La Personnalité autoritaire

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Ecole de Francfort
• Des années 20 aux années 60, l'école de Francfort a rassemblé un groupe
d'intellectuels, autour d'une « théorie critique » de la société moderne,
perçue comme une entreprise de domination et d'aliénation.
• Leur ambition est de fonder une théorie critique qui doit favoriser
l’émancipation des hommes en leur dévoilant les mécanismes de la
domination.
• Elle utilise deux outils:
• 1) le matérialisme historique : critique la domination
• 2) Psychanalyse : qui étudie l’interiorisation de cette domination par les
individus.
• L’Ecole de Francfort voulait concilier théorie et empirisme, la philiosophie et
l’enquete sociologique
Ecole de Francfort
• Un projet d’une “sociologie critique”
qui relie le social au philosophique et
à l’histoire en passant par le culturel
et l’esthétique.
• Pas de découpage entre philosophie,
sociologie et histoire…
• Les principaux travaux sociologiques
de l’Ecole de Francfort porter sur la
domination puis sur l’autorité, point
charnière entre l’individu et le social.
Ecole de Francfort
La Raison contre la domination
• La Raison peut aider à l’émancipation.
• La philosophie des lumières l’avait utiliser pour abattre les mythes. Mais la
bourgeoisie l’a réduite à un calcul au service des intérets privés, un instrument
destiné à résoudre des problèmes techniques liés à la transformation de la
nature.
• Dans les sociétés totalitaires, cette raison technicienne est utilisée par l’Etat dans
les camps de concentration.
• Dans les sociétés “démocratiques” elle est au service d’un Etat social dont
l’ambition est d’administrer l’ensemble de la société.
industrie culturelle
• L‘Ecole de Francfort est
notamment connue pour s'être
penchée sur l'apparition de la
culture de masse dans les sociétés
modernes, dont elle développera
une critique à l'aide du concept de
l'« industrie culturelle ».
• Theodor Adorno et M.
Horkheimer n'hésitent pas à
affirmer que la radio est au
fascisme ce que l'imprimerie était
à la Réforme.
• Adorno oppose l'art pur, source
de contestation utopique, à la
culture de masse, vulgaire et
fonctionnalisée
industrie culturelle
• Walter Benjamin s’interroge sur le statut de
l’Oeuvre d’art à l’ère de la reproductibilité
technique (1935-39). : en quoi la reproduction
photographique des oeuvres affecte leur
“aura”.
• Adorno découvre la culture de masse, la
puissance de radio, la naissance de la
télévision, publicité et croissance du cinéma.
Divertir, distraire et faire du business.
• Ils préfèrent le concept d’industrie culturelle à
celui de culture de masse.
industrie culturelle
• industrie culturelle
industrie culturelle
• Culture de masse
Personnalité
autoritaire
• Paru en 1950 aux États-Unis, l'ouvrage La Personnalité autoritaire évaluait les
comportements à partir d'échelles d'opinion. Ses auteurs tentaient ainsi de cerner
ce qui pouvait amener un individu à adhérer à une idéologie fasciste.
• Dès la première ligne de La Personnalité autoritaire, le cadre de la réflexion est
clairement posé : « La recherche présentée dans cet ouvrage a été guidée par la
principale hypothèse suivante : les convictions politiques, économiques et sociales
d'un individu forment souvent un profil cohérent, comme si elles étaient liées par
une "mentalité" ou un "état d'esprit", et que ce profil était l'expression de
tendances profondes dans la personnalité. » Les auteurs vont donc s'intéresser à
l'individu « potentiellement fasciste », personne particulièrement sensible à la
propagande antidémocratique.
Personnalité autoritaire
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Pour les auteurs de La Personnalité autoritaire, cette éducation parentale rigoureuse a généré
chez l'enfant un conflit durable entre un ressentiment envers ses parents, mais qui est refoulé,
et un besoin plus puissant de se soumettre à leur autorité.
Ils font preuve à la fois de « surconformité » et d'une destructivité sous-jacente envers les
institutions et coutumes établies. L'antisémitisme serait ainsi le résultat du refoulement des
pulsions agressives de l'individu, et de leur projection sur des groupes minoritaires, en
particulier les juifs.
