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Le conscient, l'inconscient
et la nature du mental
Magistère de philosophie contemporaine
Atelier d'introduction à la philosophie de l'esprit
Les critères du mental
Dans la tradition philosophique classique:
La conscience comme marque du mental
L'intentionnalité comme marque du mental
Conscience et intentionnalité le plus souvent considérées comme
coextensives.
Approche contemporaine 'dominante':
Séparabilité entre conscience et intentionnalité
La conscience n'est pas constitutive de tout ce qui est mental
L'esprit comme système computationnel manipulant des représentations:
privilège accordé au critère de l'intentionnalité.
La notion d'états mentaux inconscients et en principe inaccessibles à la
conscience n'a rien d'incohérent.
Searle et le Principe de Connexion
La notion d'état mental inconscient implique l'accessibilité à la
conscience. (210)
Il existe un lien intrinsèque entre conscience et intentionnalité.
La conscience est elle-même une marque de l'intentionnalité.
L'inconscient cognitif
Le paradigme qui domine les sciences cognitives est
celui du traitement de l'information:
l'esprit est conçu comme un système de traitement de
l'information dont la fonction est d'extraire l'information
véhiculée par les entrées sensorielles et d'opérer sur cette
information diverses séries de transformations afin de
permettre à l'organisme de guider efficacement son
comportement dans dans son environnement physique que
social.
L'objet des sciences cognitives est d'étudier les étapes de
ce traitement, de déterminer les processus et codes qu'il
met en œuvre et d'identifier les substrats cérébraux de ces
opérations.
L'inconscient cognitif
La notion de processus et états mentaux inconscients
n'est pas jugée problématique:
Ce qui fait d'un processus un processus mental est le fait
qu'il s'agisse d'un processus de traitement de l'information.
Un état est un état mental s'il correspond à une étape dans
un processus de traitement de l'information.
Traitement inconscient de l'information
Un grand nombre de données issues de la psychologie
cognitive, la psycholinguistique, la neuropsychologie et
des techniques associées de neuro-imagerie mettent
en évidence le fait qu'une grande partie de nos
processus cognitifs ont lieu ou peuvent avoir lieu de
manière inconsciente.
Quelques exemples
Psychologie: l'amorçage avec masquage
Un premier stimulus visuel est présenté très brièvement, en
deçà du seuil de conscience et est ensuite masqué avant
qu'un second stimulus soitprésenté.
On peut ainsi mesurer l'influence du premier stimulus
inconscient sur le traitement du second stimulus conscient.
Le traitement du second stimulus peut être facilité si le premier
est identique ou congruent à celui-ci ou, contraire ralenti si le
stimulus masqué est incongruent.
Exemples de tâches: reconnaissance de formes, pointage de
cible, tâches sémantiques.
Psychologie: l'amorçage avec masquage
Exemples de tâches: reconnaissance de formes,
pointage de cible, tâches sémantiques.
Tâche sémantique: décider le plus rapidement
possible si un mot présenté est un nom d'animal.
Souris – Lapin : temps de réaction raccourci
Chaise – Lapin: temps de réaction allongé
CHAT
CHIEN
Psychologie: l'amorçage avec masquage
Ce type de tâche permet aussi de mettre en évidence des différences
qualitatives entre traitement conscient et traitement inconscient de
l'information.
Expérience de A. Marcel:
On présente au sujet une suite de trois mots. Il doit décider le plus rapidement
possible si le dernier des trois est un mot de la langue ou un non-mot (chor, murle)
Dans certains essais critiques le second mot est un terme polysémique et la triade
peut être soit congruente (argent, voler, prison) soit incongruente (argent, voler,
oiseau)
Lorsque le deuxième mot (voler) est présenté clairement, la réponse des sujets
n'est facilitée que pour les triades congruentes.
Lorsque le deuxième mot est présenté de manière très dégradée, la réponse du
sujet est facilitée à la fois pour les triades congruentes et pour les triades
incongruentes.
