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Pourquoi le travail de crise aux
urgences psychiatriques?
L’expérience de Bruxelles
Vincent Dubois, MD, PhD
Service de psychiatrie adulte
Clinique universitaire St-Luc
1200 Bruxelles
Belgique
Introduction
Travail de la crise et de l’urgence
psychiatrique dans un service d’urgence
générale (50 000 urgences/an, 5000
urgences « psy »/an)
 Accueil, tri, et travail de la Crise (IAC/IVC)
( De Clercq, Andreoli)
 Intense collaboration avec les Services de
Santé Mentale (Secteur ambulatoire) et
« triangulation thérapeutique »

V. Dubois
Constats (1)




Admission hospitalière en urgence : > 30% sortis
dans la semaine. (Cassiers et al., Louvain Médical
1996)
Proposition de consultation : 97% ne s’y rendent
pas.(Cassiers et al., Louvain Médical 1996)
Pour les patients ayant au moins 1 passage
précédent aux urgences, un maintien court dans la
communauté (< 2 mois) était surtout conditionné
par l’absence de proposition de soins plus que par
des caractéristiques cliniques (Bruffaerts et al.,
Gen Hosp Psychiatry 2005)
Pour 1/3 des patients = 1er contact avec la
psychiatrie
V. Dubois
Constats (2)




De nombreuses demandes « non-conformes »
traduisant un souci pour un tiers ou une
souffrance familiale auxquelles on ne sait
répondre
Surtout dans la symptomatologie psychotique
débutante
Peu de réponses adéquates, peu d’accueil de la
souffrance familiale de la part des soignants
Apparition de groupes d’entraide : SIMILES : 1 ojectif :
« Obternir que la famille ne soit plus considérée par les intervenants psy comme
une gêne ou un obstacle mais comme un partenaire, c’est à dire quelqu’un qui
doit être informé, formé et consulté »
Réflexion entre les lieux d’intervention
V. Dubois
Exemple de la Psychose Débutante
Inquiétude familiale +++
 Inquiétude des proches +++
 Inquiétude du milieu scolaire +++
 Inquiétude des différents intervenants
rencontrés +++
 conscience morbide du jeune - -  Pourtant…

Peu de lieux d’accueil de cette Souffrance,
de ce Souci…
V. Dubois
Enquète de la Coordination Urgences de la Ligue
Bruxelloise Francophone pour la santé Mentale
P. Hoyois, V. Dubois, J.P. Matot, L. Cloutour,
N. Stradiotto, M. Zwick, E. Messens, 2003
Qu’en est-il aujourd’hui des « urgences »
qui arrivent aux Service de Santé Mentale
(SSM) ?
 Méthode : entretiens qualitatifs avec un
représentant mandaté par son équipe après
discussion autour d’un questionnaire
envoyé au préalable

V. Dubois
Résultats





10 à 15% des demandes adressées aux SSM
nécéssiteraient qu’un membre de l’équipe se
mobilise pour accueillir et/ou écouter
Importance du contact téléphonique
Barrières de l’accès au soins dans certains milieux
défavorisés
Grande tolérance pour les demandes des patients
en file active et les anciens patients
Moins bonne tolérance pour les nouvelles
demandes. Notions de « passe-droit », de
dérangement, d ’intercalement, de fausse priorité
V. Dubois
Résultats (2)
Impression que les urgences révèlent les
limites des modèles organisationnels des
SSM
 Importance de la proximité dans l’adresse
de la demande
 Mémoire des situations d’urgence va
influencer la perception des équipes
 Variation de la perception au cours du temps

V. Dubois
Moyens à mettre en oeuvre







Intervenants qualifiés sur le lieu de l’urgence, l’hôpital
général, accueil spécifique
Lecture de l’urgence à la lumière de la crise
Analyse de la demande
Négocier une alliance thérapeutique (patient et/ou
entourage)
Travail de la crise (court et moyen terme) :
- Lits portes
- consultations post-urgences in situ et/ou domicile
Passage vers le long terme : collaboration avec les services
ambulatoires
Piste pour étendre le champ d’action : anticipation ? (pour
les populations les plus fragilisées « Advanced agreement
plan » Flood et al., B J P 2006. V. Dubois
Limites cliniques
Symptômes dangereux pour la personne
et/ou pour son entourage
 Isolement social : psychiatrisation du social
 Chronicisation : temps de la crise

V. Dubois
En tenant compte des Temps de la
Crise…(1)

L’Emergence :
Apparition d’une situation problématique pour
laquelle différentes issues paraissent possibles.
Des choix doivent êttre envisagés, ce qui entraîne
questions, incertitudes, hésitations, ambivalence,
tensions… Une aide est souvent recherchée.
V. Dubois
En tenant compte des Temps de la
Crise…(2)