Comparant l'autoritarisme à une maladie, ils estiment que les appels à la raison ou à la
sympathie seront probablement inutiles, mais qu'il est possible d'atténuer les symptômes en
s'appuyant sur le conventionnalisme des sujets concernés et leur soumission à l'autorité, par le
biais de lois interdisant la discrimination et protégeant les groupes minoritaires.
Quant à la « guérison », c'est-à-dire une modification réelle de la structure potentiellement
fasciste, elle relève d'un changement globale de la société.
Personnalité autoritaire
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Pour R.N. Sanford et ses collègues, la
personnalité autoritaire constitue un ensemble
cohérent composé des neuf traits suivants :
- Le conventionnalisme
- La soumission autoritaire
- L'agression autoritaire
- L'anti-introspection
- La superstition et le stéréotype
- Le pouvoir et la dureté
- La destructivité et le cynisme
- La projectivité
- Le sexe
Personnalité autoritaire
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- Le conventionnalisme (adhésion rigide aux valeurs conventionnelles de la classe
moyenne).
- La soumission autoritaire (attitude de soumission non critique envers les autorités
morales idéalisées du groupe d'appartenance).
- L'agression autoritaire (tendance à se méfier de, à condamner, à rejeter et punir les
personnes qui ne respectent pas les valeurs conventionnelles).
- L'anti-introspection (opposition à l'égard de la subjectivité des humains, de
l'imagination).
- La superstition et le stéréotype (croyance en des facteurs mystiques influençant le
destin individuel ; tendance à penser en catégories rigides).
- Le pouvoir et la dureté (préoccupation vis-à-vis des oppositions dominant-soumis, fortfaible, leader-disciple ; identification avec les figures de pouvoir, accent excessif mis sur
les attributs conventionnels de l'ego, affirmation exagérée de force et de dureté).
- La destructivité et le cynisme (hostilité généralisée, dénigrement des êtres humains).
- La projectivité (disposition à croire que des événements violents et dangereux se
passent dans le monde, projection vers l'extérieur de pulsions émotionnelles
inconscientes).
- Le sexe (intolérance vis-à-vis des libertés sexuelles).
La personnalité autoritaire
• D'ailleurs, les individus autoritaires
ont tendance à idéaliser leurs
parents, malgré le peu d'affection
reçu, ce qui est interprété par les
auteurs comme l'expression d'un
mécanisme de défense
• Cette ambivalence explique que
l'individu peut se comporter de
manière exemplaire en respectant
les normes sociales et les lois, qui
jouent alors le rôle du surmoi, mais
qu'il peut aussi libérer sans contrôle
ses tendances agressives, jusqu'alors
réprimées et non sublimées, en
répercutant ce ressentiment vers les
individus et les groupes considérés
comme socialement inférieurs.
Personnalité autoritaire
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certaines données semblent résister au temps, comme l'a montré une étude de 1993 qui a fait le bilan de
quarante ans de recherches sur la validité de l'échelle F. Plusieurs conclusions ressortent de cette synthèse
[7] :
- Les groupes antidémocratiques et profascistes ont des moyennes d'autoritarisme plus élevées que la
population moyenne. Par exemple, dans les années 60, un groupe d'anciens SS avait des scores bien plus
hauts que des étudiants allemands. Ou encore, les Sud-Africains blancs parlant l'afrikaans avaient des
scores plus élevés que ceux parlant anglais.
- Les groupes prônant des valeurs démocratiques, tels les objecteurs de conscience ou les groupes
antifascistes, ont des scores faibles de F.
- Les habitants de zones géographiques traditionnellement marquées par le racisme et les idées
antidémocratiques ont des scores plus élevés sur l'échelle F. C'est par exemple le cas, aux Etats-Unis, du
Sud et du Midwest, plus ruraux que le Nord et la côte Ouest, régions plus urbaines et industrielles.
La conclusion de Jos D. Meloen, qui a mené cette enquête, est que « l'échelle F est un instrument de
mesure des tendances antidémocratiques et fascistes qui a conservé sa validité au fil du temps ».
La recherche de personnalité autoritaire
• Pour évaluer le niveau d'autoritarisme d'une personne, on lui
présente une série de propositions sur lesquelles elle doit se
prononcer, en évaluant son accord sur une échelle en sept
points. Chaque trait comporte plusieurs items, un item pouvant
appartenir à un ou plusieurs traits, selon les cas. Voici un
exemple d'item classé à la fois dans le conventionnalisme,
l'agression autoritaire et l'anti-introspection : « Si les gens
parlaient moins et travaillaient plus, tout le monde irait mieux.
