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Réunion préparée avec Mireille Keller
Bernard Maréchal et Michel Rumeau.
1. Étymologie / Définitions
2. Notions / Concepts :
L’amitié chez quelques philosophes.
3. Questions / Discussion :
3 questions, 20 mn environ par question.
4. En guise de conclusion
Tentative de synthèse de la saison 2008-2009.
Étymologie et définitions
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Étymologie :
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Définitions :
Amitié vient du latin amicitia qui est la traduction latine de la philia grecque.
Le Robert :
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Sentiment réciproque d’affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur la parenté ni
sur l’attrait sexuel.
Marque d’affection, témoignage de bienveillance.
Dictionnaire de philosophie Godin :
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Affection réciproque liant deux personnes et relation résultant de cette affection.
Le champ d’extension du terme amitié est plus étroit que celui d’ami. On peut être
‘’Ami du genre humain’’ comme le philanthrope, sans pour cela éprouver, au sens
rigoureux, de l’amitié pour lui (d’ailleurs, en ce cas, la règle de la réciprocité
disparaît).
L’amitié chez quelques philosophes
1.
2.
3.
4.
5.
Pour Aristote, l’amitié est d’abord politique :
-
Pour qu’une communauté stable existe, il faut que cette communauté soit un bien pour ceux qui en font partie ; par
conséquent il faut qu’existe entre ses membres une bienveillance réciproque qui est une autre manière de définir
l’amitié.
-
Il existe cependant une forme supérieure de l’amitié, celle qui unit des hommes vertueux. Ce genre d’amitié, n’est
pas cultivée en vue d’un bien quelconque, mais seulement pour elle-même. Elle est le dépassement de tout
égoïsme, puisque l’autre devient un autre soi-même.
Pour Epicure, l’amitié est un havre de paix résolument antipolitique :
-
Le plaisir de vivre et de philosopher entre amis s’oppose clairement aux malheurs auxquels est vouée la vie
publique.
-
Aucune communauté d’intérêts n’est nécessaire. L’amitié n’est que la tentative de construire un havre de paix à
l’abri des troubles de la cité.
Pour Montaigne, l’amitié est une grâce sans finalité ni cause particulière :
-
L’amitié est communion des âmes « ...parce que c’était lui, parce que c’était moi »
-
Montaigne n’annonce-t-il pas ainsi les grands thèmes de l’individualisme moderne ?
-
Mais cette forme d’amitié n’est-elle pas plutôt de l’amour ?
Pour Kant l’amitié est une inclination naturelle exigeante :
-
Kant réalise un subtil équilibre entre l’attirance et le respect (‘’Doctrine de la vertu’’)
-
Il se refuse en effet à dissocier l’amitié de l’obligation morale.
Quant à Paul Ricœur, s’il suit Kant, il rejoint aussi Aristote à propos de la bienveillance :
Pour lui, la bienveillance partagée est la forme la plus accomplie de notre humanité.
Elle en constitue « le sens et le bonheur même » dont elle partage également la vulnérabilité.
Bienveillance partagée chez Aristote. Plaisir de vivre ensemble pour Epicure.
Indissociable de la morale chez Kant. Une grâce pour Montaigne.
L’amitié est-elle une forme d’amour ? Quels liens entretient-elle avec la joie et la morale ?
QUESTIONS
1. L’amitié et l’amour ont-ils des points communs ?
2. L’amitié a-t-elle besoin d’une morale ?
3. La joie est-elle indissociable de l’amitié ?
1. L’amitié et l’amour ont-ils des points communs ?
Animation Mireille Keller
Qu’est-ce que l’amour ?
N’y a-t-il pas différentes façons d’aimer ?
Qu’est-ce qui différencie l’amour de l’amitié ?
1. L’amitié et l’amour ont-ils des points communs ?
1. Qu’est-ce que l’amour ?
Les philosophes grecs utilisaient 3 noms distincts lorsqu’ils parlaient de l’amour :

Eros, c’est l’amour :
•
qui manque ou qui prend : « Je t’aime, tu me manques, je te veux. »
•
qui ne sait que jouir ou souffrir, que posséder ou perdre.
•
de concupiscence ou captatif des scolastiques.
•
selon Platon pour qui le désir est manque.

Philia, c’est l’amour :
•
qui se réjouit et partage dans la réciprocité : « Je t’aime, tu es la cause de ma joie,
et cela me réjouit que tu le sois. »
•
qui ne veut que du bien à celui qui nous en fait.
•
de complaisance des scolastiques.
•
selon Aristote ou Spinoza pour qui le désir est l’expression de notre puissance plutôt que
de notre impuissance ou notre manque.
•
Agapè c’est l’amour :
•
qui accueille et donne : « Qui que tu sois, je t’aime comme moi-même. Qui que tu sois,
ami ou ennemi, que tu m’aimes ou pas, je t’aime »
•
qui accepte et protège, qui donne et s’abandonne et qui n’a besoin de rien en échange,
même pas d’être aimé.
•
de bienveillance ou oblatif des scolastiques.
•
selon Jésus ou Bouddha, Simone Weil ou Jankélévitch pour qui l’amour est inconditionnel.
« Eros, Philia, Agapè ne sont pas 3 essences de l’amour qui s’excluraient l’une l’autre.
Ce sont plutôt 3 pôles dans un même champ qui est le champ d’aimer. » dit ACS
2. L’amitié, n’est-elle rien d’autre que la philia grecque ?
Qui ne reconnaîtrait l’amitié dans la définition de la philia dès lors qu’être amis, c’est se réjouir
et partager dans la réciprocité entre ceux qui se veulent du bien ?
L’amitié est un des 3 pôles de l’amour.
Entre l’amour qui prend et l’amour qui donne, c’est l’amour qui se réjouit et partage.
Contrairement à l’amour en général, ni la passion ni le désir/manque (notamment sexuel) ne sont
nécessaires en amitié. L’amitié est un amour réciproque ou n’est pas.
2. L’amitié a-t-elle besoin d’une morale ?
Qu’est-ce que la morale ?
A quoi sert-elle ?
L’amitié, tout comme l’amour en général, pourraient-ils s’en dispenser ?
2. L’amitié a-t-elle besoin d’une morale ?
1. Qu’est-ce qu’une morale ?

