L’amitié chez quelques philosophes
1. Pour Aristote, l’amitié est d’abord politique :
-Pour qu’une communauté stable existe, il faut que cette communauté soit un bien pour ceux qui en font partie ; par
conséquent il faut qu’existe entre ses membres une bienveillance réciproque qui est une autre manière de définir
l’amitié.
-Il existe cependant une forme supérieure de l’amitié, celle qui unit des hommes vertueux. Ce genre d’amitié, n’est
pas cultivée en vue d’un bien quelconque, mais seulement pour elle-même. Elle est le dépassement de tout
égoïsme, puisque l’autre devient un autre soi-même.
2. Pour Epicure, l’amitié est un havre de paix résolument antipolitique :
-Le plaisir de vivre et de philosopher entre amis s’oppose clairement aux malheurs auxquels est vouée la vie
publique.
-Aucune communauté d’intérêts n’est nécessaire. L’amitié n’est que la tentative de construire un havre de paix à
l’abri des troubles de la cité.
3. Pour Montaigne, l’amitié est une grâce sans finalité ni cause particulière :
-L’amitié est communion des âmes « ...parce que c’était lui, parce que c’était moi »
-Montaigne n’annonce-t-il pas ainsi les grands thèmes de l’individualisme moderne ?
-Mais cette forme d’amitié n’est-elle pas plutôt de l’amour ?
4. Pour Kant l’amitié est une inclination naturelle exigeante :
-Kant réalise un subtil équilibre entre l’attirance et le respect (‘’Doctrine de la vertu’’)
-Il se refuse en effet à dissocier l’amitié de l’obligation morale.
5. Quant à Paul Ricœur, s’il suit Kant, il rejoint aussi Aristote à propos de la bienveillance :
Pour lui, la bienveillance partagée est la forme la plus accomplie de notre humanité.
Elle en constitue « le sens et le bonheur même » dont elle partage également la vulnérabilité.
Bienveillance partagée chez Aristote. Plaisir de vivre ensemble pour Epicure.
Indissociable de la morale chez Kant. Une grâce pour Montaigne.
L’amitié est-elle une forme d’amour ? Quels liens entretient-elle avec la joie et la morale ?