La Crise :
Situation problématique dans laquelle la (les)
personne(s) impliquées(s) sont dans l’impossibilité
d’arrêter un choix parmi ceux possibles. Il y a des
tensions majeures et des conflits; les moyens
habituels sont dépassés et l’intervention d’un tiers
spécialisé est souvent nécessaire pour permettre
qu’évolue la perception de la situation.
V. Dubois
En tenant compte des Temps de la
Crise…(3)

L’Urgence :
Situation problématique à laquelle une solution ne
peut être apportée que par un tiers extérieur. Les
personnes impliquées sont entièrement enchâssées
dans la situation. Compte tenu de la difficulté de
celle-ci, le nombre de choix possibles est réduit
ou nul. La marge d’action est rétrécie
V. Dubois
Limites organisationnelles
Climat sécuritaire
 Ressources humaines
 Financements (Initiatives pilotes, après > 20
ans!)

V. Dubois
Propositions et Projets







L’organisation de l’Accueil de la souffrance
familiale devrait être étendue (suivi de famille,
maintenance des liens, contacts informels…)
Aller vers cette souffrance ?
Sortir des « murs » de la demande du patient ?
Intérêt du réseau ?
Logique « pro-active » ?
Avant/Après
Ethique de l’accueil, de l’engagement, et du lien
V. Dubois
1. La problématique des soins contraints en psychiatrie
En Belgique: Loi du 26 juin 1990 relative à la protection de la personne des
malades mentaux (=Mise en observation)
3 Conditions de base:
• (1) la personne doit être atteinte de maladie mentale ;
• (2) la personne met gravement en péril sa santé et sa sécurité ou constitue une
menace grave pour la vie et l’intégrité d’autrui
• (3) la personne refuse les soins volontaires
1 condition supplémentaire:
La Mise en observation est une mesure d’exception, elle n’est envisageable
qu’à défaut de tout traitement approprié
 En l’absence de toute autre alternative envisageable
V. Dubois
•
•
•
•
La loi de 1990 fait partie d’un ensemble de
révisions législatives en Europe pour limiter le
recours aux soins contraints en psychiatrie (Italie,
Grande-Bretagne, France, Belgique)
Pourtant, les Mises en Observation concernaient
12% des admissions psychiatriques en Belgique en
1999
Le recours aux soins contraints est en
augmentation en Europe (Wall & al, 1999; de
Girolamo & Cozza, 2000; Salize & Dressing,
2004)
A Bruxelles, 903 dossiers en 2001, 1811 dossiers
en 2004 (Verhaegen, 2005)
V. Dubois
•
•
•
Pourtant, l’efficacité clinique des soins contraints
en psychiatrie n’est pas démontrée (Kisely,
Campbell & Preston, 2005)
En outre, le recours aux soins contraints entretient
des discriminations socio-économiques et socioculturelles (Lorant & al, 2007)
Enfin, le critère déterminant de recours aux soins
contraints est l’absence d’alternatives au niveau
de l’offre de soins, notamment en ce qui concerne
la gestion de l’urgence (Lorant & al, 2007)
V. Dubois
Alternatives : Directives Anticipées en Psychiatrie
« Psychiatric Advance Directives » (PAD)
•
Intervention centrée sur un document qui spécifie les choix du
patient vis-à-vis de la procédure à suivre en cas de nouvel épisode
aigu
Préférences pour un futur traitement: choix d’une
institution / un soignant / une médication (opt in) ou
refus d’une institution / un soignant / une médication
(opt out)
et / ou
Désignation d’une personne de confiance (proxy):
pour prendre des décisions au nom du patient lorsque
celui-ci en est incapable
V. Dubois
Plusieurs variantes
•
A l’origine, le Psychiatric Will (Szasz, 1982),  modèle des
"Living Wills" (traitement en fin de vie), = moyen de refuser
l’acharnement psychiatrique (anti-psychiatrie)  Document
établi par le patient seul (=directives)
•
Possibilité d’une concertation avec le psychiatre, et/ou d’autres
professionnels de la santé mentale, un case manager, un tiers
médiateur (famille/entourage du patient, professionnel
indépendant, interprète, membre d’une association de
patients…)  Facilitated PAD, Joint Crisis Plan, Advance
agreement…
•
•
Consentement anticipé pour un traitement que le patient refuse
au moment de la crise  Contrats d’Ulysse
Peuvent être légalement reconnus et contraignants (Cf. USA,
Grande-Bretagne, Allemagne…) ou non (Suisse, Pays-Bas…)
V. Dubois
Conclusions







Efficace pour la majorité des situations se
présentant aux urgences
Evite les hospitalisations inutiles
Mise en traitement et en réseau
Travail gratifiant pour les intervenants si des
moyens sont mis en place
Choix d’intervention précoce, lieu
d’expérimentation d’alternatives?
Agir aux temps de l’Emergence et de la Crise
Car au temps de l’Urgence…
V. Dubois
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