Infection nosocomiale

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Infection nosocomiale
Dr Claudine FEBVRE
Avril 2005
Infection nosocomiale
Du grec nosos = maladie et komein
= soigner
= maladie des soins, maladie des
hôpitaux
Une infection est dite nosocomiale si
elle apparaît au cours ou à la suite
d’une hospitalisation et si elle était
absente à l’admission à l’hôpital. Ce
critère est applicable à toute infection.
Lorsque la situation précise à
l’admission n’est pas connue, un délai
d’au moins 48 heures après l’admission
(ou un délai supérieur à la période
d’incubation, lorsque celle-ci est
connue), est communément accepté
pour distinguer une infection
d’acquisition nosocomiale d’une
infection communautaire
Pour les infections du site
opératoire (ISO), on considère
comme nosocomiale, les infections
survenues dans les 30 jours suivant
l’intervention ou, s’il y a mise en
place d’une prothèse ou d’un
implant dans l’année qui suit
l’intervention.
Historique
Depuis quelques années, les usagers de notre
système de soins ont découvert le risque nosocomial
comme s’il était d’apparition récente ou le signe d’une
dégradation du système hospitalier.
En fait, c’est faux et le meilleur exemple est celui des
infections du site opératoire (ISO) : sous Ambroise
Paré, la grande majorité des opérés mourraient
d’infection nosocomiale (qu’il a diminuées par une
technique de pansement)
Actuellement, l’infection ne complique plus que 0.15 %
des prothèses de hanche.
Les premières connaissances des infections
hospitalières datent de 2 000 ans avant Jésus
Christ ; à cette date, il existe déjà des hôpitaux
en Inde, Égypte, Palestine, Grèce, dans
lesquels, les règles d’hygiène sont basées sur
des concepts religieux et des rites de pureté,
avec un haut niveau d’exigence. Chez les juifs
avant Jésus Christ, on appliquait dans les
petits hôpitaux les principes du 3° livre de
l’Ancien Testament, en particulier, la notion
d’isolement « des sujets infectés ».
Depuis
les
années
1950,
les
infections
nosocomiales sont de plus en plus étudiées donc
mieux connues. Leur prévention s’est organisée
dans les pays anglo-saxons notamment aux USA et
au Royaume-Uni.
Les Étapes de la lutte en France
En France, la première étape est le
premier
colloque
européen
sur
l’hospitalisme en 1966, qui a constitué le
point de départ d’une réflexion qui
mettra plus de 20 ans à entrer dans la
réalité avec la publication du décret du 8
mai 1988 qui crée les CLIN, instance
officielle de l’établissement de santé
chargée de l’organisation de la lutte
contre les IN.
Les Étapes de la lutte en France
Le rôle, les missions et le fonctionnement des CLIN
sont précisés par les circulaires du 13 octobre 1988
et du 19 avril 1995.
La loi du 1° juillet 1998 introduit l’obligation pour tous
les établissements de santé publics et privés,
d’organiser en leur sein la lutte contre les IN.
Le rôle des CLIN consiste à organiser, planifier et
animer la lutte contre les IN dans l’établissement.
Il définit la politique que les hygiénistes, l’équipe
opérationnelle d’hygiène et l’ensemble des
personnels médicaux, paramédicaux et techniques
des services mettront en application.
A noter que dans la loi de juillet 1998 figure
l’information des usagers par :
•la participation de représentants des usagers à
une séance du CLIN
•l’inclusion d’une information spécifique dans le
livret d’accueil des personnes hospitalisées.
Surveillance nationale
RAISIN
Réseau d’Alerte d’Investigation et de
Surveillance des Infections Nosocomiales.
(en
partenariat avec l’Institut de veille sanitaire = InVS)
CCLIN
Centre de Coordination de Lutte contre les
Infections Nosocomiales
CLIN
Comité de Lutte contre les Infections
Nosocomiales
CTIN
Comité Technique National des Infections
Nosocomiales
Constitué en 2001 afin d’harmoniser au
plan national la méthodologie de recueil
des données et de coordonner les
actions des CCLIN en matière
d’infections nosocomiales
Les thèmes de surveillance définis par le CTIN font
l’objet de méthodologies standardisées nationales.
- Les infections post-opératoires.
- Les BMR: Bactérie Multi Résistante
(bactérie sensible à
un petit nombre d’antibiotique).
- Les bactériémies nosocomiales.
- Les AES (accident d’exposition au sang) des personnels de
santé.
- Les infections nosocomiales en réanimation
Enquête nationale de prévalence 2001,
1 jour donné
1533 établissements de soins (publics et
privés)
portant sur 305 656 patients hospitalisés
Résultats
Prévalence des infections nosocomiales = 7.6%
Similaire aux autres pays européens (taux compris entre
3.6 et 9.9%)
- On note un taux élevé de BMR, notamment de SAMR
(Staphylocoque aureus résistant à la méticilline) = Taux de 33 – 44%
Grèce
44 %
Italie
38 %
Espagne
23 %
Pays nordiques
<5 %
- 1 patient sur 6 recevait des antibiotiques le jour de
l’enquête.
