L`ÉS

publicité
L’économie sociale, une approche réformiste
capable de transformer le capitalisme ?
Benoît Lévesque,
professeur émérite (UQÀM) et professeur associé (ÉNAP)
[email protected]
École internationale d’été 2010
Plan de la conférence
Introduction
1. Des utopies aux pratiques d’économie sociale (ÉS):
quelles stratégies de transformation?
2. L’économie sociale et la coopération au Québec:
- Cinq grandes configurations (1840-2010)
- L’ampleur actuelle de l’ÉS
3. Comment analyser l’ÉS? Quelles approches?
4. L’ÉS et la crise actuelle: éléments de prospective
Conclusion: le potentiel d’innovation et de transformation de l’ÉS
CERIUM, 2 juillet 2010
2
Introduction
• Une grande question: dépassement du capitalisme?
• Définition de départ de l’ÉS (tiers secteur)
– Coopératives, associations ayant des activités économiques, mutuelles et
fondations
• Ampleur de l’ÉS (sous-estimée selon Stiglitz)
– Autour de 10% des emplois dans les pays développés
– Rôle stratégique dans certains secteurs, lieux et moments historiques
– Un secteur en croissance
• Dynamique de l’ÉS
– Apparaît avec le capitalisme (innovations à l’occasion de grandes crises)
– Initiatives de la société civile et de mouvements sociaux
– Une approche réformiste, non violente, faisant appel à la conviction (non
violence) et à l’expérimentation
• Le Québec: un laboratoire pour l’économie sociale
CERIUM, 2 juillet 2010
3
1. Des utopies aux pratiques d’ÉS:
quelles stratégies de transformation?
CERIUM, 2 juillet 2010
4
Utopie écrite et utopie pratiquée
• Utopie (écrite), Thomas More (1512)
– Diagnostic: critique du capitalisme marchand (les moutons mangent les H.)
– Utopie rêvée: dans une île inatteignable, une communauté idéale (Raphael)
• Révolution française (fin XVIIIe siècle)
– À côté du libéralisme (droit de propriété) et du socialisme (Babeuf: droit à
l’existence), le garantisme social
– Garantisme social: droit à existence + droit à propriété; grenier d’abondance,
propriété diffusée
• Utopie écrite et pratiquée (première moitié du XIXe siècle)
– Charles Fourier (1772-1837): le plus utopiste
• Une théorie sociale: association et attraction
• Une pratique: les phalanstères, des communautés de vie et de travail
– Robert Owen (1771-1858): le moins utopiste
• Un mauvais environnement engendre vices et pauvreté
• Un entrepreneur social, de plus en plus socialiste: 1817, très grande influence
• Inspire la création de coopératives et de syndicats
CERIUM, 2 juillet 2010
5
Les utopistes: quelles transformations?
• Les utopistes critiquent la société existante
– La séparation de l’économie et du politique
– La division du travail entre
• hommes et femmes
• travail intellectuel/manuel
– La séparation campagne/ville
– L’individualisme et le chacun pour soi
• Les utopistes proposent une autre société
–
–
–
–
–
Une nouvelle science de la société (font appel à la raison)
Une société conforme à l’homme (bonheur pour plus grand nombre)
Des communautés exemplaires (ni marché, ni État)
Un homme nouveau
La réalisation en petit de la société souhaitée pour convaincre
CERIUM, 2 juillet 2010
6
Charles Gide (1847-1932): économiste et acteur
• Un économiste analyste de l’ÉS (comme discipline)
– une discipline alternative ou complémentaire à la science
économique (Walras, Menger, Jevons)?
• Un économiste promoteur de l’ÉS (comme pratique)
– Exposition universelle de Paris (rapport, 1889)
– Mouvement coopératif (1886): École de Nîmes, FNCC (1902), 1912
• Quatre écoles d’ÉS – fin XIXe début XXe siècle
–
–
–
–
École socialiste (Jaurès, Marcel Mauss): la coopératives de travail
École libérale: self-help et avantage économique individuel
École conservatrice: le patronnage (Le Play et christianisme social)
École solidariste: la coopération, la république coopérative (Gide)
CERIUM, 2 juillet 2010
7
ÉS: stratégies de transformation éc.
