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La conscience et ses formes
Magistère de philosophie contemporaine
Atelier d'introduction à la philosophie de l'esprit
Consciences
Conscience morale: bonne et mauvaise conscience
Conscience sociale: conscience de classe, conscience
féministe, etc.
Conscience psychologique:
Être conscient/inconscient
Avoir conscience de quelque chose



Conscience primaire: perceptions, émotions
Conscience réflexive
Conscience de soi
Conscience cognitive et conscience phénoménale
Quelques distinctions utiles
Etat de conscience: Cette notion renvoie à l'usage que
l'on fait du mot conscient lorsque l'on dit d'un organisme
qu'il est conscient. (creature-consciousness)
Un organisme peut être dit conscient en un sens intransitif s'il
est en état d'éveil et réceptif aux stimulations externes (
endormi, évanoui, dans le coma, …)
Un organisme peut-être dite transitivement conscient s'il est
conscient de quelque chose qu'il perçoit ou conçoit.
Etat conscient: On peut aussi dire d'un état mental qu'il
est conscient (state-consciousness) et distinguer des
pensées, croyances ou désirs conscients ou inconscients.
On peut se demander s'il existe des sensations ou
perceptions inconscientes.
Si un état mental est conscient, il est intransitivement
conscient.
La conscience comme marque du mental
Dans la tradition philosophique classique, esprit et conscience sont le plus
souvent considérés comme coextensifs:
"Pour ce qui est de la question de savoir s'il ne peut y avoir rien dans
notre esprit, en tant qu'il est une chose qui pense, dont lui-même n'ait une
actuelle connaissance, il me semble qu'elle est fort aisée à résoudre,
parce que nous voyons fort bien qu'il n'y a rien en lui, lorsqu'on le
considère de la sorte, qui ne soit une pensée, ou qui ne dépende
entièrement de la pensée: autrement, cela n'appartiendrait pas à l'esprit,
en tant qu'il est une chose qui pense; et il ne peut y avoir en nous aucune
pensée, de laquelle, dans le même moment qu'elle est en nous, nous
n'ayons une actuelle connaissance." (Descartes, Quatrièmes réponses)
"The idea of thinking in the absence of consciousness is as unintelligible
as the idea of a body which is extended without having parts". (Locke,
Essai, l. II, ch. 1)
Thèse de la transparence de l'esprit à la conscience: la conscience est la
marque du mental.
L'intentionnalité comme marque du mental
"Tout phénomène psychique est caractérisé par ce que les Scolastiques
du Moyen-Age ont appelé l' 'inexistence intentionnelle' (ou encore
mentale) d'un objet, et ce que nous pourrions encore appeler, bien
qu'avec des expressions quelque peu équivoques, la relation à un
contenu, l'orientation vers un objet (sans qu'il faille entendre par là une
réalité), ou l'objectivité immanente. Tout phénomène psychique contient
en lui-même quelque chose comme objet bien que chacun le contienne
à sa façon. Dans la représentation c'est quelque chose qui est
représenté, dans le jugement quelque chose qui est admis ou rejeté,
dans l'amour quelque quelque chose qui est aimé,dans la haine quelque
chose qui est haï, dans le désir quelque chose qui est désiré, et ainsi de
suite." (Brentano, La psychologie d'un point de vue empirique, p. 102)
Toute conscience est conscience de quelque chose: conscience et
intentionnalité sont coextensives.
La séparabilité entre conscience et
intentionnalité
Dans les sciences cognitives, la conscience n'est pas supposée
constitutive de la pensée: "It used to be universally taken for
granted that the problem of consciousness and the problem of
intentionality are intrinsically linked […]. Freud changed all that.
He made it seem plausible that explaining behavior might
require the postulation of intentional but unconscious states.
Over the last century, and most especially in Chomskian
linguistics and in cognitive psychology, Freud's idea appears to
have been amply vindicated. (Fodor)
Inconscient freudien/ Inconscient cognitif
L'inconscient freudien au sens strict consiste en désirs et
pensées qui cherchent sans cesse à se manifester mais sont
rendus inaccessibles à la conscience par l'action constante de
mécanismes de refoulement. L'inconscient freudien n'est pas
en principe inaccessible à la conscience (méthodes
psychanalytiques de levée du refoulement)
L'inconscient cognitif est une conséquence de la manière dont
notre système perceptivo-cognitif est constitué (niveaux
subpersonnels, modularité) et nous est en principe
inaccessible. Il s'agit d'un inconscient structurel et non
dynamique (au sens d'une dynamique des pulsions).
