Troubles du sommeil et de l’alimentation de l’enfant Solène PASQUIER de FRANCLIEU DES Psychiatrie Octobre 2007 - IFSI Bichat Troubles du sommeil de l’enfant Définition du sommeil normal Stades Enregistrement polysomnograhique (= enregistrement simultanée de EEG : Electroencéphalogramme, EOG : Electrooculogramme, EMG : Electromyogramme) Stades = signaux EEG au cours du sommeil → description de stades en fonction des ondes électriques recueillies 4 premiers stades = sommeil lent, profondeur croissante Stades 3 et 4 = sommeil lent profond Stade 5 sommeil paradoxal = REM (Rapid Eye Mouvment) Sommeil normal (1) Eveil EEG Yeux fermés: rythme alpha: 8-11 Hz, amplitude 100mV Yeux ouverts: rythme bêta: 40 Hz, amplitude 20 mV EOG Mouvement des yeux EMG 60 Hz activité musculaire Sommeil normal (2) Stade 1 endormissement 3-4 minutes 5% de la durée totale du sommeil, moment de transition entre veille et sommeil EEG Ondes théta 2 à 7 Hz EMG Activité musculaire persiste 60 Hz EOG Mouvements oculaires lents Sommeil normal (3) Stade 2 50% de la durée totale du sommeil, stade de sommeil léger Signes pathognomoniques du sommeil EEG Fuseaux de rythme rapide: spirale de fréquence 16 Hz Complexes K: grandes ondes lentes EOG Pas de mouvement oculaire EMG Activité musculaire persiste 16 Hz Sommeil normal (4) Stade 3 10% de la durée totale du sommeil profond EEG Ondes delta lentes = 0,4 à 4 Hz EOG Pas de mouvement oculaire EMG Activité musculaire 16 Hz stade de sommeil Sommeil normal (5) Stade 4 20% de la durée totale du sommeil Stade de sommeil le plus profond EEG Ondes delta > 50% EOG Pas de mouvement oculaire EMG Activité persiste 16 Hz Sommeil normal (6) Stade 5 sommeil paradoxal – REM - Rêve EEG Rythme bêta idem à l’éveil 40 Hz EOG Apparition de mouvements oculaires rapides isolés ou en bouffées de directions variables EMG Atonie musculaire Respiration irrégulière Erection chez homme Sommeil paradoxal dure 20 minutes toutes les 90 minutes Sommeil normal (7) L’alternance des stades de sommeil définit des cycles, constitués des différents stades de sommeil lent puis de sommeil paradoxal Dans une nuit 4 à 5 cycles de sommeil se succèdent Les cycles de début de nuit sont plus riches en sommeil lent profond, les cycles de fin de nuit sont plus riches en sommeil paradoxal Sommeil normal (8): quantité (1) Nouveau né à terme: dort 14 à 20h par jour = 65% du temps par période de 4h sans distinction jour/nuit Première année: diminution de la durée du sommeil environ 13 heures par nuit 1 à 3 siestes, REM=50% du sommeil total (80% chez le prématuré) Sommeil normal (9) : quantité (2) 1-5 ans: 10 heures, disparition des siestes, REM=20% du sommeil total, sommeil de type adulte avec des cycles de 90 minutes Adolescence: travail scolaire, distractions, vie en groupe, modifications physiologiques pubertaires: difficultés de maintien d’un rythme veille-sommeil stable et difficultés d’endormissement → somnolence diurne fréquente Sommeil normal (10) : quantité (3) Adultes: 7-8h30: petits ou courts dormeurs: 4 à 6h30 = 10%, longs dormeurs: > 9h = 15% (génétique) Les temps de sommeil au stade 1 et de sommeil lent (stades 3 et 4) augmentent avec l’âge. Sommeil normal (11) : quantité (4) Le stade 2 n’apparaît que vers 2-4 mois. L’apparition d’une régularité du cycle veille/sommeil ne se fait souvent pas avant le 2ème mois: il est normal que l’enfant ne fasse ses nuits qu’après 3 mois. Ce cycle du sommeil est lié à l’alimentation: la faim réveille le bébé et la satiété l’endort. La régularisation par le cycle lumière obscurité est assurée au 5ème mois. Sommeil normal (12) : qualité (1) Période Totale de Sommeil: PTS entre début endormissement et réveil matinal Temps de Sommeil Total: TST: période totale de sommeil dont on extrait les éveils intra-sommeil Stade 1 = 5% du TST Stade 2 = 50% du TST Stade 3 et 4 = 25% du TST Stade 5 = 20% du TST Sommeil normal (13) : qualité (2) Temps réellement occupé par le sommeil TST/PTS de 0,9 à 0,95 Index d‘efficacité du sommeil = (Sommeil lent profond + SP) / TST Variable d’un sujet à l’autre La quantité de sommeil