de Dieu

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DEI VERBUM
Texte…
commentaires…
et citations bibliques
DEI VERBUM
CONSTITUTION DOGMATIQUE SUR LA RÉVÉLATION DIVINE
Préambule
En écoutant religieusement et proclamant avec assurance la parole
de Dieu, le saint Concile fait sienne cette parole de saint Jean :
« Nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et
qui nous est apparue : ce que nous avons vu et entendu, nous vous
l'annonçons, afin que vous soyez en communion avec nous et que
notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ »
(1 Jean 1, 2-3). C'est pourquoi, suivant la trace des Conciles de
Trente et du Vatican I, il entend proposer la doctrine véritable sur la
Révélation divine et sur sa transmission, afin que, en entendant
l'annonce du salut, le monde entier y croie, qu'en croyant il espère,
qu'en espérant il aime.
Préambule
Le préambule contient en résumé, comme en un noyau, tout le contenu de la constitution, à
savoir l’expression de ce qu’est la révélation.
Pour cela, les Pères du Concile ont choisi de citer le début de la première lettre de Jean, qui
lui-même est comme un commentaire du prologue de l’Evangile (cf. les diapos suivantes).
Et le prologue de l’Evangile de Jean renvoie à la première page de la Genèse : « au
commencement, Dieu créa le ciel et la terre… Dieu dit : que la lumière soit ! Et la lumière
fut… »
Nous voici donc situés dans ce qui est le plus fondamental, à la source des sources, à la racine
de tout être.
I Jean 1:1-4
Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de
nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ;
-- car la Vie s'est manifestée: nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous
annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue -ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en
communion avec nous.
Et notre communion (est) avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Tout ceci, nous vous
l'écrivons pour que notre joie soit complète.
Prologue de l’Evangile de Jean
1:1 Au commencement était le Verbe
et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu.
1:2 Il était au commencement avec Dieu.
1:3 Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut.
1:4 Ce qui fut en lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes,
1:5 et la lumière luit dans les ténèbres
et les ténèbres ne l'ont pas saisie.
1:6 Il y eut un homme envoyé de Dieu. Son nom était Jean.
1:7 Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.
1:8 Celui-là n'était pas la lumière,
mais il avait à rendre témoignage à la lumière.
1:9 Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme;
il venait dans le monde.
1:10 Il était dans le monde,
et le monde fut par lui, et le monde ne l'a pas reconnu.
1:11 Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas accueilli.
1:12 Mais à tous ceux qui l'ont accueilli,
il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu,
à ceux qui croient en son nom,
1:13 lui qui ne fut engendré ni du sang,
ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.
1:14 Et le Verbe s'est fait chair
et il a habité parmi nous,
et nous avons contemplé sa gloire,
gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
1:15 Jean lui rend témoignage et il clame:
"C'est de lui que j'ai dit:
Celui qui vient derrière moi, le voilà passé devant moi,
parce qu'avant moi il était."
1:16 Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour grâce.
1:17 Car la Loi fut donnée par Moïse;
la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
1:18 Nul n'a jamais vu Dieu;
le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l'a fait connaître.
Préambule
Relisons le préambule et les textes de Jean en décrivant la révélation divine en termes de
communication.
Toute communication suppose un émetteur : ici, c’est Dieu.
Elle suppose un récepteur : ici, ce sont les disciples de Jésus, les disciples de ces disciples
et les autres hommes… potentiellement, toute l’humanité.
Elle suppose aussi un « média », ici c’est l’homme-Jésus.
Elle suppose enfin un but. Le but de la Révélation est non seulement de faire savoir qui
est Dieu, de le révéler, mais plus encore – une perspective qui dépasse absolument tout ce
que nous pouvons concevoir – de faire entrer les hommes en communion avec Dieu, de
leur faire partager la vie divine, la condition divine.
Parole où Dieu se donne
(comme dans le consentement du mariage)
=
Parole d’alliance
CHAPITRE PREMIER
LA RÉVÉLATION ELLE-MÊME
(Nature de la Révélation)
2. « II a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en
personne et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Eph. 1,
9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair,
accèdent dans l'Esprit-Saint, auprès du Père et sont rendus
participants de la nature divine (cf. Eph. 2,18 ; 2 Pierre 1, 4). Dans
cette Révélation le Dieu invisible (cf. Col. 1,15 ; 1 Tim. 1,17)
s'adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu'à des amis
(cf. Ex. 33,11 ; Jean 15,14-15), il s'entretient avec eux (cf. Bar. 3,
38) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. Pareille
économie de la Révélation comprend des événements et des
paroles intimement unis entre eux, de sorte que les œuvres,
réalisées par Dieu dans l'histoire du salut, attestent et corroborent et
la doctrine et le sens indiqués par les paroles, tandis que les paroles
publient les œuvres et éclairent le mystère qu'elles contiennent. La
profonde vérité que cette Révélation manifeste, sur Dieu et sur le
salut de l'homme, resplendit pour nous dans le Christ, qui est à la
fois le Médiateur et la plénitude de toute la Révélation. »
(nature de la révélation)
« II a plu à Dieu » ce n’est pas là le caprice d’un souverain, mais l’expression de la
liberté divine. C’est gratuitement, par pur amour, que Dieu crée et se révèle.
Dieu se fait connaitre et il fait connaitre son projet sur l’homme. Et ce projet est que les
humains, tous les humains, vivent comme ses enfants, qu’ils aient part – aussi
extraordinaire que cela puisse paraitre – à sa condition divine (voir diapos suivantes :
hymne de l’Epître aux Ephésiens)…
Qu’ils aient « accès au Père, par le Christ et dans l’Esprit Saint. » Structure trinitaire de
la révélation, ce qui fait penser à la fin de la prière eucharistique : « Par lui, avec lui et
en lui, à toi Dieu le Père tout puissant, dans l’unité du Saint Esprit… »
Dieu s’adresse familièrement aux hommes « comme à des amis »…
L’économie de la révélation, c’est-à-dire la manière dont Dieu l’organise, comprend à la
fois des paroles et des actions ; un double aspect que nous allons retrouver régulièrement
au fil de la constitution.
« VECU » (ce qui s'est passé) + « PAROLE » (interprétation, sens, liberté)
= « EXPERIENCE »
Au cœur et au sommet de la Révélation : le Christ, qui en est à la fois « le Médiateur et la
plénitude » (voir diapos suivantes : citation de la 2° lettre aux Corinthiens)
Ep 1,3-10
Qu'il soit béni, le Dieu et Père
de notre Seigneur, Jésus, le Christ !
Il nous a bénis et comblés
des bénédictions de l'Esprit,
au ciel, dans le Christ.
Il nous a choisis, dans le Christ,
avant que le monde fût créé,
pour être saints et sans péchés devant
sa face grâce à son amour.
Il nous a prédestinés
à être, pour lui, des fils
par Jésus, le Christ.
Ainsi l'a voulu sa bonté,
à la louange de gloire de sa grâce,
la grâce qu'il nous a faite
dans le Fils bien-aimé.
En lui, par son sang,
nous avons le rachat,
le pardon des péchés.
C'est la richesse de sa grâce
dont il déborde jusqu'à nous
en toute intelligence et sagesse.
Il nous dévoile ainsi le mystère de sa
volonté, selon que sa bonté l'avait prévu
dans le Christ :
pour mener les temps à leur plénitude,
récapituler toutes choses dans le Christ,
celles du ciel et celles de la terre.
