PPT F Mathot

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CONDUITES ADDICTIVES
COMPORTEMENTALES
Addictions sans substance
Mathot F.
Pharmacien chef de service honoraire
Maître de conférences ULg.
ADDICTION ET CONDUITES ADDICTIVES
• Dépendance à une substance (SUD)
–
–
–
–
Tabagisme
Alcoolisme
toxicomanie
dépendance médicamenteuse
• Dépendance comportementale (ICD)
–
–
–
–
–
–
-
TCA : anorexie, boulimie
– kleptomanie ?
jeu pathologique
Achats compulsifs
– pyromanie ?
dépendance sexuelle
– trouble explosif intermittent
dépendance au travail
– trichotillomanie
dépendance à l’activité physique
cyberaddiction
2
Fréquence des ICD (impulse control disorder) en psychiatrie
au USA (durée de vie)
•
•
•
•
•
•
•
Achat compulsif : 9.3%
Cleptomanie : 9.3%
Jeu pathologique (PG) : 6.9%
Trouble intermittent explosif : 6.9%
Pyromanie : 5.9%
Sexe compulsif : 4.9%
Trichotillomanie : 4.4%
Les addictions
comportementales (AC)
• Nourriture
• Sexe
• Sport
• Jeux
• Achats
• Internet
• Travail-recherche
• Création artistique
• Idéaux politiques et
religieux
PASSIONS
EXCES
ADDICTION = SOUFFRANCE
Les plaisirs naturels
Nourriture, sexe, relations affectives, relations amoureuses,
valorisations sociales, perception du beau
Plaisir
Désir
Apaisement
Manque
Manque
Une sinusoïde désir/plaisir/apaisement/ manque
Avec les stimulants naturels du plaisir : autorégulation de cette
sinusoïde désir-plaisir-manque Esch T, Neuroend. Lett 20042005 :
Le désir augmente le plaisir
trop de plaisir sature le plaisir
trop d’absence finit par éteindre le désir
Les drogues addictives
Elles agissent directement sur les voies de la récompense
Koob-Le Moal Neuropsychoph 2001 – Volkow 2004
Avec les drogues, la période réfractaire n’apparaît pas.
– elles maintiennent indéfiniment la tension du désir.
– l’apaisement, la satiété n’apparaissent pas.
Les comportements ayant des propriétés hédoniques
peuvent mener à un problème compulsif. Le même désir
irrépressible ne s’amende qu’avec l’acte.
Dépendance Comportementale
• Les cycles de dépendance comportementale sont régis par
des alternances de tension, de désir et d’assouvissement de
ce désir  plaisir  tension….
• Ils incluent toujours des mécanismes neurobiologiques
sensibles à l’expérience  ces dépendances ou habitudes
sont entretenues par des phénomènes de renforcement
comportemental.
• Sans assouvissement, il peut apparaître des sentiments de
manque, d’anxiété voire de nostalgie
Plaisirs, Émotions et addictions
• Les addictions comportementales
perte du contrôle des mécanismes naturels (ICD)
– de recherche du plaisir et d’évitement de la souffrance
– de gestion des émotions positives et négatives
• Les addictions aux produits : les drogues viennent se
greffer sur les voies du plaisir. Véritables «leurres
pharmacologiques », elles prennent la place des
neuromédiateurs naturels.
• Nous sommes fabriqués pour être dépendants,
d’autrui notamment. Les drogues ou comportements
interfèrent avec ces mécanismes de dépendance.
Le triangle d’Olievenstein
Addiction = INTERACTION
Produit
Comportement
Individu
Contexte socio environnemental
USAGE NOCIF ET DEPENDANCE
Interactions : Produit (P)x Individu (I) x Environnement (E)
P = Facteurs de risque liés au
Produit
I = Facteurs Individuels (de
vulnérabilité et de résistance)
 Dépendance
n génétiques
 Complications sanitaires psychologiques et
n biologiques
n psychologiques
n psychiatriques
sociales
 Statut social du produit
E = Facteurs d ’Environnement
 familiaux :
 fonctionnement familial,
 consommation familiale
sociaux
exposition :consommation nationale, par
âge, sexe,
groupe social
 marginalité
 copains
LA DEPENDANCE
• Dépendance psychique :
« état mental caractérisé par une impulsion qui requiert l’usage
périodique ou continue d’une substance ou d’un comportement dans le
but de créer un plaisir ou d’annuler une tension »
• Dépendance physique :
« correspond à une exigence de l’organisme nécessitant, pour
conserver son équilibre, l’apport régulier d’une substance (pas pour un
comportement?) »
• La tolérance :
« est le processus d’adaptation d’un organisme à une substance ou à
un comportement, il entraîne la nécessité d’augmenter les doses pour
obtenir les mêmes effets »
Addiction remplace Dépendance
L'addiction se caractérise par :
– l'impossibilité répétée de contrôler un comportement
– la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses
conséquences négatives
Cycle addictif :
Préoccupation – ritualisation – consommation - plaisir
(renforcement positif) – culpabilité - honte/désespoir –
tension – angoisse- (re)consommation (renforcement
négatif).
