Démarche diagnostique devant une lombalgie

publicité
Monsieur R, 57 ans









Asthme allergique depuis l‘enfance, multiples corticothérapies
Néoplasie rénale 2004, néphrectomie droite
Syndrome dépressif + 2 tentatives de suicide
médicamenteuses
Ethylisme chronique
Tabagisme non sevré
AVP en moto 2003 avec tassement vertébral L2 et fracture
clavicule
2 hernies discales opérées
Jardinier au chômage
Famille:


Psoriasis cutané chez la mère
Maladie de Crohn chez son fils
Anamnèse 1







Depuis 20 ans: lombalgies chroniques, mécaniques, peu
invalidantes, EVA 2-3/10
2000: lombosciatique L5 droite, déficitaire sur hernie discale
L4L5, discectomie L4L5
2001: lombosciatique droite sur hernie discale L5S1, opérée
après 2 mois de résistance au traitement médical
2003: tassement vertébral L2 suite AVP moto
Majoration progressive des lombalgies depuis 3 mois, EVA 5/10
Il y a 5 jours: lombalgie aigue suite à un effort de soulèvement
de son petit fils de 4 ans
Douleur irradiation dans la fesse droite, non impulsive
Anamnèse 2

Horaire plutôt mécanique




Persistante malgré traitement médical depuis 7 jours







Nettement aggravé par l’effort,
Mais fond douloureux permanent et raideur matinale de 15 minutes
2-3 réveils nocturnes (changements de position?)
paracetamol Codéine: 6/j
tetrazepam 2/j
diclofenac 150mg/j
Hospitalisation via les urgences
A noter: amaigrissement récent de 4 kg
Absence de signe fonctionnel urinaire
Pas de troubles sphinctériens
Clinique 1


T° 36,8, poids 72 kg, T ?, EVA douleur 8/10
Syndrome rachidien



Lombalgie basse reproduite à la palpation de L4, L5 et S1
Douleur para vertébrale + contracture prédominant à droite
Etude des mobilités du rachis



Flexion: DMS 40 cm, Schöber +1cm
Inclinaison latérale droite douloureuse
Lasègue lombaire bilatéral
F
LFG
LFD
E
Schéma en étoile de Maigne
Clinique 2








Pas de déficit moteur
Pas d’anesthésie en selle
Examen des hanches normal
Pouls périphériques +
Hépatomégalie avec bord mousse, sinon palpation abdominale
normale
Fosses lombaires libres, BU normale
Trémulations, sueurs
Toucher rectal: normal, bon tonus sphincter anal
Biologie



VS 14 mm, CRP 9 mg/L
NFS: Hb 12,5 g/dl, VGM 102 fL, Leuco 7600/mm3,
plaquettes 110000/mm3
ASAT: 3N, ALAT N, TP 96%
Urgence neuro-chirurgicale ?

Non, car


Absence de radiculalgie déficitaire
Absence de syndrome de la queue de cheval
Dans le présent cas, la lombalgie
peut-elle être d’origine extrarachidienne?
Douleur extra-rachidienne ?

Arguments contre:





Douleur mécanique
Présence d’un syndrome rachidien
Pouls périphériques perçus, absence de masse battante
Absence de signe fonctionnel urinaire, fosses lombaires
libres, BU normale
Causes possibles de lombalgie d‘origine extrarachidienne:



Anévrysme, dissection aortique
Pyélonéphrite, colique néphrétique
Tumeur pelvienne ou rénale
Eliminer lombalgie symptomatique


Rare (1-5%), mais retard diagnostique préjudiciable
Etiologies à rechercher:




Tassement vertébral (ostéoporose)
Localisation osseuse ou intrarachidienne d’une néoplasie
ou d’une tumeur bénigne
Spondylodiscite ou spondylite infectieuse
Spondylarthropathie
Arguments en faveur d’un
tassement vertébral
ostéoporotique ?
Tassement ostéoporotique ?

Facteurs de risque d‘ostéoporose



Corticothérapie
Intoxication alcoolo-tabagique
ATCD personnel de fracture/tassement vertébral,
mais traumatique (AVP)
Arguments pour une métastase
osseuse ?
Métastase osseuse ?

Pour





Age > 50 ans
ATCD personnel de néoplasie ostéophile
AEG amaigrissement récent de 4 kg
Aggravation progressive sur 3 mois
Contre


Horaire plutôt mécanique
Absence de syndrome inflammatoire
Arguments pour étiologie
infectieuse ou inflammatoire?
Etiologie infectieuse / inflammatoire ?

Infectieux ?

Pour:


Contre




Terrain alcoolo-tabagique
Pas de fièvre, pas de syndrome inflammatoire
Pas de geste invasif récent ni chirurgie récente
Pas d’infection concomitante
Inflammatoire?

Pour:


ATCD familiaux de psoriasis et Crohn
Contre:




Horaire mécanique, absence d’autre signe articulaire en faveur d’une
spondylarthropathie, notamment sacro-iliaques indolores
Absence de signe extra-articulaires: Pas d’uvéite, pas de psoriasis
Pas de syndrome inflammatoire
Résistance aux AINS
A ce stade, quels sont les
arguments pour une lombalgie
commune ?
Lombalgie commune ?