2 Co 3,17 … 4,6
3,17 Car le Seigneur, c'est l'Esprit, et où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. 18 Et
nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du
Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire,
comme de par le Seigneur, qui est Esprit…
4,5 Car ce n'est pas nous que nous prêchons, mais le Christ Jésus, Seigneur; nous ne
sommes, nous, que vos serviteurs, à cause de Jésus. 6 En effet le Dieu qui a dit: "Que des
ténèbres resplendisse la lumière", est Celui qui a resplendi dans nos coeurs, pour faire
briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ.
(Préparation de la Révélation évangélique)
3. Dieu, qui crée (cf. Jean 1, 3) et conserve toutes choses par le Verbe,
donne aux hommes dans les choses créées un témoignage incessant sur
lui-même (cf. Rm. 1, 19-20) ; voulant de plus ouvrir la voie d'un salut
supérieur, il se manifesta aussi lui-même, dès l'origine, à nos premiers
parents. Après leur chute, par la promesse d'un rachat, il les releva dans
l'espérance du salut (cf. Gn. 3, 15) ; il prit un soin constant du genre
humain, pour donner la vie éternelle à tous ceux qui, par la fidélité dans le
bien, recherchaient le salut (cf. Rom. 2, 6-7). A son heure il appela
Abraham pour faire de lui un grand peuple (cf. Gn. 12, 2) ; après les
patriarches, il forma ce peuple par l'intermédiaire de Moïse et par les
prophètes, pour qu'il le reconnaisse comme le seul Dieu vivant et vrai,
Père provident et juste juge, et qu'il attende le Sauveur promis, préparant
ainsi au cours des siècles la voie à l‘ Evangile.
(3. Préparation de la Révélation évangélique)
Ici se pose une grave question, car cette affirmation des juifs, puis des chrétiens, peut
sembler extrêmement prétentieuse et même scandaleuse. Pourquoi faut-il que Dieu
choisisse un peuple, un homme, et pas les autres ? N’y a-t-il pas là une terrible injustice ?
Pourquoi Dieu ne se révèle-t-il pas uniformément, de façon égalitaire, à tous les peuples
et à tous les êtres humains ?
La réponse est dans la logique de l’incarnation : Dieu a voulu se faire connaître aux
hommes et les sauver, non pas « du haut du ciel », mais en empruntant le chemin des
hommes, en entrant dans l’histoire. Ainsi, avec Abraham, Moïse, David... il choisit et
prépare un peuple à travers une longue histoire faite d’appels, de réponses, d’infidélités,
de pardons et de nouveaux départs... Les membres fidèles de ce peuple se réduiront
finalement au « petit reste » dont parlent les prophètes (Am 5,15). Au centre de
l’histoire, tout se concentre en Jésus, « l’Elu », dans l’événement de sa mort et de sa
résurrection. De là naît l’Eglise, nouveau peuple choisi pour annoncer la Bonne Nouvelle
à toute l’humanité. C’est ce qu’essaie d’exprimer le schéma ci-après.
(Voir la diapo suivante)
L’appartenance à ce peuple n’est certainement pas un privilège ni une sinécure, mais
une responsabilité. Comme celle de Jésus, la vie de son disciple sera traversée par la
croix. Comme Jésus il doit vivre complètement pour les autres, partageant le souci du
Père qui « veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tm 2,3).
L’« élection » : Dieu choisit un peuple
(Le Christ plénitude personnelle de la Révélation)
4. « Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé par
les prophètes, Dieu « en ces jours qui sont les derniers, nous a
parlé par son Fils » (Hb. 1, 1-2). Il a envoyé en effet son Fils, le
Verbe éternel qui éclaire tous les hommes, pour qu'il demeurât
parmi eux et leur fit connaître les secrets de Dieu (cf. Jean 1, 1-18).
Jésus-Christ donc, le Verbe fait chair, « homme envoyé aux
hommes », « prononce les paroles de Dieu » (Jean 3, 34) et achève
l'œuvre de salut que le Père lui a donnée à faire (cf. Jean 5, 36 ; 17,
4). C'est donc lui - le voir, c'est voir le Père (cf. Jean 14, 9) - qui, par
toute sa présence et par la manifestation qu'il fait de lui-même par
paroles et œuvres, par signes et miracles, et plus particulièrement
par sa mort et par sa résurrection glorieuse d'entre les morts, par
l'envoi enfin de l'Esprit de vérité, achève en la complétant la
révélation, et la confirme encore en attestant divinement que Dieu
lui-même est avec nous pour nous arracher aux ténèbres du péché
et de la mort et nous ressusciter pour la vie éternelle.
L'économie chrétienne, étant l'Alliance Nouvelle et définitive, ne
passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n'est
dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre
Seigneur Jésus-Christ (cf. 1 Tm. 6,14, et Tite 2, 13). »
(4: Le Christ plénitude personnelle de la Révélation)
Comme cela était annoncé dès le préambule de la constitution, toute la révélation se
concentre en Jésus.
Les premières phrases de l’Epitre aux Hébreux et de l’Evangile de Jean l’affirment en
des termes qui devraient nous étonner (si nous n’y étions un peu trop habitués…) : En
ces temps qui sont les derniers, Dieu nous a parlé « en un Fils ». Jésus est ce Fils, mais
une autre manière de dire son identité est de le présenter comme le « Verbe », c’est-àdire la Parole même de Dieu.
Jésus nous fait connaitre Dieu, non seulement par ses paroles, mais tout simplement par
sa présence et aussi par ses actions. Ces actions, que le quatrième Evangile résume en
sept « signes et œuvres », sont tout entières destinées à sauver l’homme, à lui donner la
vie.
Elles culminent dans la geste pascale : Jésus meurt en donnant sa vie pour nous et il
ressuscite pour nous donner la vie. Cette révélation et cette œuvre de salut se continuent
aujourd'hui grâce à l'Esprit-Saint.
Cette action divine opérée en l’homme Jésus est définitive ; c’est « une fois pour toutes »
que Dieu, en Jésus, sauve toute l’humanité.
(Accueil de la Révélation par la foi)
5. A Dieu qui révèle est due « l'obéissance de la foi » (Rom. 16, 26 ; cf.
Rom. 1, 5 ; 2 Cor. 10, 5-6), par laquelle l'homme s'en remet tout
entier et librement à Dieu dans « un complet hommage
d'intelligence et de volonté à Dieu qui révèle » et dans un
assentiment volontaire à la révélation qu'il fait. Pour exister, cette foi
requiert la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que les
secours intérieurs du Saint-Esprit qui touche le cœur et le tourne
vers Dieu, ouvre les yeux de l'esprit et donne « à tous la douceur de
consentir et de croire à la vérité ». Afin de rendre toujours plus
profonde l'intelligence de la révélation, l'Esprit Saint ne cesse, par
ses dons, de rendre la foi plus parfaite.
(4: Accueil de la Révélation par la foi)
En reprenant les termes de Saint Paul, en particulier l’introduction de l’Epitre aux
Romains, le concile décrit la réponse de l’homme à Révélation comme « l’obéissance de
la foi. »
Peut-être ce langage sonne-t-il désagréablement à nos oreilles, notre culture étant fort
éprise de liberté et d’indépendance...
Mais il faut nous rappeler que le mot français « obéir », qui vient du latin, comme
d’ailleurs le mot « exaucer », qui vient du grec, ne signifient pas autre chose que
« écouter. »
Nous voici ramenés à l’appel lancé par Moïse au peuple de Dieu : « Ecoute, Israël ! Le
Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton
cœur, de tout ton être, de toute ta force... » (Dt 6,3), des paroles qu’aujourd’hui encore
les Israélites répètent chaque jour dans leur prière.
Apprendre à écouter (Dieu ou les hommes)… beau programme !
