puisque débutant entre 40 et 60 ans (1), il a néanmoins été constaté chez l’adolescent et le
nouveau-né. Sa prédominance féminine est encore discutée (20).
Sur le plan pathogénique, cette dermatose bulleuse constitue un modèle physiopathologique
de maladie auto-immune. Elle est conçue actuellement non seulement comme une destruction
des systèmes de jonction par les autoanticorps, mais aussi comme une maladies liée à des
altérations de la fonction d’adhésion des protéines, secondaires à la fixation des autoanticorps
sur leur cible antigénique, qui est à l’origine de la formation des bulles : ceci définit le groupe
des pemphigus auto-immuns (2, 20).
Cliniquement, cette maladie débute dans les 2/3 des cas par des lésions buccales précédant de
2 à 3 mois les lésions cutanées. Dans certains cas, les lésions buccales du pemphigus restent
isolées (6), ce qui correspond à notre cas. A l'inverse, seuls 15 % des pemphigus vulgaires
n'ont jamais de lésions buccales (20).,
Ces lésions peuvent se distribuer à toute la cavité buccale, mais prédominent habituellement
aux zones de frottement : face interne des joues, palais (70 à 78 %) et gencive attachée (20 à
25 % des cas) (1, 21).
Sur la face interne des joues, les lésions sont sous forme d'érosions ou ulcérations
irrégulières, larges et extensives, parfois quadrilatères, décollant la muqueuse et mettant à
nu une surface rouge vif ou recouverte de lambeaux blanchâtres qui donnent à la
muqueuse un aspect mâchonné assez caractéristique du pemphigus (20), qui a été retrouvé
chez notre patient.
La muqueuse palatine est souvent parsemée de petites érosions isolées ou coalescentes
avec des petits points rouges qui correspondent aux orifices des glandes salivaires (13,).
La muqueuse gingivale peut être le siège d'une gingivite érosive chronique ou
desquamative érythémateuse non spécifique commune à d'autres affections (20).
Sur les lèvres, les lésions conservent souvent l'aspect classique des érosions post-
bulleuses, rondes ou ovalaires avec collerettes ou débris épidermiques. Ces lésions
peuvent être recouvertes, comme dans notre observation, de croûtes hémorragiques de
couleur brune noirâtre, qui ne doivent pas être confondues avec celles d'un érythème
exsudatif multiforme (6, 13).
Des ulcérations irrégulières confluentes, persistantes et bordées d'une frange épithéliale
décollée, peuvent siéger sur le voile et la langue (cette dernière localisation a été notée
chez notre patient). Ces décollements épithéliaux s'étendent parsemés d'îlots d'un enduit
blanc grisâtre, représentés par des débris épithéliaux, véritable boue cellulaire. Ces
érosions, ne sont jamais recouvertes de dépôt fibrineux (21).
Parfois les lésions buccales sont à peine visibles, on les met en évidence en étirant la
muqueuse. Ces lésions sont très douloureuses, saignent au contact et gênent l'alimentation, de
ce fait, l'hygiène devient difficile et la gencive marginale apparaît enflammée (16).