Addiction
Goodman, 1990
Processus selon lequel un comportement, qui
permet à la fois l’éprouvé d ’un plaisir et le
soulagement d ’une tension interne, est répété,
malgré les efforts pour en réduire la fréquence, du
fait de la perte de contrôle au cours de sa
réalisation, et poursuivi malgré ses conséquences
négatives
ADDICTION ET CONDUITES ADDICTIVES
Critères de Goodman
• Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de
comportement
• Sensation croissante de tension précédent immédiatement
l’épisode
• Plaisir ou soulagement pendant sa durée
• Certains éléments du syndrome ont duré plus d ’un mois ou
se sont répétés pendant une période plus longue
ADDICTION ET CONDUITES ADDICTIVES
Critères de Goodman (suite)
• Présence d’au moins cinq des neufs critères suivants :
– préoccupation fréquente au sujet du comportement ou de sa préparation
– intensité et durée des épisodes de plus en plus importantes
– Vaines tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement
– temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre ou à s’en remettre
– survenue fréquente des épisodes lorsque le sujet doit accomplir des obligations
professionnelles, scolaires ou universitaires, familiales ou sociales
– activités sociales, professionnelles ou récréatives majeures sacrifiées du fait du
comportement (Centration)
– perpétuation du comportement bien que le sujet sache qu’il cause ou aggrave un
problème persistant ou récurrent d ’ordre social, financier, psychologique ou physique
– tolérance marquée : besoin d ’augmenter l’intensité ou la fréquence pou obtenir l’effet
désiré, ou diminution de l’effet procuré par un comportement de même intensité
– agitation ou irritabilité en cas d’impossibilité de s’adonner au comportement
ADDICTION ET CONDUITES ADDICTIVES
Limite du concept :
• différencier comportement excessif et comportement
pathologique addictif : frontières parfois floues entre ces
2 entités.
« le risque du concept est peut être aujourd’hui son trop grand succès
et le phénomène de mode qu’il provoque. Sa généralisation peut
induire une dilution de son sens. Si l’on est dépendant de tout, si
tout le monde est dépendant, il n’y a plus de maladie addictive, il
n’y a plus de vraie addiction » (Lejoyeux).
« Au vu du très vaste champ des addictions possibles, ne font-elles
pas partie du comportement ordinaire de tout le monde ? »
« S’il n’y a pas de dommages pourquoi parler d’addiction ? » (Prof.
Vénisse JL).
LES TRAITS DE L’ ADDICTION
• Trait de personnalité, tempérament
–
–
–
–
–
–
Recherche de sensation
Prise de risque
Transgression de l’interdit
Impulsivité
Faible estime de soi
Auto dépréciation
Troubles
IMPULSIFS
COMPULSIFS
Tension
-Culpabilité
-Regrets
-Reproches
↑Stress/anxiété
Actes impulsifs Obsessions
Plaisir / Gratification
Début
Comportements
répétitifs
↓Stress/anxiété
Après
Neurobiologie
-Addictions comportementales et SUD sont souvent présents
conjointement avec similitude dans la progression des troubles
impliquant une sensibilisation croisée (i.e. jeu/alcool), le
fonctionnement cérébral et la neurochimie.
-Cette sensibilisation croisée nécessite des neuro-adaptations
apparues suite à une exposition répétée (conditionnement)
amenant une réponse plus intense vis-à-vis d’un autre
composant.
-La récompense naturelle (par ex. un gain au jeu) et un abus de
substance induisent une activité comparable au niveau du circuit
de récompense et des régions connectées dont les hippocampes,
les amygdales et le cortex frontal.
.
Approches neurobiologiques
– DOPAMINE :Tous les produits et comportements à potentiel
addictif augmentent la libération de dopamine (VTA, Nac)
qui semble corrélée avec la sévérité du trouble.
– L’administration d’amphétamine augmente la motivation à
jouer.