(Révélation divine et connaissance naturelle de Dieu)
6. Par la Révélation divine, Dieu a voulu se manifester et se communiquer
lui-même ainsi que manifester et communiquer les décrets éternels de
sa volonté concernant le salut des hommes, « à savoir de leur donner
part aux biens divins qui dépassent toute pénétration humaine de
l'esprit ».
Le saint Concile reconnaît que « Dieu, principe et fin de toutes choses,
peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison
humaine à partir des choses créées » (cf. Rom. 1, 20) ; mais il enseigne
qu'on doit attribuer à la Révélation « le fait que les choses qui dans
l'ordre divin ne sont pas de soi inaccessibles à la raison humaine,
peuvent aussi, dans la condition présente du genre humain, être
connues de tous, facilement, avec une ferme certitude et sans aucun
mélange d'erreur .
(4: Révélation divine et connaissance naturelle de Dieu)
Dei Verbum reprend ici l’enseignement du concile Vatican 1 :
Par sa seule raison l’homme peut parvenir à une certaine connaissance de Dieu, mais cette
connaissance, il la trouve plus facicilement grâce à la Révélation; et surtout, grâce à la
révélation, il entre dans le secret, dans le mystère de Dieu d’une manière absolument
impossible pour la raison humaine, selon le schéma suivant :
•
Connaissance naturelle de Dieu
•
par la raison
•
Connaissance naturelle de Dieu
•
par la révélation
•
Connaissance "surnaturelle" de Dieu
(en tant qu'il est inaccessible)
•
par la révélation
CHAPITRE II
LA TRANSMISSION DE
LA RÉVÉLATION DIVINE
Ch. 2. LA TRANSMISSION DE LA REVELATION DIVINE
(7: Les apôtres et leurs successeurs, hérauts de l'Evangile)
« Transmission », en latin, se dit « traditio ». Avec ce chapitre 2 de Dei Verbum, nous
découvrons, ou nous redécouvrons, une idée de la tradition infiniment plus riche, plus
dynamique, que ce que l’on entend d’ordinaire par ce mot.
Dans la diapo qui suit le texte du paragraphe 7 est présenté de manière à mettre en
évidence les multiples aspects du développement de la tradition vivante qui aboutit à la
rédaction du Nouveau Testament :
 Jésus, ses apôtres et les disciples des apôtres ;
 Les paroles, les actions, les institutions ;
 La Bonne Nouvelle du salut et l’éthique qui en découle
 Enseignement de Jésus avant Pâques et œuvre de l’Esprit Saint après Pâques
Ainsi se trouve esquissé un tableau du développement de tout le Nouveau Testament. Les
diapos suivantes, extraites d’un document de la Société des Ecoles du Dimanche,
expriment ce processus avec beaucoup de clarté et d’exactitude.
7. (Les apôtres et leurs successeurs, hérauts de l'Evangile)
Cette Révélation donnée pour le salut de toutes les nations, Dieu, avec la
même bienveillance, prit des dispositions pour qu'elle demeurât toujours en
son intégrité et qu'elle fût transmise à toutes les générations. C'est pourquoi
le Christ Seigneur, en qui s'achève toute la Révélation du Dieu très haut…
- ayant accompli lui-même
- et proclamé de sa propre bouche
l‘ Evangile d'abord promis par les prophètes,
ordonna à ses apôtres de le prêcher à tous
- comme la source de toute vérité salutaire
- et de toute règle morale
en leur communiquant les dons divins.
Ce qui fut fidèlement accompli,
 tantôt par les apôtres, qui,
- dans la prédication orale,
- dans les exemples
- et les institutions, transmirent,
- soit ce qu'ils avaient appris de la bouche du Christ
en vivant avec lui et en le voyant agir,
- soit ce qu'ils tenaient des suggestions du Saint-Esprit,
 tantôt par ces apôtres et par des hommes de leur entourage, qui,
sous l'inspiration du même Esprit-Saint,
consignèrent par écrit le message de salut. »
7. (Les apôtres et leurs successeurs, hérauts de l'Evangile - suite)
…
Mais pour que l‘ Evangile fût toujours gardé intact et vivant dans
l'Eglise, les apôtres laissèrent comme successeurs les évêques,
auxquels ils remirent leur propre fonction d'enseignement. Cette
sainte Tradition et la Sainte Ecriture de l'un et l'autre Testament sont
donc comme un miroir où l'Eglise en son cheminement terrestre
contemple Dieu, dont elle reçoit tout jusqu'à ce qu'elle soit amenée
à le voir face à face tel qu'il est (cf. 1 Jean 3, 2).
(La sainte Tradition)
8. C'est pourquoi la prédication apostolique, qui se trouve spécialement
exprimée dans les livres inspirés, devait être conservée par une
succession ininterrompue jusqu'à la consommation des temps. Les
apôtres, transmettant donc ce qu'ils ont eux-mêmes reçu, engagent
les fidèles à garder les traditions qu'ils ont apprises soit de vive voix
soit par écrit (cf. 2 Thess. 2, 15) et à lutter pour la foi qui leur a été
une fois pour toutes transmise (cf. Jude 3).
Quant à la Tradition reçue des apôtres, elle comprend tout ce qui
contribue à conduire saintement la vie du peuple de Dieu et à en
augmenter la foi ; ainsi l'Eglise perpétue dans sa doctrine, sa vie et
son culte et elle transmet à chaque génération, tout ce qu'elle est
elle-même, tout ce qu'elle croit. »
(N° 7 & 8. La tradition…)
 De Jésus aux apôtres ...
 des apôtres aux hagiographes (auteurs du N.T.) ...
 et à leurs successeurs…
(cf. le schéma de la formation du N. T.)
Transmission, non seulement des paroles mais aussi des actions, des institutions et
finalement de la vie tout entière de l'Eglise : c’est en se donnant que l’Eglise met en
relation avec Dieu qui se donne.
Autrement dit, la révélation est bien autre chose qu’un simple enseignement, ou qu’une
« doctrine ».
(8. La sainte Tradition - suite)
…
Cette Tradition qui vient des apôtres se poursuit dans l'Eglise, sous
l'assistance du Saint-Esprit : en effet, la perception des choses
aussi bien que des paroles transmises s'accroît, soit par la
contemplation et l'étude des croyants qui les méditent en leur cœur
(cf. Luc 2, 19 et 51), soit par l'intelligence intérieure qu'ils éprouvent
des choses spirituelles, soit par la prédication de ceux qui, avec la
succession épiscopale, reçurent un charisme certain de vérité.
Ainsi l'Eglise, tandis que les siècles s'écoulent, tend constamment
vers la plénitude de la divine vérité, jusqu'à ce que soient accomplies
en elle les paroles de Dieu.
(N° 7 & 8 Le "développement" de la Tradition vivante: …)
Grâce à la vie de toute l'Eglise, sous tous ses aspects (prière, réflexion, action, expérience
intérieure de Dieu ... ) , le contenu réel de la révélation ("choses" et "paroles
transmises") est de mieux en mieux « perçu ». Ce n'est donc pas la révélation qui
s'accroît ou se modifie, mais la compréhension de celle-ci.
Donc tout est contenu dans l’Ecriture… mais c’est comme dans un noyau, une graine,
une semence (reprenons ici cette image chère à Jésus). Tout l’arbre futur est contenu
dans la graine, mais il faut encore qu’il développe ses branches et ses fleurs et ses fruits.
De la même manière tout est contenu dans l’Ecriture, mais au fur et à mesure que
s’écoule la vie du monde et de l’Eglise, son message est de mieux en mieux reçu, de mieux
en mieux « perçu », de mieux en mieux compris. Il déploie des significations qu’on
n’imaginait pas auparavant.