• Trois stratégies d’intervention économique
• Expérimentations communautaires: réaliser en petit la société
souhaitée
• La république coopérative: coopérativiser l’ensemble de
l’économie à partir de la coopérative de consommation
• La coopérative et l’économie sociale comme secteur économique
• Deux grandes stratégie de positionnement politique
• L’ÉS et la coopération comme moyen (outil) pour un projet
politique: socialiste, communiste, corporatisme, religieux
– ÉS comme un secteur de l’économie qui ne peut se généraliser,
mais qui peut inspirer les autres secteur: démocratie
économique
CERIUM, 2 juillet 2010
8
2. L’ÉS et la coopération au Québec:
cinq grandes configurations (18402010)
CERIUM, 2 juillet 2010
9
Grandes crises économiques: cycles d’ÉS
1848-1850
Grande crise
Économie sociale
Crise de la
régulation
Mutuelles d’assurances
Coop de travailleurs et de
consommateurs
Fin du XIXe s. C. Régulation +
l’accumulation
Coopératives agricoles
Épargne et crédit
1920-1930
Crise de la
régulation
Age d’or de la coopération
1980-1981
Crise de la
régulation
Nouvelle vague d’ÉS selon cinq
filières (DL, services de proximité,
emploi et insertion, loisir et culture,
entreprises sociales)
2007-2009
C. Régulation +
d’accumulation
Nouvelle vague d’innovations
sociales
CERIUM, 2 juillet 2010
10
1ère configuration: une économie solidaire
au Québec (1850-1880)
• Sociétés de secours mutuels (Petitclerc, 2007)
–
–
–
–
–
Contexte: première industrialisation, le salariat en milieu urbain (Montréal)
À partir de 1840, 253 sont fondées surtout en milieu urbain
Début XXe : 150 000 sociétaires, 35% des hommes en milieu urbain
Groupe porteur: artisans dans conjoncture d’industrialisation
Caractéristique de l’économie solidaire
•
•
•
•
•
Autonomie par rapport au clergé et à l’élite traditionnelle
Démocratie représentative et participative
Famille fictive: économie et social, forte cohésion sociale
Ancrage dans collectivités locales
Entraide plutôt qu’assistance, prévoyance et philanthropie
– Relations et réseautage
• Réseau horizontaux (ex. Unions St-Joseph) et ouvriers (G. association)
• Concurrence: mutualité scientifique et américaine (anglo-saxonne)
• Bibliothèque
CERIUM, 2 juillet 2010
11
2e configuration: une économie sociale
patronnée et conservatrice (1880-1920)
• Transformation de l’agriculture (1850-1900), crise fin du XIXe siècle
• Organisations
– Sociétés d’agriculture et Cercles agricoles, Coopératives agricoles
– Coopératives d’épargne et de crédit: Alphonse Desjardins
• Soutien et encadrement: tension au plan des orientations
– Pour une agriculture orientée vers le marché (État et bourgeoisie)
– Pour le maintien d’un mode de vie traditionnelle (Église et petits agric)
• Idéologie : École de Le Play (1855-1912)
– Société d’ÉS de Montréal (1888-1908) et Soc. d’ÉS de Québec (1905-15)
– Deux grandes leaders coop.: A. Desjardins et J.A. Chycoine
• Réseau de l’Église catholique (conservatrice)
– Condamnations: Chevaliers du travail (1885-87), socialistes (A.St-Martin)
– ACJCF (1904); École sociale populaire (1911)
– Boerenborg, ligue des paysans de Belgique (abbé Allaire)
CERIUM, 2 juillet 2010
12
3e configuration: coopération corporatiste
(1930-1950)
• Crise des années 30, un choc pour le Canada français
• Programme de Restauration sociale (doctrine sociale de
l’Église)
• Un âge d’or de la coopération
– Essor de la coopération (1937-1945): tout faire par la coopération
– Enseignement coopératif: écoles d’agriculture et universités
– Création du Conseil supérieur de la coopération en 1940
• Tensions: deux visions : coopératisme vs corporatisme
– Conseil supérieur de la coopération (1940): libéralisme,
– Caisses populaires, UCC (vs coop agricole: corporatisme)
• Relations canadiennes et internationales
– Fermeture (1920-1950) et ouverture (1950-1960) des caisses volontaires
– Mouvement d’Antigonish: Mgr Coady (1930)
– Réseau du CSQ (CCQ)
CERIUM, 2 juillet 2010
13
4e configuration: coopération inscrite dans le
nationalisme économique (1960-1980)
• Contexte (Révolution tranquille)
–
–
–
–
Passage du nationalisme traditionnel au nationalisme économique
« Table à quatre pattes » (1967): État-Patronat-Syndicat-Coopération
Nouvelle génération de coop: habitation, ACEF, travail, paracoop
Conférence socio-économique de la coopération (1980)
• Débat et tensions au sein du mouvement coopératif
– Représentativité du CCQ, nouvelles coop. (radicales) vs coop. matures
– Coopératives: des entreprises comme les autres (syndicats)?