Quel(s) critère(s) pour le mental?
Beaucoup de chercheurs en sciences cognitives considèrent
aujourd'hui que conscience et pensée représentationnelle ne sont
pas coextensives et que les deux problèmes peuvent être abordés
séparément. (Exception: Searle et principe de connexion)
Conscient
Non-conscient
Intentionnel
Representationnel
Croyances, désirs, Croyances, désirs,
intentions,
intentions,
perceptions,
perceptions
émotions
Non-intentionnel
Non-represent.
Sensations brutes Le purement
physique
douleur
humeurs
Quel(s) critère(s) pour le mental?
En conséquence, de nombreux philosophes et chercheurs en
sciences cognitives ont abordé le problème de la pensée et de
l'intentionnalité indépendamment de celui de la conscience et ont
tenté d'élaborer une théorie naturaliste de la pensée.
Ont notamment été élaborés des modèles fondés sur l'idée de
l'esprit comme système de traitement de l'information (approches
fonctionnalistes, modèles computationnels en psychologie
cognitive, etc.)
C'est le relatif succès de cette approche dans l'explication de la
mémoire, l'apprentissage, la résolution de problèmes, les attitudes
propositionnelles, etc. qui a remis en lumière le problème de la
conscience. La conscience apparaissait comme le phénomène qui
résistait à une approche dans le cadre du paradigme du traitement
de l'information (paradigme cognitiviste)
La conscience comme accès et la conscience
phénoménale (Block)
La conscience comme accès: un état est A-conscient si, en vertu
du fait que nous nous trouvons dans cet état, une représentation
de son contenu est (1) inférentiellement disponible, autrement
dit, peut être mobilisée comme prémisse dans le raisonnement,
(2) disponible pour le contrôle rationnel de l'action et (3)
disponible pour le contrôle rationnel de la parole. Ces trois
conditions sont suffisantes mais ne sont pas toutes nécessaires.
La conscience phénoménale: un état P-conscient est un état dont
nous avons une expérience subjective. L'ensemble des propriétés
qualitatives ou qualia que nous éprouvons alors constitue l'effet
que cela fait d'être dans cet état.
Problèmes faciles et problèmes difficiles
En général, la notion de conscience comme accès n'est pas
jugée particulièrement problématique, c'est la notion de
conscience phénoménale (et la notion apparentée de qualia)
qui pose problème pour une conception naturaliste de l'esprit.
La notion de conscience d'accès est une notion
essentiellement fonctionnelle.
Approche fonctionnelle de l'esprit:
L'esprit comme base causale et explicative du comportement.
Un état est mental s'il joue un rôle d'un certain type dans la
production causale ou l'explication du comportement.
Une notion causale de conscience: une notion qui met l'accent sur le
rôle causal et explicatif particulier joué par les états conscients par
opposition aux états non-conscients. (rôle dans le raisonnement,
rapport verbal, guidage de l'action, …)
La conscience comme espace de travail
global (Bernard Baars)
Processus conscients
Processus inconscients
Capacité limitée
Opération sérielle
Intégration de multiples
sources d'information
Capacité beaucoup plus
grande
Opération en parallèle
Modularité, autonomie
• Rôle de la conscience: rendre certains événements ou certaines
informations accessibles à un grand nombre de processeurs et
sources de connaissance dans le cerveau et ainsi en coordonner
l'activité.
Opérateurs contextuels en coulisses
Metteur en scène
Acteurs
en compétition
pour l'accès à la
conscience
Contrôleur attentionnel
Sens externes
Faisceau attentionnel
éclairant la scène de la
mémoire de
travail
Contextes locaux
Sens internes
Frange
Idées
Expérienc
e
consciente
L'auditoire inconscient
Systèmes mnésiques
Processus interprétatifs
Automatismes
Lexique, réseaux sémantiques,
mémoire déclarative, mémoire
autobiographique, croyances,
connaissances sur le monde, etc.
Reconnaissance des objets, des
visages, de la parole. Analyse
syntaxique, spatiale, inférences
sociales
Mémoire procédurale, lecture,
contrôle de l'action, automatismes
de la parole et de la pensée, etc.