SAMR
A MONTBELIARD
(Staphylocoque aureus résistant à la méticilline)
2001
28 %
2002
33.5 %
2003
2004
26 %
21.5 %
Moyenne nationale : 33 – 44 %
Impact économique des IN
Etude de Lepoutre en 1995
Les IN représentent 2 à 4 % des journées
d’hospitalisation, soit 1.5 à 3.7 millions de journées
en 1994.
La prolongation de durée de séjour est de 7 jours
et le surcroût par infection s’élève entre 3 900 et
9100 F, soit un coût total de 2 à 5 milliards de
francs.
Selon cette étude, le nombre de décès imputable
aux IN. s’élève à 10 000 / an.
Dans la genèse de l'infection
nosocomiale intervient:
- un agent infectieux présent dans
un réservoir (endogène ou exogène),
- la transmission de cet agent à un
hôte,
- et les capacités de défense de
l'hôte vis-à-vis de l'agent pathogène
DES FACTEURS
FAVORISANTS
Les infections nosocomiales trouvent, à l'hôpital, de
nombreux alliés favorisant leur développement. Ce
sont tous les éléments pouvant affaiblir les
capacités de défenses naturelles de l'organisme
vis-à-vis d'un agent pathogène.
Les affections intercurrentes et la nature des actes
médicaux administrés sont les principaux facteurs
pouvant altérer la capacité d'un organisme à se
défendre.
Chirurgie, cathéters,
drains...
Chimiothérapies,
Radiothérapies
Endoscopies,
Intubations
Sondes urinaires
Antibiotiques
Antiseptiques
à spectre
étroit
Infections cutanées
Traumatismes
Brûlures...
IN
Stéroïdes,
Chimiothérapie
Immunosuppresseurs
Dénutrition Lymphome...
Chimiothérapie,
Dialyses, Stéroldes
Diabète, Néoplasie
Insuffisance,
rénale et hépatique
1- Transmission croisée ou exogène en grande
partie évitable si la qualité des soins est adaptée
•
A partir d’un réservoir de germes constitué par une
proportion élevée de bactéries multi résistantes, les
micro organismes sont manuportes au cours des
soins (mains sales) ou par des instruments ou des
dispositifs médicaux présents dans l’environnement
du malade.
•
2 autres voies plus rares existent :
A: la transmission par voie aérienne à partir d’un
réservoir humain (tuberculose)
B : et la transmission à partir de réservoirs situés dans
l’environnement ou l’air (Legionellose, Aspergillose)
2 -La flore endogène est à l’origine de la plupart
des infections. Des sites normalement stériles
sont contaminés par la flore du patient à la faveur
d’une rupture des moyens de défense
Ce risque d’infection endogène (par exemple une
pneumopathie chez un malade en réanimation ventilé
artificiellement) paraît difficilement évitable, le côté de
plus en plus invasif et audacieux voire téméraire de la
médecine moderne aura même tendance à
l’augmenter
Lutte contre les IN
La France est un des pays développés où les
prévalences des germes résistants sont les plus
élevés
Cette situation épidémique est liée à 2 facteurs :
• la pression de sélection, c’est-à-dire, la quantité
d’antibiotiques prescrits dans une population donnée
• la diffusion épidémique des souches résistantes
(diffusion clonale)
Pression de sélection
Depuis 50 ans, on note que les bactéries développent
des nouveaux mécanismes de résistance et s’adaptent
parfaitement à tous les nouveaux antibiotiques.
-L’action des antibiotiques sur les flores commensales
entraîne la disparition des espèces sensibles et la
sélection des bactéries résistantes présentes à l’état
normal en très faible quantité.
-Quant on cesse d’utiliser un antibiotique, le nombre de
bactéries résistantes à l’antibiotique diminue.
-La pression de sélection concerne autant les patients
soignés par la médecine de ville que ceux traités dans
les établissements hospitaliers.
Diffusion clonale
Elle se fait essentiellement par manuportage.
La durée de portage des BMR peut être longue, 2 ans pour 1
SAMR et 6 mois pour les EBLSE. Ces 2 types de bactéries
étant des indicateurs de qualité permettant d’évaluer la
maîtrise de la diffusion des BMR.
 Programme de lutte
 Identifier les réservoirs par la surveillance des BMR.
 Mettre en place des barrières à la diffusion : isolement,
décontamination, hygiène des mains, protocoles de soins,
choix des antiseptiques, hygiène de l’environnement…
 Diminuer la pression de sélection (en collaboration avec le
comité du médicament), en pratiquant le bon usage des
antibiotiques .
Conclusion
La lutte contre les IN est un élément fondamental de la
politique d’amélioration de la sécurité et de la qualité des
soins de tout établissement de santé.
Toutes les études réalisées en France dans le cadre des
réseaux de surveillance montrent que les taux d’IN sont
en diminution. Jamais la lutte n’a été aussi intense
qu’aujourd’hui mais, ces diminutions sont souvent
modestes.
Il paraît nécessaire de différencier les infections
nosocomiales évitables dont l’incidence devrait tendre
vers zéro comme l’ISO chez un malade à faible risque
(âge raisonnable, chirurgie courte et programmée, sans
pathologie associée) des infections « endogènes » liées à
la gravité de la maladie sous-jacente dont l’incidence ne
pourra jamais être amenée à zéro voire augmentera.
MERCI
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