Recherches et applications en psychologie cognitive Licence 1 Informatique et Sciences Cognitives 2006-2007 Vincent Berthet Plan du cours 1. Introduction 2. Le paradigme cognitiviste et la psychologie cognitive 3. Les méthodes de la psychologie cognitive 4. Mémoire et représentation 5. L’inconscient cognitif 6. Quelques applications de la psychologie cognitive 1. Introduction 1. La psychologie cognitive et les sciences cognitives Les sciences cognitives : champ scientifique inter-disciplinaire ayant pour objet l’étude de la cognition La cognition est le système de traitement de l’information implémenté dans le cerveau cerveau animal : cognition animale cerveau humain : cognition humaine Système cognitif : pas n’importe quel système de traitement de l’information ! Les 2 niveaux de description du système cognitif : 1. quels traitements ce système opère t’il ? niveau informationnel (informatique, psychologie, linguistique) 2. quelles sont les propriétés des bases matérielles (i.e., neuronales) de ce système ? niveau matériel (neurosciences) Métaphore de l’ordinateur : ordinateur niveau informationnel niveau matériel cognition software esprit hardware cerveau L’hexagone des sciences cognitives : Neurosciences cognitives Philosophie cognitive Anthropologie cognitive Psychologie cognitive SCIENCES COGNITIVES Informatique cognitive (IA) Linguistique cognitive L’hexagone des sciences cognitives : Neurosciences N.Cog Psychologie P.Cog Philosophie Ph.Cog A.Cog Anthropologie I.A L.Cog Linguistique Informatique 2. La psychologie cognitive et la psychologie A l’heure actuelle, la psychologie cognitive est la sous-discipline dominante de la psychologie : → psychologie cognitive psychologie du développement psychologie sociale psychologie clinique psychologie différentielle Développement Cognitif Cognition sociale Thérapies Modèles cognitifs cognitivoélaborés comportementales Cognition sociale : A B A est-il plus grand ou plus petit que B ? A B Modèles cognitifs élaborés (variabilité individuelle) : Expérience de S.Milgram (1960-1963) • • Tâche d’apprentissage de listes de mots Δ 15V 75V : A gémit 120 V : A se plaint à E qu’il souffre 135V : A hurle 150V : A supplie qu’on le libère 270V : A pousse un cri violent 300V : A annonce qu’il arrête • Instructions : 1. « Veuillez continuer s'il vous plaît. » 2. « L'expérience exige que vous continuiez. » 3. « Il est absolument indispensable que vous continuiez. » 4. « Vous n'avez pas le choix, vous devez continuer. » • Au bout de 3 décharges maximales (450V), l’expérience s’arrête Modèles cognitifs élaborés (variabilité individuelle) : scientifiques compère sujet (naïf) m = 100 (N = 30) compère sujet (naïf) m = 205 (N = 30) 9 8 8 7 7 6 6 effectifs effectifs 5 5 4 4 3 3 2 2 1 1 0 50 60 70 80 90 100 V (Voltage) 110 120 130 140 150 0 120 140 160 180 200 V (Voltage) 220 240 260 280 Qu’est-ce qui fait que les sujets envoient des chocs électriques ? SOUMISSION VOLTAGE Que signifie la variabilité observée dans l’amplitude des chocs électriques envoyés ? Modèle généraliste : Modèle différentialiste : (S : constante) (S varie entre les sujets) Sciences cognitives, psychologie, et psychologie cognitive : psychologie cognitive : branche des sciences cognitives ou branche de la psychologie ? Réponse : peu importe ! Se méfier des étiquettes ! APPROCHE INTER DISCIPLINAIRE POUR UNE ETUDE SCIENTIFIQUE DE LA COGNITION 2. Le paradigme cognitiviste et la psychologie cognitive 1. La psychologie scientifique 1.1 La psychophysique - - 1860 : naissance de la psychologie scientifique en tant que discipline autonome Gustave Theodore Fechner (1801-1887), Elemente der Psychophysik la psychologie se situe à cette époque entre la philosophie et la physiologie Fechner (1860) : la psychophysique est la « science exacte des rapports fonctionnels ou de dépendance entre l’âme et le corps, et, en général, entre les mondes corporel et spirituel, physique et psychique » → monde spirituel monde corporel externe monde corporel interne monde physiologique monde physique : psychophysique interne : psychophysique externe - pour être une science exacte, la psychophysique doit être capable de mesurer les phénomènes psychologiques et les phénomènes corporels et d’établir entre eux des relations mathématiques - Fechner s’est focalisé sur la mesure de phénomènes psychologiques particuliers : ceux qui correspondent aux impressions exercées par le monde physique sur les organes sensoriels : les sensations 1834, 1846 : la loi de Weber la problématique des travaux de Weber concerne l’émergence, chez l’individu, d’une représentation fonctionnelle de l’espace externe à partir de la structure du système nerveux - - en 1834, Weber publie un article sur la mesure de la sensibilité tactile dans les différentes zones corporelles. Pour cette étude, Weber a utilisé un instrument spécial : le compas de Weber → relation négative entre le degré de sensibilité tactile et la distance entre les deux pointes du compas à partir de laquelle 2 stimulations distinctes sont perçues (seuil de perception tactile) loi de Weber : → I1 = 1200g et I2 = 800g Pour I1‘ = 150g combien vaut I2‘ ? 