No. 139 juillet 2013
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Dans leur commentaire paru dans la revue « Plant Biotechnology Journal »,
Harry A. Kuiper et ses collègues mettent en garde contre le renforcement des
conditions d’autorisation pour des raisons politiques. Harry A. Kuiper a été
responsable du département de la sécurité alimentaire et de la santé de
l’Université de Wageningen (Pays-Bas), et a longtemps été directeur du comité
d’experts pour l’évaluation de la sécurité des aliments OGM à l’EFSA, l’autorité
responsable des autorisations. Il attire l’attention sur les expériences positives
réalisées au cours des années avec les conditions d’autorisation en vigueur.
L’EFSA ne prévoit d’essais alimentaires sur des animaux que dans des cas
exceptionnels, notamment lors de modifications de la composition d’une plante
OGM ou lorsqu’on a lieu de craindre des effets imprévisibles. De son côté, la
Commission Européenne a récemment édicté de nouvelles règles d’autorisation
obligatoires, prévoyant pour chaque nouvelle plante OGM des études alimen-
taires de 90 jours sur des rongeurs. D’après Kuiper, il serait pratiquement
impossible de constater des effets biologiques lors de tels essais, car la modifi-
cation physiologique dans les plantes analysées est minime. L’acquisition de
connaissances supplémentaires, voire une amélioration de l’évaluation de la
sécurité, est invraisemblable – il s’agit d’un gaspillage inutile de vies animales
et d’une mesure moralement intolérable. Le chercheur insiste auprès des
organes européens chargés des autorisations pour qu'ils respectent les bases
scientifiques lors de l’évaluation des risques des aliments OGM, au lieu de
renforcer les exigences pour des raisons pseudo-scientifiques ou politiques..
Sources : Agnès E. Ricroch 2013, Assessment of GE food safety using ‘-omics’ techniques and
long-term animal feeding studies, New Biotechnology 30:49–354, Harry A. Kuiper et al. 2013,
New EU legislation for risk assessment of GM food: no scientific justification for mandatory
animal feeding trials. Plant Biotechnol. J. 11:781–784
Autorisations
d’OGM dans
l’UE
Monsanto retire toutes les demandes de culture d’OGM en Europe
Le fossé qui sépare le développement des plantes génétiquement modifiées en
Europe et dans le reste du monde ne cesse de grandir. Une nouvelle entre-
prise de semences renonce maintenant à son engagement sur le marché
biotechnologique européen et concentre son développement sur des pays
ouverts aux OGM. Par rapport à d’autres pays disposant d’une agriculture
productive, le choix des agriculteurs européens reste limité aux variétés con-
ventionnelles.
En juin 2013, José Manuel Madero, le nouveau président de Monsanto en
Europe, a annoncé que son entreprise retirerait toutes les nouvelles demandes
de culture de plantes OGM dans l’UE. Il s’agirait de cinq demandes pour le
maïs, une pour le soja et une pour les betteraves sucrières. Madero a donné
comme raison l’hostilité envers cette technologie et le manque de perspectives
économiques en Europe. A la place, Monsanto investira davantage dans le
développement de semences conventionnelles en Europe.
La demande de renouvellement de l’autorisation pour la culture de maïs Bt
MON810, en cours actuellement, ne sera pas concernée. Depuis de nom-
breuses années, cette variété résistante aux insectes connaît un grand succès
auprès des agriculteurs espagnols et portugais. En outre, on compte pour-
suivre les demandes d’importation d’OGM en tant qu’aliments pour humains et
animaux, car de nombreux pays exportateurs d’OGM vers l’Europe autorisent
constamment de nouvelles variétés. Ironiquement, une grande partie des
aliments pour animaux importés en Europe sont fabriqués à base de plantes
OGM non autorisées dans l’UE. Cela profite aux paysans des pays exporta-