lent profond diminue au cours des cycles successifs La quantité de sommeil paradoxal augmente au cours des cycles successifs Sommeil normal (14): fonctions Conservation de l’énergie Fonction restauratrice de l’organisme total / du cerveau Vie psychique Processus intellectuels Programmation des comportements Evaluation et diagnostic des troubles du sommeil (1) L'interrogatoire Précise les besoins de sommeil du patient et ses habitudes Recherche des erreurs d'hygiène de vie Recherche une cause organique Evalue l'anxiété sous-jacente et l'existence d'une dépression. Témoignage de l'entourage important, réactions des parents Certains questionnaires permettent de préciser et quantifier la somnolence diurne Evaluation et diagnostic des troubles du sommeil (2) L'agenda du sommeil Relevé du sommeil qui décrit chronologiquement les éléments importants du sommeil Complété chaque matin d'après le souvenir de la nuit. Moyen d'évaluation à la portée de tout clinicien qui permet de visualiser la plainte du patient et d'apprécier son évolution après prise en charge Nécessaire d'obtenir la tenue d'un agenda sur une période d'au moins 3 semaines pour Repérer des problèmes de comportement. Evaluation et diagnostic des troubles du sommeil (3) L’actimètre Petit appareil de la taille d'une montre qui se porte au poignet non dominant Enregistre tous les mouvements, même de faibles amplitudes. Corrélation entre le rythme activité - repos et le rythme circadien→excellente indication sur les horaires de sommeil et les éveils dans la nuit Permet d'objectiver l'organisation du sommeil du sujet Comparaison de l'agenda à l'actimétrie donne une indication sur les capacités du sujet à apprécier son sommeil En cas d'activité anormalement élevée au cours de la nuit, évocatrice d'une pathologie organique associée, des explorations complémentaires sont éventuellement à envisager Evaluation et diagnostic des troubles du sommeil (4) L'enregistrement polysomnographique Pas systématiquement réalisée dans l'insomnie Permet de définir l'organisation des différents stades de sommeil grâce à des capteurs enregistrant l'électroencéphalogramme, l'électro-oculogramme, l'électromyogramme. D'autres paramètres sont mesurés: capteurs respiratoires ou capteurs jambiers afin d'éliminer une pathologie organique. Intérêt que s'il est réalisé après un sevrage complet en hypnotiques et en tranquillisants depuis au moins 15 jours. Réalisé en laboratoire de sommeil par les techniques classiques ou en ambulatoire chez le patient grâce à des appareils portables miniaturisés. Evaluation et diagnostic des troubles du sommeil (5) Quantité de sommeil Heure et délai d’endormissement Eveils nocturnes: nombre, durée, fréquence Heure de réveil Durée totale Qualité du sommeil Endormissement: rapidité, facilité Réveil: qualité, facilité Appréciation subjective de la qualité réparatrice Evaluation et diagnostic des troubles du sommeil (6) Vigilance diurne Disponibilité intellectuelle et physique Somnolence, asthénie, caractère, humeur Mémoire, concentration, attention Hygiène de vie Horaires de vie, régularité du coucher Exercice physique, sport Alimentation, repas du soir Alcool, drogue, stimulants Sommeil pathologique Dyssomnie : perturbation de la qualité, quantité ou répartition du sommeil (insomnie, narcolepsie, SAS) Parasomnie : manifestations comportementales anormales survenant au cours du sommeil (somnambulisme, terreurs nocturnes, cauchemars) CHEZ LE NOURRISSON (1) Exprime malaise et souffrance par le corps en particulier sommeil et alimentation (support de la relation mère-enfant) Insomnie du nourrisson = banale: pleurs, cris, agitation, cogne, le temps de sommeil peut être réduit Insomnie calme: immobile, absence de cris → consultation spécialisée (trouble grave du développement) CHEZ LE NOURRISSON (2) Troubles de sommeil révélateurs de pathologies médicales: à rechercher+++: affections aigues ou chroniques Erreurs diététiques: repas insuffisants ou trop abondants, horaires non adaptés, bruits Inquiétude parentale excès de stimulation Consultation si trouble