Systèmes motivationnels: l'événement conscient est-il pertinent pour mes buts? Réponses
émotionnelles, préparation à l'action, résolution de conflits entre buts, etc.
La conscience phénoménale
La conscience phénoménale: la conscience caractérisée non
par sa (ou ses) fonction(s) mais par la manière dont elle est
vécue subjectivement, par l'effet que cela fait d'avoir une
expérience consciente, par la qualité subjective de nos
expériences conscientes.
Exemples:
Expériences sensorielles: visuelles, auditives, tactiles, olfactives,
gustatives, de chaud et de froid.
Expériences corporelles: douleurs, démangeaisons, chatouillements,
sensations de faim, de soif, plaisir sexuel, etc.
Imagerie mentale
Pensées conscientes occurrentes
Émotions
Sens de soi
La subjectivité de la conscience phénoménale
La subjectivité comme asymétrie épistémique
Rien que nous connaissions plus intimement que la manière
dont le monde (y compris nous-même) nous apparaît.
Mode de connaissance privilégié de nos pensées,
sentiments et sensations
De l'intérieur, le fait que nous soyons conscients paraît
indéniable: le fait même que nous nous posions la question
manifeste que nous sommes conscients. Pas de distinction
entre paraître et être pour la conscience phénoménale.
 l'accès que nous avons aux états mentaux d'autrui ou
qu'autrui a à nos propres états mentaux
=> perspective en 1ère personne  en 3ème personne
La subjectivité de la conscience phénoménale
La subjectivité comme inscription dans une
perspective spatio-temporelle
Dans nos expériences perceptives, dans leurs différentes
modalités, le monde nous apparaît toujours dans une
certaine relation spatiale à nous-même:
-
-
nous voyons la chaise devant nous, à notre droite ou à notre
gauche
Nous entendons un bruit comme venant de telle ou telle
direction, etc.
Nos expériences perceptives spatiales font intervenir
un cadre de référence égocentrique: la localisation
spatiale des objets, sons, odeurs, etc. est déterminée
par rapport à nous.
La subjectivité de la conscience phénoménale
La subjectivité comme mode spécifique d'apparaître
La manière dont les choses nous apparaissent dans l'expérience.
Rapport avec l'idée de mode de présentation ou mode de donation:
Deux modes de présentation du même objet via deux de ses
propriétés:
L'unique cube sur cette diapositive
L'unique figure verte sur cette diapositive

En outre au niveau de l'expérience: chacune de ces propriétés a la
propriété de m'apparaître d'une certaine manière.
Les propriétés phénoménales ou qualitatives (les qualia) sont-elles
vraiment distinctes des propriétés représentationnelles?
En quoi la conscience phénoménale est-elle
problématique?
En général, la notion de conscience comme accès n'est pas
jugée particulièrement problématique, c'est la notion de
conscience phénoménale (et la notion apparentée de qualia) qui
pose problème pour une conception naturaliste de l'esprit.
Une théorie matérialiste de l'esprit peut-elle rendre compte de
l'existence de la conscience phénoménale et des qualia?
Problèmes pour la théorie de l'identité psycho-cérébrale:
L'argument du fossé explicatif (Searle, Kripke, Nagel)
L'argument de la connaissance (Jackson)
Problèmes pour le fonctionnalisme:
L'argument du spectre inversé
L'argument du fossé explicatif
Nous appréhendons l'effet que cela fait d'être dans des états
phénoménaux par l'introspection. Nos connaissances sur le
cerveau sont encore très incomplètes, mais quelque quantité
d'informations nouvelles que nous découvrions sur la structure
physique des neurones, les transformations chimiques qui se
produisent quand ils sont activés, etc., nous ne pourrons jamais
expliquer pourquoi ces processus et changements physicochimiques produisent telles ou telles sensations subjectives ou
pourquoi elles produisent des sensations subjectives plutôt que
rien (zombies). C'est ce qu'on appelle le fossé explicatif.
Asymétrie entre identités physiques et identités
psychophysiques:
eau = H2O
Quale de rouge = pattern d'activation spécifique dans V4
L'argument du fossé explicatif
Asymétrie entre identités physiques et identités
psychophysiques:
(1) eau = H2O
(2) quale de rouge = pattern d'activation spécifique dans V4
L'identité (1) a valeur explicative: les diverses propriétés
macroscopiques de l'eau (point d'ébullition, capilarité, etc) peuvent être
expliquées par (dérivées de) les propriétés microscopiques des atomes
d'oxygène et d'hydrogène, de leurs liens électrostatiques de la forme 3D
d'une molécule de H2O, etc.