» Et un exemple d'item classé à la fois dans le stéréotype et le
pouvoir et la dureté : « Les gens peuvent être classés en deux
catégories : les faibles et les forts. »
Personnalité autoritaire
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Résumé du livre
Parues en 1950 aux Etats-Unis, ces 'Etudes sur la personnalité autoritaire'
constituent la dernière grande oeuvre d'Adorno à n'avoir pas été traduite en français.
Adorno part de l'hypothèse que les convictions politiques, économiques et
sociales d'un individu forment un modèle cohérent, comme si elles étaient
reliées par une 'mentalité' ou un 'esprit' qui est l'expression profonde de sa
personnalité.
une véritable 'psychologie du fascisme et de l'antisémitisme' qu'il dessine, décrivant
le terrain mental et sociologique favorable à l'implantation des idées
antidémocratiques. S'appuyant sur des sondages effectués sur plus de 2.000
personnes choisies dans toutes les couches de la société, et à l'aide de différents
questionnaires qu'il a lui-même rédigés, de tests, d'échelles permettant de mesurer
l'ethnocentrisme, le conservatisme et l'antisémitisme des sujets interrogés,
Adorno dresse un tableau effrayant de la société américaine, qui cache derrière son
apparente rationalité un abîme de préjugés et de stéréotypes.
industrie culturelle
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Principaux éléments de l’analyse d’Adorno en 1963 :
*** Adorno invite à distinguer : Art populaire et culture de masse
⇒ D’une part l’art populaire , la création de masse résultent d’une société composée d’individus qui
créent et partagent de l’art. C’est en quelque sorte l’activité humaine artistique originelle.
⇒D’autre part – l’industrie culturelle – où l’individu autonome n’est plus le point de départ, ni même le
souci premier. L’industrie culturelle crée des produits (sous le label « art ») à consommer en masse.
Dans le premier cas, la conscience des individus est le sujet premier, dans l’autre elle est totalement
niée et remplacée par des ordres de ralliement à un modèle , des slogans publicitaires, des images de
normalité.
⇒ L’industrie culturelle assujettit le consommateur au lieu d’en faire une personne autonome et
émancipée.
*** Les marchandises culturelles se règlent non sur leur contenu mais sur leur mode de production et
de commercialisation.
(Remarque : cela n’est pas nouveau (la censure a toujours existé et celle du 19ème siècle fait de nous
encore aujourd’hui des ignorants éclairés au lampadaire du pouvoir de l’époque [5] mais nous assistons
aujourd’hui à une "industrialisation de la censure ).
Leur succès est donné par la mesure du profit (nombre d’entrées par exemple) : il s’agit de faire fructifier
les sommes investies. L’impact sur les consciences ne se mesure jamais. [6]
Personnalite autoritaire
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Etudes sur la personnalité autoritaire, T. W. Adorno
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Allia - janvier 2007. traduit de l’anglais par Hélène Frappat
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lundi 23 avril 2007, par mars
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Etudes sur la personnalité autoritaire, T. W. Adorno
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Allia - janvier 2007. traduit de l’anglais par Hélène Frappat
Le besoin névrotique de l’autorité conduit-il à l’autoritarisme ?
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Bref, comment devient-on facho ?
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Telles sont les questions que se pose Adorno pendant les années 1940.
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Il s’intéresse moins à l’idéologie fasciste qu’à la personnalité autoritaire.
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Le philosophe, exilé aux États-Unis, observe en effet le syndrome par lequel un sujet manifeste socialement ses
pulsions destructrices, sa peur de l’étranger, son repli sécuritaire dans les préjugés.
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Adorno développe une analyse sociologique afin d’identifier parmi les populations des comportements et des
types autoritaires qui se construisent au travers des représentations morales, politiques et religieuses.
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Le constat est inquiétant car il montre la faible résistance des individus à la tentation fasciste. Il donne
aussi à comprendre, de manière très actuelle, comment le pire s’installe insidieusement dans les esprits.