1860 : loi de Fechner S : sensation et I : excitation (stimulation externe) D’une façon générale, l’individu perçoit plus facilement des différences (variations) que des états absolus → Expérience 1 (perception thermique) : Phase 1 : Phase 2 : main gauche main droite eau chaude eau froide main gauche et main droite eau tiède → Expérience 2 (perception des couleurs) : 1.2 La psychologie expérimentale - - Wilhelm Wundt (1832-1920) : fondateur de la psychologie expérimentale 1874 : premier traité complet de psychologie intitulé Traité de psychologie physiologique 1879 : premier laboratoire de psychologie établi à Leipzig (Allemagne) 1881 : première revue de psychologie intitulée Etudes philosophiques Wundt (1874) : « Ce que nous déterminons par les expériences et la mesure, ce ne sont pas simplement les effets extérieurs, ce sont les lois psychologiques elles-mêmes d’où résultent ces effets » La psychologie que pratiquent Wundt et ses disciples est une psychologie physiologique (i.e., étude des processus psychophysiologiques) vitesse de l’influx nerveux, vitesse de la pensée (Müller, Helmholtz) temps physiologique (Hirsch) qu’on appellera plus tard le temps de réaction (Exner est le premier à utiliser cette expression) → Pour Hirsch, le temps physiologique de réaction comprend trois phases : 1. la transmission de la sensation au cerveau (perception) 2. l’action du cerveau qui transforme la sensation en acte volontaire (acte mental) (traitement de l’information) 3. la transmission de la volonté dans les nerfs moteurs et l’exécution du mouvement par les muscles (réponse motrice) - - la durée de « l’acte mental » ou la décomposition du temps de réponse (Donders & De Jaager, 1865; Donders, 1868) → Pour cette problématique, Donders invente la méthode de soustraction qui repose sur quatre principes : toute tâche met en jeu un processus cognitif permettant la production d’une réponse tout processus cognitif est composé de phases chaque phase d’un processus possède une durée caractéristique il est possible d’isoler expérimentalement la durée d’une phase d’un processus par l’opération de soustraction 1. 2. 3. 4. exemple 1 : le sujet reçoit un choc électrique au niveau de l’un de ses pieds. Il doit émettre un signal (e.g., appuyer sur une touche) en utilisant sa main située du même côté que le pied ayant reçu la stimulation condition 1 : standard (TR1) condition 2 : le sujet sait à l’avance que le choc électrique arrive au niveau de son pied droit (TR2) Donders & De Jaager (1865) observent que TR1= TR2 + 66,67ms Dans le cadre de la méthode de soustraction, on interprète cette quantité temporelle supplémentaire comme la durée du (ou des) processus qui ont lieu dans la condition 1 (localisation de la stimulation + sélection de la réponse) et pas dans la condition 2 exemple 2 : l’expérimentateur énonce des voyelles, le sujet doit les répéter condition 1 : l’expérimentateur énonce toujours la même voyelle (TR1) condition 2 : standard (TR2) condition 3 : le sujet ne doit répéter qu’une seule voyelle donnée (TR3) → processus : condition 1 : TR1 prise de conscience du stimulus temps TR2 condition 2 : temps prise de identification sélection de conscience du stimulus la réponse (code phonologique) du stimulus condition 3 : TR3 temps prise de identification conscience du stimulus du stimulus TR3 – TR1 : durée de la phase d’identification du stimulus TR2 – TR3 : durée de la phase de sélection de la réponse question : comment déterminer la durée de la phase de prise de conscience du stimulus ? → Soient Tid la durée de la phase d’identification du stimulus et Tpc la durée de la phase de prise de conscience du stimulus, on a : Tid = TR3 – TR1 Tpc = TR3 – Tid 1.3 La psychologie behavioriste Le behaviorisme, ou comportementalisme (de l’anglais behavior = comportement), est le paradigme dominant en psychologie pendant la 1ère moitié du XX° siècle - - - fondateur : John B. Watson (1878-1958) grands noms du behaviorisme : Hull, Tolman, Thorndike, Skinner, … Le behaviorisme repose sur le postulat épistémologique selon lequel la psychologie, pour être une discipline scientifique, ne doit prendre en compte que des observables les observables correspondent aux stimuli externes et aux réponses comportementales ce postulat implique que la psychologie doit exclure les états mentaux de son champ d’investigation Le behaviorisme se caractérise par 2 principes fondamentaux : Les organismes animaux émettent une réponse à un stimulus 1. 