Les origines égyptiennes de l’Atlantide (autour du « temps primordial ») Jean-Yves CARREZ-MARATRAY (Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité) OAREIL Bordeaux 17 janvier 2017 L’ATLANTIDE « Une histoire très étrange et pourtant très véritable que racontait jadis Solon, le plus sage des sept sages » (Platon, Timée, 20d). Timée 21e En Égypte, dit Critias, dans le Delta formé par le Nil qui, se divisant au sommet du triangle, l'enveloppe de ses bras, on trouve le Nome Saïtique dont la plus grande ville, Saïs, est la patrie du roi Amasis. Les habitants ont pour protectrice de leur ville une déesse dont le nom égyptien est Neïth, et qui, suivant eux, est la même que l'Athéna des Grecs. Ils aiment beaucoup les Athéniens, et ils se disent de la même origine. Arrivé à Saïs, Solon, comme il nous l'a raconté lui-même, fut fort bien reçu; il interrogea les prêtres les plus instruits sur l'histoire des temps anciens, et il reconnut qu'on pouvait presque dire qu'auprès de leur science, la sienne et celle de tous ses compatriotes n'était rien. Platon, Timée, 22a – 22b : « voulant engager les prêtres à parler de l’antiquité (ta archaia), Solon se mit à leur raconter ce que nous savons de plus ancien, Phoronée dit « Prôtos », Niobé, le déluge de Deucalion et de Pyrrha, leur histoire et leur postérité, supputant le nombre des années et essayant ainsi de fixer l’époque des événements ». Platon, Timée, 22c - 22e : (Réponse du prêtre égyptien) « Ce qu'il y a de vrai, c’est que dans les mouvements des astres autour de la terre, il peut, à de longs intervalles de temps, arriver des catastrophes où tout ce qui se trouve sur la terre est détruit par le feu. (…) Pour nous, le Nil nous sauve de cette calamité comme de beaucoup d'autres, par le débordement de ses eaux. Quand les dieux purifient la terre par un déluge, les bergers et les bouviers sont à l'abri sur leurs montagnes, tandis que les habitants de vos villes sont entraînés par les torrents dans la mer. Chez nous au contraire jamais les eaux ne descendent d’en haut pour inonder nos campagnes, elles nous jaillissent du sein de la terre. Voilà pourquoi nous avons conservé les monuments les plus anciens ». Platon, Timée, 23a : Tout ce que nous connaissons, chez vous ou ici ou ailleurs, d’événements glorieux, importants ou remarquables sous d’autres rapports, tout cela existe chez nous, consigné par écrit et conservé dans nos temples depuis un temps immémorial ». LE TEMPS LES FAITS De – 9 000 à – 8 000 Civilisation des Atlantes et des « Athéniens primordiaux » (archives égyptiennes mais oubli grec) De – 8 000 à « zéro » (entretien du prêtre avec Solon) Durée de l’Histoire (archives égyptiennes) De « zéro » (580 av. J.-C. ) à Platon (380 av. J.-C.) Passage de relais de Solon à Dropidès, de Dropidès à Critias l’ancien, de Critias l’ancien à Critias le jeune, de Critias le jeune à Socrate ; Timée de Platon 24d « Or, parmi tant de grandes actions de votre ville, dont la mémoire se conserve dans nos livres, il y en a une surtout qu'il faut placer au-dessus de toutes les autres. Ces livres nous apprennent quelle puissante armée Athènes a détruite, armée qui, venue à travers la mer Atlantique, envahissait insolemment l'Europe et l'Asie ; car cette mer était alors navigable, et il y avait au devant du détroit, que vous appelez les Colonnes d'Hercule, une île (l’Atlantide) plus grande que la Libye et l'Asie. » 25b « Toute cette puissance se