– Paradoxalement, l’administration d’halopéridol peut
augmenter la motivation à jouer; il existe d’importantes
différences individuelles qui expliquent les résultats négatifs
avec des antagonistes D2. (idem Aripiprazole)
– Participation de la sérotonine et de la noradrénaline : taux
faibles en 5-HIAA dans le LCR lié avec un déficit du
contrôle de l’impulsivité et augmentation urinaire du MHPG
(métabolite NA) chez les pyromanes mais les études restent
inconsistantes par ex. avec les SSRI.
NORADRENALINE
SEROTONINE
•Energie
•Intérêts
•Anxiété
•Impulsivité
•Irritabilité
•Tension
•Humeur
•Emotion
•Cognition
•Motivation
•Sexe
•Appétit
•Aggressivité
•Pulsion
•Plaisir
DOPAMINE
Les synapses excitatrices et inhibitrices
• Excitatrices
–
–
–
–
DOPAMINE
SEROTONINE
NORADRENALINE
GLUTAMATE
• Inhibitrices (GABA)
– Récepteurs GABA [inhibition de la voie dopaminergique]
(Alcool, Benzodiazépines, Barbituriques)
– Récepteurs opioïdes, qui court-circuitent l’inhibition et augmentent
la libération de DOPAMINE
(Alcool, Morphine, Héroïne)
Possible sites of action by drugs of abuse on the mesolimbic pathway. PFC, prefrontal cortex; NAc, nucleus
accumbens; VTA, ventral tegmental area; GABA, γ-Aminobutyric acid
Modulation de la synapse dopaminergique
Cannabis
Cocaine
Ecstasy
Amphetamines
Aire tegmentale
ventrale
Endocannabinoïde
Nucleus
Accumbens
A. Choline
Tabac
Cannabis
GABA
Alcool
Endorphines
Héroïne
R Nicotinique
R CB1
GABA
Motivations
• Nourriture
• Sexe
•Jeux vidéo
• Autres
plaisirs…
Bien-être
DA
R Morphinique
DA
CRF
Axe corticotrope
corticotrope
Axe
Stress
Mise en mémoire
Matthes et al., Nature 1996-Maldonado et al., Nature 1997-Ledent et al., Science 1999
Drug Action & Reward
Pathway
Converging actions of drugs of abuse on the
ventral tegmental area (VTA) and the nucleus accumbens (NAc)
Reprinted with permission from Macmillan Publishers Ltd.; Nature Neuroscience,
Nestler, 2005, Natl Neurosci, 8; http://www.nature.com/neuro/index.html
Les voies dopaminergiques du plaisir et de la
souffrance (de l’approche et de l’évitement)
Actions
Prefrontal
cortex
Cingulate
Sentiments
Emotions
cortex
Nucleus
accumbens
Orbitofrontal
cortex
Amygdala
Sensations
Hippocampus
Koob G CNRS 2005 – Reynaud M 2005
VTA
Neurobiologie.
• Phase initiale (présentation du Xt) : activité + intense dans le Nac
et dans le cortex insulaire.
• Phase suivante (prix) : activité moindre de l’insula et du cortex
cingulaire antérieur ce dernier étant plus activé durant la phase de
conclusion (achat).
• Cortex insulaire : associé aux fonctions limbiques (émotions), la
dépendance, la conscience de soi, l’empathie, la violation des
normes, la perception…
• Cortex cingulaire antérieur : fonctions cognitives comme
l’anticipation de la récompense, la prise de décision, l’empathie,
les émotions…
• Ces cortex ne sont pas des cibles dopaminergiques aussi directes
que le Nac.
Mémoire.
• Les hippocampes jouent un rôle central dans les mémoires :
stockage, siège des souvenirs; mémoire épisodique
(événementielle), procédurale (automatismes), spatiale….
• Les amygdales interviennent dans les systèmes de
mémorisation où l’émotion intervient notamment dans les
conditionnements classiques, dans l’apprentissage associatif
et dans les réponses comportementales associées notamment à
l’anxiété.
• Le blocage des NMDA-R (Mémantine) au niveau des
amygdales bloque aussi le conditionnement classique
(renforcement) et atténue la mémoire de la trace addictive au
niveau des hippocampes (l’activation des NMDA-R régule la
consolidation des souvenirs)
Cortex préfrontal et élaboration des prises de décision
• Mémoire de travail sous la dépendance
dopaminergique
• Biais attentionnel
• Iowa gambling Task
• Stroop émotionnel-addictions
- Rustichini Science 2005
Dynamic mapping of human cortical development
during childhood through early adulthood
Gogtay et al., PNAS May 25, 2004 vol. 101 no. 21: 8174-8179
USAGE PRECOCE
• Plus la consommation démarre tôt
dans la vie, plus le risque d’abus et/ou
d’installation d’une dépendance est
élevée surtout si l’usage se répète
• Risque augmenté de complications
• Système neurobiologique plus fragile
• Distorsions relationnelles (entourage,
environnement)
Maladie de Parkinson (PD) et addictions
comportementales (ICD).