– Faillites : Fédé des magasins coop, Pêcheurs Unis, Entraide économique
• Recherche universitaire et relations internationales (1966-1982)
• Présence internationale des coopératives et mutuelles
• Relations d’affaires à l’international: coopératives agricoles
CERIUM, 2 juillet 2010
14
5e configuration: une économie sociale et
solidaire (1990-2007) (1)
• Contexte de la période
– Crise de l’emploi et crise des finances publiques
– Nouvelles initiatives de la société civile (DÉC, ÉS, fonds de développement)
– Repositionnement au sein de la société civile: débats et délibérations (19831995)
– Reconnaissance de l’Économie sociale (Sommet, 1996)
• Compromis fondateur (1996)
–
–
–
–
–
–
–
Gouvernement: coupure budgétaire et création d’emploi
Groupes communautaires: une composante à part entière
Groupes de femmes: emplois de qualité + lutte vs pauvreté
Coopératives: une légitimité nouvelle + crainte pour l’image
Syndicats: non substitution d’emploi + emplois durables
Patronat: oui à une réduction de l’État, découverte de l’ÉS
« Action communautaire autonome »: refus d’être dans ÉS
CERIUM, 2 juillet 2010
15
5e configuration: une économie sociale et solidaire
(1990-2007) (2)
• La définition institutionnelle québécoise: trois éléments
– Une définition de l’économie et du social
• Économie: économie substantive (inclusion du non marchand)
• Social: bien-être et citoyenneté
– Des principes éthiques (inspiration wallonne et coopérative)
• Finalité de service aux membres ou collectivité plutôt que profit
• Autonomie de gestion par rapport à l’État
• Processus de décision démocratique impliquant usager-e-s et
travailleur-e-s
• Primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition
• Participation, prise en charge, responsabilité indivisuelle et collective
– Des statuts juridiques: coopératives, mutuelles et
associations (France)
CERIUM, 2 juillet 2010
16
5e configuration: une économie sociale et solidaire
(1990-2007) (3)
• Plan de développement du GTÉS (1996-2001)
– Développement de l’ÉS émergente: objectifs 20 000 emplois
• 300 projets principalement dans secteurs émergents (coop et associations)
• Identification des groupes promoteurs
– Des outils de développement
•
•
•
•
Capitalisation: RISQ
Formation : CSMO-ESAC
Recherche: ARUC-ÉS
Ressources techniques pour suivi et accompagnement
– Une structure souple de gouvernance
• D’abord pour deux ans (1996-1998), relève du premier ministre et soutien coop
• En 1999, cette structure se transforme en « organisme autonome »
– Refus du CCQ d’en faire partie
– Représentation des syndicats, des CRES, des secteurs émergents
• Tensions structurelles entre Chantier et CQCM
• Tensions idéologiques entre secteur mature et s. émergent
• Sommet 2006: appel à la solidarité au sein de l’ÉS
CERIUM, 2 juillet 2010
17
5e configuration: une économie sociale et
solidaire (1990-2007) (4)
•
Relations internationales: rayonnement important
– Monde coopératif et mutualiste
• ACI, AIM, OIT, Fédération internationale des ass coop et mutualiste
• The Americas Association of Cooperative/ Mutual Insurance Societies
– Monde communautaire: colloques inter. (1987, 1997), OCDE avec SDA (1997)
– Monde de l’économie sociale
•
•
•
•
Les Rencontres du Mont-Blanc (depuis 2004)
Groupe d’économie sociale du Québec (GESQ) (depuis 2000) et Rencontres internationales
Sommet de l’économie sociale et solidaire (2006): Europe, Afrique, Amérique L.
Finance socialement responsable (Banca Etica et Caisse d’ÉS)
– Coopération et solidarité internationale: SOCODEVI, AQOCI, DID, Commerce équitable
– Forums sociaux mondiaux
• La recherche sur l’ÉS en forte expansion
– Congrès internationaux:CIRIEC, 2000; ARNOVA (2002), Victoria (2007)
• CIRIEC International (Congrès à Montréal en 2000)
– Groupes internationaux de recherche
– Rencontre mondiale de l’économie sociale (Lima, 1997;Québec, 2001; Dakar, 2005)
– Revues internationales
CERIUM, 2 juillet 2010
18
Aperçu de l’ÉS au Québec
• Coopératives (N: 2 834)
– 6,3 millions de sociétaires
– 105,1 milliards $ d’actifs
– 72 442 emplois
• Mutuelles (N: 39)
– 1,4 millions de sociétaires
– 5,9 milliards $ d’actif
– 4 613 emplois
• Fonds de travailleurs (N: 2 + centaines de filiales)
– 637 086 actionnaires
– 7 milliards $ d’actifs
• Associations identifiées par le Chantier d’ÉS ( N: 3 941)
– 45 080 emplois
– 1,5 milliards $ chiffre d’affaires
• Fondations: fondationsCERIUM,
communautaires,
Centraide, etc
2 juillet 2010
19
CERIUM, 2 juillet 2010
20
Diversités de l’ÉS émergente
Quatre grands types d’ÉS émergente
Besoins ou aspirations
Rapport au marché
ÉSS
Réponses aux
besoins (urgences)
sociales
ÉSS
Réponses aux
aspirations
aspirations
ÉSS à dominante
non marchande
(développement
social)
Exemples :
Cuisines collectives
Micro-crédit
Refuges pour SDF
Exemples :
Écoles alternatives
Garderies alternatives
Logement communautaire
ÉSS à dominante
marchande
(développement
économique)
Exemples :
Exemples :
Entreprises d’insertion
Agriculture biologique
Restos populaires
Ressourceries
Micro-finance
Entreprises autogérées
Fonds communautaires
Fonds environnementaux
Source: Lévesque, 2003
CERIUM, 2 juillet 2010
21
1980-2000 : mise en place d’un système québécois d’innovation sociale
RECHERCHE:
ARUC-ES, RQRES,
Chaires ES, CIRIEC,
Fondation de
l’entrepreneurship,
CIRIEC, CEGEP,
Universités
FORMATION ET
ÉDUCATION:
CSMO-ESAC, Chantier,
CEGEP et Universités
GOUVERNANCE
CQCM
CHANTIER D’ÉS
Pôles régionaux,
Regroupements sectoriels
Entreprises d’ÉS,
Mouvements
Direction
des coop.
Bureau de l’ÉS
Montréal,
CERIUM, 213
juillet
mai 2010
SERVICES
aux entreprises d’ÉS,
Regroupements sectoriels,
CLD, SADC, GRT, CDR,
CDEC, MCE et alii
FINANCEMENT:
CRCD, RISQ, Fiducie, FIER,
Caisse d’ÉS, Filaction,
SADC, CLD,
Investissement-Q., alii
22
Que retenir en termes de transformation?