En revanche, l'identité (2) paraît arbitraire, on ne voit pas pourquoi tel
pattern d'activation cérébral plutôt que tel autre devrait produire ce
quale.
L'argument du fossé explicatif
Concevabilité:
(1) eau = H2O
Etant donné l'explication chimique de la nature de l'eau, il semble
impossible de concevoir que l'eau ne bouille pas à 100° C au
niveau de la mer.
(2) quale de rouge = pattern d'activation spécifique dans V4
Etant donné une explication physique de cet aspect de la conscience
phénoménale, il semble toujours possible de concevoir une
créature qui possède ces propriétés physiques mais pas la
propriété phénoménale.
Fossé épistémique ou ontologique?
Le fossé est à la fois épistémique et ontologique
Concevabilité (= possibilité épistémique) => possibilité métaphysique
Si une situation est concevable, elle est possible.
S'il est concevable que l'identité (2) ne soit pas toujours vérifiée, alors il
est possible qu'elle ne le soit pas (il existe des mondes possibles où
elle ne l'est pas). Par conséquent, il n'y a pas de relation nécessaire
entre propriétés physiques et propriétés phénoménales et donc pas de
réduction explicative et pas de réduction ontologique.
Le fossé est seulement épistémique
La concevabilité n'implique pas nécessairement la possibilité
métaphysique.
Nous opérons avec deux types de concepts très différents: les concepts
phénoménaux et les concepts physiques.
Le fait qu'il soit concevable que l'identité (2) ne soit pas toujours vérifiée
montre que ces concepts sont irréductibles les uns aux autres mais non
qu'ils ne font pas référence aux mêmes phénomènes.
Qualia et fonctionnalisme
Appliquée aux qualia, la thèse fonctionnaliste est la thèse
selon laquelle le caractère phénoménal de tel type
particulier d'expérience n'est rien d'autre que la propriété
qu'elle a de jouer un certain rôle causal ou
téléofonctionnel dans la médiation entre certaines entrées
sensorielles et certaines sorties motrices.
Selon cette conception, les qualia sont susceptibles de
réalisations physiques multiples. Des états internes
physiquement très différents peuvent néanmoins avoir les
mêmes propriétés qualitatives. Ce qui importe c'est le rôle
fonctionnel, non la réalisation physique.
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L'argument du spectre inversé
Il n'y a rien de contradictoire à imaginer un être, Tictac, dont les
expériences de couleurs sont systématiquement inversées par rapport à
celles des autres. Ainsi, quand Tictac voit un objet rouge, il a la même
expérience qu'un humain normal qui voit du vert. Ni lui ni personne n'est
conscient de cette bizarrerie. Il a appris les noms de couleurs de
manière habituelle et applique les mots de la même manière que les
autres. Il dit que les tomates sont rouges, l'herbe est verte, etc. En outre,
son comportement non-linguistique ne se distingue en rien de celui des
autres.
L'expérience de Tictac est phénoménalement très différente de la nôtre,
mais fonctionnellement ne s'en distingue pas. Elle est produite par les
mêmes stimuli, donne lieu aux mêmes croyances et aux mêmes
comportements verbaux et non-verbaux.
Conclusion : la qualité phénoménale de son expérience n'est pas fixée
par son rôle fonctionnel.
26
Intuitions et théories
Trois intuitions centrales:
(1) L'expérience consciente est riche et réelle. On ne peut négliger
l'aspect phénoménal de la conscience.
(2) L'expérience consciente est liée à notre être physique.
(3) La conscience a une efficacité causale.
Quatre écoles de pensée:
(a) Théorie de l'identité (état conscient = état cérébral): problème avec (1):
fossé explicatif
(b) Fonctionnalisme (état conscient = état occupant un certain rôle
fonctionnel): problème avec (1): spectre inversé
(c) Dualisme (état conscient est irréductible a état physique): problème
avec (3)
(d) Eliminativisme: rejeter (1) pour ne garder que (2) et (3). La notion
traditionnelle de conscience phénoménale est incohérente et périmée.
Elle doit laisser la place à des concepts scientifiques.
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