• 1 ICD chez 13,6% des PD et parmi ceux-ci, 27% ont 2 ICD ou
plus.
• Fréquence : PG : 5%, sexe compulsif : 3,5%, achats compulsifs :
5,7%, binge eating disorder : 4,3%.
• Cette association serait liée à l’usage d’agonistes
dopaminergiques. 26% sous ropinirol ont un ICD, 27% sous
pramipexol, 22% sous pergolide. Pas de dose/effet avec ces
molécules + spécifiques (D3) mais bien avec la Lévodopa (D2).
• Tt : SSRI, anticonvulsivants et même AP atypiques.
Le jeu pathologique.
Ludomanie.
Pathological gambling (PG)
Si 100% des gagnants ont tenté leur chance, 100%
des perdants aussi !!!
Lorsque le plaisir de jouer se
transforme en besoin de jouer…
Lorsque le besoin de jouer devient
plus fort que la volonté d'arrêter….
il y a:
Définition du jeu pathologique
 5/10 critères diagnostics du jeu pathologique selon le DSMIV.
 Regroupés en 3 dimensions:
-Les symptômes de dépendance
-Les conséquences négatives
-La perte de contrôle
 Reprend en grande partie les critères d’addiction aux
substances psychoactives de Goodman (1990).
DSM IV VS DSM V.
• Dans le DSM IV, le jeu pathologique (pathological gambling: PG) est repris
sous la rubrique « troubles du contrôle des impulsions » (impulse control
disorder : ICD).
• Le DSM V classe le « gambling disorder » dans le chapitre « substancerelated and addictive disorders » dans une nouvelle catégorie : « behavioral
addictions » à côté des « substance use disorder » (SUD).
• L’APA reconnait ainsi que le PG est semblable au SUD dans son
expression clinique et dans l’activation du circuit de récompense avec des
effets similaires aux drogues psychoactives.
• Attention : pas (peu) de dépendance physique pour les addictions
comportementales.
• « Gambling » est différent de « Gaming ». Gambling implique d’utiliser de
l’argent « à risque » pour gagner plus d’argent (flambeur).
DSM V
• Troubles addictifs non liés aux substances :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Besoin de jouer avec des sommes croissantes pour atteindre l’excitation.
Etre tendu et irritable lors d’essais de diminution ou d’arrêt.
Echec de ces tentatives.
Très souvent préoccupé par le jeu (pensées persistantes, souvenirs d’expériences
passées, planification de futures expériences, recherche d’argent).
Jouer souvent lorsque l’on se sent seul, déprimé, anxieux, coupable….
Après perte, retourner jouer « pour se refaire ».
Nier l’importance de sa compulsion vis-à-vis du jeu.
Compromettre ou perdre des relations affectives : famille, travail, études, carrière.
Compter sur autrui pour obtenir de l’argent pour se sortir de situations financières
désespérées.
• Au moins 4 critères sur une période de 12 mois.
• Att. Exclure toutes implications maniaques ou hypomanes
• Att. Différencier les conduites d’essai initiatiques des conduites à
risque, pathologiques.
Épidémiologie-Prévalence
• 70 à 90 % des adultes jouent quelques fois
dans leur vie
(Ladouceur, 1991 ; Productivity Commission, 1999)
• Prévalence du jeu pathologique est d’environ 1
à 2 % dans les pays occidentaux
(Walter & Dickinson, 1996)
• 13 millions de Français sont des joueurs
occasionnels.
• 600.000 personnes en France, 50.000 en Be. et
120.000 en Suisse s’adonnent à une pratique
problématique ou pathologique des jeux
d’argent et de hasard.
• Au Québec, 5% de la population admet avoir
un problème de jeu compulsif. Au Canada, la
moyenne des suicides parmi les joueurs
pathologiques est de 360/an.
• Un PG a 10x plus de risque de fréquenter les
urgences hospitalières qu’un non-joueur.
Coûts de l’addiction aux jeux (USA)
•
•
•
•
•
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•
•
•
60% commettent des actes répréhensibles.
20% font une TS ou un suicide.
63% ont des problèmes d’alcool.
20% font faillite/banqueroute.
50% abusent leur famille.
20% des SDF sont ou ont été addicts au jeu.
50% divorcent.