Et cela à cause des circonstances diverses de la vie des hommes, à cause de la diversité
des cultures humaines avec lesquelles l’Evangile entre en dialogue, à cause de la prière,
de la réflexion, de l’action des chrétiens ; tout cela étant dû à l’action de l’Esprit Saint ;
c’est déjà ce que Jésus annonçait aux disciples la veille de sa mort (cf. diapo suivante).
Jn 14, 25-26 :
Je vous ai dit cela demeurant près de vous.
Mais le Paraclet,
l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom,
celui-là vous enseignera tout
et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.
Jn 16,12-13
J'ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais vous ne pouvez pas les porter maintenant.
Quand viendra Celui-là, l'Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière;
en effet il ne parlera pas de lui-même,
mais il dira ce qu'il entendra,
et vous annoncera les choses à venir.
(8. La sainte Tradition - fin)
…
L'enseignement des saints Pères atteste la présence vivifiante de
cette Tradition, dont les richesses passent dans la pratique et dans
la vie de l'Eglise qui croit et qui prie. C'est cette même Tradition, qui
fait connaître à l'Eglise la liste intégrale des Livres Saints (Canon
de l’AT et du NT : cf. ci-après) ; c'est elle aussi qui, dans l'Eglise,
fait comprendre cette Ecriture Sainte et la rend continuellement
opérante.
Ainsi Dieu, qui parla jadis, ne cesse de converser avec l'Epouse de
son Fils bien-aimé, et l'Esprit-Saint, par qui la voix vivante de
l'Evangile retentit dans l'Eglise et, par l'Eglise, dans le monde,
introduit les croyants dans la vérité tout entière et fait que la parole
du Christ réside en eux avec toute sa richesse (cf. Col. 3,16).
LE CANON
DE L’ANCIEN TESTAMENT
A droite : l'ordre de la Bible
latine, qui suit la Bible grecque.
C'est l'ordre adopté par la Bible
de Jérusalem.
A gauche : l'ordre, plus ancien, de
la Bible hébraïque, adopté, avec
quelques modifications, par la
TOB.
(1) En italiques: livres qui sont
seulement dans la bible grecque
(2) « Petits prophètes » : Os, Jl,
Am, Ab, Jon, Mi, Na, Ha, So, Ag,
Za, Ml
Résumé sur la formation du canon du Nouveau Testament
(cf. introduction de la Traduction Œcuménique de la Bible)
•
Pour les chrétiens de la première génération, deux instances :
les Ecritures (AT) et « le Seigneur » (message de Jésus rapporté par les Apôtres)
•
Au II° siècle, formation progressive d’un corpus... En particulier les lettres de Paul sont
rassemblées en une collection.
•
Réaction provoquée par l’intervention de Marcion (+ 160) qui voulait expurger du NT toute
référence à l’AT.
•
Œuvre d’Irénée (entre autres), qui insiste sur l’autorité apostolique comme fondement de la
canonicité des Évangiles.
•
Au seuil du III° siècle, le « Canon de Muratori » (document latin, Milan) contient déjà : les
quatre Évangiles, les Actes, treize lettres de Paul, la première de Pierre et la première de Jean.
•
Constitution définitive (à peu de choses près) du Canon au IV° siècle.
( Le rapport réciproque entre la Tradition et l'Ecriture)
9. La sainte Tradition et la Sainte Écriture sont donc reliées et
communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux, jaillissant
d'une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu'un tout
et tendent à une même fin.
En effet, la Sainte Écriture est la parole de Dieu en tant que, sous
l'inspiration de l'Esprit divin, elle est consignée par écrit ;
quant à la sainte Tradition, elle porte la parole de Dieu, confiée par
le Christ Seigneur et par l'Esprit Saint aux Apôtres, et la transmet
intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés par l'Esprit
de vérité, en la prêchant, ils la gardent, l'exposent et la répandent
avec fidélité :
il en résulte que l'Eglise ne tire pas de la seule Écriture Sainte sa
certitude sur tous les points de la Révélation.
C'est pourquoi l'une et l'autre doivent être reçues et vénérées avec
un égal sentiment d'amour et de respect .
( 10. Tradition, Ecriture, peuple de Dieu et magistère)
10. La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt
sacré de la parole de Dieu, confié à l'Eglise ; en s'attachant à lui, le
peuple saint tout entier uni à ses pasteurs reste assidûment fidèle à
l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction
du pain et aux prières (cf. Ac. 2, 42 grec), si bien que, dans le maintien,
la pratique et la confession de la foi transmise, s'établit, entre pasteurs
et fidèles, une singulière unité d'esprit.
La charge d'interpréter de façon authentique la parole de Dieu, écrite ou
transmise, a été confiée au seul magistère vivant de l'Eglise dont
l'autorité s'exerce au nom de Jésus-Christ. Pourtant, ce magistère n'est
pas au-dessus de la parole de Dieu, mais il la sert, n'enseignant que ce
qui fut transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l'assistance de
l'Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et
l'expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout
ce qu'il propose à croire comme étant révélé par Dieu.
Il est donc clair que la sainte Tradition, la sainte Écriture et le magistère
de l'Eglise, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés
et solidaires entre eux qu'aucune de ces réalités ne subsiste sans les
autres, et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous l'action du
seul Esprit Saint, contribuent efficacement au salut des âmes.
(9 & 10. Ecriture, Tradition et magistère)
Les paragraphes 9 et 10 situent l’une par rapport à l’autre l’Ecriture et la tradition, mais en
insistant sur leur unité. Elles ne constituent pas deux sources séparées de la Révélation mais
sont unies dès l’origine.
On pourrait, me semble-t-il, prendre la comparaison d’un corps où le squelette donne
structure et solidité (l’Ecriture) tandis que la chair et tout le reste permet au corps d’être
vivant. L’un et l’autre, ensemble, constituent un corps vivant.
Le paragraphe 10 décrit aussi le rôle du magistère, qui a la charge de garantir la bonne
interprétation de l’Ecriture, mais en insistant sur le fait que le magistère – bien loin d’être en
position dominante – se situe comme un serviteur de la Parole.
CHAPITRE III
L'INSPIRATION
DE LA SAINTE ÉCRITURE
ET SON INTERPRÉTATION
(Inspiration et vérité de la Sainte Ecriture)
11. La vérité divinement révélée, que contiennent et présentent les livres
de la Sainte Ecriture, y a été consignée sous l'inspiration de l'EspritSaint.
Notre sainte Mère l'Eglise, de par sa foi apostolique, juge sacrés et
canoniques tous les livres tant de l'Ancien que du Nouveau Testament,
avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l'inspiration de l'EspritSaint (cf. Jean 20, 31 ; 2 Tim. 3, 16 ; 2 Pierre 1,19-21 ; 3,15-16), Ils ont
Dieu pour auteur et qu'ils ont été transmis comme tels à l'Eglise ellemême.
En vue de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes
auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs
moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux , ils missent par
écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela
seulement .
Dès lors, puisque toutes les assertions des auteurs inspirés ou
hagiographes doivent être tenues pour assertions de l'Esprit-Saint, il faut
déclarer que les livres de l'Ecriture enseignent fermement, fidèlement et
sans erreur la vérité que Dieu pour notre salut a voulu voir consignée
dans les Lettres sacrées .
C'est pourquoi « toute Ecriture inspirée de Dieu est utile pour enseigner,
réfuter, redresser, former à la justice, afin que l'homme de Dieu se trouve
accompli, équipé, pour toute œuvre bonne » (2 Tim. 3,16-17 grec). »
(11. Inspiration et vérité de la Sainte Ecriture)
Dei Verbum commence ici à expliquer ce qu’est l’inspiration divine de l’Ecriture. C’est
finalement un mystère comparable à celui de l’Incarnation : Jésus vrai Dieu et vrai homme.
