La colonisation européenne (vers 1850-1939) - Hachette

1850 1860 1870 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940
1848 abolition de l’esclavage
dans les colonies françaises
Première
Guerre
mondiale
1936
conquête de l’Éthiopie
Seconde
Guerre
mondiale
1898
crise de Fachoda 1905 et 1911
crises marocaines
1918
Président Wilson
opposé à la colonisation
1930
agitation dans les colonies
françaises et anglaises
1884-1885
conférence
de Berlin
Sénégal
Cochinchine
Algérie
Inde, Canada, Australie
APOGÉE DE L’IMPÉRIALISME ET DE LA COLONISATION
ESSOR DE
LA COLONISATION
Colonisation française
Colonisation anglaise
131
La colonisation européenne qui remonte au
XVI
e
s., connaît à partir du milieu du
XIX
e
s.
une nette accélération : les empires britannique et français s’agrandissent, de nouvelles
puissances entreprennent des conquêtes coloniales et de vastes territoires, sans être
colonisés, sont placés sous le contrôle économique de l’Europe. Cette situation,
maintenue inchangée jusqu’en 1939, donne le sentiment que l’Europe domine le monde,
même si cette domination commence à être contestée, en particulier à partir de 1919.
Comment expliquer une expansion coloniale aussi rapide ?
Comment et par qui est-elle contestée ?
7
CHAPITRE
La colonisation européenne
(vers 1850-1939)
130
1
D’une domination coloniale encore partielle…
Les colonies européennes vers 1860.
océan
Atlantique
océan
Pacifique
océan
Pacifique
océan
Indien
4 000 km
Pays colonisateurs et leurs colonies
Espagne
Portugal
Pays-Bas
Danemark
Empire ottoman
Russie
Royaume-Uni
France
Sainte-Hélène
Saint-Pierre-
et-Miquelon
Cuba
Guyanes
Guadeloupe
Martinique
Jamaïque
Porto Rico
Honduras
britannique
Sénégal
Gambie Guinée port.
Sierra Leone
Angola
Colonie
du Cap
Mozambique
Côte de l’Or Gabon
Natal
Obock
Guinée esp.
Réunion
Maurice
Mayotte
ROYAUME-
UNI
FRANCE
ESPAGNE
PORTUGAL
Algérie
DANEMARK
PAYS-BAS
EMPIRE OTTOMAN
EMPIRE RUSSE
Inde
Aden
Ceylan Singapour
Tahiti
Islande
Groenland
Bermudes
Canada
Bahamas
Falkland
Açores
Madère
Canaries
Seychelles
Australie
Nouvelle-
Zélande
Nouvelle-
Calédonie
Java Timor
Bornéo
Cochinchine
Philippines
Alaska
équateur
Pondichéry
2
… à une domination mondiale.
Les empires coloniaux en 1939.
océan
Atlantique
océan
Pacifique
océan
Pacifique
océan
Indien
Royaume-Uni
et Commonwealth
Puissances coloniales et leurs colonies
4 000 km
États indépendants
liés au Royaume-Uni
Japon
occupation japonaise
en Chine
Sainte-Hélène
France
Portugal Espagne
Pays-Bas Danemark
Belgique
Italie
Afrique
du Sud
Saint-Pierre-
et-Miquelon
Guyanes
Guadeloupe
Martinique
Jamaïque
Honduras
britannique Gambie
Sierra Leone
Angola
AFRIQUE
DU SUD
Mozambique
Côte de l’Or
Nigéria
Soudan
Réunion
Maurice
Comores
Algérie
Empire
des Indes
Aden
Ceylan Singapour
Tahiti
Groenland
Bermudes
Bahamas
Falkland
(Malouines)
Açores
Madère
Canaries
Seychelles
Australie
Tasmanie
Nouvelle-
Zélande
Nouvelle-
Calédonie
IndochinePhilippines
Alaska
(É-U)
équateur
ÉTATS-UNIS
Marquises
Établissements français
d’Océanie
Pitcairn
Hawaï
(É-U)
Madagascar
Namibie
Maroc Tunisie
Libye
Afrique
occidentale
française
Rio de Oro
Afrique
équatoriale
française
Congo
belge
ÉGYPTE
Érythrée
Éthiopie Somalie
Kenya
Tanganyika
Koweit
IRAK
Syrie
Palestine
Goa
Nouvelle-
Guinée
Wake
Mariannes
Carolines
Salomon
Fidji
Nouvelles-
Hébrides
Bounty
Antipodes
JAPON
Mandchoukouo
Macao
Hong Kong
Formose
CHINE
Aléoutiennes
(É-U)
I
n
d
e
s
n
é
e
r
l
a
n
d
a
i
s
e
s
Gilbert
Marshall
R
h
o
d
é
s
i
e
Canada
Pondichéry
• La colonisation européenne (vers 1850-1939)
CHAPITRE 7
132
Les causes de la colonisation
A.La domination humaine de l’Europe doc.1
La vitalité démographique
de l’Europe fournit une première explication. Entre
1840 et 1914,près de 40 millions d’Européens quittent le continent pour s’établir aux
États-Unis ou dans des colonies de peuplement.
