FEMISE Policy Seminar “Unlocking the Potential of the Private Sector in South Med Countries” The impacts of monetary policy, exchange regime and the IMF programs on the private sector in Tunisia Sami Mouley Tunis El Manar University & Femise (*) The author would thank The Governor of Central Bank of Tunisia for his useful comments, and his staff DGPM 3 Décembre 2015 American University of Beirut Lebanon, Beirut Agenda 1. Cartographie du climat des affaires et situation du secteur privé en Tunisie 2. Architecture de l’inclusion bancaire et financière 3. Blocages structurels du moteur de l’investissement privé 4. Forte contribution du secteur bancaire au financement de l’investissement en dépit de fragilités en cours de redressement 5. Les politiques de réponse et les stratégies de réformes 5.1. Modulations inédites du cadre de conduite de la politique monétaire pour un meilleur concours du secteur bancaire au financement 5.2. Renforcement de la solidité du système bancaire et benchmarks structurels des programmes FMI A. Stimuler l’octroi de crédit bancaire mais avec une meilleure qualité pour relancer la machine des investissements B. Amélioration du cadre réglementaire pour que la relance économique ne se fasse pas au détriment de la stabilité financière C. Stimuler la concurrence bancaire et développement des systèmes d’information sur le crédit pour soutenir l’offre de crédits D. Une meilleure flexibilité du taux de change et un assouplissement graduel de la réglementation de change en faveur du secteur privé 2 6. Questions, chantiers et pistes ouvertes 1. Cartographie du climat des affaires et situation du secteur privé en Tunisie: Diagnostic transversal (quick scan) 3 (Stance 1) Recul cumulé du classement du climat de la compétitivité globale (Global Competitiveness Report - WEF) de 55 places depuis 2011. Obstacles majeurs à la pratique des affaires imputables, essentiellement, à la faiblesse des facteurs d’efficience (efficiency enhancers): o Une faiblesse relative au niveau du développement du marché financier (Pilier 7) o Une faible efficience du marché des biens (Pilier 6): indicateur 6.09 de prévalence des barrières non-tarifaires (obstacles non techniques au commerce et indicateur 6.12 de prévalence de règles restreignant les investissements étrangers (contrôle de change). (Global Competitiveness Report - WEF) 4 WEF: Barrières non tarifaires (Contrôle de change) 5 1. Cartographie du climat des affaires et situation du secteur privé en Tunisie (Stance 2) 6 Pratique des affaires (Doing Business - WB) Creusement de l’écart de la distance de la frontière (meilleures pratiques) Obstacles majeurs (2017 - vs - 2016): protection des investisseurs (sans changements) et obtention des prêts (légère amélioration de 10 points de % par rapport à la distance à la frontière) (Pratique des affaires, Doing Business - WB) 7 (Pratique des affaires, Doing Business - WB) 8 (Pratique des affaires, Doing Business - WB) 9 1. Cartographie du climat des affaires et situation du secteur privé en Tunisie (Stance 3) 10 Enquêtes d’entreprises PME - PMI sur le climat des affaires (Enterprise’s Surveys - WB) Ranking of the top business environment obstacles for firms in Tunisia Ranking of the top business environment obstacles for firms in Tunisia 11 Collateral requirements Ranking of the top business environment obstacles for firms in Tunisia 12 Percentage of credit-constrained firms Rationnement du crédit bancaire 1. Cartographie du climat des affaires et situation du secteur privé en Tunisie (Stance 4) 13 Enquêtes nationales sur le point de vue des entreprises (ITCEQ – MDICI) Degrés de perceptions des entraves et obstacles majeurs à l’investissment, en %) Enquêtes nationales sur le point de vue des entreprises (IACE) 14 Missing Middle: Demandes de financement - vs - Régions d’implantation , en %) Enquêtes nationales sur le point de vue des entreprises (MINEFI) 15 Missing Middle: Réponses aux demandes de financement des PME auprès des banques 2. Architecture de l’inclusion bancaire et financière 16 Global Findex - WB et Financial Access Surveys - IMF 17 En comparaison internationale : une faible intermédiation financière et un niveau d’accès aux services financiers relativement bas 18 Adultes disposant d’un compte auprès d’un établissement (%) 90.00 Mauritius 80.00 Poland 70.00 Malaysia 60.00 Costa Rica 50.00 40.00 Ecuador Algeria 30.00 Bulgaria Morocco Middle Income, average Tunisia Lebanon Jordan 20.00 Armenia 10.00 0.00 0.00 Egypt, Arab Rep. 20.00 40.00 60.00 80.00 Crédits au secteur prive/PIB (%) 100.00 120.00 140.00 3. Blocages structurels du moteur