• Période actuelle: reconnaissance de l’ÉSS
–
–
–
–
–
–
Une période de croissance, d’innovation et de mise en place d’outils
ES = partie prenante du modèle québécois de développement
Composantes de l’ÉS: coop, mutuelles, associations, fonds de T. (+ fondations)
Un système d’innovation relativement convergent (dispute sur le contrôle)
Toujours deux visions : ÉS comme moyen et ÉS comme fin (en concurrence)
Une gouvernance « bicéphale » structurellement et idéologiquement conflictuelle
• Au cœur de certaines transformations
–
–
–
–
–
Dans la création d’emploi (fonds de travailleurs) et l’employabilité
Dans le développement local (institutionnalisation et recul)
Dans les services collectifs (Garderies et aide à domicile)
Dans le commerce équitable et la finance solidaire
Dans la transformation de l’État-providence (Welfare mix)
• Enjeux
– Pour les entreprises matures: les contraintes du marché
– Pour la NÉS (services aux personnes): dépendance de l’État
– Pour les deux: autonomie, démocratie, développement durable
CERIUM, 2 juillet 2010
23
3. Comment analyser l’ÉS? Quelles
approches?
CERIUM, 2 juillet 2010
24
Tiers secteur
• Le tiers secteur, un sujet à construire comme objet de
recherche
• Deux grandes approches
– En termes de Nonprofit Organization (NPO) (Salamon)
– En termes d’Économie sociale (et solidaire) (ÉSS)
CERIUM, 2 juillet 2010
25
Approche en termes de NPO (Salamon)
• Une définition construite de manière inductive (à la différence
de la théorie économique)
• Éléments de définition des NPO ou secteur de la société civile
– Une organisation qui a une structure et une régularité dans ses
opérations (légalement constituée ou non, enregistrée ou non)
– Privée, institutionnellement séparée de l’État, bien que pouvant être
supportée financièrement par l’État
– Non distribution du profit, pas de finalité commerciale et non distribution
des profits générés aux dirigeants et propriétaires de l’organisation
(surplus doivent être réinvestis en direction des objectifs de
l’organisation
– Gestion autonome, propre mécanisme de gestion interne, capable de
cesser ses opérations de sa propre autorité et de contrôler ses affaires
– Volontaire, non contrainte: participation résulte d’un choix volontaire
CERIUM, 2 juillet 2010
26
plutôt que d’une obligation
Nonprofit organization et Économie sociale
selon Salamon (2010)
.
CERIUM, 2 juillet 2010
27
NPO: quelques données (1)
.
CERIUM, 2 juillet 2010
28
NPO: quelques données (2)
.
CERIUM, 2 juillet 2010
29
NPO: quelques données (3)
.
CERIUM, 2 juillet 2010
30
NPO (Canada et Québec)
• Nombre d’associations
– Québec: 46 000;
Canada: 161 227; États-Unis: 1 603 000
• Revenus
– Québec: 25 milliards $ (CDN) – 17 milliards $ (sans CHU, Universités
et Écoles)
– Canada: 112 milliards $ (CDN) (8,5% du PIB)- 75 milliards $ (sans CHU,
Universités et Écoles)
– Etats-Unis: 1 395 milliards $ (US)
• Emplois
– Québec: 470 000 salariés – 325 000 salariés (sans CHU, Universités et
Écoles)
– Canada: 2 031 744 salariés – 1 335 989 salariés (sans CHU,
Universités et Écoles) 12 % de la population active
•
Source : Pour le Québec et le Canada, voir : Enquête nationale auprès des OBNL et
bénévoles (2004), Données 2003, Statistique Canada et Imagine canada. Pour les EtatsUnis, voir E.T.Boris et C.E. Steuerle, op.cit.2006.
CERIUM, 2 juillet 2010
31
Comparaison des approches NPO (1) et ÉS (2)
1
Économie
sociale
2
NPO
Coop
Économie
sociale
Mutuelles
associations
fondations
Cpp
Risque social
Salamon, 2010
Coop
Mutuelles
Mutuelles
Associations
Fondations
Fecher et Lévesque, 2009
1.
2.
Contrainte de non distribution du profit 1. Les membres décident (démoc.)
Exclusion de la plupart des coopératives 2. Exclusion des universités, des
des mutuelles
hôpitaux et des écoles
3. Finalité de service à la communauté
3. Finalité de service aux membres
(intérêt général: orientation vers les tiers)
(self help)
4. Inclusion des organisations informelles
4. Exclusion des organ. informelles
CERIUM, 2 juillet 2010
32
L’ÉS selon Desroche (1914-1994): des
composantes certaines et incertaines
.
= certaine
Secteur public
d’économie
collective
= incertaine
Coopératives
Secteur
Syndical
d’économie
Co-gérée
Mutuelles
Associations
Secteur
Privé
d’économie
participative
Fondations
Secteur
Communautaire
Développement
local
CERIUM, 2 juillet 2010
Source: Desroche, 1991
33
L’ÉS : une forme organisationnelle
complexe
Le quadrilatère des acteurs (H. Desroche)
Gestionnaires
Administrateurs (CA)
(élus)
Rapport
de travail
Rapport
d’association
Employés
d’une entreprise
Membres/usagers (AG)
Combinaison
et
CERIUM, 2 juillet 2010
d’une association
34
L’économie sociale selon Claude Vienney
1929-2001
• Hypothèse: correspondance entre acteurs, activités et règles
• 1) Des acteurs relativement dominés dont les caractéristiques
déterminent les activités à entreprendre en commun, fonctionnement
selon mode entreprise
•
•
•
•
Entrepreneur individuels: pêcheurs, agriculteurs, artisans, etc.