Dire que l’Ecriture est « inspirée », qu’elle est la Parole de Dieu, c’est dire que Dieu en est
réellement l’auteur.
Mais en même temps, l’Ecriture est authentiquement parole humaine. Il ne faut pas concevoir
l’inspiration (comme on l’a fait souvent), de manière purement mécanique, Dieu dictant à tel
prophète ou à tel saint les mots qu’ils devaient écrire… Ces hommes ont écrit en vrais auteurs, à
partir de leur culture, de leur expérience, de leur méditation, de leur prière.
Ce paragraphe répond aussi (en trois mots !) à une question qui a fait couler beaucoup d’encre :
la question de l’ « inerrance » de l’Ecriture, c’est-à-dire le fait qu’elle ne contienne pas d’erreur.
Le texte le dit clairement : la Bible ne contient pas d’erreur ! Mais alors… ??? On croit
entendre toutes les objections faisant état de contradictions entre la Bible et les sciences
d’aujourd’hui, astrophysique, paléontologie, archéologie, etc. etc.
La Bible ne contient aucune erreur en ce qui concerne son objet, à savoir « notre salut » . Elle a
été écrite uniquement pour nous révéler Dieu et pour nous faire entrer en relation avec lui, ce
qui est la condition de la réussite, du bonheur de l’homme (rappelons nous ce que nous disions
en lisant le préambule). C’est par rapport à cet objet que la Bible ne contient aucune erreur.
Quant aux sciences que nous évoquions à l’instant, elles s’occupent d’une foule de questions très
intéressantes, et s’en occupent en général très bien… mais ces questions n’ont rien à voir avec le
propos et la vérité de l’Ecriture Sainte.
(Comment interpréter l'Ecriture)
12. Cependant, puisque Dieu, dans la Sainte Ecriture, a parlé par des
hommes à la manière des hommes, il faut que l'interprète de la
Sainte Ecriture, pour voir clairement ce que Dieu lui-même a voulu
nous communiquer, cherche avec attention ce que les hagiographes
ont vraiment voulu dire et ce qu’il a plu à Dieu de faire passer par
leurs paroles.
« Ce que les hagiographes ont vraiment voulu dire »
désigne ce qu’on appelle le sens littéral de l’Ecriture.
« Ce qu’il a plu à Dieu de faire passer par leurs paroles »
Désigne ce qu’on appelle le sens plénier de l’Ecriture.
12. (Comment interpréter l'Ecriture - suite)
…
Pour découvrir l'intention des hagiographes (sens « littéral » de
l’Ecriture), on doit, entre autres choses, considérer aussi les
« genres littéraires ». Car c'est de façon bien différente que la vérité
se propose et s'exprime en des textes diversement historiques, en
des textes, ou prophétiques, ou poétiques, ou même en d'autres
genres d'expression. Il faut, en conséquence, que l'interprète
cherche le sens que l'hagiographe, en des circonstances
déterminées, dans les conditions de son temps et l'état de sa
culture, employant les genres littéraires alors en usage, entendait
exprimer et a, de fait, exprimé. En effet, pour vraiment découvrir ce
que l'auteur sacré a voulu affirmer par écrit, on doit tenir un compte
exact soit des manières natives de sentir, de parler ou de raconter
courantes au temps de l'hagiographe, soit de celles qu'on utilisait ça
et là à cette époque dans les rapports humains.
(12. Sens littéral de l’Ecriture : les genres littéraires)
« C'est de façon bien différente que la vérité se propose et s'exprime en des textes diversement
historiques, en des textes, ou prophétiques, ou poétiques, ou même en d'autres genres
d'expression. » Cette phrase exprime une réalité finalement assez simple et que tout le monde
connait bien et cependant, quand il s’agit de la Bible, la plupart des gens veulent absolument
ignorer cela.
Tout le monde sait qu’on ne lit pas de la même manière une carte postale ou un procès verbal,
un texte de loi ou un roman, un traité de philosophie ou une chanson d’amour, un missel ou le
compte-rendu d’un match de foot… les « lois du genre », comme on dit, ne sont pas les mêmes.
Eh bien la Bible, bibliothèque de tout un peuple, au long d’une histoire de nombreux siècles,
montre une diversité plus grande encore ! Il n’est donc pas raisonnable de lire ces textes comme
s’ils avaient été écrits dans un genre unique, à savoir une sorte de chronique historique, et
comme s’ils avaient été rédigés en fonction de notre culture d’aujourd’hui… (c’est ce qu’on
appelle le fondamentalisme).
Chaque livre de la Bible exprime à sa manière, dans le genre qui lui est propre, dans des
circonstances et dans un but déterminés, une vérité qui lui est propre. Et d’une façon ou d’une
autre cela se rapporte à la question de notre salut. Ce rapport peut d’ailleurs être très direct
(par exemple dans des discours de Jésus ou de tel ou tel prophète) ou au contraire très lointain
(par exemple dans les descriptions de péripéties politiques d’un recoin de l’histoire d’Israël).
Pour bien comprendre ces textes, il est utile (mais c’est plutôt l’affaire des spécialistes) de
comprendre ainsi chaque texte dans son contexte. Cependant, ce n’est pas là le dernier mot de la
révélation…
12. (Comment interpréter l'Ecriture - fin)
Cependant, puisque la Sainte Ecriture doit être lue et interprétée à la
lumière du même Esprit qui la fit rédiger, il ne faut pas, pour découvrir
exactement le sens des textes sacrés, porter une moindre attention au
contenu et à l'unité de toute l'Ecriture (sens « plénier » de l’Ecriture),
eu égard à la Tradition vivante de toute l'Eglise et à l'analogie de la foi.
Il appartient aux exégètes de s'efforcer, suivant ces règles, de pénétrer
et d'exposer plus profondément le sens de la Sainte Ecriture, afin que,
par leurs études en quelque sorte préparatoires, mûrisse le jugement
de l'Eglise. Car tout ce qui concerne la manière d'interpréter l'Ecriture
est finalement soumis au jugement de l'Eglise, qui exerce le ministère
et le mandat divinement reçus de garder la parole de Dieu et de
l’interpréter.
(12. Sens plénier de l’Ecriture)
L’Ecriture ne livre son dernier mot que comprise dans son unité. Malgré sa diversité, elle
constitue un ensemble et un ensemble organisé. C’est le projet de Dieu, ou – autre manière de
dire la même chose – l’action de l’Esprit Saint d’un bout à l’autre de l’histoire du salut, qui
forme son unité.
Et cette unité a un cœur, un centre, un sommet : Jésus, sa vie, sa mort, sa résurrection
(rappelons-nous le schéma en « X » que nous avons vu à propos du paragraphe 3). C’est Jésus et
l’événement pascal qui sont le centre unificateur et la clé d’interprétation de toute l’Ecriture, le
passage obligé pour comprendre la révélation.
Cette remarque est essentielle pour échapper à des difficultés du genre : « On peut faire dire
n’importe quoi à un texte en général et plus encore à la Bible dont les textes sont si divers et
quelquefois même contradictoires ! » Eh bien cela est faux. On ne peut pas faire dire n’importe
quoi à un Dieu qui se révèle en son Fils, un Fils qui sur la croix nous dit son amour « jusqu’au
bout » (Jn 13,2 ; 15,13) et rejoint les derniers des derniers pour que tous soient sauvés.
Qui lit l’Ecriture, toute l’Ecriture, avec cette clé d’interprétation, y découvrira toujours des
significations nouvelles et plus profondes.