Selon Marcel, cela montre que le traitement conscient opère une sélection du sens
du mot favorisé par le contexte, alors que le traitement inconscient n'est pas
sensible au contexte et potentialise également tous les sens du mot.
Neuropsychologie: La vision aveugle (Blindsight):
A la suite de lésions du cortex visuel primaire, un sujet peut ne
plus avoir de perceptions conscientes dans une partie du
champ visuel (scotome). Il est toutefois possible de mettre en
évidence des capacités perceptives résiduelles.
La patient nie voir quoi que ce soit lorsqu'on présente un
stimulus dans la région aveugle du champ visuel. Si toutefois
on lui demande de "deviner" si un stimulus est présent ou non,
quelle est sa position ou son orientation, s'il est statique ou en
mouvement, ses réponses manifestent une capacité à
effectuer les discriminations correspondantes.
Neuropsychologie: La prosopagnosie
A la suite de lésions dans des régions spécifiques du cortex
visuel (gyrus fusiforme), un sujet peut ne plus être capable de
reconnaître consciemment les visages.
Lorsqu'on lui montre une série de photos, il est incapable de
distinguer les photos qui montrent des visages d'inconnus et
celles qui montrent des visages de gens connus.
Mais si l'on mesure la réponse électrodermale lorsque les
photos sont présentées, les photos de visages familiers
suscitent une réponse électrodermale spécifique.
Inconscient cognitif et modularité
L'intérêt des données neuropsychologiques est aussi d'illustrer
le fait que la conscience peut être sélectivement perturbée
dans un domaine cognitif donné. Le sujet prosopagnosique est
incapable d'identifier consciemment un visage vu, mais n'a pas
de problème lorsqu'il s'agit d'identifier consciemment d'autres
types d'objets visuels ou lorsqu'une autre modalité sensorielle
que la vision est en jeu (il reconnaît les personnes familières
au son de leur voix).
Ceci confirme l'idée que l'architecture cognitive est en grande
partie modulaire.
Modularité de l'architecture cognitive
Le système cognitif pris dans son ensemble comporte un
grand nombre de sous-systèmes ou modules qui ont un
fonctionnement relativement autonome.
Ces modules sont spécialisés dans le traitement d'un type
donné d'information et opèrent de manière automatique, selon
des processus qui peuvent être phylogénétiquement
déterminés, se mettre en place pendant le développement
cognitif ou avoir été automatisés à la suite d'un apprentissage.
A la notion de modularité correspond celle d'un inconscient
structurel: les processus qui ont lieu dans les modules et les
représentations intermédiaires qu'ils calculent sont
structurellement inaccessibles à la conscience. Seules les
représentations finales livrées par les modules sont en
principe consciemment accessibles.
Conditions d'accès à la conscience des
processus et représentations
Contraintes structurelles: Ne pas être structurellement
inconscients (ne pas être encapsulés dans un module)
Contraintes temporelles: la conscience suppose une
certaine durée d'activation des réseaux neuronaux
activés lors du traitement d'un stimulus donné.
Contraintes attentionnelles: pour qu'un processus
devienne conscient, il faut aussi qu'il mobilise notre
atttention. Si les mécanismes attentionnels sont
perturbés, comme dans l'héminégligence, certaines
informations n'accèderont pas à la conscience.
Types de phénomènes inconscients
Phénomènes non-conscients: ni mentaux, ni conscients
La myélinisation des axones des cellules nerveuses
Phénomènes inconscients: mentaux
États préconscients: Croyance que la Tour Eiffel est à Paris
États inconscients: désir refoulé de supplanter son père auprès de
sa mère.
États inconscients profonds: connaissance tacite de la grammaire
dans l'approche Chomskienne, représentations intermédiaires
calculées par le système visuel)
Searle: il n'existe rien de tel que des états mentaux
inconscients profonds.
Forme générale de l'argument searlien
Pour qu'un état inconscient soit un état mental il faut qu'il
s'agisse d'un état véritablement intentionnel.