Travailleurs professionnels
Consommateurs
Épargnant et emprunteurs
• 2) Des activités nécessaires mais délaissées par le capitalisme (ou l’État)
•
•
•
•
Production agricole: approvisionnement et écoulement
Distribution des biens de consommation courante
Assurance, Épargne et crédit pour certaines catégories sociales
Certains services aux personnes
• 3) Des règles pour domestiquer le marché (concurrence): résistance et
adaptation,
retournement
des
règles
dans
rapport
entreprise/association
CERIUM, 2 juillet 2010
35
Seconde génération de chercheurs:
au-delà des « pères fondateurs »
• La définition de l’ÉS
–
–
–
–
Insuffisance des statuts et règles des entreprises
De la coopérative comme noyau dur à l’association (rapport État)
De la nécessité et des intérêts communs aux aspirations et valeurs
ÉSS, pas un secteur de la société civile, mais en interaction avec le marché
et l’État
• La vision de la démocratie
– Démocratie interne des entreprises (formelle et participative)
– Le lien de l’ÉSS avec la démocratisation de la société civile
• Un dépassement par la mise à contribution de
–
–
–
–
–
–
Polanyi: l’économie substantive, l’économie plurielle
Mauss: l’importance du don et de l’engagement pour l’association
Habermas: l’espace public et la démocratie délibérative
La régulation: analyse des crises et compromis institutionnels
Les conventions: la diversité des logiques d’action
La fonction entrepreneuriale: l’importance des innovations
CERIUM, 2 juillet 2010
36
L’économie solidaire (Laville) (1)
• Point de vue macro (vers un nouveau modèle de développement)
– Crises de la régulation du rapport État-Marché et recomposition avec
société civile
– Crise des années 1980 et comparaison avec 1848 (type de solidarité)
• Économie solidaire, pas un secteur additif, se distingue par
– Réarticulation originale des divers pôles et principes économiques
– Contribution à la démocratisation de la société civile (espace public)
– Production d’appartenance sociale et création de statuts d’emplois
• Définition substantive de l’économie: économie marchande, non
•
marchande (redistribution) et non monétaire (bénévolat) – Polanyi
Sociologie génétique des services de proximité
• Premier temps: action réciprocitaire dans éc. non monétaire (des limites)
• Deuxième temps: hybridation entre économie non monétaire
(réciprocité), économie non marchande (redistribution) et économie
marchande (marché) CERIUM, 2 juillet 2010
37
Les deux dimensions de l’économie
solidaire (Laville)
.
Économie solidaire
Dimension socio-politique:
Voice – initiatives de la société
Civile dans l’espace publique
Démocratie
participative et
délibérative
Dimension socio-économique:
Dynamique réciprocitaire d’hybridation (entre non-monétaire, nonmarchand et marchand
Politiques publiques
Gouvernement
CERIUM, 2 juillet 2010
38
ÉS comme partie prenante de l’Étatprovidence
• The Welfare Triangle/Welfare Pluralism (Adalbert Evers)/
Welfare Mix (Victor A.Pestoff)
– Économie sociale – une zone intermédiaire entre l’État, le
marché et les ménages
– Difficulté de préciser clairement les frontières de ce
secteur avec celui de l’État
– En Europe: le tiers secteur = une économie de l’État
providence mixte
– Nouvelle économie sociale = une dimension politique et
dimension économique
CERIUM, 2 juillet 2010
39
Entreprise sociale: un concept innovateur
Dimension économique
Dimension sociale
(entreprise ou organisation) (communauté virtuelle ou réelle)
Haut degré d’autonomie (gestion)
Finalité explicite: la communauté et/ou
membres
Niveau significatif de risque
économique
Initiative citoyenne
Minimum de travail payé
Processus de décision basé non sur la
propriété du capital (gouvernance)
Fonctionnement participatif, ouverture
aux parties prenantes
Distribution limitée du profit
-----------------------------Plus complexe
Plus de ressources--------------------------
INM, 1er juin 2010
Source: J. Defourny, 200140
Les associations comme principale
composante de l’ÉS: capacité de compromis
• Association à pertinence économique définie comme forme
de compromis (tension critique) entre plusieurs mondes
avec leurs principes supérieurs communs de coordination et
leur justification propre (pluralité des logiques d’action:
marchandes, domestiques, solidaire, administrative et
démocratique)
• L’opération de compromis tente donc de «dépasser la
tension critique entre deux mondes en visant un bien
commun qui ne relèverait ni de l’un, ni de l’autre, mais qui
les comprendrait tous les deux »
• D’où l’importance:
– D’une gouvernance démocratique avec délibération
– D’une forme collective de propriété replaçant la personne au centre
• Voir B . Enjolras et L. Thévenot
CERIUM, 2 juillet 2010
41
Une synthèse théorique pour l’analyse de
l’ÉS(micro et macro)
• Contexte d’émergence: crises selon ses diverses dimensions
• Acteurs: nouveaux mouvements sociaux et alliances nouées
• Dimension institutionnelle: participation des travailleurs et
des usagers, démocratisation économique, rapport à l ’État et
rapport au marché, économie plurielle, décentralisation
(compromis institutionnels)
• Dimension organisationnelle: gouvernance, empowerment
des personnes et collectivités, requalification des travailleurs,
travail d ’équipe
• Perspective micro (entreprise), perspective macro (modèle de
développement
• Évaluation de l’ÉS: en elle-même et par rapport aux interfaces
• Source: CRISES
CERIUM, 2 juillet 2010
42
Ce que nous apprend l’analyse de l’ÉS
• Une compréhension élargie de l’économie
– Réductible ni au marché, ni à l ’entreprise privée, ni à concurrence, ni régulation
– ÉS, capable de créer du lien social, de la solidarité civique
– Notion d’économie élargie, encastrement social
• Une compréhension élargie du social
– La question sociale, résulte de l’autonomisation de l’économique
– Pas seulement dépenses sociales, urgences sociales
– Peut de créer de la richesse (capital social)
• Une compréhension renouvelée des rapports entre économie et
social
– Pas seulement produire la richesse marchande, puis la distribuer
– Développement social, pré-requis du développement économique
– Démocratie plurielle nécessaire pour cette reconfiguration
• Une vision élargie de l’espace public
– ÉSS, un prisme pour renouveler l’espace public; ÉSS = initiatives de la société C.