Ce mouvement s’accélère de 1880
à 1914
: entre 1900 et 1914, plus d’un million de personnes quittent l’Europe chaque
année, surtout à destination des États-Unis. Malgré ces départs massifs, la population
de l’Europe représente encore 24 % de la population mondiale en 1850,26 % en 1900
et 25 % en 1914. Cette proportion, jamais atteinte auparavant, diminuera constam-
ment par la suite.
À partir des années 1870, l’Europe connaît
une crise économique
, la Grande
Dépression (1873-1896).Le départ outre-mer apparaît donc comme un moyen de ré-
gler les problèmes sociaux des pays européens. Partir pour les colonies, tout comme
émigrer aux États-Unis,c’est,pour ceux qui acceptent de quitter leur pays,prendre un
nouveau départ dans la vie.
Des États favorisent l’émigration outre-mer
.C’est le cas du Royaume-Uni,dont
les colons partent peupler le Canada et l’Australie ; c’est aussi le cas de la France, qui
colonise l’Algérie.
B.La volonté de civiliser le monde doc.2,4 et 5
Au milieu du
XIX
e
s.,des parties importantes de l’Asie et de l’Afrique restent encore
inconnues des Européens.Des sociétés de géographie encouragent l’
exploration des
territoires inconnus en Afrique, en Asie et en Océanie
. L’Afrique et l’Asie sont
ainsi presque entièrement découvertes, les pôles atteints dans les premières années
du
XX
e
s. Le monde en 1914 est un monde presque entièrement connu, grâce aux
Européens.
Des sociétés missionnaires poussent également au développement des explora-
tions. Ses membres veulent
évangéliser les indigènes et lutter contre l’esclavage
.
La puissance économique de l’Europe donne aux Européens l’impression qu’ils ont le
devoir d’éduquer les peuples des autres continents. C’est « le fardeau de l’homme
blanc » dont parle le poète britannique Rudyard Kipling en 1899.
Ce
complexe européen de supériorité
repose parfois sur de bons sentiments et
sur la certitude que la culture et les institutions politiques européennes (démocratie
libérale, république dans le cas de la France) sont les meilleures du monde et qu’il faut
en faire bénéficier les peuples des autres continents.
C.Développer sa puissance économique et stratégique doc.3 et 6
La domination européenne obéit aussi à
des motifs stratégiques
. Certaines puis-
sances (Royaume-Uni, France) cherchent à contrôler les routes maritimes vers leurs
possessions d’outre-mer :la « route des Indes » (Gibraltar,Malte,canal de Suez, Aden)
est ainsi vitale pour le Royaume-Uni.Il est donc nécessaire d’installer sur les côtes ou
dans des îles des points de ravitaillement (eau, vivres, charbon surtout avec le déve-
loppement de la marine à vapeur) pour les navires. Ces escales sur les côtes servent
ensuite de points de départ pour l’exploration ou la conquête de l’intérieur.
Enfin, le développement économique de l’Europe pousse les industriels et les États
à
rechercher des débouchés extérieurs
.Les colonies fournissent ainsi des matières
premières et des produits tropicaux pour les pays européens.Elles sont également des
débouchés pour les produits fabriqués en
métropole
et offrent des possibilités de
placements pour les capitaux européens. La colonisation européenne aboutit ainsi au
développement de l’
impérialisme
européen.
VOCABULAIRE
1
impérialisme :
voir Ne pas confondre p. 140.
métropole :
État européen possédant des
colonies ; le mot est surtout utilisé dans les
colonies.
1
Le poids démographique
de l’Europe.
(en millions de personnes)
1850
Europe
Asie
Afrique
Amérique
Nord
Sud
Total
% Europe
266
671
100
40 60
20
1 097
24 %
1870
310
700
115
85 60
25
1 210
25,6 %
1900
400
860
130
106 144
38
1 534
26 %
« Le fardeau de l’homme blanc »
Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau :
Envoie au loin ta plus forte race,
Jette tes fils dans l’exil
Pour servir les besoins de tes captifs ;
Pour – lourdement équipé – veiller
Sur les races sauvages et agitées,
Sur vos peuples récemment conquis,
Mi-diables, mi-enfants. […]
Blanc, reprends ton lourd fardeau ;
Tes récompenses sont dérisoires :
Le blâme de celui qui veut ton cadeau,
La haine de ceux-là que tu surveilles.
La foule des grondements funèbres
Que tu guides vers la lumière :
« Pourquoi dissiper nos ténèbres,
Nous offrir la liberté ? »
Rudyard Kipling, 1899.
2
1.
Expliquer « Jette tes fils dans l’exil » et
« races sauvages et agitées ».
2.
Selon Kipling, la colonisation est-elle
acceptée ? Qui s’y oppose ? Au nom
de quoi ?
}}}
Tripoli
Tanger Alger Biskra
Le Caire
Bardai
Kouka Yoa El Facher
Khartoum
Le Cap Port Elizabeth
Kuruman
St-Paul-
de-Loanda
Chitambo
Tombouctou
zones connues
en 1849
zones explorées
de 1850 à 1900
zones inconnues
en 1900
Stanley (1871-1877),
R.-U.
