Notions / Concepts / Prises de vue
L’infini de l’Antiquité à la Renaissance: du négatif au positif.
1. Du négatif de l’Antiquité :
Dans le monde clos, fini et ordonné qu’est le cosmos grec, l’infini ne peut être pensé
que comme chaos. Echappant à toute limite, toute mesure, autrement dit à toute
détermination rationnelle, l’infini ne peut être qu’inconnaissable et inexprimable. Il
s’apparente donc au néant.
Si la philosophie platonicienne donne cependant au concept d’infini une autre place
synonyme d’indéfini (non fini), la notion n’en demeure pas moins négative.
2. Au positif de la Renaissance :
A partir de Copernic (1474-1543) qui oppose l’héliocentrisme au géocentrisme des
grecs (Aristote et Ptolémée), l’infini devient une réalité ou une idée positive : le
monde est de fait, infini.
Chez Descartes (1596-1650),l’infini acquiert même une positivité métaphysique :
l’infini c’est Dieu, l’être absolu qui rend raison de tout ce qui est, et qui contient
toutes les perfections. Descartes admettra en particulier que la notion d’infini est
présente dans l’esprit antérieurement à celle de fini, qui ne peut avoir de sens que
par rapport à son horizon ; la même relation valant pour le parfait et l’imparfait.
C’est ainsi que, sous la double influence des mathématiques et de la pensée
chrétienne (où Dieu est l’être infini) l’infini va être philosophiquement pensé comme
positif, par opposition à la finitude notamment humaine qui est désormais comprise
comme négation (ou défaut).
Si la notion d'infini a évolué du négatif au positif, n'est-ce pas parce que le rôle
du chaos a progressivement évolué de destructeur (ou anéantissant) à créatif ?