(La condescendance de Dieu)
13. Dans la Sainte Écriture, la vérité et la sainteté de Dieu restant
toujours sauves, se manifeste donc la « condescendance »
merveilleuse de la Sagesse éternelle « pour que nous apprenions
l'ineffable bienveillance de Dieu et à quel point aussi, dans ses soins
prévenants pour notre nature, il a adapté son langage ». En effet,
les paroles de Dieu, passant par les langues humaines, ont pris la
ressemblance du langage des hommes, de même que jadis le
Verbe du Père éternel, ayant pris l'infirmité de notre chair, est
devenu semblable aux hommes.
CHAPITRE IV
L'ANCIEN TESTAMENT
(L'histoire du salut dans les livres de l'Ancien Testament)
14. Dieu, projetant et préparant en la sollicitude de son amour extrême le
salut de tout le genre humain, se choisit, selon une disposition
particulière, un peuple auquel confier les promesses. En effet, une fois
conclue l'Alliance avec Abraham (cf. Gen. 15, 18) et, par Moïse, avec le
peuple d'Israël (cf. Ex. 24,8), Dieu se révéla, en paroles et en actes, au
peuple de son choix, comme l'unique Dieu véritable et vivant ; de ce fait,
Israël fit l'expérience des « voies » de Dieu vers les hommes, et, Dieu
lui-même parlant par les prophètes, il en acquit une intelligence de jour
en jour plus profonde et plus claire, et en porta un témoignage
grandissant parmi les nations (cf. Ps. 21, 28-29 ; 95, 1-3 ; Isaïe 2, 1-4 ;
Jér. 3, 17 – cf. diapo. suivante). L'économie du salut, annoncée d'avance,
racontée et expliquée par les auteurs sacrés, apparaît donc dans les
livres de l'Ancien Testament comme la vraie parole de Dieu ; c'est
pourquoi ces livres divinement inspirés conservent une valeur
impérissable : « Car tout ce qui a été écrit, l'a été pour notre instruction,
afin que par la patience et la consolation venant des Ecritures, nous
possédions l'espérance » (Rom. 15, 4).
(Dieu se choisit un peuple…
cf. ce que nous avons vu au paragraphe N° 3 :
Préparation de la Révélation évangélique)
« un témoignage grandissant parmi les nations »
•
Ps 21, 28-29 : La terre tout entière se souviendra et reviendra vers le SEIGNEUR ; toutes les
familles des nations se prosterneront devant sa face: Au SEIGNEUR, la royauté ! Il domine
les nations.
•
Psaumes 96, 1-3 : Chantez au SEIGNEUR un chant nouveau, chantez au SEIGNEUR, terre
entière; chantez au SEIGNEUR, bénissez son Nom ! Proclamez son salut de jour en jour ;
annoncez sa gloire parmi les nations, ses merveilles parmi tous les peuples !
•
Isaïe 2, 1-4 : Ce que vit Esaïe fils d'Amoç, au sujet de Juda et de Jérusalem. Il arrivera dans
l'avenir que la montagne de la Maison du SEIGNEUR sera établie au sommet des
montagnes et dominera sur les collines. Toutes les nations y afflueront. Des peuples
nombreux se mettront en marche et diront: " Venez, montons à la montagne du
SEIGNEUR, à la Maison du Dieu de Jacob. Il nous montrera ses chemins et nous
marcherons sur ses routes. " Oui, c'est de Sion que vient l'instruction et de Jérusalem la
parole du SEIGNEUR. Il sera juge entre les nations, l'arbitre de peuples nombreux.
Martelant leurs épées, ils en feront des socs, de leurs lances ils feront des serpes. On ne
brandira plus l'épée nation contre nation, on n'apprendra plus à se battre.
•
Jérémie 3, 17 : A ce moment-là, on appellera Jérusalem " Trône du SEIGNEUR " ; toutes
les nations conflueront vers elle à cause du nom du SEIGNEUR donné à Jérusalem ; elles ne
persisteront pas dans leur entêtement exécrable.
(Importance de l'Ancien Testament pour les chrétiens)
15. L'économie de l'Ancien Testament avait pour raison d'être majeure de
préparer l'avènement du Christ Sauveur du monde, et de son royaume
messianique, d'annoncer prophétiquement cet avènement (cf. Luc 24,
44 ; Jean 5, 39 ; 1 Pierre 1, 10) et de le signifier par diverses figures
(cf. 1 Cor. 10, 11). Compte tenu de la situation humaine qui précède le
salut instauré par le Christ, les livres de l'Ancien Testament permettent
à tous de connaître qui est Dieu et qui est l'homme, non moins que la
manière dont Dieu dans sa justice et sa miséricorde agit avec les
hommes. Ces livres, bien qu'ils contiennent de l'imparfait et du caduc,
sont pourtant les témoins d'une véritable pédagogie divine. C'est
pourquoi les chrétiens doivent les accepter avec vénération : en eux
s'exprime un vif sens de Dieu ; en eux se trouvent de sublimes
enseignements sur Dieu, une bienfaisante sagesse sur la vie humaine,
d'admirables trésors de prières ; en eux enfin se tient caché le mystère
de notre salut.
(15. Importance de l’Ancien Testament pour les chrétiens)
Dieu, dans la Bible, et dès l’Ancien Testament, nous révèle non seulement qui il est, lui,
mais aussi, tout autant qui est l’homme. De ce point de vue aussi, la Bible est livre de vie
pour toute l’humanité.
Nous notions, à propos du paragraphe N° 12, la très grande diversité des livres bibliques et
le fait qu’il est nécessaire de situer chaque texte dans son contexte historique. Il n’est donc
pas étonnant que certains éléments de ces écrits apparaissent aujourd’hui « imparfaits ou
caducs », par exemple marqués par une grande violence, ou par une vision encore fruste de
la divinité et de l’humanité.
La révélation, la découverte de Dieu et de l’homme s’est effectuée dans une longue
progression, dans un lent cheminement vers son sommet : Jésus et l’événement pascal.
(L'unité des deux Testaments)
16. Inspirateur et auteur des livres de l'un et l'autre Testament, Dieu les
a en effet sagement disposés de telle sorte que le Nouveau soit
caché dans l'Ancien et que, dans le Nouveau, l'Ancien soit dévoilé.
Car, encore que le Christ ait fondé dans son sang la Nouvelle
Alliance, (cf. Luc 22, 20 ; 1 Cor. 11, 25), néanmoins les livres de
l'Ancien Testament, intégralement repris dans le message
évangélique atteignent et montrent leur complète signification dans
le Nouveau Testament (cf. Mat. 5,17 ; Luc 24, 27 ; Rom. 16, 25-26 ;
2 Cor. 3, 14-16), auquel ils apportent en retour lumière et
explication.
(16. Unité des deux testaments)
Ancien et Nouveau Testament s’éclairent mutuellement. Et le croyant en découvre le sens
dans une sorte de va-et-vient entre l’une et l’autre.
En fait, contrairement à ce qu’on imagine quelquefois. Il est absolument impossible de faire
connaissance avec Jésus et de recevoir son message si l’on ignore l’histoire de son peuple,
tout ce qui a fait sa culture, sa religion, la façon dont l’homme-Jésus pensait, parlait,
priait… Et c’est tout cela que nous apprend l’Ancien Testament.
CHAPITRE V
LE NOUVEAU TESTAMENT
(Excellence du Nouveau Testament)
17. La parole de Dieu, qui est une force divine pour le salut de tout
croyant (cf. Rom. 1,16), se présente dans les écrits du Nouveau
Testament et sa puissance s'y manifeste de façon singulière. Dès que
fut venue, en effet, la plénitude des temps (cf. Gal. 4, 4), le Verbe de
Dieu s'est fait chair, et il a habité parmi nous plein de grâce et de vérité
(cf. Jean 1, 14). Le Christ a instauré le règne de Dieu sur terre ; par
gestes et paroles, il a révélé et son Père et lui-même ; par sa mort, sa
résurrection, son ascension glorieuse et par l'envoi de l'Esprit-Saint, il
a parachevé son œuvre. Elevé de terre, il attire à lui tous les hommes
(cf. Jean 12, 32 grec), lui qui seul possède les paroles de la vie
éternelle (cf. Jean 6, 68).
