moment de leur prise en charge d’autres symptômes et
signes cliniques :
●quatre enfants sur 15 avaient une peau eczématiforme ;
●11 enfants présentaient des troubles du sommeil ;
●deux enfants souffraient de somnambulisme ;
●un enfant avait des difficultés dans l’acquisition du lan-
gage, un autre souffrait de bégaiement ;
●quatre enfants étaient constipés ;
●un enfant avait une toux chronique ;
●trois enfants souffraient de douleurs abdominales récur-
rentes.
Dans les antécédents de ces enfants, on relevait des
symptômes non spécifiques dans la première année de vie
tels des coliques, un reflux gastro-œsophagien, des bron-
chites à répétition, un eczéma ou des troubles du sommeil.
L’hypothèse d’une hypersensibilité non IgE-dépendante
aux protéines du lait de vache étant évoquée, la protéine
native du lait a été ôtée de leur alimentation en mainte-
nant un faible apport journalier en produits laitiers fermen-
tés, associé à un supplément calcique adapté à chaque âge.
Treize enfants sur 15 avaient répondu positivement au
régime instauré entraînant une amélioration nette de
l’hyperactivité dans les 48 heures qui ont suivi l’instaura-
tion du régime ; seuls 2 sur 15 n’avaient pas ressenti
d’amélioration et ont nécessité une suppression totale du
lait et de ses dérivés afin d’obtenir une réponse positive.
L’amélioration des symptômes associés était constatée
dans un délai assez court. La réintroduction du lait chez
ces enfants a entraîné une récidive de l’hyperactivité dans
les 48 heures tandis que la récidive des symptômes associés
était variable entre deux et dix jours après la réintroduc-
tion.
La recherche d’une hypersensibilité immédiate au lait
par la méthode des RAST ou par le Trophatop
®
était néga-
tive chez tous les enfants ; la recherche d’une hypersensi-
bilité retardée aux PLV par les patch-tests (Diallertest
®
)
était positive chez 5/15 enfants ; un test d’activation lym-
phocytaire en présence du lait était positif chez un sixième.
Trois enfants avaient bénéficié d’une recherche d’IgG/IgA/
complexes immuns circulants anti-PLV ; tous ont été trouvés
positifs malgré des patch-tests négatifs.
Discussion
L’originalité de ce travail réside dans le fait que nous évo-
quons pour la première fois en France le lien entre l’hyper-
activité chez l’enfant et l’hypersensibilité alimentaire. La
diversité des réponses de l’organisme face à un antigène,
qu’il soit alimentaire ou pas, nous mène à suggérer un lien
entre l’hypersensibilité non IgE-dépendante aux protéines
du lait de vache et cette hyperactivité.
Ces liens ont déjà été décrits dans la littérature dans le
cadre de l’hyperactivité avec des troubles de l’attention [8]
et lors des convulsions cryptogénétiques partielles chez des
enfants présentant une hyperactivité, des troubles du som-
meil et des difficultés à l’apprentissage de l’écriture [9].
La tolérance aux produits laitiers fermentés par rapport
à la protéine native du lait chez la plupart de ces enfants
pourra s’expliquer par l’hydrolyse partielle de la protéine
du lait par les enzymes de la fermentation ; la positivité des
patch-tests en présence du lait et leur négativité en pré-
sence du yaourt chez le même patient autorisent cette
hypothèse [6]. Seule une faible proportion de ces enfants
nécessite une éviction totale des produits laitiers. Une sup-
plémentation calcique et vitaminique est alors indispen-
sable.
En ce qui concerne les liens entre l’hyperactivité et la
protéine du lait, on peut évoquer l’hypothèse d’une inflam-
mation chronique généralisée responsable à la fois de
l’hyperactivité et de la symptomatologie associée. Une vas-
cularite a minima engendrée par les complexes immuns cir-
culants contenant des IgG et/ou des IgA antiprotéines du
lait de vache et combinés à d’autres protéines inflammatoi-
res provoquées par l’hypersensibilité aux PLV peut être
avancée. La présence de ces complexes chez un patient
ne suffit pas à elle seule pour confirmer un diagnostic
d’hypersensibilité alimentaire mais peut être un élément
d’approche supplémentaire au diagnostic et à la
physiopathologie ; seul un test d’éviction/réintroduction
de l’aliment en cause pourra le confirmer.
Le lien entre l’hypersensibilité aux PLV et l’hyperactivité
paraît en étroite corrélation chez les enfants ayant eu des
troubles digestifs et extradigestifs non spécifiques déjà pré-
cités étant survenus pendant la première année de leur vie
et qui ont gardé une symptomatologie résiduelle les années
ultérieures.
Références
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sensibilités de type II et III. In: Allergie aux médicaments.
Paris: John Libbey; 2006. p. 137–45.
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Béné MC, et al. Anorexie révélatrice d’une intolérance aux
protéines du lait de vache. Arch Pediatr 2003;10:649–50.
[3] Aboudiab T, Chouraki JP, Léké L, Béné MC, Kolopp-Sarda MN,
Prin-Mathieu C. Hypersensibilité non IgE-dépendante aux pro-
téines du lait de vache et constipation fonctionnelle
chronique : y’a-t-il un lien ? Arch Pediatr 2004;11:1374–5.
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alimentaire non IgE-dépendante et syndrome de fatigue
chronique : y’a-t-il un lien ? (Lettre). Arch Pediatr 2004;11:
975–7.
[5] Aboudiab T. Otite séromuqueuse entretenue par un reflux
gastro-œsophagien ou par une intolérance aux protéines du
lait de vache. Arch Pediatr 2001;8:1021–2.
[6] Aboudiab T, Léké L, Pautard JC, Béné MC, Prin-Mathieu C,
Kolopp-Sarda MN. L’hypersensibilité non IgE-dépendante aux
protéines du lait de vache influence-t-elle la toux chronique
et l’asthme chez l’enfant ? Arch Pediatr 2003;10:911–2.
[7] Aboudiab T, Léké L, Al Hawari S, Zahreddine K, Kolopp-Sarda
MN, Prin-Mathieu C. L’hypersensibilité non IgE-dépendante
aux protéines du lait de vache peut-elle être responsable de
la vulvite idiopathique rebelle chez la fillette ? Arch Pediatr
2005;12:1526–7.
[8] Ferguson A. Definitions and diagnosis of food intolerance and
food allergy: consensus and controversy. J Pediatr 1992;121:
S7–S11.
[9] Pellicia A, Lucarelli S, Frediani T, D’Ambrini G, Germinara C,
Barbato M, et al. Partial cryptogenetic epilepsy and food
allergy/intolerance. A causal or a chance relationship? Reflec-
tions on three clinical cases. Minerva Pediatr 1999;51:153–7.
Hypersensibilité au lait de vache et hyperactivité 113