III- Les stratégies d`échappement au système immunitaire 1

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III- Les stratégies d’échappement au système
immunitaire
1- chez les pathogènes
• Les pathogènes ont développé des
stratégies pour échapper à la réponse
immune.
• Selon les pathogènes, les étapes mises
en échec sont très variables et peuvent
être multiples pour un même pathogène.
Quelques exemples
a- Bloquer la réponse innée:
– Perturber la phagocytose:
• Production d’une capsule protectrice rendant la phagocytose
impossible (Streptococcus pneumoniae).
• Survivre dans le phagocyte en échappant au phagolysosome
(Listeria).
– Inhiber l’effet des CK de la réponse innée:
• En temps normal: Les cellules infectées par un virus
secrètent des IFN-a et b qui ont une forte activité anti-virale
(via blocage de la réplication du virus).
• Evasion: Le virus de l’hépatite C bloque l’action des IFN en
inhibant la transduction du signal IFN- IFN-R sur les cellules
infectées..
– Inhiber l’effet du complément: Le virus de l’herpes
(HSV) et certaines bactéries gram- produisent une protéine
neutralisant C3b, fragment-clef dans l’activation du complément.
b- Bloquer la présentation de l’antigène.
Le pathogène devient immuno-invisible:
- Présentation sur CMH I: Les adénovirus
produisent une protéine inhibant TAP => Les
peptides dérivés d’antigènes viraux ne peuvent
plus être chargés sur les molécules de classe I
=> pas de réponse CTL.
- Présentation sur CMH II: Le HIV réduit le
niveau d’expression membranaire des
molécules de classe II => LTH non stimulés.
c- Induire une immunosuppression
généralisée:
- Infecter une cellule hôte qui est un acteur-clef
du système immunitaire (lymphocyte ou
macrophage): HIV, virus de la rougeole, CMV.
- Modifier la balance de CK: EBV produit une
protéine mime l’IL-10 => Blocage de la voie
TH2 => Inhibition de la réponse cellulaire
cytotoxique anti-virale
d- La variation antigénique: Une course
poursuite
– Joue sur 2 faiblesses de la R.I. adaptative:
• Sa spécificité => Si l’Ag est modifié, même de
manière très modeste, les BCR et TCR
spécifiques ne peuvent plus reconnaître le néoAg
• Sa lenteur de mise en œuvre => course
poursuite: Dans les 7 jours post-variation
antigénique nécessaires à l’établissement d’une
nouvelle R.I. spécifique, le pathogène prolifère à
son aise.
– Stratégie très répandue: Virus (HIV, Virus de la grippe),
bactéries (Neisseria gonorrhoeae ), protozoaires
(Trypanosome),…
– Rend difficile la mise au point d’un vaccin
d- La variation antigénique: Un premier
exemple: Le virus de la grippe
Ces deux protéines de
l’enveloppe sont les 2 cibles
majeures de la réponse Ac
anti-virale
Dérive
antigénique
Dérive antigénique: Mutations ponctuelles
spontanées dans les gènes HA et NA =>
Modifications discrètes de ces deux Ag
Commutation antigénique: Co-infection
d’une même cellule cible par 2 souches
virales puis réassortiment des 8 brins d’ARN
entre les deux génomes viraux =>
Production d’un virus hybride avec néo-NA
ou néo-HA
Commutation
antigénique
d- La variation antigénique: Un second
exemple: Le trypanosome
Réservoir de gènes VSG
Cassette
d’expression
• Enveloppe du trypanosome contient des glycoprotéines de surface variables dites VSG.
• Réservoir de nombreux gènes VSG (1000) silencieux.
• Une cassette d’expression contenant 1 gène VSG => 1 individu n’exprime qu’un seul type
de VSG
• Commutation antigénique par conversion génique: Un gène VSG du réservoir est copié
et vient remplacer l’ancien gène VSG dans la cassette d’expression.
• Vagues successives de commutations antigéniques et de réponses humorales spécifiques
anti-VSG
III- 2- Cancer et immunosurveillance
Les cellules tumorales portent
des antigènes tumoraux
qui leur sont plus ou moins propres
Ré-expression
de gènes
embryonnaires ou fétaux
Mutations =>
Ag spécifiques de
tumeur (TSTA) =
jamais exprimés par
cellules normales
Sur-expression
de gènes normaux
Ag associés aux
tumeurs (TATA)
Quelques exemples d’antigènes tumoraux
• Ag spécifiques de tumeur: Certains protooncogènes mutés en oncogènes (Abl).
• Ag associés aux tumeurs:
– Surexpression de gènes normaux: Neu
(récepteur de facteur de croissance) dans le
cancer du sein
– Réactivation de gènes féto-embryonnaires:
• AFP (alpha-fétoprotéine) dans le cancer du foie
• CEA (carcinoembryonic antigen) dans le cancer
colorectal.