persistant: éviter traitements hypnotiques en première intention Mort subite inopinée du nourrisson CHEZ L’ENFANT Endormissement= moment crucial (évoque séparation et la mort) Objet transitionnel Phobies normales entre 3 et 5 ans : noir, monstres, voleurs Le coucher : opposition fréquente entre 2 et 4 ans Ce qui n’est pas un trouble du sommeil (1) Le réveil matinal à 6h/6h30 en pleine forme d’un enfant qui s’est couché tôt Le coucher tardif (22h/22h30) d’un enfant qui attend son père par exemple et qui s’endort ensuite tout de suite Les réveils nocturnes le 2 ou 3ers mois de vie : le besoin de nourriture nocturne est normale chez le nourrisson de cet âge-là Ce qui n’est pas un trouble du sommeil (2) Les réveils nocturnes à 5,6 mois chez un enfant nourri au sein L’hypersomnie. Exceptionnellement pathologique. N’est pas inquiétante chez un enfant qui se réveille en pleine forme, un développement psychomoteur normal et un bon contact. Eliminer en 1er lieu les causes physiques et physiologiques La faim (rechercher néanmoins des troubles de la communication mère-enfant, une dépression chez la mère…) La soif, notamment si la chambre est trop chauffée Une température trop élevée dans la chambre (Température idéale: 18-19°C) La fièvre (traitement symptomatique) Une douleur aiguë, devant des pleurs et des cris ne cédant pas dans les bras du parent Les parasomnies Terreurs nocturnes (1) 1 à 3% des enfants de moins de 15 ans Plus fréquentes chez le garçon de 3 à 12 ans 1 ère partie de nuit, au cours du sommeil lent (stades 3 et 4), de 1 à 3h après l’endormissement Angoisse paroxystique: enfant retrouvé assis dans son lit après un cri ou un hurlement Terreurs nocturnes (2) Manifestations végétatives intenses: sueurs, mydriase, tachypnée, tachycardie Non reconnaissance des proches Durée 15 minutes puis réendormissement spontané Au réveil: amnésie totale Enurésie parfois associée Uniques ou répétitives Les cauchemars (1) Apparition entre 5 et 8 ans, disparition à la puberté Durant sommeil paradoxal Provoquent un réveil brutal de l’enfant pendant le dernier tiers de nuit Pleurs, gémissements, cris, capable de raconter le rêve, reconnaît les parents Les cauchemars (2) Bien éveillé et orienté Manifestations végétatives modérées Bénins Pas de traitements en première intention, si répétition, rechercher un trouble psychopathologique sous jacent Le bruxisme Claquement ou grincement de dents durant le sommeil lent léger Etiologie inconnue Attelles si répercussions orthodontiques Le somnambulisme (1) Activité motrice plus ou moins complexe inconsciente sans souvenir au réveil Certaines activités peuvent être dangereuses Durée environ 10 minutes plutôt en début de nuit (stades 3 et 4) Plus fréquent chez le garçon ATCD familiaux retrouvés dans 60-80% des cas Le somnambulisme (2) Apparaît entre 5 et 12 ans, disparition spontanée à la puberté Enurésie parfois associée Aucun danger à réveiller l’enfant Répétition ou activités dangereuses: prescription d’ADT chez l’enfant de plus de 6 ans La somniloquie Parle durant sommeil (stades 3 et 4) Quelques mots à discours élaboré Quelques secondes à quelques minutes Aucune gravité Les rythmies d’endormissement Balancements tête ou corps, parfois heurts contre le mur +/- vocalisations Dès 4-5 mois, disparaissent avant 4 ans Sex ratio=4 G/1 F Spontanément résolutif Peuvent témoigner de carences de développement et de TED (troubles envahissants du développement) Les crampes nocturnes Surviennent souvent durant le sommeil sans le perturber Contractions forcées des muscles du mollet ou du pied Bénignes Aucune altération du sommeil Les myoclonies d’endormissement Secousses brutales de tout ou une partie du corps pouvant empêcher de s’endormir ou pouvant réveiller Bénignes Les dyssomnies Les insomnies Insomnies Définition Subjectif Plainte concernant la qualité du sommeil et la qualité de l’éveil 3 à 48% selon les études, augmentent avec l’âge Aucun examen complémentaire de confirmation diagnostique Deux types Insomnies transitoires ou occasionnelles (les plus fréquentes) Insomnies chroniques