de l’investissement privé 19 Régression du taux d’investissement privé (Tunisie - vs - comparateurs) et inefficiences de l’allocation de l’épargne - saving glut) Ventilation du taux d’investissement (public et privé) Tunisie et comparateurs 20 Contributions des composantes de la demande globale à la croissance et taux de croissance de la qualité du facteur capital (indice de Fisher) Tunisie et comparateurs 21 Structure des investissements étrangers 22 Une prépondérance des IDE ….. Dons Investissements étrangers Tirages sur les capitaux d'emprunt à MLT Autres engagements à CMLT 2015 3,4 22,1 52,9 21,6 2014 4,7 18,3 56,5 20,5 2013 2,5 2012 6,4 2011 4,2 25,6 45,3 23,4 52,6 26,9 2010 2,2 17,6 59,8 40,5 2009 3,5 26,6 44,3 36,2 2008 1,6 9,1 41,9 18,4 57,6 2007 4,3 13 42,8 27,9 12,9 42,8 67,3 2006 2,9 10,1 28,6 1,2 29,9 2005 4,6 2004 3,4 0% 58,3 20,8 7,2 74,2 20% 40% 60% 1,6 80% 100% Structure des investissements étrangers 23 …. des IDE concentrés sur les secteurs de l’énergie et des services Structure des investissements étrangers 24 Des capitaux à court terme et des investissements de portefeuille contraints par les mesures de contrôle de change Des retards relatifs en matière d’ouverture financière en comparaison avec les standards internationaux et régionaux 25 Perceptions par les opérateurs économiques des obstacles majeurs en matière de réglementation des changes 26 La capitalisation boursière et les marchés des obligations de sociétés s’établissent à, respectivement, 24% (contre 69% au Maroc et 93% en Jordanie) et 2,8% du PIB Faible attractivité du marché financier du côté des investissements étrangers de portefeuille, en actions (marché boursier) et en obligations (marché obligataire) : o o Les investissements de portefeuille en actions ne sont libéralisés qu’à hauteur de 50% seulement pour les sociétés cotées, contre 100% au Maroc ou en Égypte, et sans aucune autre restriction sur les choix sectoriels. Plafonnement à 20% de la base du taux autorisé de souscription par les étrangers non-résidents de titres de dette publique (Bons du Trésor assimilables, BTA) émis par l’État, des obligations du trésor ou des obligations émises par les entreprises résidentes cotées en bourse ou disposant d’un rating des encours afférents à chaque ligne d’émission Une corrélation cyclique entre IDE et investissements privés (FBCF) 27 Sur des données "detrended" : Ce qui implique d’autres facteurs d’influence, tant pour l’investissement local que l’investissement étranger (incertitudes sécuritaire, politique et sociale ….. depuis 2011). 2,500 2,000 1,500 1,000 500 0 -500 -1,000 -1,500 1970 1975 1980 1985 1990 IDEC 1995 INVC 2000 2005 2010 4. Forte contribution du secteur bancaire au financement de l’investissement en dépit de fragilités en cours de redressement 28 Prépondérance du financement bancaire Des banques publiques beaucoup plus sollicitées par les entreprises publiques que par les entreprises privées 29 Déséquilibres globaux (global imbalances) et écarts persistants (discrepancies) 30 30 Évolution des dépôts collectés (en %) par catégorie de déposants et de leurs structures 31 Source: DGPM - BCT Un net découplage en faveur des crédits aux particuliers 32 Indice des prêts bancaires aux ménages et aux entreprises (100:2002) …. Avec une baisse généralisée depuis 2010, et une prépondérance des crédits à court terme au détriment des crédits à moyen et long terme 33 Source: DGPM - BCT Une faible diversification relative du risque 34 Une concurrence bancaire relativement faible (Indicateur Boone) 0.00 Tunisia Algeria Egypt, Jordan Arab Rep. Lebanon Morocco Armenia Bulgaria Costa Rica Ecuador Malaysia Mauritius Poland Middle Income, average -0.05 -0.10 -0.15 -0.20 -0.25 L’indicateur Boone mesure le degré de concurrence comme l'élasticité des bénéfices aux coûts marginaux. Plus il est négatif, plus le degré de concurrence est élevé. 34 Une faible concentration bancaire 35 Ratio des expositions majeures au total des capitaux propres Les trois premières banques tunisiennes (STB, BIAT, BNA) ne concentrent que 50,9% des actifs (comparé à 89,9% au Maroc et 85,4% en Jordanie) 3 Bank Asset Concentration (%) 100,0 80,0 60,0 40,0 20,0 0,0 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Value Observed (Tunisia) Income Group Median High Income OE CD Median Morocco-Jordan Average 35 Un retard en matière de concurrence - vs - standards internationaux et MENA 36 Test formel de Ross-Panzar : coefficient H de 0,32 (contre 0,59 au Maroc et 0,61 en Turquie), suggérant que le secteur bancaire fonctionne dans le cadre d’une concurrence monopolistique. Indice de Lerner : score de 0,27 (contre 0,69 au Maroc) Évolution des impayés et contentieux - vs - Branches d’activités 37 Des taux de créances improductives supérieurs au sein des banques publiques (environ 18%) que dans les banques privées (environ 10%) Une corrélation directe entre taux de créances douteuses et pourcentage de détention du secteur bancaire par l’État 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% part des banques publiques (axe gauche) % de créances douteuses (axe droite) e éri Alg e Sy ri Eg yp te Yé me n c Tu nis ie Ma ro ite Sa ou d Lib an ab ie Ar Om an da nie 0% Jor Source: DGPM - BCT 5. Les politiques de réponse et les stratégies de réformes 38 5.1. Modulations inédites du cadre de conduite de la politique monétaire pour un meilleur concours du secteur bancaire au financement Une surveillance et une gestion plus rationnelle des risques de liquidité systémiques du secteur bancaire Une gamme élargie d’instruments de refinancement bancaire Une politique monétaire plus accommodante (baisse des taux d’intérêt) Une meilleure transmission des impulsions de la politique monétaire par le canal du taux d’intérêt avec des impacts positifs sur les encours des crédits au secteur privé Du ciblage implicite au ciblage direct de l’inflation pour un meilleur ancrage des anticipations inflationnistes des opérateurs économiques La surveillance et la gestion des risques de liquidité systémiques du secteur bancaire 39 Situation inédite en 2011: décélération sans précédent des facteurs autonomes (forte hausse des billets et monnaies en circulation, suscitée par le comportement de thésaurisation des ménages, en concomitance avec le repli des actifs nets sur l’étranger en relation avec la baisse des avoirs nets en devises). Stratégie de détente et d’assouplissement monétaire (monetary easing) durant toute l’année 2011. D’abord, au niveau du refinancement bancaire avec des injections massives de liquidité à travers les mécanismes hebdomadaires d’appel d’offre (full allottement). Ensuite, au niveau des baisses sans précédents du taux directeur (credit easing) et des réserves obligatoires (quantitative easing). Resserrement de la politique monétaire (monetary tightening) en 2012-2013, pour briser la chronique des tensions inflationnistes (effets de pass-through, output gap, informalité, facteurs exogènes …) Puis retour, depuis fin 2015, à une politique plus accommodante en faveur de la relance de l’investissement, tout en mettant en œuvre un dispositif avancé d’alerte sur les aléas conjoncturels, des finances publiques et de la balance des paiements (comité de politique monétaire). 40 Facteurs autonomes de la liquidité bancaire Source: DGPM - BCT Réponses de la politique monétaire 41 Source: DGPM - BCT Modernisation des instruments, opérations de politique monétaire et gestion de la liquidité bancaire (refinancement) 42 Source: DGPM - BCT Une politique monétaire plus accommodante (baisse des taux d’intérêt) 43 Source: DGPM - BCT Une meilleure transmission des impulsions de la politique monétaire par le canal du taux d’intérêt 44 Transmission des variations du taux directeur au TMM et impacts sur les encours de crédit à long terme: entreprises -vs- particuliers) Source: DGPM - BCT Du ciblage implicite au ciblage direct de l’inflation pour un meilleur ancrage des anticipations inflationnistes des opérateurs économiques 45 Évolution de l’inflation globale VM : Variation mensuelle GA : Glissement annuel. Évolution de l’inflation des produits libres et administrés Source: DGPM - BCT Évolution de l’inflation sous jacente (core inflation) en glissement annuel 46 Source: DGPM - BCT Des perspectives d’inflation à la baisse (fan chart) Source: DGPM - BCT 47 5. Les politiques de réponse et les stratégies de réformes (Suite) 48 5.2. Renforcement de la solidité du système bancaire et benchmarks structurels des programmes FMI Juin 2013 : accord de confirmation (stand by) à titre de précaution avec le FMI pour un montant de 1,75 milliards de dollars, adossé à un programme de deux ans pour la mise en œuvre des réformes économiques et la préservation de la stabilité macroéconomique Mai 2016 : nouvel appui du FMI pour un mécanisme élargi de crédit adossé à un programme de quatre ans pour un montant de 2,9 milliards de dollars. Tunisie: Performance des repères structurels dans le cadre du SBA (en nombre) 49 A. Stimuler l’octroi de crédit bancaire mais avec une meilleure qualité pour relancer la machine des investissements 50 Révision du cadre réglementaire pour une tarification adéquate du risque : Réforme du régime des collatéraux exigibles afin de réduire le