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Les sols et l'agriculture, Gérard Millette Ph.D.
Chapitre 40
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Les amyloplastes peuvent même prendre différentes
couleurs et colorer les tomates en rouge, les citrouilles en
jaune, etc. Ils transportent des ions avec des charges positives
à la recherche de charges négatives. C'est ainsi qu'ils vont ac-
crocher des ions de chlore ou de soufre, les transporter et les
offrir là où c'est requis.
Il existe plusieurs autres types de membranes actives
dans le métabolisme complet de toute une plante. Les exem-
ples des mitochondries et des plastes avec les enzymes suffi-
sent pour démontrer la complexité de toutes les réactions
chimiques impliquées dans tous les processus vitaux d'une
plante. Toutes ces réactions et actions des mitochondries et
des plastes n'agiraient pas assez rapidement pour répondre
aux exigences de la plante en croissance sans les intermé-
diaires indispensables, les enzymes.
Une enzyme est en réalité un catalyseur d'origine
organique. Un catalyseur est un élément qui provoque une
réaction chimique par sa seule présence, sans y participer
activement. C'est une substance qui agit comme un pont et
permet à deux composés ou éléments de se rencontrer et de
réagir ensemble, sans être elle-même affectée. C'est ainsi que
le catalyseur dans un tuyau d'échappement d'une automobile
permet aux gaz, produits par la combustion de l'essence dans
un moteur, de réagir avec les gaz présents dans l'atmosphère,
pour produire un gaz d'échappement à nocivité réduite. Les
enzymes sont en fait des protéines. Elles contiennent donc de
l'azote. Certaines enzymes ont une fonction très spécifique,
tandis que d'autres ont un champ d'activité varié.
La dénomination de chaque type d'enzyme décrit son
champ d'action. Les carboxylases sont spécifiques et stimu-
lent les réactions de composés carboxyliques avec le CO2. Ces
molécules sont en forme d'anneaux. Par contre, l'amylase va
agir avec tout ce qui ressemble à une molécule de glucose,
qui est linéaire. Les cellules des levures agissent de la même
façon, lors de la fermentation qui fait gonfler le pain. Elles dé-
composent le sucre ajouté à la pâte comme source d'énergie
et libèrent le CO2, que la mie retient dans ses alvéoles d'air,
présentes dans la mie du pain cuit. Le degré d'activité des en-
zymes varie continuellement dans une plante en croissance,
en réponse à toutes ses exigences. Les cellules de la plante les
maîtrisent en fonction de leurs besoins. Si, à un moment
donné, la substance produite par une enzyme est en quantité
suffisante, son activité cessera et ne reprendra que quand la
plante aura besoin à nouveau de la substance qu'elle produit.
On a développé l'entreposage de pommes sous atmo-
sphère contrôlée en tenant compte de ce phénomène. L'ab-
sence de lumière maintient les fruits dans des conditions où
ils respirent seulement, donc ils libèrent du CO2. On maintient
une température fraîche pour réduire l'ampleur de la respira-
tion. Puis, on fait suffoquer les pommes avec un ajout impor-
tant de gaz CO2tout en maintenant un niveau optimal
d'humidité, pour réduire l'évaporation
Certaines conditions à l'intérieur de la plante en crois-
sance peuvent en plus réglementer et affecter les actions des
enzymes. Le pH de la cellule, la température, la présence de
gaz nocifs ou bénéfiques, la quantité de magnésium (Mg), de
calcium (Ca), etc. exercent des contrôles importants dans le
type et l'importance des activités des enzymes. On peut aussi
employer des substances qui stimulent ou ralentissent les ac-
tions des enzymes, comme les stimulants pour développer
les racines au moment de la transplantation.
TRANSPORT ET DÉPLACEMENTS
Pour permettre aux produits de synthèse fabriqués dans
les feuilles, et aux éléments chimiques puisés dans le sol par
les racines ou absorbés par les feuilles, de circuler, les plantes
doivent avoir un système circulatoire. Les plantes ne sont pas
pourvues de pompe comme le cœur, ni de système de veines
et d'artères. Alors, comment la sève circule-t-elle? Deux
genres de transport fonctionnent dans les plantes, soit celui
de courte distance et celui de longue distance.
Sur de courtes distances, les mouvements intracellu-
laires (dans la cellule) et intercellulaires entre les cellules avoi-
sinantes, via leurs membranes qui se touchent, permettent
une diffusion par le phénomène de l'osmose. Au chapitre 31,
l'osmose a été décrite comme responsable de la pollution des
dépotoirs dont les parois sont tapissées par une couche d'ar-
gile. L'osmose a lieu entre les membranes des cellules. La cel-
lule qui a une concentration élevée de substances chimiques
tirera le liquide solvant de la cellule voisine à faible teneur en
substances chimiques, jusqu'à ce que la concentration soit di-
luée de façon à peu près égale de chaque côté des mem-
branes. Le meilleur exemple vient du cornichon conservé
dans le sel. Celui-ci tire la sève par osmose. Le cornichon rata-
tine. Pour le manger, il suffit de le rincer et de le tremper dans
l'eau pour que celle-ci pénètre dans le cornichon par osmose
et le gonfle à nouveau.
Quant aux mécanismes détaillés pour expliquer le trans-
port sur de longues distances par la plante, ils sont encore in-
connus, malheureusement. On sait que le système comprend
deux médias : le liber, appelé aussi phloème, et le xylème.
Le liber semble être composé de cellules dont la mem-
brane forme un genre de sac troué comme un tamis. Le trans-
fert de liquides d'un sac à l'autre se fait rapidement, tandis
que le protoplasme de chaque cellule, qui est maintenu à l'in-
térieur du sac, retient et absorbe ce dont il a besoin pour se
maintenir en vie et se multiplier. Le mouvement est plus pro-
noncé aux extrémités des racines et des feuilles que dans les
tiges. Lorsque de nouvelles cellules du liber s'ajoutent à celles
qui existent déjà, au bout des feuilles ou des racines, la plante
grandit. Les cellules en tamis s'ajoutent les unes au bout des
autres et permettent aux liquides de circuler dans ce genre
de corridor. La vitesse de déplacement varie selon les espèces.
Par exemple, elle est de 13 cm à l'heure dans les tissus de l'épi-
nette, contre 660 dans le maïs. Ceci explique en partie pour-
quoi le maïs croît plus vite que l'épinette.