La dette moyenne oscille entre 63.000 et 110.000$.
30-50% des revenus du jeu proviennent des PG.
Aux USA, le coût estimé de l’addiction au jeu est de 32 à 53
milliards US$ (perte de productivité, perte de temps, perte
d’emploi, jours de maladie, arrivées tardives, sorties avancées,
dépression, stress….
Épidémiologie-Prévalence
• Prévalence dans la population psychiatrique : 6,7 à 12 %
(Lesieur et al, 1990 ; Miller, 1996)
• Prévalence chez les patients présentant des conduites
addictives : 7 à 39 % (Spunt et al., 1998)
• Prévalence du jeu pathologique chez les adolescents aux
États-Unis : 4,4 à 7,4 % (Schaffer, 1996)
• La prévalence du jeu pathologique est nettement plus
importante dans les pays ou les états dans lesquels le jeu
est légalisé (casinos).
Épidémiologie-Incidence
• Lors de l’ouverture d’un organisme de jeu:
– Augmentation significative du nombre de joueurs
pathologiques (Ladouceur, 1999)
• Internet = BOOSTER ADDICTIF : accessibilité permanente,
choix énorme, argent invisible et dématérialisé.
– Augmentation du nombre de joueurs pathologiques : 17%
en 2013 vs 2,8% avant le net.
– Jeux problématiques : 1) Internet. 2) machines à sous et
casinos. 3) Poker.
– Jeux de grattage et de tirage moins addictifs.
Facteurs de risques individuels
La présence de traits de personnalité
Recherche de sensations
Faible évitement du danger
Recherche de nouveautés
Sensibilité aux
effets « plaisirs »
Faible estime de soi
Réactions émotionnelles excessives
Instabilité, désespoir
Sensibilité aux
effets
« apaisants »
Difficultés relationnelles, isolement
ZUCKERMAN M. Cambridge University Press, 1994 ; ADES J., LEJOYEUX M. Masson, 1997 ;
MASSE LC. Arch Gen Psychiatry, 1997.
La trajectoire du joueur
pathologique (Custer; Dupouy et Chatagnon)
1)
La phase de gain :
•
2)
le « Big Win » période de rencontre avec le jeu vécue de manière positive.
La « chasse » :
•
•
3)
le joueur perd mais cherche à se « refaire » en jouant – 2 à 15 ans
Possibilité de régression/contrôle ou passage à la 3° phase
La descente ou dépression :
•
•
le joueur prend conscience de sa situation (risque élevé de TS).
Aide professionnelle
-Évolution sur 10 à 20 années
-Accélérée avec Machines à sous puis Internet
Compulsive Gambling Chart.
• Winning phase  1. Losing phase  2. Desesperation phase
 3. Black Hole 4. Critical phase  5. Rebuilding phase  6.
Growth phase.
• 1- Problèmes d’argent, familiaux, dettes, délais.
• 2- Perte de réputation, d’emploi, remord, panique.
• 3- Black Hole : alcool, divorce, emprisonnement, désespoir,
dépression, TS, syndromes de sevrage.
• 4- Demande d’aide, regain d’espoir, prise de décision, reprise
social, travail.
• 5- Plan de remboursement, relations familiales ++, amour
propre++, amélioration irritabilité, impatience, justice.
• 6- Meilleur Insight, + empathie, + relations sociales, faire face
au jeu, nouvelle façon de vivre.