2. soit parce que ce stimulus (stimulus conditionnel) a été antérieurement associé à un autre stimulus (stimulus inconditionnel) déclenchant par réflexe cette réponse (conditionnement classique ou pavlovien) soit parce que la réponse a été récompensée en présence de ce stimulus (conditionnement opérant) exemple 1 : conditionnement pavlovien (sujet : chien) stimulus conditionnel : son de cloche stimulus inconditionnel : nourriture réponse : salivation exemple 2 : conditionnement opérant (sujet : rat) stimulus : environnement de la boîte de Skinner réponse : appui sur le levier renforçateur : nourriture - - Exemple de lois behavioristes : dans le cadre du conditionnement pavlovien, l’efficacité du stimulus conditionnel décroît à mesure que l’intervalle de temps séparant le stimulus conditionnel et le stimulus inconditionnel augmente dans le cadre du conditionnement opérant, soit un comportement C : un renforçateur positif augmente la fréquence de C alors qu’un renforçateur négatif diminue la fréquence de C Schéma de la psychologie behavioriste : S ? R boîte noire Bien que centrée sur les relations entre des stimuli et des réponses comportementales, la psychologie behavioriste n’ignore pas complètement les processus de la boîte noire reliant ces observables → niveau cognitif (informationnel) R S boîte noire = cognition niveau neurophysiologique (matériel) - - les niveaux neurophysiologique et cognitif sont les deux principaux niveaux de description de la cognition les processus internes étudiés par la psychologie behavioriste sont des processus neurophysiologiques, non des processus cognitifs Critique du behaviorisme : quand on fait de la psychologie, on est inévitablement amené à prendre en compte des variables internes exemple : en ville, de la fumée apparaît au-dessus du toit d’un bâtiment. On observe le comportement des passants. A la vue de cette fumée, le premier passant, Pierre, appelle les pompiers. Le second passant, Cécile, poursuit sa route. Pourquoi ? - la fumée observée correspond-elle à de la fumée sortant d’une cheminée… - … ou à de la fumée due à un incendie ? 1. Sc : fumée 0.8 0.2 0.2 0.8 2. Sc : fumée 0.4 0.4 0.6 0.6 : Pierre : Cécile Si1 : incendie appel pompiers Si2 : cheminée pas de réponse Si1 : incendie appel pompiers Si2 : cheminée pas de réponse - - dans le deuxième cas, l’explication behavioriste n’est plus soutenable : on ne peut expliquer la différence de comportements en termes de différence de forces d’association il faut recourir à une explication cognitive et invoquer des processus internes : interprétation et prise de décision 2. Le paradigme cognitiviste et les sciences cognitives 2.1 Bref historique de l’émergence du paradigme cognitiviste 1700-1800 : premières tentatives d’une formalisation de la pensée - philosophie rationaliste : découvrir les lois élémentaires, les principes premiers qui régissent le fonctionnement mental humain. Dans l’optique de la philosophie rationaliste, toute pensée est un calcul, un raisonnement. L’activité de raisonnement consiste à enchaîner entre elles des idées simples selon les règles de la logique → Descartes (1596-1650), Leibniz (1646-1716) - la mécanisation de la pensée : au début du XX° siècle, George Boole (1815-1864) invente le calcul symbolique. Cet outil permet de transformer des opérations logiques de type « ou », « et », « si… alors » en opérations mathématiques élémentaires effectuées sur les chiffres 0 et 1 Boole : « Les lois qu’il nous faut construire sont celles de l’esprit humain » - 1860-1950 : invention de l’ordinateur et premières découvertes sur le cerveau l’invention de l’ordinateur a été rendue possible par deux avancées conceptuelles fondamentales : la machine de Turing et l’architecture von Neumann 1. machine de Turing : Alan M. Turing (1912-1954) : une machine de Turing est un mécanisme idéal permettant d’effectuer des calculs. Ce mécanisme est universel au sens où il permet de réaliser tout calcul – tout algorithme est programmable sur une machine de Turing (thèse de ChurchTuring) Physiquement, une machine de Turing est un dispositif constitué d’un ruban composée de cases jointives sur lesquelles sont inscrits des symboles (e.g., 0 et 1) et d’une tête de lectureécriture Fonctionnellement, une machine de Turing peut prendre un nombre donné d’états, lire et écrire des symboles sur le ruban et se déplacer vers la gauche ou la droite. Le comportement de la machine est déterminé par un programme qui prend la forme d’une suite finie d’instructions … 0 1 1 1 0 0 0 0 0 tête de lecture-écriture A A peut prendre différents états automate 0 0 … exemple : (E3 0 → E2 1 D) : « si je suis dans l’état E3 et si je lis un 0 sur le ruban, alors je le remplace par un 1, je me déplace d’une case vers la droite et je passe dans l’état E2 » exemple : calcul de la fonction f(n) = n + 2 pour n = 3 (f(3) = 5) Ecrire 0 Ecrire 1 Déplacement à droite Déplacement à droite 0 1 E1 1 Ecrire 1 Déplacement à droite E2 0 Ecrire 1 Déplacement à droite E3 0 Ecrire 1 Déplacement à droite (E1 0 → E1 0 D), (E1 1 → E2 1 D), (E2 1 → E2 1 D), (E2 0 → E3 1 D), (E3 0 → E4 1 D) E4 n=3 1. 0 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 E1 2. 0 E1 3. 0 1 E2 4. 0 1 1 E2 5. 0 1 1 1 E2 6. 0 1 1 1 1 E3 7. 