Mais ce mystère n'a pas été dévoilé aux autres générations comme il
l'a été désormais dans l'Esprit-Saint à ses saints apôtres et prophètes
(cf. Eph. 3, 4-6 grec), afin qu'ils prêchent l'Evangile, qu'ils suscitent la
foi en Jésus, le Christ et le Seigneur, et qu'ils rassemblent son Eglise.
De ces faits, les écrits du Nouveau Testament présentent un
témoignage permanent et divin.
(17. Excellence du Nouveau Testament)
Notons cette définition de l’Evangile, assez surprenante si l’on y pense, que St Paul donne
au début de l’Epître aux Romains : il est « force », « dynamisme » qui vient de Dieu pour le
salut du croyant, c’est-à-dire tout simplement de celui qui veut bien l’accueillir.
Notons aussi que dès les premières pages de l’Evangile, par exemple en Mc 1,15, la mission
de Jésus se trouve ainsi résumée ; il proclame cette Bonne Nouvelle : « les temps sont
accomplis, le Règne de Dieu s’est fait proche… » Mais en quoi consiste ce Règne de Dieu,
autrement dit comment les choses se passent-elles quand c’est Dieu qui est roi ? Nous
trouvons une réponse très précise dans le Ps 146 (diapo. Suivante).
C’est en quelque sort de programme de Jésus qui se trouve ici exposé.
Psaume 145 (146)
1
Alléluia !
Chante, ô mon âme, la louange du Seigneur !
6
2
Je veux louer le Seigneur tant que je vis,
chanter mes hymnes pour mon Dieu
tant que je dure.
lui qui a fait le ciel et la terre
et la mer et tout ce qu'ils renferment !
Il garde à jamais sa fidélité,
7
Ne comptez pas sur les puissants,
des fils d'homme qui ne peuvent sauver !
il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.
8
Leur souffle s'en va :
ils retournent à la terre ;
et ce jour-là, périssent leurs projets.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes,
9
Le Seigneur protège l'étranger.
Il soutient la veuve et l'orphelin,
il égare les pas du méchant.
3
4
5
Heureux qui s'appuie sur le Dieu de Jacob,
qui met son espoir dans le Seigneur son Dieu,
10 D'âge en âge,
le Seigneur régnera :
ton Dieu, ô Sion, pour toujours
(L'origine apostolique des Évangiles)
18. II n'échappe à personne qu'entre toutes les Écritures, même celles
du Nouveau Testament, les Évangiles possèdent une supériorité
méritée, en tant qu'ils constituent le témoignage par excellence sur
la vie et sur l'enseignement du Verbe incarné, notre Sauveur.
Toujours et partout l'Eglise a tenu et tient l'origine apostolique des
quatre Évangiles. Ce que les apôtres, en effet, sur l'ordre du Christ,
ont prêché, par la suite eux-mêmes et des hommes de leur
entourage nous l'ont, sous l'inspiration divine de l'Esprit, transmis
dans des écrits qui sont le fondement de la foi, à savoir, l'Évangile
quadriforme selon Matthieu, Marc, Luc et Jean.
(18. L'origine apostolique des Évangiles)
L’origine « apostolique » des quatre Evangiles de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean,
cela signifie ceci : Ce qui les qualifie comme canoniques, ce qui fait que l’Eglise les
considère comme Parole de Dieu, c’est leur lien aux apôtres de Jésus.
En schématisant un peu on pourrait dire : « Quand on eut fini de mettre par écrit les
témoignages de ceux qui ont vécu avec Jésus, tout a été dit. »
(D’autres écrits, quelquefois fort respectables et édifiants, n’ont pas été retenus dans le
Canon, parce qu’on ne pouvait les rattacher à un des apôtres)
Dans les deux paragraphes suivants :
19. « Leur caractère historique »
et 20. « Les autres écrits du Nouveau Testament »,
nous retrouvons le thème de la formation du Nouveau Testament déjà abordé au chapitre II :
« La transmission de la révélation divine ».
(Leur caractère historique)
19. Notre sainte Mère l'Eglise a tenu et tient fermement et avec la plus
grande constance, que ces quatre Evangiles, dont elle affirme sans
hésiter l'historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus le Fils de
Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné
pour leur salut éternel, jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel (cf. Act. 1,
1-2).
En effet, ce que le Seigneur avait dit et fait, les apôtres après son
Ascension le transmirent à leurs auditeurs avec cette intelligence
plus profonde des choses dont eux-mêmes, instruits par les
événements glorieux du Christ et éclairés par la lumière de l'Esprit
de vérité, jouissaient.
Les auteurs sacrés composèrent donc les quatre Evangiles,
choisissant certains des nombreux éléments transmis soit oralement
soit déjà par écrit, rédigeant un résumé des autres, ou les expliquant
en fonction de la situation des Eglises, gardant enfin la forme d'une
prédication, de manière à nous livrer toujours sur Jésus des choses
vraies et sincères. Que ce soit, en effet, à partir de leur propre
mémoire et de leurs souvenirs, ou à partir du témoignage de ceux
qui « furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la
Parole », ils composèrent leurs écrits dans le but de nous faire
éprouver la « solidité » des enseignements que nous avons reçus
(cf. Luc 1, 2-4).
(Les autres écrits du Nouveau Testament)
20. Le canon du Nouveau Testament, outre les quatre Evangiles,
comprend aussi les épîtres de saint Paul et les autres écrits
apostoliques, composés sous l'inspiration de l'Esprit-Saint ; ces
écrits, selon les sages dispositions de Dieu, confirment ce qui touche
au Christ Notre Seigneur, présentent sa doctrine authentique avec
des précisions toujours plus grandes, font connaître aux hommes
l'œuvre divine du Christ avec sa puissance de salut, racontent les
débuts de l'Eglise et son admirable diffusion, et annoncent par
avance sa glorieuse consommation.
Le Seigneur Jésus en effet comme il l'avait promis, assista ses
apôtres (cf. Mal. 28, 20) et il leur envoya l'Esprit consolateur qui
devait les introduire dans la plénitude de la vérité (cf. Jean 16, 13).
CHAPITRE VI
LA SAINTE ÉCRITURE
DANS LA VIE DE L’EGLISE
(Importance de la Sainte Ecriture pour l’Eglise)
21. L'Eglise a toujours vénéré les divines Ecritures, comme elle l'a
toujours fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse
pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la
table de la parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l'offrir
aux fidèles. Toujours elle eut et elle a pour règle suprême de sa foi
les Ecritures, conjointement avec la sainte Tradition, puisque,
inspirées par Dieu et consignées une fois pour toutes par écrit, elles
communiquent immuablement la parole de Dieu lui-même et font
résonner dans les paroles des prophètes et des apôtres la voix de
l'Esprit-Saint. Il faut donc que toute la prédication ecclésiastique,
comme la religion chrétienne elle-même, soit nourrie et régie par la
Sainte Ecriture. Dans les Saints Livres, en effet, le Père qui est aux
cieux vient avec tendresse au-devant de ses fils el entre en
conversation avec eux ; or, la force et la puissance que recèle la
parole de Dieu sont si grandes qu'elles constituent, pour l'Eglise, son
point d'appui et sa vigueur et, pour les enfants de l'Eglise, la force de
leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de
leur vie spirituelle. Dès lors ces mots s'appliquent parfaitement à la
Sainte Ecriture : « Elle est vivante donc et efficace la parole de
Dieu » (Héb. 4, 12), « qui a le pouvoir d'édifier et de donner l'héritage
avec tous les sanctifiés » (Act. 20, 32 ; 1 Thess. 2,13).