Insomnie occasionnelle (1) Fait partie de la vie normale Risque de pérennisation Durée < 3 semaines Parfois surviennent par périodes entrecoupées d’intervalles libres Le plus souvent secondaires à des causes repérables Mauvaise hygiène de vie Sport à des horaires tardifs Irrégularité des horaires de sommeil Repas trop copieux Consommation excessive d’excitants: café, thé, coca, vitamine C Prise aigue de toxiques Stress, surcharge de travail, contrariété (identification de l’événement déclenchant : deuil, maladie, examen, difficultés familiales ou affectives) Insomnie occasionnelle (2) Insomnies liées à l’environnement Maladies associées Bruit Température excessive Altitude > 1500m Décalage horaire Fièvre, douleurs, gêne physique (toux, régurgitation, prurit…) Maladies cardiaques ou respiratoires décompensées Certains médicaments en début de traitement: corticoides, ventoline, certains AD Arrêt de certains traitements: effet rebond (tranquillisants, hypnotiques, AG) A la disparition de la cause occasionnelle, le sujet retrouve un sommeil normal mais quelquefois la situation peut se chroniciser Les insomnies chroniques (1) Durée > 1 mois avec altérations du sommeil survenant au moins trois fois par semaine 2 femmes pour un homme Fréquence augmente avec l’âge 10-20% de la population Les insomnies chroniques (2) Insomnies primaires : pas de cause apparente, insomnies « Insomnie psychophysiologique maladies », 3 formes cliniques Forme la plus fréquente Début fin adolescence début âge adulte Difficultés d’endormissement Sensation de tension au coucher Peur de ne pas dormir Amélioration quand dort dans un lieu inhabituel Absence de pathologie psychiatrique associée Impossibilité de faire la sieste la journée Insomnie conditionnée « apprise » et entretenue par un comportement inadapté Début: cause retrouvée, puis conditionnement à ne plus dormir, sommeil = tension Les insomnies chroniques (3) Insomnie de mauvaise perception du sommeil Controversée Souvent rattachée aux insomnies psychophysiologiques Plainte mauvais sommeil et qualité de la journée Étude du sommeil sans anomalie Insomnie idiopathique Débute dans l’enfance Mauvais sommeil constitutionnel ATCD familiaux fréquents → probable étiologie biologique Les insomnies chroniques (4) Les insomnies secondaires 3 types Insomnies secondaires organiques (RGO, asthme… syndrome des jambes sans repos, syndrome des mouvements périodiques nocturnes des membres, SAS) Insomnies secondaires psychiatriques (dépression, anxiété…) Insomnies secondaires d’origine iatrogène ou toxiques (corticoïdes…) Les hypersomnies Les hypersomnies Une somnolence diurne nécessite un bilan étiologique approfondi Les hypersomnies induites Insuffisance de sommeil (syndrome d’insuffisance de sommeil) Travail posté Décalage horaire Traitements médicamenteux Prise d'alcool ou d'autres toxiques Les hypersomnies spécifiques Syndrome d’apnée du sommeil Narcolepsie Syndrome de Kleine-Levin SAS de l’enfant (1) 1ère cause d’hypersomnie chez l’enfant Episodes d’apnée, avec persistance des mouvements diaphragmatiques, au cours du sommeil, entraînant une diminution de la saturation en oxygène Retentissement sur la qualité de la veille +++ Examen complémentaire : enregistrement polysomnographique du sommeil avec oxymétrie nocturne SAS de l’enfant (2) L’obstruction des VAS chez l’enfant est le + souvent secondaire à une augmentation de volume des amygdales ou des végétations adénoïdes, parfois anomalies de la morphologie cranio-faciale. Traitement chirurgical : amygdalectomie, adénoïdectomie. CIPAP si SAS sévère. Narcolepsie (1) Possible dès 5 ans, en général adulte jeune 2nde cause d’hypersomnolence diurne après le SAS Typage HLA DR2-DQ1 Diagnostic clinique +++ : hypersomnie avec somnolence diurne excessive de quelques minutes, accès cataleptique de courte durée, hallucinations hypnagogiques, paralysie du sommeil, sommeil de mauvaise qualité Narcolepsie (2) Complications : accidents secondaires aux endormissements intempestifs Traitement : Règles hygiéno-diététiques Chimiothérapie : Psychostimulants (Ritaline®) ADT (Anafranil®) Hypnotiques à ½ vie courte (Stilnox®) Syndrome de Kleine-Levin Rare, jeune garçon +++ Hypersomnolence d’apparition rapide Hyperphagie Désinhibition avec hypersexualité Examen complémentaire : enregistrement polysomnographique du sommeil Evolution le + souvent favorable Traitement : TCC +/- Lithium en traitement prophylactique des accès Hypersomnie idiopathique De faible prévalence, elle débute pendant l'enfance Il s'agit d'une hypersomnie isolée sans cause connue Des accès de sommeil sont possibles (sans cataplexie ni paralysie du sommeil) Traitement : symptomatique Cas clinique Depuis 1 mois, Mathias, 3 ans se met à pleurer et crier en début de nuit. Il est en sueur, respire rapidement. Il ne se calme pas dans les bras de sa mère. Le lendemain il ne se souvient de rien. L’examen clinique est normal, le développement psycho-moteur est normal. Diagnostic ? Terreurs nocturnes Examens complémentaires ? Aucun. Attitude thérapeutique ? Réassurance de la famille Préciser le caractère spontanément résolutif avant 7 ans en général Pas d’hypnotique ISRS à faible dose si très invalidant Troubles de l’alimentation de l’enfant Troubles de l’alimentation de la première et de la deuxième enfance Formes très différentes d’un enfant à l’autre: dénominateur commun: Incapacité de manger de façon adéquate et donc de se développer normalement → absence de prise ou perte de poids → problèmes médicaux ou psychologiques (malnutrition, infections, retard de développement, apathie, irritabilité) Epidémiologie Relativement fréquent, mais taux de prévalence non connu (aux USA : 1 à 5% des enfants admis en hospitalisation pour insuffisance de poids) Début dans les 12 premiers mois de vie Sex ratio=1 Plus fréquent en milieu défavorisé Disparition le plus souvent + ou rapidement, mais nécessite souvent des soins médicaux voire une hospitalisation Etiologie Complexe, varie probablement d’un enfant à un autre Les facteurs psychosociaux jouent un rôle prépondérant Probable prédisposition + FDR psychosociaux Anorexies du nourrisson et du petit enfant Survient dans les 2 premières années de vie Absence de faim et restriction alimentaire Avant 6 mois, penser à une pathologie somatique Période d’anorexie possible: modification de régime Anorexie très précoce peut être le signe d’une maltraitance, d’un trouble psychopathologique et/ou relationnel mère enfant grave Evaluation Evaluation du poids par la courbe staturopondéral et le périmètre crânien Etat général de l’enfant : aspect global, contact, humeur, sommeil, activité générale, acquisitions, équilibre biologique Observation directe d’un repas Comportements parentaux Troubles alimentaires chez le nourrisson Anorexie du nourrisson L’anorexie d’opposition (1) Aussi appelée anorexie du sevrage ou du 2è semestre La plus fréquente, bénigne Conduite de refus alimentaire plus qu’une absence d’appétit Forme simple réactionnelle: déclenchée par un sevrage, une maladie intercurrente, modifications de vie L’anorexie d’opposition (2) Active, anorexie– refus, transitoire = moment d’adaptation entre enfant et parents Ne touche pas au développement, courbes staturo – pondérales respectées Enfant vif, curieux, éveillé, développement psychomoteur normal Traitement : psychothérapies mère - enfant L’anorexie d’inertie (1) Plus rare, beaucoup plus grave Perte de poids constante Pronostic vital pouvant être engagé Associée à des éléments dépressifs, à rechercher +++ Tableau clinique: bébés passifs, indifférents, passifs, peu mobiles, ne voulant pas sucer, rejetant la tétine L’anorexie d’inertie (2) Les bébés ont le regard fixe, les yeux grands ouverts contrastant avec un ralentissement moteur et une paucimimie Ils répondent peu aux sollicitations vocales et corporelles L’anorexie d’inertie (3) Contexte de survenue=privation affective : soit enfant hospitalisé pendant longtemps pour une maladie grave et séparé de sa famille, bébé en institution, bébé de mère déprimée Les vomissements psychogènes (1) Vomissements d'apparition brutale Enfant de 6 mois ou plus sans antécédent particulier