– Combiner action associative (réciprocité) et action publique (redistribution) à
partir d’une démocratisation de l’économie et d’une réciprocité dans l’E.Public
CERIUM, 2 juillet 2010
43
4. L’ÉS et la crise actuelle:
éléments de prospective
CERIUM, 2 juillet 2010
44
Caractère inédit de la crise 2008-2010
• Des crises emboîtées, non juxtaposées
– Crise financière et économique, crise des finances
publiques
– Crise écologique: les hommes et les femmes dans leurs
relations mutuelles sur la nature et les objets
– Crise politique: désenchantement de la démocratie
– Crise sociale: de la première à la seconde démocratie
• Insuffisance d’une reprise économique et de
quelques réformes à la régulation de la finance et de
l’économie pour une véritable sortie de crise et à
fortiori pour « un dépassement du capitalisme »
Inspiration: B. Billaudot, 2009; Fitoussi
et Stiglitz, 2009
CERIUM, 2 juillet 2010
45
Une crise financière d’une grande intensité
• Déréglementation et libéralisation
– Une finance de marché (risques disséminés et portés par des tiers) vs finance
d’intermédiation
– Nombreuses crises financières depuis les année 1980 …
– Cause structurelle: montée des inégalités (Fitoussi et Stiglitz, 2009)
• Un capitalisme financier
– Une finance mondialisée: concentration des profits, paradis fiscaux, agences de
notation, rémunérations perverses, innovations financières
– Firme actionnariale : managers au service de l’actionnaire
– Inégalités des rémunérations croissantes
– Banques « to big to fail » et trop grosses pour être régulées!
• Conséquences de ce capitalisme financier
–
–
–
–
Territoires orphelins, secteurs d’activité abandonnés (insuffisamment rentables)
Appauvrissement de la majorité: partage trop inégale de la richesse
Perte de confiance dans les élites économiques, demande d’éthique
Retour de l’État: nationalisations temporaires, socialisation de dettes, pertes des
petits actionnaires, des finances publiques en crise
CERIUM, 2 juillet 2010
46
Une crise économique du troisième type
• Une crise du type 3: combinant le type 1 et le type 2
• Une crise de la régulation (type 1 comme en 1930)
–
–
–
–
Déséquilibre entre finance mondialisée et économie territorialisée
Absence de régulation mondiale d’une finance mondialisée
Bulles spéculatives: les cours vont au-delà des capitaux investis
Montée des inégalités (crise structurelle) (Fitoussi et Stiglitz, 2009)
• Une crise du régime d’accumulation (type 2 comme fin XIXe)
– Remise en cause du mode de production et de consommation
– Questionnement de la croissance économique
• Empreinte écologique trop forte
• Réchauffement climatique, épuisement des ressources non renouvelables
• Passage d’une économie industrielle à une économie du savoir
– Interdépendance nord-sud, inégalité des rapports, reconfiguration des
relations
• Une crise du mode de production capitalisme?