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Etudes sur la personnalité autoritaire, T. W. Adorno Allia - janvier 2007. traduit de l’anglais par Hélène Frappat
Résumé
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L’auteur formule l’hypothèse que les convictions politiques, économiques et sociales d’un individu forment un
modèle cohérent, reliées entre elles par une mentalité qui est l’expression profonde de sa personnalité. En
1950, s’appuyant sur des sondages, il dresse un tableau de la société américaine qui cache, derrière son
apparente rationalité, beaucoup de préjugés et de stéréotypes.
industrie culturelle
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*** La vraie culture (nous voulons la nommer « art ») obéit aux humains, décortique les
rouages, éveille les consciences, invite à réfléchir, à agir – et non à consommer -.
L’industrie culturelle avilit l’être humain : elle est « fabrication » d’un consentement : une
réclame pour le monde tel qu’il est et doit rester (une norme).
⇒ Elle présente cela comme un progrès alors qu’il n’y a que standardisation (pas création)
(exemple donné par Adorno : la transformation de la littérature en marchandise).
⇒ Elle présente cela comme un moment de liberté individuelle (« voyez ces étalages de
livres = tout le savoir à votre disposition » alors qu’il n’y a que – consommation de ce qui est
choisi, trié, au préalable - , le reste de la création littéraire, jugé non-conforme, n’est pas
proposé ; [7]
*** Les investissements de l’industrie culturelle sont rarement des chemins vers le
mieux.
Elle mécanise la production et la distribution sans égard pour la création artistique.
⇒ Elle ne participe pas à la création artistique, elle s’y installe en parasite , elle confond
le fait culturel et sa vulgarisation.
*** L’effet de l’industrie culturelle sur la conscience des consommateurs ne doit pas être
minimisé : elle diffuse en masse les valeurs de l’esprit dominant.
Elle ne nie pas ses méthodes mais invite à l’indulgence : « ses productions , cinéma,
télévision, parades de variétés sont à prendre pour ce qu’elles sont : des moments de détente
inoffensifs et démocratiques puisque tout le monde en re-demande » , dit-elle.
industrie culturelle
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⇒ Mais en réalité elle participe à l’appauvrissement des informations et à l’indifférence des consciences. « On
ferme les yeux sur ce que l’on subit et on assiste à un humour obligé, fabriqué pour un contentement éphémère.
*** L’industrie culturelle prétend fournir aux humains, des repères pour s’orienter dans le monde. Or, c’est en
réalité une destruction de l’idée de vie, de pensée véritables. Dans ces repères, elle fait référence à des normes, à un
ordre : celui du statut quo à priori.
⇒ Elle se dit miroir , elle affirme « voilà comment vous êtes » « voilà ce qui est » , et, en vérité, ne reflète qu’une
idéologie puissante, omniprésente de conformisme.
*** . L’industrie culturelle se prétend guide mais produit des choses qui n’ont pas de sens.
Elle élabore des produits « nouveaux » par amalgames, associations d’idées ( comme par exemple, la musique
classique et les embouteillages) et pousse à la conformité non par choix mais par automatisme (pulsionnel ?) [8]
Elle encourage et substitue le conformisme à la construction d’un « moi » solide. Elle exploite la faiblesse d’un
« moi » qu’elle crée et entretient.
Son discours, ses messages sont élaborés pour un âge mental de 11 ans.Elle se dit émancipatrice alors qu’elle
infantilise .
Exemple pris par Adorno : Les conseils donnés en astrologie : « les personnes nées entre le … et le … doivent
aujourd’hui rester très prudents en conduisant leur voiture » : Ce genre de conseil conduit à la dépendance et à la
servitude des humains qui se croient guidés par les étoiles , même lorsqu’ils disent « Je lis l’horoscope, mais c’est
pour rigoler, je n’y crois pas … »
⇒ L’industrie culturelle distille le sentiment confortable d’un monde équilibré qu’il ne faut pas déranger ou bien,
déranger selon les normes, dans des moments de fête codifiée.
Elle installe la domination comme un postulat (favorable aux dominés) et, en cela , empêche la conscience, la
formation d’individus autonomes, condition préalable à une société démocratique.
L’industrie culturelle les réduit à l’état de masse et les empêche de s’émanciper tout en gardant perpétuellement un
ton indulgent et ironique…
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