Liés à des facteurs relationnels et émotionnels Enfant se laissant « gaver », puis vomissant tout ou partie du repas Les vomissements psychogènes (2) Les vomissements sont provoqués (l'enfant s'enfonce les doigts dans la bouche) ou surviennent sans effort apparent ou après une poussée visible de l'enfant. D'abord épisodiques peuvent devenir quotidiens ou pluri-quotidiens Souvent une phase d'anorexie précède les vomissements Les vomissements psychogènes (3) Grand enfant : manifestation anxieuse influencée par les moments de tension Peut menacer la vie de l'enfant (ce qui rejoint le problème de l'anorexie complexe) avec une perte de poids parfois importante justifiant une hospitalisation Alimentation restrictive: l’anorexie infantile L. Kreisler Anorexie complexe du premier âge Anorexie primaire Phobique, psychotique ou dépressive Active ou d ’inertie I. Chatoor Refus alimentaire / « Failure to thrive » Ancien trouble de la séparation Proposition de critères diagnostiques CRITÈRES DIAGNOSTIQUES Chatoor, 1998 Refus de quantités adéquates depuis au moins 1 mois Début avant 3 ans (transition cuillère) Pas de signes de faim, peu d ’intérêt pour la nourriture, appétence interactive Retentissement statural significatif Le refus ne succède pas à un événement traumatique Le refus alimentaire n’est pas sous-tendu par un trouble somatique ALIMENTATION RESTRICTIVE: LES PETITS MANGEURS Critères diagnostiques (Chatoor et al., 1998) Refus alimentaire depuis au moins un mois pour tous ou certains aliments Pas de déficience de croissance staturale Préoccupation parentale variable sur l’alimentation de l’enfant CARACTÉRISTIQUES DES PETITS MANGEURS Faible consommation alimentaire Préférences marquées Refus de la nouveauté Evitement total de certains aliments FACTEURS DE RISQUE Présentations rares Incidence de l’environnement Incidence du tempérament Genre: Garçons évitent plus que les filles Enfants nourris au biberon Petites têteuses Faible proximité physique RECOMMANDATIONS Environnement calme, neutre Favoriser les expériences précoces 5 à 10 présentations d’un nouvel aliment à 2 ans Transition + longue jeu/repas Travail sur la proximité physique mère/enfant Éviter les renforcements positifs sur les dégoûts alimentaires Renforcer grâce aux compliments ou au contexte social Chaise haute Le mérycisme (1) Comportement alimentaire aberrant apparaissant en général au 2è semestre, parfois avant, début parfois plus tardif si retard mental Plus fréquent chez les garçons Le plus souvent des nourrissons mais 10% des adultes souffrant de retard mental et accompagne parfois la boulimie Le plus souvent disparaît spontanément Le mérycisme (2) Immédiatement après avoir mangé, rumination: avale un première fois puis régurgitation des aliments pour les remastiquer sans nausée ou dégoût apparent avant de les ravaler ou de les cracher Enfant seul Posture caractéristique : tête et épaules en arrière, dos cambré, tendu, absorbé dans l’activité à laquelle il semble prendre plaisir A l'examen: pas d'anomalie digestive Le mérycisme (3) L'appétit est conservé Carence affective ou de stimulation/ Etat dépressif/ Trouble psychiatrique sévère Peut être responsable d'une perte de poids et d'une dénutrition plus ou moins sévère Considéré comme un trouble du comportement alimentaire grave, il existe néanmoins des formes de pronostic favorable Le mérycisme (4) Complications possibles: malnutrition, déshydratation, troubles digestifs graves, 25% de décès Prise en charge: interventions comportementales pourraient être efficaces, thérapies mère - enfant. Troubles alimentaires de l’enfance Le pica (1) Ingestion répétée de substances sans valeur nutritive Retard mental grave associé fréquent Peut atteindre des enfants de tout âge, les adolescents et les adultes Substances très diverses Trouble persistant pendant au moins un mois et non expliqué par une pratique courante dans le milieu culturel de l’enfant Le pica (2) Rare et rarement diagnostiqué seul (autisme, retard mental) Apparition le plus souvent entre 12 et 24 mois et disparaît spontanément le plus