Le paradoxe tumoral immunologique
• Les Ag tumoraux sont immunogéniques: Des
peptides qui en dérivent sont présentés par les CMH de
classe I des cellules cancéreuses et induisent une
réponse CTL spécifique:
– La plupart des tumeurs sont infiltrées par des TIL activés
(récepteur de l’IL2, prolifération)
– A partir de TIL, il est possible de générer des clones CTL
spécifiques des cellules tumorales et capables de les détruire in
vitro ou d'induire, conjointement avec l'administration d'IL-2, des
régressions tumorales in vivo.
• Pourtant, la réponse immune in vivo n’est pas
éradicatrice.
• Comment expliquer cette faillite de la surveillance du
système immunitaire à l’égard des tumeurs?
Les stratégies d’évasion immunitaire
des cellules tumorales
• Certains Ac anti-tumoraux exacerbent la croissance
tumorale en masquant les complexes (CMH I – peptide
tumoral) à la reconnaissance par les CTL.
• Modulation antigénique: La fixation des Ac antitumoraux à leur Ag induit l’endocytose du complexe
immun => Le niveau d’expression de l’Ag tumoral est
réduit.
• Faible expression du CMH I => Réponse CTL difficile.
Le S.I. sélectionne lui-même les cellules cancéreuses à
faible expression du CMH I en éliminant les autres !
• Les cellules tumorales ne sont pas des APC => ne
fournissent pas de second signal (B7 non exprimé) =>
CTL non stimulés
IV- Les dysfonctionnements du S.I.
1- Quand le système s’emballe
a- Les maladies auto-immunes
Tolérance versus auto-immunité
• Les MAI correspondent à une faillite dans
l’établissement de la tolérance au soi.
• Quels sont les mécanismes d’établissement de
la tolérance au soi?
• 2 grands cas:
– Les auto-antigènes ubiquitaires -> Tolérance
centrale
– Les auto-antigènes spécifiques d’organes ->
tolérance périphérique
Etablissement de la tolérance
centrale
• Ag ubiquitaires => exprimés dans les OL
primaires (thymus et MO)
• Sélection négative par délétion des clones
autoréactifs.
• Cette délétion s’exerce sur les L immatures.
Etablissement de la tolérance
périphérique
• Ag spécifiques d’organes (ex: MBP sur les
neurones, récepteur à la TSH sur les
cellules thyroïdiennes) => non exprimés
dans les OL primaires
=> Le répertoire des L matures sortant des OL
primaires n’est pas expurgé des clones
autoréactifs spécifiques d’Ag périphériques !
Comment assurer la tolérance
aux molécules du soi périphérique?
MBP: molécule exprimée
uniquement
dans le cerveau
PHÉNOTYPE
Normal !!
(Pas d’attaque
auto-immune du cerveau)
Lignée transgénique pour un
TCR anti-MBP
THYMUS
- Précurseurs DP: Normaux
- L SP: Normaux
???
LT de la souris
transgénique
anti-MBP
AUTRES ORGANES
LYMPHOÏDES
Lymphocytes
T anti-MBP présents
Test in vitro
cellules stimulatrices
MBP+ irradiées
3 jours
Aucune prolifération des LT
Aucune production d’interleukines
Tolérance au soi périphérique assurée par une
anérgie des lymphocytes T autoréactifs
Mécanismes cellulaires de l’anergie
• Rappel: Pour activer un LTH, nécessité de
deux signaux.
• Pour un Ag spécifique d’organe, le
complexe (CMH – peptide du soi) est
présenté par une cellule non CPA (B7
absent) => Le LTH reçoit S1 mais pas S2.
• Une stimulation incomplète (S1 seul) induit
un état d’anergie du LTH
• Même principe pour les LB
A chaque tolérance son auto-immunité
• Tolérance centrale défaillante => les L
autoréactifs non éliminés sont capables
d’attaquer tous les organes puisqu’ils sont
spécifiques d’un auto-antigène ubiquitaire =>
MAI systémique
• Tolérance périphérique défaillante => les L
autoréactifs non anergisés sont capables
d’attaquer uniquement l’organe exprimant l’autoantigène spécifique de cet organe => MAI
spécifique d’organe
Le lupus, un exemple
de MAI systémique
• Auto-anticorps contre nombreux composants
nucléaires (Ac anti ADN, histones, ARN
nucléolaires) et contre globules rouges et
plaquettes.
• Manifestations cutanées, articulaires,
neurologiques, digestives, rénales, vasculaires,
respiratoires et hématologiques.
• Origine fréquente des troubles: activation du
complément par complexes auto-immuns.
Les maladies de Graves-Basedow et d’Hashimoto,
deux exemples de MAI spécifiques du même organe
• Organe touché: La thyroïde
• Basedow:
– Production d’auto-Ac stimulants
(!) anti-TSH-R
 Surproduction d’hormones
thyroïdiennes
 Hyperthyroïdie
• Hashimoto (analogie avec DID):
– Infiltration thyroïdienne par LT et
LB.
– Destruction auto-immune
progressive des follicules.
– Auto-antigènes: Thyroglobuline
et Thyroid Peroxydase (enzyme
clef de la biosynthèse des
hormones thyroïdiennes)
– => Hypothyroïdie
Hypophyse
IV- Les dysfonctionnements du S.I.