réunit un jour pour asservir, d'un seul coup, notre pays, le vôtre et tous les peuples situés de ce côté du détroit. C'est alors qu'éclatèrent au grand jour la vertu et le courage d'Athènes. » 25c « Elle brava seule les plus grands dangers, arrêta l'invasion, érigea des trophées, préserva de l'esclavage les peuples encore libres et rendit à une entière indépendance tous ceux qui, comme nous, demeurent en deçà des Colonnes d'Hercule. Dans la suite de grands tremblements de terre et des inondations engloutirent, en un seul jour et en une nuit fatale, tout ce qu'il y avait chez vous de guerriers ; l’île Atlantide disparut sous la mer ; aussi depuis ce temps la mer (l’océan Atlantique) est-elle devenue inaccessible et a-t-elle cessé d'être navigable par la quantité de limon que l’île abimée a laissé à sa place ». Date (av. J.-C.) Egypte Grèce 700 Chabaka Document de théologie memphite « Homère » L’Odyssée A partir de 664 Psammétique I 26ème Dynastie Saïte 593-592 Psammétique II (595-589) Archontat de Solon Env. 580 Apriès (589-570) Voyage de Solon en Egypte. Un « prêtre de Saïs » lui fait le récit du mythe des Atlantes Env. 570 Amasis (570-526) Solon raconte le mythe des Atlantes à son ami Dropidès, arrière grand-père de Critias Env. 420 Egypte perse Scène du Timée : Critias fait à Socrate le récit des Atlantes Env. 380 Nectanébo Voyage de Platon en Egypte 331 Fondation d’Alexandrie Alexandre légitimé par Amon à l’oasis de Siouah Entrée d’Alexandre en Egypte Apriès Amasis ALEXANDRIE (-331) SAÏS NAUCRATIS Cité grecque HELIOPOLIS BABYLONE D’EGYPTE Ker-Aha Caverne du Nil PRËTRES DE L’EGYPTE DU CREPUSCULE (env. 700 / env. 100 av. J.-C.) « têtes vertes » (400 – 200 av. J.-C.) Oudjahorhesné de Saïs (env. 525 av. J.-C.) Neith, déesse de Saïs Ptah (démiurge de Memphis) Hérichef (démiurge d’Hermopolis) Le démiurge solaire, Khépri-Rê-Atoum, protégé d’Isis et de Nephthys, sous sa forme de « devenir » (kheper / scarabée khepri) (trésor de Touthankhamon) Amon (cosmologie thébaine) L’enfant (solaire) sur le lotus (cosmologie hermopolitaine) « Pharaons noirs » 25ème Dynastie « éthiopienne » Taharka Chabaka Je te convoque, toi le maître des plus grands dieux, Horus Harpocrate, toi qui éclaires l’univers et illumines de ta force personnelle le cosmos tout entier, toi qui règles le jour et la nuit, le maître des cavales et des gouvernails, toi qui maitrises le serpent sacré Agathos Daimôn, toi que l’Orient et l’Occident chantent au lever et au coucher, viens, montre-toi, Seigneur… la main droite levée en signe de salut et la gauche tenant un fouet « Tout ce qui sort des mains ou de l‘esprit du créateur est sur le même plan, dans une vision d’un monde sans évolution » (Serge Sauneron) « L’alternance des cycles cosmiques ne se manifestant pas dans la Vallée du Nil, tout se passe comme si, en ce seul lieu, l’ère mythique et l’ère historique que Platon fait, en général, se succéder dans le temps, s’étaient fondues en un éternel présent » (Christian Froidefond, Le mirage égyptien) Timée, 26c – 26d « Les citoyens et la république que (toi Socrate) tu nous as montrés hier comme imaginaires, supposons qu’il soient réels, que cette république (du temps des Atlantes) soit celle dont tu parlais et que tes citoyens soient nos ancêtres dont parlait le prêtre égyptien. Alors tout cela s'accordera parfaitement, et il ne sera pas absurde de dire que tes citoyens (imaginaires) et nos ancêtres (réels) sont les mêmes ».