Barth (1850-1855),
Allemagne
Savorgnan de Brazza
(1875-1880), France
Foureau - Lamy
(1898-1900), France
Livingstone
(1849-1873), R.-U.
Nachtigal (1871-1873),
Allemagne
Explorateurs :
Nord
2 000 km
océan
Atlantique
C
o
n
g
o
Nil
lac
Victoria
lac Tanganyika
lac Malawi
Z
a
mb
è
z
e
N
i
g
e
r
lac
Tchad
océan
Indien
4
Le rôle des grandes explorations : la découverte
de l’Afrique.
5
Livingstone dans le bassin du Zambèze
J’ai visité les chutes appelées Chongoué ou Mosi-oa-Tounya,
dont on aperçoit les colonnes vaporeuses après vingt minutes
de navigation à partir de Calaï. Le paysage est admirable. Je me
fis débarquer dans une île qui est presque au milieu de la cas-
cade et qui me permit de jouir du magnifique spectacle d’un
fleuve large de mille mètres, s’engouffrant d’une seule masse
dans un abîme qui n’a guère plus de vingt mètres de largeur.
C’est le spectacle le plus saisissant que j’aie contemplé en
Afrique. J’ai donné à ces chutes le nom de Victoria [...].
Notre expédition est la première qui ait vu la traite au lieu
même de son origine, et l’ait suivie dans toutes ses phases.
Je me sens moins disposé que jamais à laisser aux commer-
çants d’esclaves les régions que j’ai parcourues.
Je me propose de pénétrer dans les terres, au nord des pos-
sessions portugaises, et d’y introduire le système qui a produit
de si heureux effets sur la côte de la Guinée ; système dans le-
quel l’établissement d’un commerce licite et celui des missions
chrétiennes se joignent aux efforts des croiseurs.
David et Charles Livingstone, Explorations dans l’Afrique australe
et dans le bassin du Zambèze, Hachette, 1885.
3
Investissements à l’étranger.
Royaume-Uni
300 7 850
France
100 3 300
Allemagne
- 2 000
Pays-Bas
300 1 000
Ensemble de l’Europe
900 16 500
États-Unis
- 400
Monde
900 17 000
1870 1900
1.
Présenter le document.
2.
Quels sont les arguments avancés en faveur de la colonisation ?
3.
Selon l’auteur, quels avantages la colonisation apporte-t-elle ?
4.
Montrer que, derrière ces arguments, pointe l’idée d’une supériorité de la civilisation européenne.
133
(en millions de dollars
courants).
6
Pourquoi coloniser ?
La colonisation est la force expansive d’un peuple, c’est sa puis-
sance de reproduction, c’est sa dilatation et sa multiplication à
travers les espaces ; c’est la soumission de l’univers ou d’une
vaste partie à sa langue, à ses mœurs, à ses idées et à ses lois.
Un peuple qui colonise, c’est un peuple qui jette les assises de
sa grandeur dans l’avenir et de sa suprématie future. Toutes les
forces vives de la nation colonisatrice sont accrues par ce dé-
bordement au-dehors de cette exubérante activité. Au point de
vue matériel, le nombre des individus qui forment la race s’aug-
mente dans une proportion sans limite ; la quantité des res-
sources nouvelles, des nouveaux produits, qui se trouvent
solliciter l’industrie métropolitaine, est incommensurable ; le
champ d’emploi des capitaux de la métropole et le domaine ex-
ploitable ouvert à l’activité de ses citoyens, sont infinis. Au point
de vue moral et intellectuel, cet accroissement du nombre des
forces et des intelligences humaines, ces conditions diverses où
toutes ces intelligences et ces forces se trouvent placées, modi-
fient et diversifient la production intellectuelle. Qui peut nier
que la littérature, les arts, les sciences d’une race ainsi amplifiée
n’acquièrent un ressort que l’on ne trouve pas chez les peuples
d’une nature plus passive et sédentaire ? Il se produit aussi dans
ce domaine intellectuel un phénomène analogue à celui que
nous avons noté dans le domaine de l’industrie. […]
À quelque point de vue que l’on se place, que l’on se renferme
dans la considération de la prospérité et de la puissance maté-
rielle, de l’autorité et de l’influence politique, ou que l’on s’élève
à la contemplation de la grandeur intellectuelle, voici un mot
d’une incontestable vérité : le peuple qui colonise le plus est le
premier peuple ; s’il ne l’est pas aujourd’hui, il le sera demain.
P. Leroy-Beaulieu, membre du parti radical,
De la colonisation chez les peuples modernes, 1874.
1.
Quel rôle joue Livingstone dans l’exploration de l’Afrique ?
2.
Quel aspect de la colonisation est ici mis en évidence ?
135
• La colonisation européenne (vers 1850-1939)
CHAPITRE 7
134
L’expansion coloniale
avant 1914
A.Des empires longtemps modestes
Les empires coloniaux,nés au
XVI
e
s., ont d’abord été marqués par une
économie
de plantation
, reposant sur la culture de produits tropicaux, comme le coton ou la
canne à sucre. Au
XIX
e
siècle, après l’abolition de l’esclavage, beaucoup d’Européens
estiment alors la colonisation inutile. Les libéraux admettent qu’on crée des colonies
de peuplement dans des territoires encore à peu près vides, comme l’Australie (en-
core que les émigrants se dirigent surtout vers les États-Unis). Mais ils jugent
trop
coûteux de conquérir et contrôler des territoires fortement peuplés
pour en
faire des
colonies d’exploitation
. Ils préfèrent y entretenir de simples relations
commerciales par le biais de
comptoirs
.