0 1 f(3) = 5 1 1 1 1 E4 automate fini : ruban de taille finie exemple : on réalise un automate fini capable de rechercher la séquence « a b a a » dans une suite de lettres - a b . b a a a ab aba b b exemple : a b a b a a a abaa → le concept de machine de Turing est fondamental pour les sciences cognitives car il montre que des processus symboliques peuvent être implémentés dans un support matériel qui les réalise 2. l’architecture von Neumann : John von Neumann (1903-1957) a associé le calcul analytique et le principe de l’algorithmique pour jeter les bases des premiers ordinateurs (on dit qu’ils sont « d’architecture von Neumann ») - les premières découvertes sur le cerveau : au début du XIX° siècle, Franz Josef Gall avait proposé sa doctrine de la phrénologie qui affirme que toute faculté mentale est associée à une zone cérébrale précise et que la structure de la boîte crânienne reflète les circonvolutions du cortex (« bosse des maths ») Trois découvertes majeures marquent la neurophysiologie du XIX°s 1. Paul Broca (1824-1880) : localise les aires cérébrales sousjacentes à la faculté de langage dans le lobe temporal gauche 2. Carl Wernicke (1848-1905) : découvre qu’une forme d’aphasie est liée à une région voisine de l’aire de Broca 3. Ramon y Cajal (1852-1934) : décrit la structure du neurone et confirme la thèse de la contiguïté neuronale → les premières cartographies des aires cérébrales apparaissent au début du XX°s (Campbell, Brodmann) → les premières investigations neurophysiologiques voient apparaître un débat théorique et épistémologique entre les partisans du localisationnisme et les partisans du holisme (émergence) - 1945-1955 : la cybernétique les conférences Macy (1946-1953, New-York) constituent un moment fondateur dans l’histoire des sciences cognitives, elles réunissent des mathématiciens (von Neumann, Wiener), des biologistes (McCulloch), des anthropologues (Bateson), des sociologues (Lazarsfeld), et des psychologues (Lewin) Tous ces chercheurs se rassemblent autour de la notion de systèmes autorégulés par le mécanisme de rétroaction. Ces systèmes peuvent être de nature physique, biologique, sociologique, anthropologique, psychologique. L’idée est donc qu’un même formalisme peut décrire des systèmes de natures différentes En 1948, Wiener fonde la cybernétique qu’il définit comme la discipline qui a pour objet l’étude de ces systèmes - 1956 : naissance de la psychologie cognitive naissance de l’intelligence artificielle : en 1956, Herbert Simon (1916-2001) et Alan Newell créent le première programme d’intelligence artificielle appelé Logic Theorist, destiné à démontrer des théorèmes mathématiques. En 1957, Newell & Simon créent le General Problem Solver (GPS), un programme informatique destiné à résoudre tous les problèmes relevant d’une même classe Newell & Simon (1956) : « D’ici dix ans, en psychologie, la plupart des théories prendront la forme de programmes informatiques » - la théorie de la grammaire générative : Noam Chomsky (1928) est l’auteur d’une théorie linguistique postulant l’existence d’une faculté mentale humaine innée sous-tendant le langage, la grammaire universelle. L’approche rationaliste de Chomsky s’oppose à l’approche empiriste des behavioristes Les premières recherches en psychologie cognitive : Jerome Bruner (perception) et George Miller (mémoire) 2.2 Le paradigme cognitiviste Toutes les disciplines relevant du paradigme cognitiviste prennent pour objet d’étude la cognition définie comme un système de traitement de l’information Le cognitivisme orthodoxe se caractérise par 3 propositions principales : Le complexe esprit-cerveau est susceptible d’une double description : une description matérielle ou physique et une description informationnelle ou fonctionnelle. Ces deux niveaux sont indépendants et le rapport qui les lie est analogue à celui qui lie le hardware et le software d’un ordinateur 1. 2. 3. → au niveau informationnel, le système cognitif se caractérise par des états internes ou mentaux et par des processus qui relient les états entre eux. Les états mentaux sont représentationnels (i.e., ils sont dotés d’un contenu qui représente des entités externes) les états mentaux correspondent à des formules d’un langage interne (parfois appelé « mentalais ») proche des langages formels de la logique la première proposition définit la conception fonctionnaliste de la cognition : les sciences cognitives doivent étudier les fonctions de la cognition les deuxième et troisième propositions définissent la conception computo-représentationnelle de la cognition : la cognition est un système qui calcule sur des symboles 3. Les méthodes de la psychologie cognitive Deux méthodes principales sont essentiellement utilisées en psychologie cognitive : l’expérimentation et la modélisation 1. L’expérimentation L’expérimentation (i.e., méthode expérimentale) est la méthode scientifique par excellence Elle est massivement utilisée dans l’ensemble des sciences : physique, biologie, éthologie, économie… La méthode expérimentale est la seule méthode permettant de conclure rigoureusement à l’existence de liens causaux entre plusieurs variables - Les origines de l’expérimentation Claude Bernard (1813 – 1878) est un physiologiste français. Dans Introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865), il a défini les principes fondamentaux de la recherche scientifique expérimentale Expérience princeps de C. Bernard tirée de Leçons sur les substances toxiques et médicamenteuses (1857) C. Bernard cherche à déterminer le mode d’action du curare le curare est une substance toxique extraite de certaines lianes d’Amazonie qui, lorsqu’elle est injectée dans l’organisme (au travers du système sanguin), provoque une paralysie musculaire Il est utilisé par certains indiens d’Amérique du Sud comme poison dont ils enduisent le bout de leurs flèches pour tuer leurs proies pour déterminer le mode d’action du curare, C. Bernard doit d’abord identifier le site d’action de cette substance il a observé que le curare produisait une altération du système moteur, mais pas du système sensoriel « sujets » de l’expérience : muscle prélevé sur lapin, chien nerf jonction neuromusculaire expérience : condition 1 condition 2 condition 3 curare curare curare réponse musculaire réponse musculaire pas de réponse musculaire - - variables de l’expérience : C. Bernard fait varier la zone physiologique soumise au curare (variable indépendante) il relève dans chaque condition la réponse musculaire (variable dépendante) d’après ses résultats, C. Bernard conclut que la zone physiologique soumise au curare détermine la production de la réponse musculaire, et plus précisément, que le site d’action du curare dans l’organisme est au niveau des jonctions entre les nerfs et les neurones moteurs (synapses neuromusculaires) Les variables de l’expérimentation 1) variable indépendante / variable dépendante : - variable indépendante (VI) : variable que l’on fait varier de façon systématique et dont on étudie l’influence sur une ou plusieurs variables dépendantes. Dans la terminologie expérimentale, une variable indépendante est également appelée facteur - variable dépendante (VD) : variable correspondant à la réponse des sujets. C’est la variable dont suppose que les variations sont déterminées par les variations de la (ou des) VI de l’expérience 2) facteur-sujet : dans une expérience, facteur dont les différentes modalités correspondent aux différents sujets de l’expérience 3) facteur invoqué / facteur manipulé : - facteur invoqué : variable indépendante interne - facteur manipulé : variable indépendante externe 4) variable contrôlée / variable parasite : - variable contrôlée : variable dont les modalités sont maintenues constantes entre les différentes conditions expérimentales - variable parasite : variable non contrôlée 5) facteur inter-sujets / facteur intra-sujets - facteur inter-sujets : facteur dont les différentes modalités sont associées à des groupes de sujets différents - facteur intra-sujets : facteur dont l’ensemble des modalités est soumis à tous les sujets de l’expérience Expérience à 2 facteurs intra : la tâche de Stroop description : En 1935, Stroop a mis au point une tâche qui s’inscrit dans le cadre de l’étude de l’automaticité de certains processus cognitifs. Dans cette tâche, le sujet est face à un écran et voit apparaître des mots de façon séquentielle. Ces mots possèdent une particularité : ils désignent une couleur. On distingue 3 types d’items : des items congruents dans lesquels le mot est écrit dans la même couleur que celle qu’il désigne (VERT); des items incongruents dans lesquels le mot est écrit dans une couleur différente de celle qu’il désigne (BLEU); et des items contrôles. On distingue également 2 types de tâches à réaliser : pour certains items, le sujet doit lire le mot et pour d’autre items, le sujet doit dénommer la couleur dans laquelle le mot est écrit. On mesure le temps de réponse aux items (N = 20) Demo - variables : VI 1 : type d’items (I3) (facteur intra) VI 2 : type tâche (T2) (facteur intra) VD : temps de réponse (x) notation : S20 * I3 * T2 - 6 conditions expérimentales S20 * I3 * T2 1 groupe plan factoriel : I (type items) T (type tâche) tableau : Amorçage sémantique dans une tâche d’amorçage sémantique – supraliminale – chaque item comporte 2 événements qui se produisent séquentiellement : une amorce puis une cible cible cible amorce les stimuli utilisés en amorce sont des mots les stimuli utilisés en cible sont des mots et des non-mots prononçables (« CAFEL », « NOMA », …) la tâche du sujet est de dire le plus rapidement possible si la cible est un mot ou un non-mot (tâche de décision lexicale) dans certains items, l’amorce et la cible ne sont pas reliées Exemple : araignée cible table dans d’autres items, l’amorce et la cible sont sémantiquement reliées Exemple : infirmière cible docteur l’intervalle de temps séparant l’amorce et la cible est appelé SOA dans une tâche d’amorçage sémantique, la VD est le temps de réponse au items Demo on observe typiquement que le temps de réponse aux items dans lesquels l’amorce et la cible sont sémantiquement reliées est plus faible que le temps de réponse aux items dans lesquels celles-ci ne sont pas reliées, cette différence de temps de réponse est appelée effet d’amorçage sémantique Expérience : description : On étudie l’influence de la visibilité de l’amorce (amorce supraliminale vs. amorce subliminale) sur l’effet d’amorçage sémantique, pour différentes valeurs du SOA (150 ms et 1000 ms) - variables : VI 1 : relation amorce – cible (R2) (facteur intra) VI 2 : SOA (S2) (facteur intra) VI 3 : visibilité de l’amorce (V2) (facteur intra) VD : temps de réponse aux items notation : S * R2 * S2 * V2 plan factoriel : SOA Relation A–C visibilité amorce 4. La représentation de la connaissance La question de l’organisation de l’information, c’est-à-dire de la représentation de la connaissance dans le système cognitif est fondamentale et renvoie à la question de l’architecture de la cognition L’étude de la représentation de la connaissance est structurée par 2 dichotomies : structures type de représentation propositionnelles représentations basées sur le sens schémas représentations 1. représentations basées sur la perception → une représentation basée sur la perception code les propriétés perceptuelles d’un évènement 2. une représentation basée sur le sens code les propriétés sémantiques d’un évènement type de modèle modèle modèle basé sur la règle modèle basé sur l’exemplaire 1. Deux expériences célèbres : Bransford & Johnson (1972) : ils font lire un texte à un groupe de sujets ; ce texte décrit une suite d’actions difficilement interprétables (la procédure pour utiliser une machine à laver) condition 1 : le texte est accompagné d’un titre (e.g., « Comment utiliser une machine à laver ») condition 2 : le texte n’est pas accompagné d’un quelconque titre Bransford & Johnson (1972) observent que les sujets ayant lu le texte avec titre retiennent deux fois plus de détails que les sujets ayant lu le texte sans titre ⇒ la lecture du titre active des structures de connaissances qui ont une influence facilitatrice sur l’encodage et la représentation des informations contenues dans le texte (feedback) 2. Anderson (1974) : le sujet écoute un texte contenant des phrases telles que : « le shérif tua le bandit ». Durant la phase test, l’expérimentateur énonce des phrases au sujet et celui-ci doit dire si elles étaient dans le texte ou non. Chaque phrasetest présente une particularité : soit elle présente un changement stylistique par rapport à la phrase d’origine (e.g., « le bandit fût tué par le shérif »), soit elle présente un changement sémantique (e.g., « le bandit tua le shérif »). De plus, on utilise deux conditions de délai temporel entre la fin de l’écoute du texte et l’écoute de la phrase-test (sans délai et délai de 2 minutes). condition 1 : changement stylistique – sans délai condition 2 : changement stylistique – délai de 2 minutes condition 3 : changement sémantique – sans délai condition 4 : changement sémantique – délai de 2 minutes ⇒ % de réponses correctes 100 (99) (98) (96) (56) 50 pas de délai : changement stylistique : changement sémantique délai de 2 min délai 1. Les représentations basées sur le sens Il existe deux types de représentations basées sur le sens : les représentations propositionnelles et les schémas 1.1 Les représentations propositionnelles - → Selon les modèles des représentations propositionnelles, l’unité de base des connaissances est la proposition, entité sémantique dont on peut juger la valeur de vérité une proposition est une unité de sens correspondant à une structure sémantique profonde (vs. structure de surface) « Yves Chauvin a reçu le prix Nobel » « Le prix Nobel a été attribué à Yves Chauvin » {Yves Chauvin, recevoir, prix Nobel} Comme le montre l’expérience de Anderson (1974), ce sont les structures sémantiques profondes qui sont stockées en mémoire à long terme - Kintsch (1974) a développé un système de notation des propositions. Dans ce système, une proposition est une liste comprenant un terme relationnel (verbes, adjectifs) et un ou plusieurs arguments (noms communs, noms propres, lieux, temps, …) exemple : « André Malraux, écrivain français du XX° siècle, est devenu une légende. » L’information contenue dans cet énoncé peut être décomposée en deux propositions : 1. André Malraux était un écrivain français du XX°s {écrivain, André Malraux, France, XX°s} 2. André Malraux est devenu une légende {André Malraux, devenu, légende} On peut représenter un ensemble de propositions à l’aide de réseaux propositionnels (Anderson, 1995). Un réseau propositionnel est une structure constituée de nœuds et de liens, dans laquelle chaque nœud représente une proposition et chaque lien représente une relation exemple 1 : France relation XX°s temps André Malraux agent sujet P1 P2 objet écrivain objet légende relation devenu exemple 2 : « Les enfants qui sont sur la pelouse jouent avec un ballon mouillé » P1 : {enfants, être, pelouse} P2 : {enfants, jouer, ballon} P3 : {ballon, mouillé} pelouse lieu relation sont P1 sujet enfants agent mouillé jouent relation relation P2 objet ballon sujet P3 Quelle est réalité psychologique des réseaux propositionnels ? Weisberg (1969) a réalisé une expérience dans laquelle il faisait tout d’abord lire aux sujets une phrase telle que : « Les enfants qui sont sur la pelouse jouent avec un ballon mouillé » puis il leur présentait un mot (mot-test) tiré de la phrase (e.g., pelouse) et leur demandait de dire le premier mot de la phrase qui leur venait à l’esprit ⇒ Weisberg (1969) observe