1- Quand le système s’emballe
b- Les allergies
• Hypersensibilité : Réaction indésirable du S.I.
(réaction inflammatoire exagérée, lésions
tissulaires) au cours d’un second contact avec
l’Ag.
• Allergie = Hypersensibilité de type I
• Ag en cause = allergène:
– origine très diverse (pollens, spores, produits
d’insectes, certains médicaments, aliments)
– aucune parenté structurale
• 2 phases correspondant aux 2 contacts
successifs avec l’allergène: Sensibilisation puis
réaction allergique.
Les mécanismes de l’allergie
- Le deuxième contact avec l’Ag
provoque un cross linking des IgE
à la surface des mastocytes.
- La transduction du signal aboutit à
–
Le premier
contact avec l’Ag
induit une
réponse
humorale
classique
spécifique contre
l’allergène. Seule
particularité: Les
plasmocytes
produisent des
IgE
Les IgE se fixent à
la membrane des
mastocytes via le
récepteur FCe
–
La dégranulation des mastocytes
=> libération d’amines vasoactives
(histamine).
La production de prostaglandines
et leucotriènes (dérivés lipidiques)
Prostaglandines
leucotriènes
Amines
vasoactives
Sensibilisation
Réaction
allergique
Histamine + PG + LT => choc anaphylactique:
• Action sur les muscles lisses: Vasodilatation
(chute de P), bronchoconstriction (difficulté
respiratoire)
• Augmentation de perméabilité vasculaire
IV- Les dysfonctionnements du S.I.
2- Quand le système manque à l’appel: Les
immunodéficiences
a- Les immunodéficiences congénitales = primaires
• Mutations affectant
– la différenciation des cellules immunitaires
(immunopoïèse)
– Le fonctionnement des cellules immunitaires
(réponses immunes)
– Le développement des organes lymphoïdes
• Plus le gène défectueux intervient en amont, plus le
déficit est généralisé.
Les immunodéficiences congénitales: Aperçu d’ensemble
Déficits dans la lignée
myéloïde
 phagocytes déficients
Déficits dans la lignée B
 Réponses spécifiques
humorales déficientes
Déficits dans les lignées B
et/ou T
 Réponses spécifiques
déficientes
Déficits dans la lignée myéloïde => phagocytes déficients
Production insuffisante
de GM-CSF => Pas de
neutrophiles
Voie oxydative de la
phagocytose défectueuse
=> Impossibilité de tuer les
bactéries phagocytées
Séquestration des
leucocytes dans le sang
Déficits dans les lignées B et/ou T: => Réponses spécifiques déficientes
• Déficience immunitaire combinée sévère (SCID)
• Autres
Gènes RAG-1 ou 2
défectueux => ??
Gène du récepteur de
l’IL2 défectueux => ??
Pas de développement du
thymus => ??
Déficiences SCID-like:
• Pas d’expression du CMH II
=> ??
• Mutation du gène TAP
=> ??
(Cytosquelette défectueux)
Déficits dans la lignée B
 Réponses spécifiques humorales déficientes
Protéine Btk (transduction)
défectueuse
=> Pas de LB mature
Pas de différenciation plasmocytaire
Origine inconnue
Protéine CD40-L défectueuse sur
LTH (Signal 2 pour LB)
=> Pas de réponse B
IV-2- b- Les immunodéficiences acquises (= secondaires)
• Origine chimique: Exposition à des
médicaments:
– corticostéroïdes (lutte contre MAI)
– cyclosporine A (lutte contre rejet de greffe)
• Origine biologique: Exemple du HIV
Conclusion: Approche évolutive
des systèmes de défense dans le monde vivant
• Tous les êtres vivants connus possèdent des
mécanismes de défense contre les agents
infectieux: Universalité
• Les grandes innovations:
– Organismes pluricellulaires: Immunité innée
– Les animaux: Phagocytose
– Les Vertébrés:
• Immunité acquise (LT, LB, BCR, TCR et CMH)
• Mécanismes de diversification des répertoires
lymphocytaires: Réarrangements ou conversion génique.
ARTHROPODES
VERTEBRES
?
?
?
TUNICIERS
?
?
MOLLUSQUES
ANNELIDES
ECHINODERMES
?
?
NEMERTES
?
Deutero
Proto
stomiens stomiens
CNIDAIRES
PLATHELMINTHES
?
SPONGIAIRES
Molécules de défense
Phagocytose
Rejet d'allogreffes
PLANTES
Métazoaires
PROTOZOAIRES
Molécules du CMH
Anticorps
Lymphocytes T
Phylogenèse et immunologie
La superfamille des immunoglobulines:
Une famille multigénique spécifique des Vertébrés
Parenté structurale:
• Glycoprotéines membranaires ou solubles
• Possession d’un ou plusieurs domaines de
type Ig:
• Environ 110 aas
•Structure tridimensionelle: 2 feuillets b
(un à 3 brins et l’autre à 4 brins) reliés
par un pont S-S
Parenté fonctionnelle: Protéines de
reconnaissance ou d’adhésion intercellulaire
Histoire: Duplication d’un gène ancestral et
divergence
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