USAGE À VISÉE
AUTOTHÉRAPEUTIQUE
• Effet anxiolytique, hypnotique, antidépresseur
recherché
• En lien avec des facteurs individuels
psychopathologiques (anxiété, phobie, vécu
dépressif…)
• Quand l’usage devient régulier, solitaire :
INDICATEUR DE RISQUE
Comorbidités
Fortes comorbidités psychiatriques:
-73% Trouble lié à la consommation d’alcool
-38% Trouble lié à l’utilisation de toxiques
-60% Dépendance à la nicotine
-49% Trouble de l’humeur
-41% Troubles anxieux
-60% Troubles de personnalité (antisociale+++
(Slutske, 2001) )
TDAH
x8
Trouble des
conduites
OR
1 à 6,5
x 13
Personnalité
antisociale
x 21
)
Alcoolisme
Barkley et al., 2004; Cloninger et al., 1988; Expertise collective INSERM 2003, 2005
Principes du traitement
• Abord direct des problèmes de jeu
• Evaluation des symptômes de dépendance (conséquences négatives, perte
de contrôle)
• Evaluation et traitement des comorbidités (Troubles de l’humeur+++)
• Entretien motivationnel+++
• Soutien relationnel et social+++
• Nécessité de nombreux réaménagements autour des loisirs
• Psychothérapie cognitive centrée sur le jeu dans un premier temps
• Possibilité de mettre en place un traitement médicamenteux
• Mise sous curatelle renforcée si nécessaire
• Dossier Banque
• Interdiction de Casino
Prise en charge TCC
•
•
•
•
•
Définition des objectifs: Arrêt total ou réduction
Evaluation du type de jeux
Entretien motivationnel
Définition du hasard
Education sur le jeu:
– Mécanisme de fonctionnement
– Espérance de gain à long terme
– Incontrôlable
• Auto-évaluation des conduites de jeu
– SEP-Comportement, Temps, Somme initiale engagée, somme rejouée
– Décrire de manière rédactionnelle une phase de jeu
• Repérage et modifications des croyances erronées
• Stratégies de prévention de la rechute
– Identification et gestion des situations à risque
Traitement médicamenteux
•
•
•
•
Pas de traitement de substitution
Résultats controversés
Pas d’AMM
Plusieurs médicament proposés:
– Traiter en fonction des comorbidités +++
•
•
•
•
Dépression  SSRI
Trouble bipolaire  Thymorégulateurs
Ethyl.  Naltrexone (effet anticraving)
Hyperactif? Rilatine?
Addictions comportementales :
TT médicamenteux
• Les antagonistes opioïdes (Naltrexone) modulent indirectement
la transmission DA dans la voie VTA-Nac. De hautes doses
(188mgr/jr) se sont révélées efficaces dans le PG (drop out++)
• Qq résultats avec le Nalmefène 50mgr/jr (Grant Am J Psy 2006)
• Med’s pour PG : SSRI, Naltrexone, Lithium, Carbamazépine.
• Pour troubles explosifs intermittents : Thymorégulateurs,
SSRI, B Bloqueurs, Li et anticonvulsivants.
• Cleptomanie : antidépresseurs, thymorégulateurs, stimulants,
antipsychotiques, ECT.
• Trichotillomanie : Clomipramine, SSRI, Li, AP, acétylcystéine.
• Pyromanie : SSRI.
ONIOMANIE
Manie compulsive des achats.
• Marchandisage, prodigalité, fringale d’achats, shopping
boulimique.
• Décrite en 1915 par Emil Kraepelin et en 1924 par Eugen
Bleuler.
• Les achats compulsifs, comportement très connu mais peu
reconnu comme un trouble psychiatrique mais admis en France
par les tribunaux.
• Ce comportement a été très peu étudié alors que l’oniomanie
peut avoir de lourdes conséquences tant au plan émotionnel que
financier.
• Tout comme le jeu, les achats rapportent beaucoup à l’Etat.
Oniomanie : Fréquence.
•
•
•
•
1,1% de la population mondiale.
Allemagne : 7%; Autriche : 8%.
USA : 5.8-8.9% (Black Friday !)
En Suisse, 270.000 personnes n’arrivent pas à contrôler leurs
achats.
• Pour le jeu, on parle d’une prévalence de 80-90% d’hommes et
pour l’achat compulsif de 80-90% de femmes : Faux.
• F : 55% et H : 45%. F : Vêtements, chaussures, bijoux,
cosmétiques, déco… H : Vêtements, électronique, mécanique,
antiquités…
• Les femmes sont plus facilement identifiées car elles
recherchent de l’aide plus rapidement que les hommes.
ONIOMANIE (Achat Compulsif)
•
•
•
•
Achat nécessaire, achat utile, achat excessif, achat compulsif.
L’acheteur narcissique : dépensier mais jamais endetté
Acheteur pragmatique obsédé par l’utile.
Le chasseur de trésors : la quête de l’inédit, le jeu de la tentation
et acheter est un moment magique où il est en accord avec luimême. Joint l’utile à l’agréable, achète à l’avance = coup
« triple » : faire plaisir aux autres, se faire plaisir et réaliser une
« bonne affaire ».
• L’acheteur « thérapeutique » (auto-cadeau) souvent vs une
frustration.
• L’obsessionnel : tout est « griffé » élite? La collection de
timbres, la déco revue en permanence pour combler par ex. un
vide, un ennui….
Why we shop ?
• J’achète, donc je suis. Aspect narcissique, ego, aisance….
• Le shopping est une activité sociale : l’achat présente tjs un
aspect relationnel d’une façon ou d’une autre.
• Peut compenser l’anxiété générée par une société
angoissante, individualiste  solitude.