Vers 1850
, l’empire britannique s’étend sur 22 millions de km
2
et compte 240
millions d’habitants. Il comprend notamment le Canada, l’Australie, la Nouvelle-
Zélande ainsi que des îles et des comptoirs, escales sur la « route des Indes ». Les
colonies de la France, des Pays-Bas, de l’Espagne et du Portugal sont beaucoup moins
étendues. L’Afrique demeure encore en grande partie inconnue des Européens.
B.La reprise de l’expansion coloniale doc.2
Après 1870
, la colonisation européenne se développe rapidement. L’essor colonial
tient surtout aux difficultés de la Grande Dépression qui pousse les États à s’assurer
des marchés outre-mer : pour Jules Ferry, chef du gouvernement français, «
une co-
lonie, c’est d’abord un débouché
».
L’essor colonial,lié à l’impérialisme,conduit certains États à se doter de
zones d’in-
fluence
leur assurant un statut de grande puissance. Une telle politique concerne non
seulement la France, le Royaume-Uni, la Russie mais aussi de jeunes États tels que
l’Allemagne, la Belgique et l’Italie.
En Asie
, le Royaume-Uni renforce sa domination en Inde, où l’autorité du gouver-
nement se substitue en 1858, au lendemain de la grave révolte des Cipayes, à celle de
l’
East India Company
tandis que la France conquiert l’Indochine, entre 1859 et 1895
et que les Pays-Bas poursuivent la conquête du gigantesque archipel indonésien. Mais
c’est
en Afrique que les conquêtes européennes sont les plus importantes
. Les
conquêtes s’accélèrent après 1880 : Jules Ferry qualifie ces rivalités coloniales de
« course au clocher ».
C.Le partage du monde doc.1,3,4 et 5
Pour régler les rivalités qui ne cessent de surgir entre elles, les puissances euro-
péennes réunissent
une conférence à Berlin en 1884-1885
. On y définit les règles
des conquêtes coloniales. Pour qu’une colonie appartienne à un pays européen, une
occupation effective du territoire est nécessaire. Les conquêtes coloniales reposent
désormais sur un accord international, accepté par tous les pays européens.
Quasiment inconnue des Européens au
XIX
e
siècle, l’Afrique est presque entièrement
colonisée en 1914.
L’essor colonial engendre néanmoins des rivalités régionales entre pays européens :
entre le Royaume-Uni et la Russie à propos de l’Afghanistan,aux confins de l’Inde an-
glaise et de l’Asie centrale russe ; entre le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne en
Afrique. Il en résulte
des crises internationales
. Une des plus graves survient en
1898, entre Français et Britanniques,
à Fachoda
, à propos du Soudan. Deux autres
crises éclatent entre la France et l’Allemagne
à propos du Maroc
, en 1905-1906 puis
en 1911.À la suite d’un accord international,le Maroc revient à la France;l’Allemagne
reçoit en échange des territoires français en Afrique centrale.
2
Les décisions de la conférence de Berlin
Art.1 - Tous les pavillons sans distinction de nationalité, auront
libre accès à tout le littoral des territoires énumérés ci-dessus,
aux rivières qui s’y déversent dans la mer, à toutes les eaux du
Congo et de ses affluents, y compris les lacs, à tous les ports si-
tués au bord de ces eaux. […]
Art. 6 - Toutes les puissances exerçant des droits de souverai-
neté ou une influence dans lesdits territoires s’engagent à
veiller à la conservation des populations indigènes et à l’amé-
lioration de leurs conditions morales et matérielles d’existence
et à concourir à la suppression de l’esclavage et surtout la traite
des noirs ; elles protégeront et favoriseront […] toutes les insti-
tutions et entreprises religieuses, scientifiques ou charitables,
créées et organisées à ces fins, ou tendant à instruire les indi-
gènes et à leur faire comprendre et apprécier les avantages de
la civilisation. […]
13 - La navigation du Congo est et demeurera entièrement libre
pour les navires marchands […] de toutes les nations, tant pour
les marchandises que pour les voyageurs. […]
26 - La navigation du Niger est et demeurera entièrement libre
pour les navires marchands […] de toutes les nations, tant pour
les marchandises que pour les voyageurs. […]
34 - La puissance qui, dorénavant, prendra possession d’un ter-
ritoire sur les côtes du continent africain, […] ou qui viendrait à
en acquérir avertira les autres puissances signataires. […]
35 - Les puissances signataires […] reconnaissent l’obligation
d’assurer, dans les territoires occupés par elles, l’existence
d’une autorité suffisante pour faire respecter les droits acquis.
États représentés : Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique,
Danemark, Empire ottoman, Espagne, États-Unis, France, Italie,
Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Russie, Suède.
