5ème journée Steak Expert 22 juin 2011 Présentation des avis ANSES 2010 (Saisine 2010-sa-0031) Identification du danger EPEC et de celui que pourraient représenter les souches AEEC isolées dans les aliments. Estelle LOUKIADIS VetAgro Sup Campus Vétérinaire de Lyon, LMAP/ LNR STEC Unité CALITYSS / Equipe EMSA Frédéric AUVRAY Anses, Laboratoire de Sécurité des aliments de Maisons-Alfort, Unité EDB / Equipe des E. coli Identification du danger EPEC / AEEC PLAN • Bilan des connaissances • Données épidémiologiques / patients • Données épidémiologiques / aliments • Conclusion • Perspectives de recherche 1. Bilan des connaissances • Les gènes stx sont portés par des éléments génétiques mobiles : les phages (dont le génome s’insère dans le chromosome bactérien) Cycle dysgénique Cycle E. coli (eae+, AEEC) lysogénique lytique lytique lytique Induction (SOS) lytique Cycle lytique Cycle lysogénique lytique lytique STEC Cycle lytique bactérie lysogène prophage AEEC 1. Bilan des connaissances • Induction des phages lors de lésions ADN (rayons UV, antibiotiques…) => perte du phage par la bactérie porteuse (+/- lyse totale de la bactérie) => transfert des phages vers d’autres E. coli (transduction) (émergence nouveaux clones ; 400 sérotypes de STEC), transfert vers d’autres espèces bactériennes (citrobacter , enterobacter sp.) • Locus génétique d’insertion du phage reste intact après le départ du phage : 1. Bilan des connaissances Induction/acquisition de phages stx: in vitro • Production de phage => entre 18 % et 89% STEC produisent des phages en présence de mitomycine C Garcia-Aljaro et al. 2009 (79 STEC, eaux usées, 35 sérotypes) Muniesa et al. 2004 (168 STEC, bovins, 71 sérotypes) • Perte de phage Fréquence de la perte spontanée des phages stx (sans mitomycine C) au sein d’une culture pure de STEC O26:H11 : => 10 à 14% des cellules sont stx-négatives Bielaszewska et al. 2007 • Acquisition de phage Fréquence d’acquisition de phage stx (transduction) par des AEEC O26:H11: => 6x10-6 à 10-7 par cellule receveuse. Bielaszewska et al. 2007 1. Bilan des connaissances Induction/acquisition des phages stx : in vivo / animaux • Fréquence de transduction dans le tractus gastro-intestinal animal: souris : 10-3 à 10-5 par cellule d’E.coli receveuse mouton : 10-5 à 10-7 par cellule d’E.coli receveuse (Acheson et al. 1998; Cornick et al. 2006) • Perte des phages stx chez les animaux: 23 % souches O157:H7 stx-négatives (Wetzel and Lejeune 2007) 1. Bilan des connaissances Induction/acquisition des phages stx : chez l’homme Bielaszewska et al. 2007 • Co-isolement d’EHEC et d’AEEC (stx-négatifs eae-positifs) O26:H11 chez des enfants infectés • Perte / acquisition de phages stx in vitro : EHEC O26:H11 <=> AEEC O26:H11 + phage stx => HYPOTHESE 1: Perte de stx au cours de l’infection. => HYPOTHESE 2 : co-infection des patients par EHEC O26 + AEEC O26, puis persistance AEEC O26 > EHEC O26 (Mellmann et al. 2005) => HYPOTHESE 3 : infection des patients par des EHEC O26 puis perte des phages stx au cours de l’étape d’isolement des bactéries. => O26 (Karch et al. 1992) => O157 (Feng et al. 2001) 2. Données épidémiologiques: EUROPE • Etude 1996-2006 Allemagne : 787 patients atteints de SHU (Bielaszewska et al. 2007) Isolement d’AEEC (E. coli stx-négatif eae-positif) chez 5.5% des patients: 90,7% AEEC = O157:H7/NM, O26:H11/NM, O145:H28/NM et O103:H2/NM Profils génétiques des AEEC (gènes de virulence, MLST/typage par séquençage de gènes de ménages) : similaires aux profils des EHEC • Etude 1995-2007 Allemagne : 118 patients atteints de diarrhée sanglante et 10550 patients atteints de diarrhée non sanglante (Bielaszewska et al. 2008) Isolement d’AEEC chez 15.3% des patients avec diarrhée sanglante (AEEC ayant des caractéristiques génétiques proches d’EHEC), et 1.3% des patients avec diarrhée non sanglante. 2. Données épidémiologiques: FRANCE • Epidémie de 2005 liée à la contamination par des souches EHEC O26:H11 – O80:H2 de camembert au lait cru: 16 patients atteints de SHU (InVS, 2007) Isolement d’AEEC O26:H11(E. coli stx-négatif eae-positif) chez les patients (43% des souches O26:H11 isolées chez enfants atteints de SHU) Isolement d’AEEC O26:H11(E. coli stx-négatif eae-positif) dans le camembert, dans le lait cru des fournisseurs, dans l’environnement de l’élevage) Or Toutes les souches O26:H11 isolées (EHEC, STEC, AEEC) d’origine humaine, alimentaire et environnementale étaient génétiquement reliées 3. Données épidémiologiques / Aliments Induction/acquisition des phages stx :dans les aliments • Peu de données => Prévalence des phages dans les aliments? (pas de