CERIUM, 2 juillet 2010
47
Crise écologique
• Une crise écologique se produit lorsque le milieu de vie d'une
espèce ou population évolue de façon défavorable à sa survie
• Une crise globale et planétaire dont les réponses se doivent d’être
à la fois locales et globales
• Manifestations
– un mode de production et de consommation qui a dépassé ses limites dans
plusieurs pays et qui ne saurait se généraliser
– Un réchauffement et dérèglements climatiques
– épuisement de plusieurs des ressources naturelles
– privatisation et appropriation sans limite de biens communs (eau, vivant,
connaissances, etc)
– explosion des risques sociaux et environnementaux, société de risque
– déterritorialisation de l’activité économique, souvent négation du territoire
– inégalité croissantes, y compris au sein des pays dit développés
– empreinte écologique allant au-delà du potentiel de la planète
– plusieurs irréversibilités
CERIUM, 2 juillet 2010
48
Une crise politique: crise de la démocratie
• Démocratie représentative
– Désenchantement et abstention des électeurs
– Perte de confiance dans les élites politiques
– Sentiment d’une perte de maîtrise des grands enjeux
• Démocratie participative
– Des citoyens de plus en plus actifs (société civile et NMS)
– Multiplication des appartenances et des associations
– Pouvoir de proposition faible, pouvoir de surveillance et de blocage
important
• Démocratie délibérative (approche transversale)
– Revalorisation de la délibération, du débat et du dialogue
• Vers une démocratie plurielle? Formes, valeurs, acteurs
pluriels
• Déficit démocratique à l’échelle mondiale
CERIUM, 2 juillet 2010
49
Crise de la modernité
Première modernité
Seconde modernité
• Société nationale intègre
l’économie, le politique, la culture
• Intégration: individu socialisé,
valeurs communes partagées
• État interventionniste
• Un mouvement social central: le
mouvement ouvrier
• Valeurs sociales (priorité: justice
et efficience) séparées des valeurs
éthiques du domaine privé (priorité:
bien et excellence) - croissance
économique = une fin
•Modernité tronquée
• Économie, politique et culture ne
forment plus système
• Cohésion: l’individu se construit
par son parcours (individu pluriel)
• État partenaire + gouvernance
• Nouveaux mouvements sociaux.
société civile active)
• Valeurs sociales (juste et
efficience) et valeurs éthiques (bien
et excellence): recherche d’un
compromis ( ex. commerce
équitable, développement durable,
responsabilité sociale)
•Modernité réflexive
Inspiration: Dubet, 2009, Castel, 2009
Contexte plutôt favorables à ÉS et aux IS
• L’entrée dans la seconde modernité:
– La question de la cohésion sociale
– Le besoin de support aux individus
• Le défi du développement durable:
– Besoin d’une ententes entres les États, convergence nécessaire des
mouvements sociaux
– Nécessité de repenser le mode de production et le mode de consommation
– Repenser l’économie pour un développement vert
– Redistribution plus équitable entre individus et sociétés
– Nécessité d’une économie qui intègre les externalités et du questionnement
de la productivité
– Place et rôle élargis pour les IS et l’ÉS
• Une démocratie plurielle en réponse à la crise politique : nouvel arrimage
entre démocratie représentative et démocratie participative
• Une économie plurielle pour répondre à la fois aux demandes d’éthique et
à aux exigence d’un meilleur équilibre économique (rôle croissant de la
connaissance et de l’extra-économique)
– Responsabilités sociale dans la production et les entreprises
– Responsabilité sociale dans la consommation et les loisirs
– Demande d’éthique
CERIUM, 2 juillet 2010
51
Un contexte plus favorable, mais…saut qualitatif à faire
• Contexte plus favorable que celui de l’après-seconde-guerre
–
–
–
–
Rapport à l’État (État partenaire vs État interventionniste)
Nouvelle économie (économie cognitive vs production de masse)
Innovation ouverte vs innovation fermée
ÉS= de la transition à la possibilité d’être partie prenante du nouveau modèle
de développement
• Mais saut qualitatif à réaliser
–
–
–
–
de la 1ère modernité à la seconde modernité
de la croissance économique au développement durable
de la démocratie formelle à la démocratie participative et délibération
d’une évaluation standard à une évaluation selon une triple reddition de
compte avec parties prenantes
– au plan de la reconnaissance institutionnelle par les pouvoirs publiques
– d’une ÉS à une économie sociale et solidaire: redéfinition de l’économique et
du social à partir de la prise en charge de l’environnement, en liaison avec
NMS
CERIUM, 2 juillet 2010
52
Nouveaux secteurs d’activité favorables à l’ÉS
• Dans la réponse aux urgences résultant de la crise
–
–
–
–
–
Besoins élémentaires non satisfaits
Besoins de reconversion professionnelle et économique
Choix plus élevé pour travail autonome
Endettement plus élevé et volonté de s’en sortir
Territoires orphelins et secteurs abandonnés ou négligés
• Dans la perspective d’une transition voire transformation
– Productions et services basés sur la proximité et sur l’immatérialité
–
–
–
–
–
–
–
–
Culture et loisir, services aux personnes
Services liés à des droits sociaux (santé, éducation, mobilité, justice, etc)
Gouvernances et services relevant des commons
Finance solidaire et socialement responsable
Économie créative, innovation ouverte (participation des usagers)
Économie immatérielle reposant sur compétence, savoir, expérience…
Relocalisation de l’économie (circuits courts): agriculture, bâtiments, etc.
Souveraineté et sécurité alimentaires, alimentation soutenable,
agriculture responsable
– Productions artisanales, produits du terroir
– Énergie renouvelable (solaire, éolien, géothermique, biomasse, etc.)
– Recherche d’une croissance fondée sur la qualité et la faible consommation
d’énergie avec priorité aux sources renouvelables d’énergie
CERIUM, 2 juillet 2010
53
Conclusion
CERIUM, 2 juillet 2010
54
Économie sociale et transformations socio-économiques
• Le cycle des années 1980-2000: transformation de l’État
providence
• Le cycle des années 2010-2020: = une contrainte à l’innovation
pour une transformation du modèle de développement
– Nécessité d’un développement durable: économie, social,
environnement
– Mondialisation questionnée et relocalisation des activités économiques
– Économies du Sud en croissance (BRIC), économies du Nord en
stagnation
– Dépassement du capitalisme ou reconfiguration?