2
VOCABULAIRE
1.
Quelles sont les décisions prises lors de cette conférence ?
2.
Quels États européens sont engagés dans ces décisions ?
3.
À quelle condition un État européen peut-il revendiquer
une colonie ? Quelles garanties sont apportées aux populations
indigènes ?
économie de plantation :
économie
reposant sur la culture de plantes tropicales
effectuée dans de grands domaines mis en
valeur par des esclaves ou des ouvriers
agricoles.
colonie d’exploitation :
colonie souvent
située en zone chaude, où les Européens sont
peu nombreux, et destinée à fournir à
la métropole des produits tropicaux.
comptoir :
établissement commercial dirigé
par un État (métropole) dans un territoire
étranger.
Nord
Le Caire
Dakar Djibouti
Fachoda
Kitchener
Marchand
Le Cap
3 000 km
colonies britanniques
en 1898
colonies françaises
en 1898
« verticale » anglaise
« transversale » française
rencontre Marchand-
Kitchener à Fachoda
(Soudan)
1
La crise de Fachoda.
En 1898, la France organise sous les ordres
du capitaine Marchand, une expédition,
en direction de la haute vallée du Nil, qu’elle
atteint à Fachoda en juillet 1898. De leur
côté, les Britanniques veulent contrôler
le Soudan : remontant le Nil, le général
Kitchener arrive en septembre 1898 à
Fachoda.
Les Britanniques somment les Français de
rappeler Marchand. Après une vive tension
diplomatique entre les deux pays, et devant
le risque d’une guerre, le gouvernement
français cède et rappelle Marchand
(novembre 1898). Finalement, un accord
(mars 1899) délimite la frontière entre
les colonies des deux pays dans cette région
et les Britanniques s’engagent à appuyer les
Français dans leurs evendications ultérieures,
en particulier au Maroc.
3
Exposition coloniale de Marseille, 1906.
4
Plantation de café au Cameroun après 1920.
5
Les antagonismes entre France et Allemagne
au Maroc.
« La conférence du Maroc ». Caricature allemande
du 8 janvier 1906 lors de la première crise marocaine (1905-1906).
137
• La colonisation européenne (vers 1850-1939)
CHAPITRE 7
A. Présenter les documents (nature, date, auteur)
B. Dégager des informations des documents
1. Quels sont les arguments des libéraux contre la
colonisation ? (doc. 1)
2. Quels sont les arguments de Jules Ferry en faveur
de la colonisation ? (doc. 2)
3. Quelles sont les critiques dirigées contre la politique
de Jules Ferry en 1885 ? (doc. 3)
4. Quels sont les pays colonisateurs ? Comparer l’évolution
de la taille des empires coloniaux aux trois dates. (doc. 4)
5. Comment sont présentés les Italiens et les indigènes ?
Comment la colonisation de la Tripolitaine est-elle justifiée ?
(doc. 5)
6. Quel est le point de vue de Karl Marx sur la colonisation
de l’Inde par les Britanniques (doc. 6)
C. Mettre en relation les documents
7. Montrer comment et pourquoi les opinions européennes
se sont ralliées peu à peu à la colonisation.
D. Synthèse
8. Quels arguments sont utilisés pour justifier
la colonisation ?
QUESTIONS
3 Clemenceau et la colonisation
Races supérieures, races supérieures, c’est bientôt dit. Pour ma
part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants
allemands démontrer scientifiquement que la France devait
être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le
Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce
temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner
vers un homme et vers une civilisation et de prononcer :
homme ou race inférieures. […] C’est en augmentant inces-
samment les charges du budget que vous prétendez vous
ouvrir des débouchés, alors qu’il y a d’autres nations à côté de
nous qui, n’ayant pas fait la dépense de ces expéditions colo-
niales, entrent en lutte avec nous sur le terrain même que nous
avons choisi. Comme elles ont des budgets qui ne sont pas
grevés des frais de ces expéditions, elles nous font une concur-
rence redoutable et nous enlèvent le commerce jusque dans
nos propres marchés. Nous faisons la police pour elles et nous
montons la garde pour qu’elles puissent commercer en toute
sécurité et gagner de l’argent à nos dépens. Lors donc que,
pour vous créer des débouchés, vous allez guerroyer au bout
du monde, lorsque vous dépensez des centaines de millions,
lorsque vous faites tuer des milliers de Français pour ce
résultat, vous allez directement contre votre but : autant
d’hommes tués, autant de millions dépensés, autant de charges
nouvelles pour le travail, autant de débouchés qui se ferment.
Clemenceau discours à la chambre des députés, 31 juillet 1885.
3
136
Pour ou contre la colonisation ?
DOSSIER
Vers 1850, les colonies sont encore peu nombreuses et
seul le Royaume-Uni possède alors un empire colonial
de grande taille. Les économistes libéraux sont peu
favorables à la colonisation, que l’on accuse de coûter
plus cher qu’elle ne rapporte. C’est surtout après 1870
que les puissances européennes se lancent dans la
colonisation. Le redémarrage des conquêtes coloniales
entraîne un débat parmi les opinions publiques.
