TEMPO MÉDICAL – AVRIL 2016 – WWW.MEDIPRESS.BEI25
Quels sont les principaux points que
l’on peut retenir du colloque d’éthique
et d’économie 2015 du Chirec ?
Le colloque d’éthique 2015 du Chirec avait
été organisé en fonction des disponibilités
des orateurs qui devaient coordonner leurs
présences respectives, ce qui s’est avéré
plus compliqué que prévu. Tous étaient
effectivement de très haut niveau. Les
développements technologiques qui ont
été exposés en matière d’imagerie médi-
cale et de recherches génétiques, notam-
ment, sont impressionnants. Le prochain
colloque d’éthique 2016 du Chirec portera
principalement sur les cellules souches.
Un généticien belge de renommée en sera
le principal orateur. Ce thème, réellement
d’actualité et intéresse depuis un certain
temps le Chirec, dont le Dr Dominique Sci-
pioni organise chaque année un colloque
sur les cellules souches osseuses, aux Cli-
niques Édith Cavell. Il est évident que les
avancées des recherches sur la génétique
nécessiteront un encadrement juridique de
plus en plus strict. En matière de mani-
pulations génétiques, on peut imaginer le
meilleur comme le pire. Des avancements
de recherches en thérapies cellulaires se
confirment, par exemple dans le cadre du
traitement contre la mucoviscidose, ou
dans la perspective très réaliste de pouvoir
remplacer prochainement des myocardes
détruits, de manière courante. Constater
l’infinité des possibilités de développement
de la génétique est interpellant. Chaque
être humain a sa propre conscience, tout
comme le corps médical a la sienne éga-
lement, par son essence-même. Il faudra
être encore davantage vigilant dans le futur
pour éviter par exemple que des dictatures
militaires s’emparent de progrès scienti-
fiques et utilisent la médecine à des fins
criminelles, comme cela avait été le cas
notamment durant la dernière guerre mon-
diale, et encore dans d’autres pays, plus
récemment. Une vigilance éthique particu-
lièrement aigüe à ce niveau restera néces-
saire pour longtemps encore, dans l’histoire
de notre civilisation.
Selon vous, quel est le rôle
nécessaire de la politique vis-à-vis de
la médecine ?
La médecine doit rester entre les mains du
corps médical. Les progrès extraordinaires
des techniques médicales que l’on peut
constater aujourd’hui constituent un espoir
inouï pour les médecins qui n’auraient ja-
mais pu les imaginer il y a dix ou vingt ans.
Le risque reste malgré tout réel de voir ces
progrès tomber en de mauvaises mains,
ce dont il faut se prémunir à l’avance sans
pour autant empêcher ces avancées scien-
tifiques de continuer à évoluer. La politique
a très certainement un rôle de prévention
à jouer à ce niveau éthique, mais elle ne
doit pas pour autant se mêler de la mé-
decine elle-même, ou s’y immiscer. Une
mission incontournable de la politique ou
de l’État reste son intervention financière,
qui doit garantir un équilibre économique
d’arbitrage social sans occasionner d’in-
fluence négative au niveau de la recherche
médicale et
de ses déve-
loppements.
La recherche
a besoin de
moyens struc-
turels et financiers,
et la politique doit garan-
tir aux chercheurs la liberté du choix de
leurs recherches, dont l’émulation explique
qu’elles se développent de plus en plus ra-
pidement. Dans le même esprit de liberté,
la médecine ne doit jamais être prise en
otage par opportunisme électoral, et devra
dans tous les cas continuer à maintenir sa
totale indépendance vis-à-vis de la poli-
tique. Par contre, la politique devra faire
en sorte de légiférer plus rapidement en ce
qui concerne des sujets urgents tels que
la génétique ou l’euthanasie par exemple,
pour laquelle la loi est encore incomplète.
Il en sera de même pour tous les progrès
fulgurants que la médecine de l’avenir ren-
contrera de plus en plus fréquemment, qu’il
faudra protéger par un cadre légal contre
toutes fraudes ou corruptions imaginables,
et qu’il faudra préserver de toutes discrimi-
nations économiques. Il est probable que
dans dix ou vingt ans la médecine du futur
pourra notamment déceler voire soigner
de plus en plus de maladies et de malfor-
mations congénitales, et elle devra donc
autant que possible rester accessible à l’en-
semble de la population tout en respectant
intégralement les droits de propriété intel-
lectuelle des innovations technologiques
dont elle bénéficiera, ce qui constituera
un défi bioéthique et économique d’une
envergure encore inconnue à ce jour.
Quelle sera selon vous l’évolution de
la médecine en Belgique ?
Les médecins de famille se feront de plus
en plus rares, et ne seront plus autant dis-
ponibles que dans le passé, principalement
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MÉDECINE DE DEMAIN
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Entretiens avec le Professeur Michel Peeters,
Président du Comité d’Ethique du Chirec
PROF. MICHEL PEETERS,
PRÉSIDENT DU COMITÉ D’ETHIQUE
DU CHIREC