– Besoin de revitaliser la démocratie: démocratie plurielle?
– Nouvelles valeurs: valeurs postmatérialistes (nouvel imaginaire
possible?)
– Pertinence d’une économie plurielle: inégalités croissantes, Welfare
mix
CERIUM, 2 juillet 2010
55
Paradoxe de la crise actuelle
• Le dépassement du capitalisme s’impose pour une
solution durable à la crise, mais cela suppose une
véritable révolution (un changement rapide, profond
voire violent)
• Dans les sociétés de droit et dans le cadre de la
démocratie, une révolution n’est pas possible (à moins
d’une véritable catastrophe) – le changement même
radical doit respecter l’État de droit et les règles du
fonctionnement démocratique (processus relativement
lent et progressif)
• En conséquence, la voie des réformes radicales ou
transformatrices est la seule légitime et crédible (à ce
moment-ci de l’histoire)
CERIUM, 2 juillet 2010
56
Pertinence des réformes transformatrices
• Une approche réformiste de transformation
– « Le réformisme a pu passer pour une position de repli timide, voire une trahison
des idéaux d’émancipation (les sociaux-traîtres) lorsqu’une alternative
révolutionnaire passant par l’abolition du salariat et le bouleversement complet
des rapports de production apparaissait crédible (…). Mais cette éventualité
d’une révolution radicale et globale n’est plus crédible – (…) en dehors de
postures verbales? – il se pourrait que l’option révolutionnaire soit devenue la
position de repli pour éviter la question fondamentale : comment vivre avec le
marché en continuant à faire société avec ses semblables, comment faire
coexister la présence insistante du marché et la cohésion sociale? » (Castel, 2009:
291)
• Un réformisme radical
– « Le « réformisme radical » (comme l’« l’utopie concrète », ou toute autre
formulation de ce genre) est l’une des caractéristiques les plus importantes du
positionnement politique de l’écologie. Plus importante même que la question
« à gauche », « ni droite, ni gauche », ou « ailleurs » ! Alain Lipietz, 2010
http://lipietz.net/spip.php?article2548 (consultation: 02 juin 2010)
CERIUM, 2 juillet 2010
57
Les conditions pour des réformes
transformatrices
• Une action politique est nécessaire en raison des insuffisances
des innovations sociales
• Un nouveau « new deal » écologique et social engage des
actions
– des mouvements sociaux pour converger autour d’axes stratégiques
– un renouvellement des régulations à l’échelle internationale
– un développement écologique où plus de place serait accordé aux
entreprises publiques et à propriété collective dans des créneaux
d’avenir
– une économie verte misant sur les énergies renouvelables et le
maintien des écosystèmes
– une redistribution des richesses: impôts plus progressifs + services
publics
– Une altermondialisation
Source: Lipietz, 2009
CERIUM, 2 juillet 2010
58
Des réformes transformatrices supposent une vision à long
terme de la part des dirigeants politiques et des acteurs
• Une action collective de longue durée
• « Le changement ne peut venir d’un seul coup. C’est là le défi de ce
siècle. » (Lipietz, 2009)
• Si la voie des réformes s’impose, il existe deux visions opposées
• Celle de ceux qui visent la mise en place d’un régime de gouvernance
plus concurrentielle et qui s’efforcent de ne pas expliciter leur vision à
long terme en proposant des réformes +/- visibles
• Celle de ceux qui s’engagent dans des IS pour un autre modèle de
développement (ou un renouvellement de la SD), nombreux défis
– Préciser la vision qu’ils veulent renouveler et le nouveau modèle d’IG
– Détecter les petits changements qui vont dans le sens d’une gouvernance
concurrentielle (vigilance à l’égard de l’adversaire)
– Dégager la portée de leurs innovations dans la perspective de l’intérêt
général soit celui du développement durable; à cette fin, nécessité de refaire le
lien entre expérimentation et nouveaux mouvements sociaux, y compris
altermondialistes
CERIUM, 2 juillet 2010
59
Défis pour les acteurs et les chercheurs
• Pour les acteurs promoteurs de l’ÉS et d’IS, cela suppose
– réaliser des maintenant des réformes innovatrices et transformatrices
– devenir en même temps partie prenante d’un nouveau modèle de DD
– répondre aux urgences et contribuer à une transition en douceur, notamment
pour ceux et celles qui sont touchés négativement par les changements
– se donner une vision à long terme conséquente et une gouvernance appropriée
(approfondissement de la réflexivité et liaison avec NMS), tenant compte aussi
bien du local que du global
• Pour les chercheurs (en partenariat avec acteurs), cela suppose
– se repositionner quant aux objets de recherche (nouveau cycle, repositionnement
de l’ancien cycle d’IS)
– Élargir leurs perspectives, notamment la capacité d’analyser le rapport des IS et de
l’ÉS à un modèle de développement dont les contours ne se limitent pas à l’espace
national
– renforcer le réseautage international afin mieux comprendre les expérimentations et les innovations dans leur rapport aux transformations à la fois dans les
pays du Sud et du Nord
CERIUM, 2 juillet 2010
60
Téléchargement