données) => Mécanismes d’induction/acquisition des gènes stx dans les aliments? (une seule étude) • Imamovic et al. 2009 (eau, lait entier, jus d’orange, salade, viande de bœuf hachée) => Acquisition des phages stx possible dans les aliments (eau, lait entier, salade, viande de bœuf hachée = aliments à risque) => Sous certaines conditions (impossible à pH acide < 4 et à température basse < 4°C) => Avec des niveaux de souches donneuses et réceptrices élevés (103 à 104 UFC/ml) ≠ aliments naturellement contaminés MAIS Attention aux erreurs d’hygiène, aux traitements appliqués (réduction de croissance/ survie des bactéries/inefficacité sur la survie des phages) => Dans les aliments: Induction/acquisition des gènes stx dans les aliments possible ssi conditions appropriées 3. Données épidémiologiques / aliments (France) Dans les aliments en France: Prévalence des souches AEEC Rappel: ! AEEC présentant toutes les caractéristiques des STEC hautement pathogènes et isolées à partir d’un aliment stx+ 3. Données épidémiologiques / aliments (France) Dans les aliments en France: Prévalence des souches AEEC France (2009) : détection de STEC hautement pathogènes dans des fromages au lait cru (nSTEC= 7/400 et nAEEC= 3/400) (Madic et al. 2011, sous presse) France (2007 à 2009) : détection de STEC hautement pathogènes dans les aliments « à risque » (viande et fromages au lait cru (analyses officielles: rapports plan de surveillance annuels 2007 à 2009) Nb de souches AEEC O26 ≈ Nb de souches STEC O26. AEEC présentant toutes les caractéristiques des STEC hautement pathogènes et isolées à partir d’un aliment stx+ 3. Données épidémiologiques / aliments (France) Année Matrices Nb échantillons analysés Nb souches isolées Prévalence STEC hautement pathogènes 2007 Viande hachée de bœuf surgelée 3605 11 STEC (5 AEEC) 11/3605 Fromages au lait cru 392 0 0,3% CI95 [0,2 – 0,5%] 0/392 ≤ 0,9% 2008 2009 Minerais (Viande hachée de bœuf surgelée) 992 (4 unités/éch.) 10 STEC (13 AEEC) Viande hachée de bœuf à la distribution 1527 2 STEC (3 AEEC) Fromages au lait cru 1911 17 STEC (14 AEEC) 10/992 1% CI95 [0,6 – 1,8%] 2/1527 0,1% CI95 [0,04 – 0,5%] 17/1911 0,9% CI95 [0,6 – 1,4%] 4. Conclusion (1/2) • Bactériophages: rôle prépondérant dans l’émergence des souches STEC pathogènes à partir d’AEEC • Impossibilité de distinguer : - une souche AEEC = STEC pathogène ayant perdu son phage stx - d’une souche AEEC = E. coli n’ayant jamais acquis de phage stx • Nécessité d’études complémentaires visant à : - identifier les AEEC dérivant de STEC pathogènes, - mieux comprendre les mécanismes de perte des gènes stx par les souches STEC (en particulier dans les aliments), - déterminer la prévalence de phages stx dans les aliments d’origine bovine (risque d’émergence de nouvelles souches de STEC pathogènes) 4. Conclusion (2/2) • Souches AEEC isolées d’aliments testés positivement par PCR pour stx: => pourraient être des témoins de la présence de STEC pathogènes… … dont elles dériveraient par perte du gène stx (soit dans l’aliment, soit durant leur isolement) • Aucune technique permettant d’infirmer ou confirmer cette hypothèse à l’heure actuelle => Impossibilité de conclure quant à l’absence ou à la présence d’un STEC potentiellement hautement pathogène dans un aliment testé stx+ par PCR et à partir duquel une souche AEEC a été isolée 5. Perspectives de recherche (1/3) • Projet de recherche en cours: Caractérisation des E. coli O26 isolées dans les aliments et signification des profils obtenus en terme de risque pour la santé publique • Quel danger pour la santé publique représentent les souches AEEC O26:H11 stx- isolées dans les aliments? • E. coli O26:H11 eae+ stx- : peuvent-elles devenir pathogènes ou dérivent-elles de souches pathogènes présentes dans l’aliment ? Campus Vétérinaire de Lyon Laboratoire de sécurité des aliments de Maisons-Alfort UMR 1225 ENVT INRA 5. Perspectives de recherche (2/3) Caractérisation des E. coli O26 isolées dans les aliments et signification des profils obtenus en terme de risque pour la santé publique Une collection de souches stratégique: Nombre: > 100 souches O26 Origine et pouvoir pathogène: Souches AEEC et STEC d’origine humaine (pathogènes sst) et alimentaires (pathogènes?) Plusieurs approches en parallèle: Profils de virulence (qPCR haut débit / bio-puces) Profils génétiques (PFGE, MLVA, MLST) Fréquence d’induction/transduction des phages stx Séquençage génomique 5. Perspectives de recherche (3/3) Enquête épidémiologique: Présence de souches STEC hautement pathogènes et de souches AEEC du même groupe clonal dans des denrées alimentaires