« Une morales est l’ensemble de nos devoirs (obligations ou interdits) que nous nous imposons à
nous-mêmes, indépendamment de toute récompense ou sanction attendue, et même de toute
espérance. « dit ACS

Dès lors qu’elle n’est ni dogmatique ni sectaire mais strictement personnelle, la morale
s’apparente à l’éthique : comment bien faire ce qui paraît bon.
Dans l’éthique d’amour :
•
c’est parce que nous ne sommes pas ‘’tout amour’’ que nous avons besoin d’une morale.
•
c’est parce que nous ne sommes pas tout à fait moraux que nous avons besoin de lois.
Tout comme l’amour éclaire et juge la morale; la morale éclaire et juge la loi.


Sauf à être sage absolument ou inhumain absolument qui pourrait se passer de morale ?
2. L’amitié a-t-elle besoin d’être entretenue pour durer ?
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
Si l’amitié est une joie éclairée par l’amour qui consiste à partager dans la réciprocité,
pourquoi n’aurait-elle pas besoin d’être entretenue ?
Qui pourrait penser que l’amour suffise pour que l’amitié perdure si nous ne sommes pas tout
amour ?
Qui pourrait douter que pour que l’amitié dure, il ne faille pas que les amis partagent les
mêmes valeurs morales ?
Dès lors que nous ne sommes pas ‘’tout amour’’, l’amitié ne doit elle pas
être entretenue par un partage des valeurs morales ?
Entretenir l’amitié, tout comme l’amour, afin qu’ils puissent s’inscrire dans la durée et que la
joie demeure, n’est-ce pas pour cette raison que l’une comme l’autre ont besoin d’une morale ?
3.
La joie est-elle indissociable de l’amitié ?
Animation Bernard Maréchal
Aimer n’est-ce pas se réjouir ?
Eros est-il toujours porteur de joie ?
L’amitié n’est-elle pas la façon la plus adéquate d’aimer pour être heureux ?
3. La joie est-elle indissociable de l’amitié ?
1. Aimer n’est-ce pas se réjouir ?
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
A l‘idée qu’on pourrait posséder ce qui nous manque (éros).
Ou bien de ce qui ne manque pas et qui nous fait du bien (philia).
Ou bien encore, purement et simplement, de ce qui est (agapè)
Aimer, quelle qu’en soit la forme, n’est-il pas nécessaire pour vivre joyeusement ?
2. L’amitié n’est-elle pas la façon d’aimer la plus adéquate pour être heureux ?
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Agapè :
•
‘’Aimer tout ce qui est’’, n’est-il pas qu’à la portée du Sage ou du Saint ? Et encore... !
•
L’amour qui donne et n’a besoin de rien (même pas d’être aimé), l’amour libéré de l’ego, le
‘’pur amour’’ comme disait Fénelon, n’est-il pas plus un idéal qu’une réalité accessible ?
Eros :
•
‘’Aimer ce qui manque’’, c’est de l’amour passion (amour de concupiscence ou captatif
comme disaient les scolastiques).
•
A l’opposé d’Agapè, Eros, par sa dimension possessive et fusionnelle, n’est-il pas la
forme la plus banale d’aimer qui nous expose aux chagrins voire aux souffrances d’amour
car on peut très bien aimer ou désirer ceux qui ne nous aiment pas ou plus ?
N’y aurait-il pas d’amour heureux tant qu’il est manque, ni serein tant qu’il est passion ?
Philia / l’amitié :
•
‘’Aimer ce qui ne manque pas et qui nous fait du bien’’, c’est l’amour nécessairement
réciproque et qui partage.
•
L’amitié est une joie réciproque que chacun tire de l’existence et de l’amour de l’autre ou
elle n’est pas.
La joie paraît indissociable d’Agapè et Philia (l’amitié), alors qu’elle ne l’est pas forcément d’Eros.
Mais si Agapè n’est qu’un idéal relativement inaccessible, l’amitié n’est-elle pas la façon d’aimer
la plus appropriée pour vivre heureux ?
« L’amitié est un amour heureux ou le devenir heureux de l’amour » dit ACS
Contrairement à l’amour en général, ni la passion, ni le désir/manque
ne sont nécessaires à l’amitié, pas plus qu’ils n’y suffisent.
Rien n’y suffit au fond que l’amour.
« L’amitié même réciproque consiste plutôt à aimer qu’à être aimé. »
dit Comte-Sponville.
C’est pourquoi on peut penser, comme le dit Aristote,
qu’« Aimer est la vertu des amis »
Prochaines réunions
Maison des Savoirs d’Agde de 18h30 à 20h :
• mardi 13 octobre : "Jalousie"
• mardi 10 novembre : "Souffrance" et choix des sujets du 1er trimestre 2010
• mardi 8 décembre : "Espérance"
Septi-philo à Narbonne : "Des origines à l'identité’’ du 16 au 19 juillet.
Dans le cadre du festival des Cultures de la Méditerranée organisé par la ville,
le samedi 18 juillet de 16h30 à 18h, j’animerai un café-philo à l’espace Léo du Club Léo
Lagrange :
« Peut-on construire son identité ? »
Programme complet sur http://www.cafe-philo.eu
Toutes les informations et documents sont disponibles sur :
http://www.cafe-philo.eu/
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