Pour qu'un état soit un état mental intentionnel, deux
conditions doivent être remplies:
Intentionnalité intrinsèque
Aspectualité
Il y a un lien nécessaire entre aspectualité et accessibilité à la
conscience.
Un état qui serait en principe inaccessible à la conscience
n'aurait aucune forme aspectuelle.
Un tel état ne serait donc pas un état mental intentionnel.
Il ne serait donc pas un état mental.
1.
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Il y a une distinction entre l'intentionnalité intrinsèque et l'intentionnalité
comme si; seule l'intentionnalité intrinsèque est authentiquement
mentale.
Les états intentionnels inconscients sont intrinsèques.
Les états intentionnels, qu'ils soient conscients ou inconscients, ont
toujours des formes aspectuelles.
Le trait aspectuel ne peut être caractérisé de manière exhaustive
uniquement en termes de prédicats à la troisième personne
comportementaux ou même neurophysiologiques.
L'ontologie des états mentaux inconscients, quand ils sont
inconscients, consiste entièrement en l'existence de phénomènes
purement neurophysiologiques.
La notion d'un état mental inconscient est celle d'un état qui est une
pensée ou une expérience consciente possible.
L'ontologie de l'inconscient consiste en des traits objectifs du cerveau
capables de causer des penser conscientes subjectives.
Intentionnalité intrinsèque, comme si et dérivée
1.
2.
3.
J'ai soif maintenant, j'ai grand soif parce que je n'ai rien eu à boire de la
journée.
Ma pelouse a soif, a grand soif, parce qu'elle n'a pas été arrosée de toute
la semaine
En anglais, 'I am very thirsty' veut dire 'j'ai grand soif'.
La phrase (1) est utilisée pour s'attribuer un état mental intentionnel réel,
intrinsèque.
La phrase (2) n'attribue pas du tout d'intentionnalité, elle est utilisée de
manière métaphorique. On fait comme si la pelouse avait des états
intentionnels.
La phrase (3) attribue littéralement de l'intentionnalité à la phrase 'I am
thirsty', mais l'intentionnalité n'est pas intrinsèque à la phrase elle-même,
elle est dérivée de l'intentionnalité intrinsèque des locuteurs de la langue.
La distinction entre intentionnalité intrinsèque et
intentionnalité 'comme si' est-elle bien tranchée?
Searle prend deux exemples extrêmes pour illustrer la distinction entre
intentionnalité intrinsèque et intentionnalité 'comme si', mais la question
vraiment intéressante est la suivante:
Jusqu'à quel point un état peut-il différer des exemples paradigmatiques
d'états intentionnels conscients et être encore authentiquement mental?
Pour beaucoup de fonctionnalistes, la notion d'intentionnalité intrinsèque
admet des degrés et les états mentaux conscients constituent simplement
un sous-ensemble particulièrement sophistiqué d'états intentionnels.
Les états des sous-systèmes de mon cerveau qui produisent mon
expérience visuelle consciente d'un monde stable en intégrant des
informations sur les changements des images rétiniennes et les
mouvements des yeux et de la tête ne sont-ils pas véritablement
intentionnels?
Les sauterelles ont-elles des états intentionnels?
Aspectualité
Forme aspectuelle: Chaque fois que nous pensons à
quelque chose, nous le faisons toujours sous tel
aspect et pas sous tel autre.
Forme aspectuelle // intensionnalité // mode de
présentation
Aspectualité: => opacité
On peut croire que l'étoile qui est dans le ciel est l'étoile du
soir sans croire que c'est l'étoile du matin
On peut désirer boire un verre d'eau sans désirer boire un
verre de H2O
Y a-t-il des degrés dans l'aspectualité?
Même si on accepte que tout état intentionnel a une forme
aspectuelle, il n'est pas sûr que pour tous les états
intentionnels on puisse faire des distinctions aussi fines que
celles que l'on peut opérer entre les caractères aspectuels
d'états mentaux conscients d'être dotés de langage.
Dretske: trois ordres d'intensionnalité
1er ordre: si l'on peut penser que s est F sans penser que s est G
alors même que tous les F se trouvent être des G.
