Séminaire SFCTCV La Baule mars 2010 J. Barisien, Pr DUMONT, Service de Chirurgie Thoracique CHRU TOURS Généralités (1) Épanchement intra pleural de chyle Plusieurs groupes : Médicaux ou spontanés Congénitaux Traumatiques et iatrogènes Généralités (2) 1ère évocation par Bartholin au XVIIème s. Pathologie rare : 1 à 2% des procédures thoraciques, jusqu’à 4% pour les oesophagectomies Pathologie grave : Amélioration grâce aux progrès de la réanimation et à la ligature chirurgicale (Lampson, 1948) Anatomie (1) Asseli (XVIIème s.) : venae lactae chez le chien Pecquet (1947) : citerne et drainage thoracique Drainage actif avec système valvulaire Unité fonctionnelle : le lymphangion Anatomie (2) Canal thoracique : Naissance entre L2 et D11 Grande veine azygos/aorte/œsophage/CV Passage Dt G vers D5-D6, rétro aortique Confluent veineux jugulo-carotidien G Variation anatomique : dédoublement inférieur (25-40%), canal G (4.5%) Drainage : MI, paroi abdo et lombaire, organes intra (chyle) et rétropéritonéaux, paroi thoracique post. Anatomie (3) Voie lymphatique médiastinale Courant ant : nerf phrénique Courant post péri œsophagien Courant médiastinal Drainage : poumons, médiastin, diaphragme, région sous-diaphragmatique Anatomie (4) Voies lymphatiques pariétales : Voie ant : vx mammaires internes Voie externe : vx mammaires externes vx axillaires Voie post : gouttière costo-vertébrale Drainage : paroi thoracique et glandes mammaires Anatomie (5) Anastomoses multiples : diaphragme, médiastin, intercostal Terminaison au niveau du système veineux cervical à G Canal thoracique exclusivement à Dte ou abouchement bilatéral dans 2 à 4.5% Etiologies traumatiques et/ou iatrogènes Bilan paraclinique Aspect opalescent du liquide pleural avec présence de chylomicrons et de TG >1.1g/L Si doute, test diagnostic par l’ingestion de crème fraîche Lymphographie pédieuse Examen de référence, bonne Se Anatomie, malformations, anomalies Après drainage du chylothorax Signes directs (extravasation) ou indirects (arrêt du PdC si compression…) Difficultés de réalisation (cathétérisation difficile) Examen opérateur dépendant Kos et al., Cardiovasc Intervent Radiol 2007 Lymphographie pédieuse CI : insuffisance respiratoire (embolie graisseuse), shunt intra cardiaque DtG Intérêt thérapeutique (Matsumoto et al., Br J Radiol., 2009) Autres modalités radiologiques Lymphoscintigraphie au Tc-99m HAS TDM Opacification toujours nécessaire Autres modalités radiologiques IRM : seul examen non invasif, pas de nocivité (pas de risque d’embolie graisseuse) Takahashi et al., Chest 2003 Principes thérapeutiques Ttt médical en 1ère intention systématique +++ Efficace dans 75% des cas Principes : Évacuation du chylothorax Diminution de la production de chyle Ttt chirurgical en 2nd intention Évacuation du chylothorax Drainage pleural +/- fibrinolytiques si le drain se bouche mise sur valve d’Heimlich possible pour éviter d’entretenir la fuite Ponction déconseillée itérative, cloisonnement, PNO iatrogène Diminution de la production de chyle (1) Mise à jeun avec pose de KTVC pour NPE, réhydratation Lutte contre la dénutrition, correction des troubles hydroélectrolytiques Régime à base de TG à chaîne moyenne uniquement (seuls réabsorbés par le système porte) + restriction hydrique Diminution de la production de chyle (2) SOMATOSTATINE (IVSE) / OCTREOTIDE (SC) Diminution des sécrétions gastro-intestinales Diminution de la pression veineuse intra-hépatique Diminution du débit splanchnique Posologie : 200 à 300 γ /j Pas de CI Diminution de la production de chyle (3) ETILEFRINE (IVSE) 5mg/h Sympathomimétique Augmentation de la contraction des fibres musculaires lisses Effets secondaires : tachycardie, HTA, flush, céphalées Arrêt si chir envisagée (interaction avec les halogénés) Guillem et al, 2004 Ttt chirurgical Étiologique ou palliatif 1ère étape (si réalisable): lymphographie oriente le geste chirurgical 2ème étape : mise en évidence des voies lymphatiques translucides par absorption de lipides 3 à 4 h avant la chirurgie ou possibilité d’administrer en per opératoire via la SNG de lait dans le duodénum (Yagihara et al, Anesth Analg 2005) Ligature intra-thoracique du CT par voie droite (1) Standard, efficace dans 75% des cas Évacuation du chyle Section du ligament triangulaire Dissection de l’espace inter-azygo-oesophagien Suture en masse de la région Drainage pleural x2 Ligature intra-thoracique du CT par voie droite (2) Variante : ligature sus azygotique si aspect plexiforme du CT inférieur mais plus difficile et ligature peut être en aval de la fuite Uniquement si chirurgie cervico-médiastinale ou prélèvement de l’artère mammaire Ligature intra-thoracique du CT par voie gauche (1) Évacuation du chyle Section du ligament triangulaire Dissection de l’espace inter-oeso-aortique en D9 Ou abord rétro aortique --> artère d’Adamkiewicz Ligature intra-thoracique du CT par voie gauche (2) Variante : abord du triangle de Poirier si chirurgie de l’aorte, décortication du médiastin supérieur Ligature par thoracoscopie droite Trocart optique à la partie antérieure du 6ème EIC ou sur la ligne axillaire moyenne du 8ème EIC Même technique Ligature par voie abdominale Médiane sus ombilicale ou par cœlioscopie Ligature de l’origine du CT Pas de nouvel abord thoracique Chirurgie abdominale chez un patient récemment opéré du thorax Embolisation du CT (1) Technique la moins invasive Origine du CT repéré par lymphographie pédieuse sous AL, voie transhépatique postérieure,ponction à l’aiguille fine + cathétérisation (4F) Embolisation du CT(2) Embolisation par coïls et/ou colle biologique Si embolisation impossible : interruption du CT Boffa et al (EJCTS, 2008) Conséquences de la ligature du CT Pas de nocivité prouvée Apparition de communications lymphoveineuses, circulation collatérale lymphatique Privilégier le ttt de la fuite si possible plutôt que la suture en masse Chirurgie de l’épanchement Symphyse pleurale par utilisation de talc sous VTD +++ Pleurectomie (hémorragie, aggravation) et abrasion pleurale déconseillées Peut être réalisée de façon systématique après ligature du CT Shunt pleuro-péritonéal surtout chez l’enfant PAC dans la cavité? Conclusion Complication chirurgicale rare mais majorant la durée d’hospitalisation Pas de prévention possible car CT exceptionnellement individualisable Ttt médical suffisant dans 75% des cas si iatrogène (durée variable) Importance du drainage pleural et des mesures de réanimation Ttt chirurgical en 2nd intention