que lorsque le mot-test est le mot « pelouse » la plupart des sujets répondent « enfants » et non « jouent » et ce, bien que « pelouse » et « enfants » soient physiquement plus éloignés dans la phrase que « pelouse » et « jouent » 1. Les enfants qui sont sur la pelouse jouent avec un ballon mouillé 2. Ratcliff & McKoon (1978) ont réalisé une expérience du même type. Dans leur étude, les sujets devaient en premier lieu lire une série de phrases telles que : « Le chauffeur ouvrit la porte et le passager entra dans la voiture ». Ensuite, les sujets passaient une tâche de reconnaissance ; dans ce type de tâche, le sujet est assis devant un écran sur lequel défilent des mots un par un (certains sont tirés des phrases présentées antérieurement, d’autres non). Pour chaque mot, le sujet doit dire si celui-ci appartient à l’une de ces phrases. L’ordre de présentation des mots dans la tâche de reconnaissance est spécifique : parfois la distance entre le mot n et le mot n-1 est faible (e.g., chauffeur-porte), parfois cette distance est élevée (e.g., chauffeur-voiture) ⇒ Ratcliff & McKoon (1978) ont mesuré le temps de réponse des sujets dans la tâche de reconnaissance et ont observé une relation positive entre la distance entre le mot n et le mot n-1 et le temps de réponse au mot n Les réseaux propositionnels sont un outil utile pour extraire les unités de sens d’un énoncé, mais ce genre de représentation théorique est difficilement testable Les réseaux propositionnels sont un type particulier de réseaux sémantiques (Collins & Quillian, 1969, 1972). Un réseau sémantique est structure représentationnelle constituée de nœuds et de liens dans laquelle chaque nœud représente un concept (i.e., une catégorie d’informations) et chaque lien représente un lien sémantique. Collins & Loftus (1975) ont dynamisé le modèle du réseau sémantique en le complétant par le principe de propagation de l’activation : l’activation d’un nœud dans le réseau se propage aux nœuds auxquels celui-ci est lié → le modèle de propagation de l’activation rend compte des résultats obtenus en amorçage sémantique - structure temporelle d’une tâche avec amorçage : début de présentation de l’amorce fin de présentation de l’amorce début de présentation de la cible temps intervalle inter-stimuli SOA - tâche de décision lexicale avec amorçage sémantique : amorce cible TR item 1. voiture item 2. voiture item 3. voiture delup camion chaise ⇒ résultat caractéristique : TRi > TRc TRc TRi 1.2 Les schémas Un schéma est une structure mentale permettant d’organiser l’information caractérisant un environnement d’une manière psychologiquement significative, c’est-à-dire d’une manière congruente avec sa propre expérience - Bartlett (1932) : expérience de reproduction sérielle (=téléphone arabe). Les gens reconstruisent l’histoire originale en y enlevant ou en y ajoutant des éléments d’information qui n’étaient pas présents dans la version originale. Cette déformation est basée sur des schémas mentaux et permet de rendre l’ensemble d’informations congruent avec sa propre expérience un schéma peut être conceptualisé comme une structure (ou encore « frame ») constituée de plusieurs fentes (« slots ») (Minsky, 1975) - Chaque fente correspond à une catégorie générale d’information, c’est-à-dire qui caractérise – en partie – toutes les situations auxquelles s’applique le schéma exemple : le schéma de la fête fente 1 : le lieu fente 2 : l’occasion fente 3 : le type de fête fente 4 : la taille de la fête - les scripts représentent un type particulier de schémas (Schank & Abelson, 1977). Un script est une structure mentale spécifiant l’ensemble des informations procédurales séquentielles caractérisant typiquement une situation (= chaîne d’événements) exemple : le script du restaurant 5. L’inconscient cognitif 1. La distinction processus automatiques vs. processus contrôlés caractéristiques processus automatiques processus contrôlés ressources cognitives contrôle intentionnel attention effort série/parallèle conscience stockage en MLT performance flexibilité indépendants incomplet non nécessaire peu ou pas parallèle peu ou pas peu ou pas toujours élevée pas flexibles très dépendants complet nécessaire important série élevée important pas toujours élevée flexibles 2. La perception implicite - une distinction importante : mesure directe vs. mesure directe mesure directe = mesure de la perception consciente mesure indirecte = mesure de la perception non consciente ⇒ si mesure directe = 0 et mesure indirecte ≠ 0, cela signifie que bien qu’il n’y ait pas eu de perception consciente, il y a eu perception quand même : on dit alors qu’il y a eu perception non consciente (perception inconsciente, perception implicite, perception subliminale) espace conscient traitement : perception inconsciente espace non conscient 2.1 Les méthodes d’étude de la perception inconsciente Il existe deux critères permettant de classifier les études sur la perception inconsciente : la logique expérimentale et le contrôle de la conscience logique expérimentale dissociation contrôle de la conscience