2ème ordre: si l'on peut penser que s est F sans penser que s est G
alors même que tous les F sont des G en vertu d'une loi naturelle.
3ème ordre: si l'on peut penser que s est F sans penser que s est G
alors même qu'il est analytiquement nécessaire que tous les F soient
des G.
Y a-t-il des degrés dans l'aspectualité?
Il est possible que certaines distinctions fines entre
contenus intentionnels (donc certaines distinctions
entre formes aspectuelles) ne soient possibles que
pour des êtres dotés de langage.
Je peux désirer un filet de sole sauce Mornay
accompagné d'un verre de chablis 1992, mais il est fort
douteux que mon chat qui me volerait bien le contenu
de mon assiette puisse avoir des désirs dotés d'une
telle forme aspectuelle.
Peut-on caractériser la forme aspectuelle au
moyen de prédicats à la 3ème personne?
Searle: 2 types de caractérisation possibles à la 3ème
personne: prédicats comportementaux et prédicats
neurophysiologiques, mais:
Les faits comportementaux ne permettent jamais de
caractériser exhaustivement la forme aspectuelle d'un état
intentionnel.
Argument d'indétermination de Quine
Les faits neurophysiologiques ne constituent pas des faits
aspectuels. Pour inférer les faits aspectuels à partir des faits
neurophysiologiques, il faudrait déjà avoir un autre mode
d'accès à ce que sont les faits aspectuels.
Argument de l'indétermination
Tout comportement de recherche d'eau est un
comportement de recherche de H20.
Il n'y a donc aucun moyen pour que le comportement,
construit sans référence à une composante mentale,
puisse constituer le fait de désirer de l'eau plutôt que
du H20.
Faire référence au comportement verbal du sujet n'est
pas une solution, puisque le problème va se poser dde
savoir quel sens le sujet donne aux mots 'eau' et 'H20'.
Trois réponses à l'argument de l'indétermination
1. Une théorie fonctionnaliste des formes aspectuelles est
possible. On peut opérer toutes les distinctions souhaitées si
on prend en considération l'organisation globale du
comportement du sujet et la structure causale interne qui le
produit.
Par exemple, ce qui me permet de dire que ma nièce de cinq
ans veut un verre d'eau et pas un verre de H20 est le fait
qu'elle n'a pas (encore) un certain nombre de tendances au
comportement (verbal et non-verbal) et de capacités internes
qui lui permettraient de comprendre les concepts d'oxygène,
d'hydrogène et de composé moléculaire.
Trois réponses à l'argument de l'indétermination
2. Même si une théorie fonctionnaliste ne permettait pas
d'opérer les distinctions les plus fines entre formes
aspectuelles, il n'est pas certain que cela soit nécessaire pour
rendre compte des formes aspectuelles des états intentionnels
inconscients qui n'ont pas le caractère hautement déterminé
des états mentaux conscients humains.
3. On ne voit pas en quoi l'appel que Searle propose de faire à
une caractérisation en 1ère personne faisant intervenir la
conscience et les propriétés phénoménales résoudrait le
problème d'indétermination quinien.
Un lapin et une partie non détachée de lapin produiront en moi la
même expérience phénoménale 'lapinesque'.
L'eau et le H20 produiront en moi la même expérience phénoménale
'aqueuse'.
Un dilemme pour Searle
Ou bien il utilise une notion très exigeante de 'forme
aspectuelle' qui implique un contenu parfaitement déterminé et
une représentation phénoménale, mais dans ce cas la
prémisse 3 de son argument paraît implausible ou est une
pétition de principe.
Ou bien il utilise une notion moins exigeante de 'forme
aspectuelle' qui rende la prémisse 3 acceptable, mais dans ce
cas la prémisse 4 devient douteuse. Il paraît possible de
caractériser la forme aspectuelle au moyen de prédicats en
troisième personne.
Dans un cas comme dans l'autre, on ne peut plus établir les
conclusions 6 et 7.
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