souvent après quelques mois Complications: infections répétées, empoisonnement au plomb, carence en fer, troubles digestifs graves… Symptômes de pica dans l’enfance prédirait l’apparition de boulimie pendant l’adolescence Anorexie mentale pré-pubaire : signes cliniques (1) Un évitement alimentaire ET Une perte de poids ou une absence de prise de poids normalement attendue durant l’âge de préadolescence (10-14 ans) en l’absence de toute autre maladie physique ou mentale avec un IMC - 3 DS ( 2ème percentile) ET Anorexie mentale pré-pubaire : signes cliniques (2) Un ou plus des signes suivants La peur d’avaler et/ou de vomir La plainte de douleurs abdominales pendant le repas ou en dehors La restriction des apports hydriques Une préoccupation pondérale et/ou corporelle Un intérêt pour les apports caloriques Des vomissements actifs Un excès d’exercice physique Le refus de s’asseoir Un excès de travail scolaire La restriction des relations amicales Anorexie mentale pré-pubaire : signes cliniques (3) Début par un régime alimentaire Facteurs déclenchants à type de transition Verbalisation inconstante de la peur de devenir gros(se) Douleurs abdominales, nausées, peur de vomir Restriction hydrique Anorexie mentale pré-pubaire : signes cliniques (4) Perte plus rapide de poids qu’à l’adolescence Dépression d’apparition plus rapide Moins d’élimination par les laxatifs ou les vomissements Pas d’orgies alimentaires Examen somatique Poids; taille; Body Mass Index (BMI) : BMI= Poids en kg__ (Taille en m)2 Stades de Tanner Pouls (bradycardie); TA Examen cardiovasculaire (œdèmes membres inf; péricardite); pulmonaire; abdominal (syndrome occlusif) Biologie: NFS (anémie); plaquettes (thrombopénie; CIVD); Ionogramme sanguin (hypo »tout »: natrémie; kaliémie); hypophosphorémie; hypomagnésémie; hypocalcémie; basse T3 ECG; holter; cliché pulmonaire; ASP; âge osseux Courbe IMC des filles Prévention des complications somatiques (1) Complications médicales possibles avant même l’évidence d’une perte de poids significative Les électrolytes totaux peuvent être déplétés en dépit de niveaux sériques normaux Vigilance quant au syndrome de renutrition Effets potentiels irréversibles sur la croissance qui doit inciter à un seuil d’intervention plus bas que chez l’adulte Prévention des complications somatiques (2) Traitement de l’ostéopénie et des déficits vitaminiques Étude du retentissement neurocérébral de la dénutrition Fertilité? Retard de croissance Âge osseux retardé de 0 à 54 mois Le statut nutritionnel doit être adéquat avant 13,5 ans pour les filles et 16 ans pour les garçons Après 7 ans d’évolution, 11% d’anorexiques prépubères ont un déficit staturo-pondéral Après 9,5 ans d’évolution d’anorexie à début précoce 2/19 patientes ont une taille normale et 7 ont une taille < 3ème percentile Intérêt de l’échographie ovarienne pour déterminer le poids cible Traitement : recommandations Implication des parents Communication entre les intervenants Respect des droits du sujet Prise en compte des besoins développementaux, sociaux et éducatifs Soins de proximité Équipes expérimentées Distinction entre les enfants et les adolescents Buts Restaurer un poids de bonne santé physique Traiter les complications physiques Travailler sur la motivation de la patiente Donner une éducation nutritionnelle Modifier les pensées/attitudes dysfonctionnelles face à l’alimentation Traiter les troubles psychiatriques associés Mobiliser la famille Prévenir la rechute Prise en charge Ambulatoire +++ Hospitalisation si : IMC<13, complications somatiques, troubles psychiatriques associés Traitement : prise en charge nutritionnelle, psychothérapies (de soutien, familiale +++ chez l’enfant prépubère), pas de traitement médicamenteux Pronostic Bryant-Waugh et al. (1988): pop n=30 anorexiques prépubères 50% ont un poids normal à 7 ans d’évolution 55% ont une reprise de cycles menstruels satisfaisante 14% « « intermédiaire 31% ont une persistance d’une aménorrhée 62% ont une bonne évolution psychologique 38% « évolution intermédiaire ou médiocre 59% ont un bon devenir