• Beaucoup d’aspects relationnels ont été déconnecté par la
vie moderne et les nouvelles technologies : infos
commerciales, accès large et rapide, pub. flash.
• Vaine recherche d’une reconnaissance sociale  achats++
 euphorie  déception  culpabilité  stress (anxiété)
• En augmentation ++ dans nos sociétés de consommation et
chez les jeunes.
Achat compulsif : critères.
• Achat compulsif = shopping pathologique = shopoholisme.
• Pensées envahissantes et gênantes concernant des achats ou des
comportements et impulsions d’achat inadaptés : désir
d’acquisition mais non de possession.
• Achats supérieurs aux capacités financières et tjs surendetté.
• Achats fréquents d’objets inutiles et durant longtemps.
• Achats en solitaire et par crise (fringale d’achat, shopping
boulimique). Syllogomanie : accumulation compulsive (DSM V).
• Sentiment de culpabilité, dépression  nouveaux achats pour « se
sentir mieux » malgré les conséquences négatives connues.
• Perpétuel besoin d’argent et mauvaise image de soi.
• La frontière entre achats excessifs et compulsifs se situe au niveau
de la souffrance psychologique.
Oniomanie : Causes.
• Personnelles : relations enfant-parents dysfonctionnelles,
sensation de vide, absence d’identité  compensation à l’aide
d’objets (jouets, nourriture) pour trouver un réconfort émotionnel.
Ce sentiment peut persister à l’âge adulte.
• Systémiques : rôles importants du statut social :
1. La société de consommation alimente l’idée que les achats
compulsifs sont une forme d’addiction post-moderne.
2. Les cartes de crédit encouragent les dépenses impulsives .
3. Isolement.
.
4. Frustration.
.
Différences et conséquences
• La différence entre achats excessifs et oniomanie, c’est la nature
compulsive, chronique et destructrice de l’acte d’acheter.
• Le comportement devient addictif lorsque le désir d’acheter ne
peut plus être maîtrisé (craving) : « C’est plus fort que moi ».
• La frontière se situe au niveau de la souffrance psychologique.
• Conséquences : - Sentiments d’angoisse, de culpabilité, de
dépression. – Problèmes financiers, insolvabilité – Méthodes
illégales : vols, détournements, justice – Vies familiale et sociale
menacées (dissimulation).
Thérapies
• Thérapies comportementales, aide sociale, groupes d’entraide.
• Antidépresseurs : dans une étude open label, le citalopram a
montré des résultats favorables (dysfonction sérotoninergique?)
mais d’autres SSRI essayés (fluvoxamine, escitalopram) dans
d’autres essais se sont révélés négatifs.
• Activités alternatives : sport, rencontre….
• Maîtrise de ses pulsions : pas de carte de crédit, paiement cash,
prendre la somme nécessaire, fixer des seuils.
• Provoquer un décalage entre l’impulsion et l’acte.
• 1er pas : s’avouer à soi-même et à son entourage que l’on n’arrive
plus à contrôler ses pulsions d’achat.
• L’abstinence n’est pas possible!
INTERNET GAMING DISORDER
• IGD est inclus dans le chapitre III du DSM V.
• Il s’agit d’une liste de désordres qui nécessitent encore des
recherches en vue de les formaliser et les rendre
éventuellement « diagnostiquables »
• Ceci reflète la littérature scientifique à propos de l’usage
persistant et récurrent des jeux Internet.
• Des problèmes cliniques préoccupants avec des situations
difficiles voire de détresse sont rapportés.
• 13 millions de Français sont des joueurs
occasionnels.
• 3, 8 millions de Français jouent chaque jour à
un jeu vidéo.
• En France, on constate que 5% à 10% de
jeunes sont dépendants ou addicts aux jeux
vidéos.
Qu’est-ce qu’une addiction aux jeux
vidéo?
• Le nombre d’heures passées devant un jeux
vidéo n’est pas un indicateur efficace pour
démontrer s’il y a addiction.
• On parle d'addiction au jeu vidéo quand
celui-ci devient le principal centre d'intérêt
par rapport au sport, à la culture, aux
copains, aux études et à la famille…
(Centration)
Les jeux Video
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Combat
Tir
Plate forme
Sport / Courses
Aventure
Jeu de rôle
Réseau (Massivement Multi joueurs) ou MMORPG
MMORPG
• Massive Multiplayer
Online Role Playing
Game
• Jeu de rôle, réseaux
• World Of Warcraft
• Expansion majeure (10
millions de comptes…)
• Avatars, Guildes
• Potentiellement Addictifs
Quels sont les jeux « à risque »?