manipulation des stimuli distribution de l’attention différences qualitatives - la logique expérimentale consiste : dissociation : à montrer une différence (une dissociation) entre une mesure directe et une mesure indirecte de la perception différences qualitatives : à montrer des différences qualitatives entre les conséquences d’une perception consciente et les conséquences d’une perception inconsciente - le contrôle de la conscience se fait : manipulation des stimuli : en contrôlant les conditions de présentation des stimuli distribution de l’attention : en donnant au sujet des instructions sur la façon de répartir son attention 2.2 Quelques expériences expérience de Sidis (1898) : il montre au sujet des cartes, chaque carte contenant une lettre ou un chiffre. La distance entre le sujet et la carte est telle que ce dernier affirme ne voir que quelque chose de confus, voire rien du tout (manipulation des conditions de présentation des stimuli). Sidis considère ces rapports verbaux comme une mesure directe de la perception (ici, mesure directe = 0) Ensuite, Sidis fait passer aux sujets une épreuve à choix forcé (le sujet doit choisir le stimulus qu’il croit avoir vu parmi un ensemble de stimuli) : mesure indirecte de la perception ⇒ les résultats montrent que non seulement les sujets sont capables de trouver la bonne catégorie du stimulus (lettre ou chiffre) mais également d’indiquer son identité à un degré significativement différent du hasard (dissociation) Sidis montre ainsi une dissociation entre la mesure directe et la mesure indirecte de la perception. Si la mesure directe indique que les sujets n’ont pas perçu consciemment les stimuli, la mesure indirecte montre cependant qu’il y a eu une perception de ces stimuli, une perception de type inconsciente amorçage sémantique subliminal : on utilise une tâche de décision lexicale avec amorçage sémantique en présentant les amorces de façon subliminale (manipulation des conditions de présentation des stimuli). La mesure directe de la perception des amorce consiste à demander aux sujets s’ils ont vu les amorces, la mesure indirecte consiste dans la différence entre le temps de réponse moyen aux items incongruents et le temps de réponse moyen aux items congruent (effet d’amorçage) ⇒ on constate un effet d’amorçage bien que les sujets disent ne pas voir l’amorce (dissociation) aveuglement inattentionnel (Mack & Rock, 1998) : ils utilisent la procédure de distribution de l’attention pour assurer le contrôle de la conscience. Cette procédure consiste à utiliser un dispositif dans lequel les stimuli sont répartis à des endroits différents et à demander au sujet de focaliser son attention sur certains stimuli (dont il est alors conscient) alors qu’on suppose qu’il n’est pas conscient des stimuli situés en dehors de son focus attentionnel 500 ms flake 200 ms 1500 ms item 1 item 2 item 3 La tâche du sujet est de dire laquelle de la branche verticale ou de la branche horizontale de la croix apparaissant sur le deuxième panneau est la plus grande ⇒ 60% des sujets disent de pas avoir vu le mot sur le deuxième panneau pour l’item 3 (mesure directe) Dans une deuxième phase, Mack & Rock évaluent si ce mot a été perçu de façon non consciente en utilisant une épreuve de reconnaissance à choix forcé et une épreuve de complétion de fragments de mots. Pour la tâche de reconnaissance à choix forcé, le sujet doit choisir dans une rangée de 5 mots celui qui était écrit sur le deuxième panneau de l’item 3 (mesure indirecte) ⇒ 47% des sujets qui affirment ne pas avoir vu le mot le reconnaissent quand même (dissociation) Pour la tâche de complétion de fragments de mots, le sujet doit compléter les trois premières lettres du mot en question (exemple : fla…) (mesure indirecte) ⇒ 36% des sujets qui affirment ne pas avoir vu le mot remplissent le fragment de telle sorte que, complété, ce fragment corresponde au mot en question (alors que seulement 4% des sujets dans un groupe contrôle complètent le fragment de cette façon) (dissociation) expérience de Debner & Jacoby (1994) : pour chaque essai, ils présentent un mot au sujet, ce mot étant ensuit masqué. L’intervalle de temps I entre le début de présentation du mot et le début de présentation du masque varie (50 ms, 150 ms) (manipulation des conditions de présentation des stimuli). Ensuite, le sujet doit compléter un fragment de mot, ce fragment correspondant aux trois premières lettres du mot présenté, le sujet recevant la consigne de ne pas compléter le fragment de telle sorte à ce que complété, il devienne le mot présenté (différences qualitatives) L’idée est que la probabilité de ne pas suivre la consigne est plus grande lorsque l’intervalle I est petit : dans ce cas, le mot n’est pas perçu consciemment et on suppose qu’une perception inconsciente débouche sur des comportements automatiques (ou non contrôlés) alors qu’une perception consciente débouche sur des comportements contrôlés ⇒ quand l’intervalle I augmente, la proportion de sujets respectant la consigne augmente Neurone Trait Niveau +1 1 Cheveux 2 Yeux 3 Nez 4 Bouche –1