Ces dernières se rallient majoritairement aux conquêtes
coloniales à partir des années 1890. Des groupes de
pression (en France, le « parti colonial ») rassemblent
des députés de tous les partis, des industriels, des
membres de l’Église pour appuyer le développement
des empires coloniaux.
Les libéraux contre la colonisation
Les vraies colonies d’un peuple commerçant, ce sont les peu-
ples indépendants de toutes les parties du monde. Tout peuple
commerçant doit désirer qu’ils soient tous indépendants, pour
qu’ils deviennent tous plus industrieux et plus riches ; car plus
ils sont nombreux et productifs, et plus ils présentent d’occa-
sions et de facilités pour les échanges. Ces peuples alors devien-
nent pour vous des amis utiles, et qui ne vous obligent pas de
leur accorder des monopoles onéreux, ni d’entretenir à grands
frais des administrations, une marine et des établissements mi-
litaires aux bornes du monde. Un temps viendra où l’on sera
honteux de tant de sottises, et où les colonies n’auront plus
d’autres défenseurs que ceux à qui elles offrent des places
lucratives, le tout aux dépens des peuples.
J.-B. Say, Traité d’économie politique, 1825.
1
Karl Marx et la colonisation de l’Inde
L’Angleterre a une double mission à remplir en Inde : l’une
destructrice, l’autre régénératrice – l’annihilation de la vieille
société asiatique et la pose des fondements matériels de la so-
ciété occidentale en Asie.
Arabes, Turcs, Tatares, Moghols, qui envahirent successive-
ment l’Inde furent bien « hindouisés ». Les conquérants bar-
bares étaient par une loi éternelle de l’histoire, conquis
eux-mêmes par la civilisation supérieure de leurs sujets. Les
Britanniques étaient les premiers conquérants supérieurs et
par conséquent inaccessibles à la civilisation hindoue. Ils la dé-
truisirent en détruisant les communautés indigènes, l’industrie
indigène et en nivelant tout ce qui était grand et élevé dans la
société indigène. […]
L’unité politique de l’Inde, […] imposée par l’épée britannique
va maintenant être affermie et perpétuée par le télégraphe
électrique. L’armée indigène organisée et entraînée par le ser-
gent-instructeur britannique était le sine qua non de l’Inde s’é-
mancipant et de l’Inde cessant d’être la proie du premier intrus
étranger. La presse libre, introduite pour la première fois dans
la société asiatique, et gérée principalement par la commune
progéniture d’Hindous et d’Européens, est un nouvel et puis-
sant agent de reconstruction. Les natifs de l’Inde, éduqués, en-
core qu’avec mauvaise grâce et parcimonie, à Calcutta, sous la
tutelle anglaise, sont en train dé former une classe nouvelle,
douée des aptitudes requises au gouvernement et imbue de
science européenne. […] Le jour n’est pas bien loin où, par une
combinaison de chemins de fer et de bateaux à vapeur, la dis-
tance entre l’Angleterre et l’Inde, mesurée par le temps, sera
réduite à huit jours, et où cette contrée jadis fabuleuse sera pra-
tiquement annexée au monde occidental.
K. Marx, « Les résultats éventuels de la domination britannique en Inde »,
article dans le New York Daily Tribune, 8 août 1853.
6
Jules Ferry justifie sa politique coloniale
La concurrence, la loi de l’offre et de la demande, la liberté des
échanges, l’influence des spéculations, tout cela rayonne dans
un cercle qui s’étend jusqu’aux extrémités du monde. C’est là
un problème extrêmement grave. Il est si grave […] que les
gens les moins avisés sont condamnés à déjà prévoir l’époque
où ce grand marché de l’Amérique du Sud nous sera disputé et
peut-être enlevé par les produits de l’Amérique du Nord. […] Il
faut chercher des débouchés…
II y a un second point que je dois aborder […] : c’est le côté hu-
manitaire et civilisateur de la question… Les races supérieures
ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je dis qu’il y a pour
elles un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le
devoir de civiliser les races inférieures. […]
Il n’y a pas de compensation […] pour les désastres que nous
avons subis [mais] est-ce que le recueillement qui s’impose aux
nations éprouvées par de grands malheurs doit se résoudre en
abdication ? […]
Je dis que la politique coloniale de la France, que la politique
d’expansion coloniale, celle qui nous a fait aller, sous l’Empire,
à Saigon, en Cochinchine, celle qui nous a conduits en Tunisie,
celle qui nous a amenés à Madagascar, je dis que cette poli-
tique d’expansion coloniale s’est inspirée d’une vérité sur la-
quelle il faut pourtant appeler un instant votre attention : à
savoir qu’une marine comme la nôtre ne peut pas se passer,
sur la surface des mers, d’abris solides, de défenses, de centres
de ravitaillement. […] Rayonner sans agir, sans se mêler aux af-
faires du monde, […] c’est abdiquer, et, dans un temps plus
court que vous ne pouvez le croire, c’est descendre du premier
rang au troisième et au quatrième…
J. Ferry, discours à la chambre des députés, 28 juillet 1885.
2
La conquête de la Tripolitaine par les Italiens
vue par Le Petit Journal du 15 octobre 1911.
5
4
La taille des empires coloniaux européens
de 1880 à 1938.