(21. Importance de la Sainte Ecriture pour l’Eglise)
Ce paragraphe 21 est motivé par le risque d'un moindre respect, de la part des
catholiques, à l'égard de l'Ecriture qu'à l'égard de l'eucharistie : naguère, il est vrai, à la
messe, la liturgie de la parole était moins mise en valeur, paraissait moins importante
que la liturgie eucharistique.
Le "Pain de Vie" se trouve également "à la table de la Parole" (cf. Jn 6,63.68) et "à la
table du Corps du Christ" (cf. Jn 6,51) : Complémentarité du signe sensible qui
manifeste le don de vie et de la parole qui s'adresse à l'intelligence et à la liberté.
De même que l’on parle de « présence réelle » à propos du corps et du sang du Christ,
on peut à juste titre parler de présence réelle au sujet de l’Evangile.
Les derniers paragraphes de la constitution, de tonalité plus pastorale, ne demandent
pas de grand commentaire, non pas qu’ils soient de peu d’importance; au contraire ils
sont essentiels ! Mais ils ne sont pas difficiles à comprendre.
(Nécessité des différentes versions et traductions)
22. II faut que l'accès à la Sainte Ecriture soit largement ouvert aux
chrétiens. Pour cette raison l'Eglise, dès le commencement, fit
sienne cette antique version grecque de l'Ancien Testament,
appelée des Septante; elle tient toujours en honneur les autres
versions, orientales et latines, principalement celle qu'on nomme la
Vulgate. Comme la parole de Dieu doit être à la disposition de tous
les temps, l'Eglise, avec une sollicitude maternelle, veille à ce que
des traductions appropriées et exactes soient faites dans les
diverses langues, de préférence à partir des textes originaux des
Livres Sacrés. S'il se trouve que pour une raison d'opportunité et
avec l'approbation des autorités ecclésiastiques ces traductions
soient le fruit d'une collaboration avec des frères séparés, elles
pourront être utilisées par tous les chrétiens.
(Cf. la Traduction Œcuménique de la Bible)
(La tâche apostolique des théologiens catholiques)
23. L'Epouse du Verbe incarné, l'Eglise, instruite par le Saint-Esprit,
s'efforce d'acquérir une intelligence chaque jour plus profonde des
Saintes Ecritures, pour offrir continuellement à ses enfants la
nourriture de la parole divine ; aussi favorise-t-elle également à bon
droit l'étude des saints Pères, tant d'Orient que d'Occident, et celle
des saintes liturgies. Il faut que les exégètes catholiques et tous
ceux qui s'adonnent à la théologie sacrée, unissant activement leurs
forces, s'appliquent, sous la vigilance du magistère sacré, et en
utilisant des moyens adaptés, à si bien scruter et à si bien présenter
les divines Lettres, que le plus grand nombre possible de serviteurs
de la parole divine soient à même de fournir utilement au peuple de
Dieu l'aliment scripturaire, qui éclaire les esprits, affermit les
volontés et embrase d'amour de Dieu le cœur des hommes. Le saint
Concile encourage fortement les fils de l'Eglise qui se consacrent
aux sciences bibliques, à poursuivre jusqu'au bout le travail
heureusement entrepris, avec une énergie chaque jour rénovée,
une ardeur totale, et conformément au sens de l'Eglise.
(Ecriture Sainte et théologie)
24. La théologie sacrée s'appuie sur la parole de Dieu écrite,
inséparable de la sainte Tradition, comme sur un fondement
permanent ; en elle aussi elle se fortifie, s'affermit et se rajeunit
toujours, tandis qu'elle scrute, sous la lumière de la foi, toute la
vérité, qui se puise cachée dans le mystère du Christ. Les Saintes
Écritures contiennent la parole de Dieu et, puisqu'elles sont
inspirées, elles sont vraiment cette parole ; que l'étude de la Sainte
Écriture soit donc pour la sacrée théologie comme son âme. Que le
ministère de la parole, qui comprend la prédication pastorale, la
catéchèse, et toute l'instruction chrétienne, où l'homélie liturgique
doit avoir une place de choix, trouve, lui aussi, dans cette même
parole de l'Écriture, une saine nourriture et une sainte vigueur.
(Recommandation de la lecture de l'Ecriture Sainte)
25. C'est pourquoi tous les clercs, en premier lieu les prêtres du Christ, et
tous ceux qui vaquent normalement, comme diacres ou comme
catéchistes, au ministère de la parole, doivent, par une lecture spirituelle
assidue et par une étude approfondie, s'attacher aux Écritures, de peur
que l'un d'eux ne devienne « un vain prédicateur de la parole de Dieu
au-dehors, lui qui ne l'écouterait pas au-dedans de lui », alors qu'il doit
faire part aux fidèles qui lui sont confiés, spécialement au cours de la
sainte liturgie, des richesses sans mesure de la parole divine. De même
le saint Concile exhorte de façon insistante et spéciale tous les
chrétiens, et notamment les membres des ordres religieux, à apprendre,
par la lecture fréquente des divines Ecritures, « la science éminente de
Jésus-Christ » (Phil. 3, 8). « En effet, l'ignorance des Ecritures, c'est
l'ignorance du Christ ». Que volontiers donc ils abordent le texte sacré
lui-même, soit par la sainte liturgie imprégnée des paroles de Dieu, soit
par une pieuse lecture, soit par des cours appropriés et par d'autres
moyens qui, avec l'approbation et par les soins des pasteurs de l'Eglise,
se répandent partout de nos jours d'une manière digne d'éloges. Qu'ils
se rappellent aussi que la prière doit aller de pair avec la lecture de la
Sainte Écriture, pour que s'établisse le dialogue entre Dieu et l'homme,
car « nous lui parlons quand nous prions, mais nous l'écoutons quand
nous lisons les oracles divins ».
…
(25. Recommandation de la lecture de l'Ecriture Sainte - suite)
…
Il revient aux évêques « dépositaires de la doctrine apostolique »
d'apprendre de manière convenable aux fidèles qui leur sont confiés, à
faire un usage correct des Livres divins, surtout du Nouveau Testament et
en tout premier lieu des Évangiles, grâce à des traductions des textes
sacrés ; celles-ci seront munies des explications nécessaires et vraiment
suffisantes, afin que les enfants de l'Eglise fréquentent les Écritures
sacrées avec sécurité et profit, et s'imprègnent de leur esprit.
De plus, que l'on fasse à l'usage des non-chrétiens eux-mêmes, des
éditions de l'Écriture Sainte, annotées comme il faut et adaptées à la
situation des destinataires ; que, de toute manière, pasteurs d'âmes et
chrétiens, quel que soit leur état, veillent à les diffuser judicieusement.
(Epilogue)
26. Ainsi donc, que par la lecture et l'étude des Livres saints « la Parole
de Dieu accomplisse sa course et soit glorifiée » (2 Thess. 3, 1), et
que le trésor de la révélation confié à l'Eglise comble de plus en plus
le cœur des hommes. De même que l'Eglise reçoit un
accroissement de vie par la fréquentation assidue du mystère
eucharistique, ainsi peut-on espérer qu'un renouveau de vie
spirituelle jaillira d'une vénération croissante pour la parole de Dieu,
qui « demeure à jamais » (Isaïe 40, 8 ; cf. 1 Pierre 1, 23-25).
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