• Les jeux de rôle et réseau (MMORPG) sont
les jeux les plus sollicitant et faisant le plus
d’addicts.
• Le joueur s’identifie totalement à son
« avatar », qu’il crée à son image.
(L’avatar est souvent idéalisé et stéréotypé)
• L’univers du jeu est quasi infini, il est dit: persistant
• Les joueurs ont des possibilités d’interactions illimitées ce qui
les pousse à jouer le plus longtemps possible.
• A l’intérieur du jeu, on peut disposer d’une monnaie virtuelle.
• Cette monnaie permet à notre « avatar » d’acheter des objets,
des pouvoirs, des unités de vie, des services…
• On peut convertir cet argent virtuel en argent réel.
• Le système de marché virtuel crée alors un marché réel
• Des sites spécialisés vendent des « accessoires » pour
« avatars » (épées, armures…) mais également des services
pour les joueurs ( coaching, guides virtuels, trucs et astuces…)
• De cette façon, le réel se confond avec le virtuel, il y a perte
des repères.
Les conséquences de cette dépendance sur la
santé des ados
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Isolement
Sédentarité
Insomnies
Problèmes d’autonomie
Perte de la notion de temps
Baisse des résultats scolaires
Troubles du comportement alimentaire
Confusion entre le monde réel et le monde virtuel
La démarche
• Avant tout, il faut reconnaître sa propre dépendance
• Un diagnostic de dépendance doit être établi par un
professionnel.
• Il existe plusieurs techniques de prises en charge :
Les thérapies comportementales.
Les thérapies de groupe
Les thérapies individuelles
La thérapie familiale
• Les thérapies comportementales.
Elles permettent d’avoir un regard distancié sur son
comportement et ainsi le modifier.
• Les thérapies de groupe sont également proposées.
Partage d’expériences, repérage du mode d’interaction avec
l’environnement, augmentation de l’estime de soi,
apprentissage pour s'intégrer dans différents groupes et
vivre en relation avec les autres.
• Les thérapies individuelles, (analytiques)
Analyse des comportements accompagnée par un
psychothérapeute.
• La thérapie familiale aidera les proches dans une démarche
de soin.
L’ADDICTION AU TRAVAIL :
UNE ÉVOLUTION EN 4 PHASES
Première phase
Énergie, augmentation des performances, plaisir, Gratification,
tolérance entourage
2.
Deuxième phase
Intolérance à la stase, irritabilité, syndrome de manque
Altération vie familiale, appauvrissement vie sociale
2.
Troisième phase
Fatigue, stress, troubles psychosomatiques et psychiques,
conflits, baisse des performances
2.
Quatrième phase
Altérations graves de la santé mentale et
physique voire mort subite (Karoshi)
LES ATTEINTES À LA SANTÉ
 Troubles somatiques
Fatigue chronique, céphalées, troubles du sommeil, allergies,
ulcère gastro-duodénal, reflux gastro-oesophagien,
lombalgies, HTA, AIT, AVC, troubles du rythme,
coronaropathies
 Troubles psychiques
Syndrome d’épuisement (burn-out), troubles anxieux,
dépressions, passages à l’acte suicidaire, conduites à risque
(conduite automobile), agressivité
 Co-addictions
(toxiques, alcool, tabac, sexe, jeu…)
HYPOTHÈSES ÉTIOLOGIQUES
1. Du côté de la personnalité
 Hypomanie chronique et hyperactivité généralisée
 Pathologies narcissiques et Moi idéal
 Troubles compulsifs
 Personnalité à «fonctionnement opératoire»
Théorie psychosomatique: carence imaginaire, déficit capacités de
mentalisation: activisme comme procédé auto-calmant(Szwec – 1998, «les
galériens volontaires»)
Conclusions.
• Les addictions sans drogue sont caractérisées par la perte de
contrôles de comportements excessifs avec un effet négatif sur la
santé physique et psychologique ainsi que sur la vie familiale et
sociale.
• Les AC partagent des éléments importants avec les SUD : - perte
de contrôle devant l’abus – Poursuite de l’abus malgré les
conséquences néfastes connues – Craving : Besoin irrépressible
de reconduire l’abus.
• Corollaires pour les AC : -Tension émotionnelle avant l’acte –
Euphorie durant l’acte – regrets et culpabilité après l’acte.
Conclusions
• Prise en charge très proche de la prise en charge des
addictions aux substances
• Moins de problèmes médicaux associés
• AC : fréquence élevée qui contraste avec des
demandes de soins très limitées
• Prévenir et traiter les addictions sans drogue : un défi
sociétal
!
GAME OVER
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