institutions au moment
de la Révolution : au lycée remplaçant l’abbaye, mais aussi au Museum, au Musée militaire, à la
Bibliothèque nationale, etc. Les objets présentés aujourd’hui, des objets ethnographiques appelés à
l’époque « sauvageries », sont des pièces exceptionnelles et particulièrement rares.
Voir Guide des éléments de décor et des objets patrimoniaux
La Bibliothèque accueille surtout des étudiants, mais aussi des chercheurs, des professionnels et
le public curieux que la file d’attente ne décourage pas. En effet, elle comptabilise près de 400 000
entrées dans l’année, 1 500 à 2 000 lecteurs par jour en « période de pointe » (mars à novembre).
Gratuite, ouverte de 10 h à 22 h du lundi au samedi, elle ne ferme que pendant la première
quinzaine d’août et autour de Noël. Une des plus grandes bibliothèques de France, donc, pour
son amplitude horaire et la richesse de ses collections, et une des plus belles du monde par son
architecture et son patrimoine précieux.
Site web : http://www-bsg.univ-paris1.fr/ - Actualités à suivre sur les réseaux sociaux.
Catalogue général : http://bsg-catalogue.univ-paris1.fr/bsg/Vubis.csp - Catalogue des manuscrits : http://www.calames.
abes.fr - Collections numérisées : https://archive.org/details/bibliothequesaintegenevieve, http://www.bsg.e-corpus.
org/ et http://liberfloridus.cines.fr/
Documentaire : Arte France, DVD 7 de la Collection Architectures - Ouvrages récents : La reliure de création : les
collections de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (2015) ; Labrouste, 1801-1875, architecte : la structure mise en lumière :
[exposition, Paris, Cité de l’architecture et du patrimoine ; New York, MoMA] (2012) ; La Bibliothèque Sainte-Geneviève à
travers les siècles dans la collection Découverte Gallimard et album Le rétablissement d’une architecture (2011).
10, place du panthéon - 75005 paris
Tél. : 01 44 41 97 97 - Fax : 01 44 41 97 96 - E-mail : [email protected] - http://www-bsg.univ-paris1.fr
Téléchargement