1880
en millions de km
2
Royaume-Uni
France
Pays-Bas
Espagne
Portugal
Allemagne
Belgique
Italie
22,540
0,728
0,421
0,420
0,188
-
-
-
1913
32,325
9,707
2,066
0,334
0,822
2,95
2,35
2,0-
1938
33,624
12,115
2,070
0,334
0,93
-
2,40
3,425
D’après Bouda Etemad, La possession du monde, Complexe, 2000.
7
Un argument souvent utilisé pour justifier
la colonisation : la mission civilisatrice de l’Europe.
Sœurs missionnaires en Chine au début du XX
e
s.
139
• La colonisation européenne (vers 1850-1939)
CHAPITRE 7
138
La puissance européenne contestée
A.L’importance des colonies entre 1914 et 1939 doc.3
Les colonies ont joué un rôle important
lors de la guerre de 1914-1918
, en four-
nissant aux puissances alliées
des matières premières,des denrées alimentaires et
surtout des hommes
. 587 000 Nord-Africains et Noirs ont combattu dans l’armée
française ; 950 000 Indiens, 600 000 Canadiens, 450 0000 Australiens et des Néo-
Zélandais dans l’armée britannique. Des Indochinois sont venus travailler en France
dans les usines d’armement.
En 1919,
les anciennes colonies allemandes et les territoires non turcs de
l’Empire ottoman
sont répartis,sous le nom de
mandats
,entre les pays vainqueurs.
La France reçoit donc le Togo et le Cameroun en Afrique, la Syrie et le Liban au
Proche-Orient ; le Japon, les possessions allemandes du Pacifique ; le Royaume-Uni, la
Palestine et l’Irak ainsi que les territoires allemands de l’Est africain.
B.L’évolution de la domination coloniale doc.1,2 et 4
Cependant,la domination coloniale a évolué.Déjà avant 1914,le Royaume-Uni avait
tissé de nouveaux liens avec ses colonies à fort peuplement blanc.Entre 1867 et 1910,
le Canada,l’Australie,la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud étaient devenus des
do-
minions
et avaient bénéficié d’un gouvernement autonome. Dès les années 1880 se
développent les
premières manifestations nationalistes
, notamment en Inde et en
Indochine.
Après 1918, ces mouvements prennent une certaine ampleur : en Inde, Gandhi
(1869-1948) fait usage de la non-violence pour obtenir l’autonomie de son pays.
D’autres mouvements indigènes naissent en Tunisie, en Algérie, en Indochine. En
Égypte, un mouvement islamiste est créé, les Frères musulmans, qui veulent créer un
État islamique et rejettent les valeurs de l’Occident.
Des révoltes éclatent
,au Maroc
dans les années 1920 (guerre du Rif) et en Indochine en 1930, à l’initiative du parti
communiste indochinois créé par Hô Chi Minh. En Europe, des voix de plus en plus
nombreuses
dénoncent la domination coloniale
. C’est le cas notamment des diri-
geants communistes,d’intellectuels (Albert Einstein, Romain Rolland,André Gide), ou
de l’Église.
Des évolutions se font jour peu à peu : l’Égypte devient indépendante en 1922 et
l’Irak en 1932 ; le Royaume-Uni crée le
Commonwealth
en 1931.
En 1939, le
Royaume-Uni et la France font encore illusion
et apparaissent comme des grandes
puissances, en raison notamment de l’importance de leurs empires coloniaux.
C.Vers le crépuscule des empires coloniaux ? doc.5
La situation est cependant nettement moins favorable pour l’Europe qu’avant 1914.
Les États-Unis,le Canada,l’Argentine ont développé leur industrie et leur agriculture à
la faveur de la guerre.En Extrême-Orient, le Japon a remplacé les pays européens dans
le commerce avec la Chine et le Sud-Est asiatique.
Cette concurrence des pays
neufs
devient préoccupante pour les États européens.
Si les empires coloniaux connaissent leur extension maximale dans les années 1930,
l’heure de l’expansion est passée
.Les dernières conquêtes (celle de la Mandchourie
par le Japon en 1932,et celle de l’Éthiopie par l’Italie en 1936) sont condamnées par la
SDN et considérées comme des agressions contre des pays indépendants. À ces
contestations viennent s’ajouter
les critiques des États-Unis et du Japon
. Les pre-
miers, qui n’oublient pas qu’ils ont été les premiers à se libérer du joug colonial, défen-
dent l’ouverture des possessions européennes au commerce international. Le second
exalte l’union des peuples jaunes contre la domination des Européens. C’est au mo-
ment où les empires coloniaux sont les plus étendus que cette domination européenne
commence à montrer des signes de fragilité.
VOCABULAIRE
3
mandat :
voir Ne pas confondre p. 154.
dominion :
voir Ne pas confondre p. 154.
Commonwealth :
association du Royaume-
Uni et de ses dominions, créée en 1931.
Les colonies, la guerre et la révolution
La guerre prouve en ce moment la solidité de l’édifice colonial
français, semblable en cela à l’anglais. Non seulement il n’a pas
cédé à la violence des événements, mais les peuples divers qui
le constituent nous ont manifesté avec une égale fermeté leur
loyalisme. Ils se sont refusés à écouter les fauteurs de troubles
que nos ennemis avaient envoyés chez certains d’entre eux, et
c’est sans compter qu’ils nous ont apporté leur concours.