taux de surnantissement, notamment pour les PME; Révision de la loi sur les taux excessifs : exclut de fait tous les promoteurs sans collatéral du marché du crédit Révision du cadre réglementaire pour les procédures collectives : afin d’améliorer la gestion des créances en souffrance Instauration d’un système performant d’informations sur le crédit : pour le développement du financement de l’économie et en particulier les PME Rationalisation de la gestion de la liquidité globale du système bancaire : du fait que le refinancement devrait s’adresser uniquement aux banques solvables mais temporairement illiquides, substitution du mécanisme actuel d’appel d’offre par des règles plus strictes d’accès à la liquidité en établissant une facilité de liquidité d’urgence ciblée B. Amélioration du cadre réglementaire pour que la relance économique ne se fasse pas au détriment de la stabilité financière : Les mesures phares 51 Adoption des nouveaux statuts de la BCT : Afin d’établir un dispositif de stabilité financière efficace reposant sur une mise à niveau des agences de régulation (BCT, CMF, ACM et CGA) aux meilleures pratiques internationales et leur articulation autour d’un comité national de stabilité financière Supervision macroprudentielle pour une meilleure stabilité financière (exercices de stress macroprudentiels, macro-stress testing, SAP, …) Une nouvelle forme de refinancement au titre de facilité spécifique de prêt aux établissements financiers dont l’exposition au risque systémique pourrait affecter la stabilité financière (notamment les établissements bancaires exposés au déficit des entreprises publiques), Un élargissement de la gamme des bénéficiaires des facilités de prêt de la BCT par l’option d’une intervention directe de financement d'entreprises non financières, telles que le fonds national de garantie de dépôts 52 Une nouvelle loi bancaire : Pour renforcer les efforts de la BCT pour se doter de moyens plus efficaces de prévention et de traitement des risques systémiques posés par les institutions financières (protocoles de stabilité, exercices de simulations de crises, dispositif de résolution des crises bancaires, mécanismes de résolution bancaire séparée des créances improductives ……) Un dispositif de garantie des dépôts : pour consolider la confiance dans le secteur bancaire et faciliter le traitement d’une éventuelle faillite de banque Modernisation de l’infrastructure financière : nécessaire pour favoriser la concurrence: dispositif d’information sur les risques clients, modernisation de la centrale des risques de la BCT, développement de bureaux de crédit privés 53 La supervision microprudentielle et les nouvelles règles de Bâle III pour un contrôle bancaire efficace : Évolutions en termes de gestion du risque de liquidité (ratio de liquidité à court terme (Liquidity Coverage Ratio ou LCR, ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR : Net Stable Funding Ratio) Réformes du dispositif de refinancement bancaire : La BCT a abandonnée graduellement sa politique du full allotment en créant une facilité de prêteur de dernier ressort destinée uniquement aux banques solvables mais temporairement illiquides, instauration d’un dispositif de décote de garanties pour les créances éligibles aux opérations de refinancement, instauration d’un plancher exigible de 40% de refinancement bancaire garanti par des titres publics….) C. Stimuler la concurrence bancaire et développement des systèmes d’information sur le crédit pour soutenir l’offre de crédits (credit bureau) 54 D. Une meilleure flexibilité du taux de change et un assouplissement graduel de la réglementation de change en faveur du secteur privé 55 Mesure phare en cours d’implémentation au niveau des souscriptions des titres d’emprunt émis sur le marché domestique: Suppression du plafonnement de la souscription des étrangers aux titres d’emprunt émis par l’État ou par les sociétés résidentes, et ce, pour les nouvelles émissions. Régime de parité mobile glissante et réduction des interventions de change à 20% contre 40% auparavant 6. Questions, chantiers et pistes ouvertes 56 Piste ouverte 1: Développement du marché obligataire et consolidation de son rôle dans le financement de l’économie : o o o o De nouvelles marges d’efficacité de la politique monétaire Épauler le secteur bancaire dans le financement des investissements Contribuer au financement de la relance budgétaire Attirer l’investissement de portefeuille Piste ouverte 2: The case of refinancing led growth (idem method of collateral practices for employment growth - World Bank) 57 Merci pour votre attention