psychosocial Facteurs associés à une évolution positive: 1) jeune âge à l’hospitalisation 2) durée courte d’évolution avant traitement 3) prise de poids lente et harmonieuse 4) sexe masculin 5) stabilité familiale 6)bon fonctionnement pré-morbide Cas clinique Sophie, 8 ans, est amenée aux urgences par ses parents car elle ne mange plus depuis 4 jours. Depuis quelques mois, elle se plaint souvent à sa maman d’être « trop grosse » et a peu à peu exclu de son alimentation les sucreries et les féculents. Elle a un IMC à 12,8. Diagnostic ? Anorexie mentale restrictive pré-pubère CAT ? Hospitalisation dans en pédiatrie ou pédopsychiatrie Examen clinique, bilan biologique et radiologique Contrat de poids, prise en charge nutritionnelle Psychothérapie : thérapie familiale +++ Pas de traitement médicamenteux Dépression du nourrisson DU NOURRISSON AU JEUNE ENFANT (24 MOIS) au maximum dépression anaclitique décrite par Spitz en 1946 (anaclitique=qui se repose sur quelqu ’un ou sur quelque chose qui en particulier du jeune enfant dépendant des soins maternels) étudiée le plus souvent au décours d’une séparation, d’une hospitalisation, de maltraitance liée à un état massif de déprivation maternelle nourrisson de 6 à 9 mois séparés brutalement de leur mère alors qu’ils avaient une bonne relation avec elles jusqu'à présent, sans substitut compensateur DU NOURRISSON AU JEUNE ENFANT (24 MOIS) (1) : signes cliniques Trois phases : cris, pleurs, accrochage à l’adulte apathie massive, refus de contact, indifférence Détachement (=atonie thymique) -absence de gazouillis ou babillage -absence de jeux avec les mains ou avec tout objet -absence de curiosité observatoire -apparition de phénomènes d’autostimulation : balancement, -parfois conduites autoagressives DU NOURRISSON AU JEUNE ENFANT (24 MOIS) (2) : signes cliniques trois grands signes : retrait et indifférence régression des acquisitions motrices et intellectuelles troubles somatiques : perte de poids, anorexie, insomnie, grande sensibilité aux infections évolution : si restitution mère ou substitut, l’état de dépression disparaît rapidement, le nourrisson peut garder une grande sensibilité à l’égard d’éventuelles séparations ultérieures sinon : évolution grave sur le plan physique avec décès possible secondaire à des infections, apathie, aggravation du retard psychomoteur laissant des séquelles (=tableau d’hospitalisme) Autres états dépressifs du nourrisson et du jeune enfant moins graves augmentent le risque de psychopathologie ultérieure liés à une carence maternelle, formes de déprivation partielles (absences brèves mais répétées), maltraitance, dépression maternelle manifeste ou larvée, inéquation de l’interaction mère- enfant, image maternelle multiple, incohérence éducative, manque de disponibilité maternelle, peut se voir quand la mère pour différentes raisons est rendue indisponible pour son bébé (et que personne ne peut se substituer) Signes cliniques (1) atonie thymique : attitude d’indifférence, pas de plaintes ni de pleurs inertie motrice : ralentissement, mimique pauvre, répétées et monotones, un affaiblissement des réponses aux sollicitations pauvreté interactive, repli, une altération de la communication, communication pauvre, regard fixe, vide expressif Signes cliniques (2) à cette triade s'ajoute : la désorganisation psychosomatique en rupture avec le développement antérieur du bébé : troubles des conduites alimentaires, arrêt de croissance, retard du développement psychomoteur, troubles du sommeil, troubles du transit, mérycisme, trouble du tonus (hypotonie), modifications du comportement, affection respiratoire ou cutanée décrit dans le cadre d’affections ORL, intolérance au gluten, malnutrition proteino-calcique, forme grave de carence en fer (résolution après traitement) TOUTE DÉPRESSION DU NOURRISSON DOIT FAIRE ÉVOQUER UN RISQUE DE MALTRAITANCE, D’INCOMPÉTENCE OU D’ORGANICITÉ CAT : évaluation physique de la mère (anémie, thyroide…) évaluation psychique de la mère évaluation du milieu familiale, du père et de la fratrie hospitalisation mère-enfant