Bulletin de la Section d’information du grand quartier général,
7 mars 1918.
La dernière guerre, qui n’était pas faite dans l’intérêt des colo-
nies, fut cependant conduite avec l’aide des colonies. Les po-
pulations coloniales furent mêlées à la guerre européenne à un
degré encore jamais atteint. […] Pourquoi ? Pour avoir le droit
de rester les esclaves de la France et de l’Angleterre ! […]
L’émancipation des colonies est possible seulement en liaison
avec l’émancipation de la classe laborieuse métropolitaine. Les
ouvriers et les paysans d’Annam, d’Algérie et du Bengale, mais
aussi de Perse, obtiendront la possibilité d’avoir une existence
indépendante seulement lorsque les ouvriers français et an-
glais auront […] placé dans leurs propres mains le pouvoir de
l’État. Esclaves coloniaux d’Afrique et d’Asie, l’heure de la dic-
tature prolétarienne en Europe sera aussi l’heure de votre libé-
ration !
Léon Trotski au premier congrès de la IIIeInternationale, 1919.
4
1
Affiche du Parti communiste
français (1930).
1.
D’après cette affiche, quel est le sort
des indigènes ?
2.
Que dénonce cette affiche ?
équateur
guerre du Rif
au Maroc
Mandchourie
Indes néerlandaises
Iles Carolines
(Japon)
Hawaï
océan
Atlantique
océan
Pacifique
océan
Indien
Europe colonisatrice
colonies et dépendances
des États européens en 1939
pays neufs
rivalités entre intérêts économiques
européens et américains
mouvements anti-colonialistes
territoires devenus indépendants
expansion des nouveaux
pays impérialistes
4 000 km
AFRIQUE
DU SUD
ÉGYPTE
SYRIE IRAK
ARABIE
URSS
JAPON
INDE
NOUVELLE-
ZÉLANDE
INDOCHINE
CANADA
ÉTATS-UNIS
BRÉSIL
BOLIVIE
PARAGUAY
ARGENTINE
CHILI
AUSTRALIE
MEXIQUE
CHINE
MADAGASCAR
3
La contestation de la suprématie européenne entre 1919 et 1939.
1.
Que semblait-on craindre dans l’empire français durant
la guerrre ? De quoi se félicite l’auteur du texte ?
2.
Chercher qui est Trotski. Que propose-t-il aux peuples
colonisés ?
3.
Montrer que ces deux textes s’opposent en tous points.
La foi en la colonisation
Pendant douze années, sous les tropiques comme en France,
gouverneur général ou ministre, j’ai longuement médité sur la
colonisation, sa légitimité, ses conséquences morales. […]
Dans l’action coloniale ainsi comprise, il n’y a plus comme au
début, « droit du plus fort », mais bien « droit du fort à aider le
faible », ce qui paraît vraiment le droit le plus noble et le plus
haut de tous.
L’opération n’est plus unilatérale ; elle n’évince pas un possé-
dant au profit d’un spoliateur ; elle peut, plus justement que
celle qui la précéda, réclamer le titre de « pacte colonial », car
elle est conçue pour l’avantage des deux ayants droit, liés par
une politique d’association.
La possession lointaine ne sera plus à présent un simple comp-
toir, unpôt de richesses, un débouché où le
« conquérant » vient rafler les épices et écouler sa marchandise
en pressurant une race indigène taillable et corvéable à merci.
Les colonies cessent de n’être que des marchés ; ce sont des
entités vivantes, des créations d’humanité, des parties soli-
daires de l’État français dont on va, par le progrès scientifique,
moral, économique et politique, favoriser l’accès à de plus
hauts destins, au même titre que les autres parties du territoire
national.
Albert Sarraut, gouverneur de l’Indochine (1911-1914 et 1916-1919)
et ministre des Colonies (1920-1924 et 1932-1933),
Grandeurs et servitudes coloniales, 1931.
5
Les socialistes et les colonies
au temps du Front populaire
Une politique coloniale socialiste aura
d’autant plus de chances d’être cons-
tructive et durablement féconde qu’elle
se préoccupera moins de communi-
quer d’une manière directe l’idéologie
socialiste aux indigènes… Il faut
prendre garde au déchaînement de
forces incontrôlables […] qui pour-
raient sortir d’une action où des no-
tions mal digérées de lutte des classes,
certains fanatismes religieux, la nature
émotive des Africains, la dissimulation
islamique et asiatique et toutes sortes
d’influences souterraines se rencontre-
raient en des réactions complexes et
imprévisibles.
Déclaration de Marius Moutet, ministre socialiste
des Colonies du Front populaire, au Conseil
supérieur des colonies, mars 1938.
2
1.
Montrer l’évolution de la pensée coloniale en France
entre le
XIX
e
s. et 1931.
2.
Quelles perspectives propose Albert Sarraut pour l’empire
colonial français ?
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La colonisation européenne (vers 1850-1939) - Hachette

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