Terrain lombalgique chronique sur rachis opéré
Profession à risque: mouvements en flexion et rotation
Contexte psycho-social
Horaire plutôt mécanique
Limitation des mobilités prédominante dans 2 secteurs

MAIS: DIAGNOSTIC D’ELIMINATION




Examens complémentaires

Imagerie en première intention:

Rx standard rachis lombaire face et profil, devant:



Majoration progressive de la douleur
Amaigrissement récent inexpliqué de 4 kg
ATCD personnel de tassement vertébral
Discussion: 2e imagerie ?
Si oui: laquelle ?


Persiste-t-il des arguments pour une lombalgie symptomatique
?
Angoisse ++ du patient revendicateur d‘un scanner malgré
explications données?
Dans notre cas:

Pas d‘autre imagerie car




Absence de signes d‘ostéocondensation/ostéolyse
Absence de nouveau tassement vertébral
Insuffisamment d‘arguments cliniques et biologiques
pour une spondylodiscite ou spondylarthropathie
Conclusion: Lombalgie commune




Lombalgie aigue commune
Terrain lombalgique chronique
Discopathies dégénératives L4L5 et L5S1
Rachis opéré
Evolution

Syndrome de sevrage éthylique:




Traitement médical:



Vitamines B1B6PP
Hyperhydratation
Sédation par oxazepam 40 mg/j
Tramadol 300 mg/j
Ketoprofène 300 mg/j
Evolution favorable en quelques jours
Lombalgie





60-90%: au moins un épisode lombalgique au cours de leur vie
23,5% des patients consultant un rhumatologue
2 - 4,5% des patients consultant un généraliste
8% des lombalgies aiguës communes passent à la chronicité,
engendrant 85% des coûts
Corrélation anatomo-clinique


Pas de problème dans lombalgie symptomatique
Très incertaine dans la lombalgie commune


Structures éventuellement impliquées nombreuses (disque,
articulation post, muscle, spondylolisthésis, anomalie
transitionnelle…)
Responsabilités respectives difficiles à établir
Recommandations ANAES 1998



Recommandations concernant lombalgies communes de
l’adulte
Niveaux de preuve: Grade A, B, C, Accord professionnel
Basées sur classification de la Quebec Task Force on Spinal
Disorders:



Classe 1 et 2: douleur sans irradiation ou irradiation proximale
N.B.: ne s’applique pas sur les douleurs post-opératoires (classe 8
- 9)
Devant lombalgie aigue, prescrire d’emblée des Rx standard
rachis lombaire F+P en présence de signes d’alerte en faveur
d’une infection, d’une néoplasie, d’un traumatisme ou de
signes de compression de la queue de cheval
Recommandations ANAES 1998

En faveur d’une fracture:


En faveur d‘une néoplasie ou d‘une infection:



Notion de traumatisme, prise de corticoïdes, âge > 70 ans (grade
B)
ATCD de cancer, perte de poids inexpliquée, immunosuppression,
infection urinaire, toxicomanie IV, prise prolongée de corticoïdes,
douleur non améliorée par le repos, âge >50ans
NFS et VS doivent être réalisées dans ces cas (grade B)
En faveur d‘un syndrome de la queue de cheval:

Rétention urinaire ou perte d‘urines, diminution du tonus du
sphincter anal, anesthésie en selle, diminution de la force
musculaire des membres inférieurs (grade B)
Recommandations ANAES 1998



Dans les autres cas, il n‘y a pas lieu de demander des Rx dans
les 7 premières semaines d‘évolution, sauf quand les modalités
du traitement choisi (manipulations, infiltration...) exigent
d‘éliminer formellement une lombalgie spécifique
Par accord professionnel, l‘absence d‘évolution favorable
conduira à raccourcir ce délai
L‘examen de 2e ligne en cas d‘aggravation des symptômes ou
en cas de suspicion de lombalgies spécifiques, et même en cas
de Rx normales, devrait être, selon le contexte clinique, au
mieux une IRM, à défaut une TDM ou une scintigraphie
osseuse, en fonction de l‘accessibilité à ces techniques (grade
C)
Recommandations ANAES 1998




Dans la lombalgie chronique, définie par une durée de 3-6mois
ou plus, ou par des épisodes récidivants, quand il existe un
retentissement grave dans la vie socio-professionnelle et/ou
quand un traitement invasif est envisagé, une IRM après Rx
standard est licite.
Il n‘y a pas lieu de prescrire un scanner, une myélographie ou
un myéloscanner dans le cadre d‘une lombalgie isolée, ces 2
derniers n‘ayant leur place qu‘en cas de contre-indication à
l‘IRM (grade C)
Les autres examens d‘imagerie n‘ont pas d‘indication sauf
dans rares cas où une intervention chirurgicale est envisagée
et après avis spécialisé.
Si douleur peu évolutive ou si aucune thérapeutique invasive
envisagée, il n‘y a pas lieu de réaliser de nouvel examen dans
l‘année suivante
Démarche diagnostique devant une lombalgie
Lombalgie
Urgence neuro-chir ?
OUI
Syndr queue de cheval ?
Radiculalgie déficitaire ?
IRM en urgence
NON
Lombalgie symptomatique ?
OUI
NON
Lombalgie commune ?
OUI
Tassement ?
Néoplasie/méta ?
Spondylodiscite ?
Spondylarthropathie ?
Imagerie si:
- Evolution > 7 sem
- Résistance trait. méd.
- Chronique
Rx + bio, puis
IRM ++
TDM
Scinti os
Rx standard
IRM ?
Téléchargement