Cours 4 Les éléments d’enseignement et d’évaluation de l’oral dans le PFEQ LIN2512 La communication orale : fondements et didactique Christian Dumais 3 février 2009 Christian Dumais © 2009 1 Plan de la rencontre Intention de la rencontre : • Connaître et comprendre les éléments d’enseignement et d’évaluation de l’oral; • Les éléments spécifiques d’enseignement et d’évaluation de l’oral : – – • Éléments de la communication verbale Éléments de la communication non verbale Lectures pour le prochain cours. Christian Dumais © 2009 2 • Voici des éléments répertoriés dans le PFEQ du primaire et du secondaire en ce qui concerne l’oral. • Ce sont ces éléments qui doivent être enseignés aux élèves du primaire et du secondaire et qui doivent être évalués. • Ces éléments sont regroupés en deux catégories : les éléments de la communication verbale et les éléments de la communication non verbale. Christian Dumais © 2009 3 Éléments répertoriés dans le PFEQ concernant l’oral Éléments de la comunication verbale Éléments de la communication non verbale -Volume -Intonation -Débit -Rythme -Prononciation -Articulation -Liaisons -Variétés (registres) de langue -Vocabulaire -Structures syntaxiques (des énoncés) -Formuler des questions -Reformuler, paraphraser et expliquer -Formuler des mots d’encouragement -Confronter ses idées -Suivre des règles -Cohérence et structure du discours (plan) -Marqueurs de relation -Recourir à des gestes -Interpréter le langage non verbal (attitude) -Posture d’écoute -Regard -Distance -Support visuel (recourir à des illustrations et à des objets) et support sonore -Le silence et les pauses Christian Dumais © 2009 4 • La majorité des échanges langagiers dans la vie courante et sur le plan professionnel se font oralement. • Ce que l’on dit importe, comment on le dit compte tout autant, particulièrement à l’oral. • La syntaxe de l’oral est moins figée que celle de l’écrit. Elle accepte les hésitations, tolère certaines structures qui dévient en cours d’émission. • À l’oral, mieux vaut faire de courtes phrases que de longues phrases. Christian Dumais © 2009 5 -Volume -Intonation -Débit -Rythme -Articulation -Liaisons -Variétés (registres) de langue -Vocabulaire -Structures syntaxiques (des énoncés) -Formuler des questions -Reformuler, paraphraser et expliquer -Formuler des mots d’encouragement -Confronter ses idées -Suivre des règles -Cohérence et structure du discours (plan) -Marqueurs de relation Christian Dumais © 2009 6 Le volume est l’intensité relative d’une voix (fort ou doux). Trop doux Notre auditoire se fatigue à tendre l’oreille. Perte d’intérêt. Trop fort Agressant ! Le volume varie : En fonction de la distance avec les interlocuteurs; En fonction du nombre d’interlocuteurs; En fonction du bruit qu’il y a à couvrir; En fonction du relief à donner à une idée; En fonction du souffle, essayez de crier lorsque vous êtes à bout de souffle… pas évident! Pour parler fort, respirer profondément ! Christian Dumais © 2009 7 L’intonation: la hauteur relative de la voix telle que la perçoivent ceux qui l’entendent. Le ton peut changer l’interprétation du message Exemple: Je suis contente de te voir. Autre exemple: J’aime vraiment les gâteaux. Le ton doit être juste pour être bien compris. Le ton doit être varié pour éviter la monotonie. L’accent tonique se place sur la dernière syllabe du mot ou du groupe de mots. Justement, je l’ai vu L’accent tonique ne change pas le sens d’un mot. Christian Dumais © 2009 8 L’accent d’insistance ne fait pas disparaître l’accent tonique, mais l’accent d’insistance est tellement fort que l’autre ne paraît pas. C’est éCOEUrant! est bien plus écœurant que juste écœurant. Jacques est un bon élève c’est Jacques, pas Michel Jacques est un bon élève il est bon, pas médiocre ni nul… Jacques est un bon élève il est un élève, pas un prof Christian Dumais © 2009 9 Débit : Vitesse de l’élocution, de la parole. Rythme : La cadence, le mouvement du discours. Il faut faire varier son débit en fonction de ce qu’on veut dire, sur quoi on veut mettre de l’emphase (140 à 160 mots / minute). Débit : dépend de la respiration, on parle plus vite quand on est essoufflé et on contrôle moins notre débit. dépend de facteurs propres au locuteur; dépend de la nature du discours émis. Il peut renforcer la charge émotive/affective de nos paroles. Trop vite: Locuteur éberlué. L’articulation et la prononciation sont plus fragiles. Trop lent ou constant : Locuteur ennuyé. Christian Dumais © 2009 10 LES PAUSES Pause involontaire Non significative, relève de la nervosité, peut être agaçante («eee»). Pause volontaire Contrôlée, garde le contact avec l’auditoire, accentue ce qui est dit, ponctue l’énoncé, permet de reprendre son souffle, encadre la phrase, etc. LES SILENCES Les silences font partie de la communication interpersonnelle. Ils sont plus fréquents qu’on le pense. Ils sont souvent perçus et vécus comme embarrassants. Trous comblés par des éléments de «gêne». Christian Dumais © 2009 11 La prononciation et l’articulation se ressemblent en ce sens qu’elles se rapportent toutes les deux à la manière dont on émet des sons. Prononciation : Manière d’émettre une syllabe ou un mot selon une norme établie, comme celle que fournissent les dictionnaires. Ex. : Cantaloup, juin, lichen. La prononciation des mots est une affaire de convention. Elle varie selon l’époque ou la région (et selon le métier…) Époque: Louis XIV «Le roué, c’est moué». Région: Montréal: «arrête»; Québec: «arrète»; «Lac St-Jean». Les métiers de communicateur et ceux qui ne le sont pas. Christian Dumais © 2009 12 Articulation : Ensemble des mouvements physiologiques des organes de la parole qui ont pour but d’influer sur la circulation de l’air expulsé des poumons ou de l’interrompre. Ex. : Zozoter (zézayer) : «Ze zoue» La langue heurte les incisives et passe entre les dents. Chuintement : «Je chui venu te voir» Le «S» se transforme en «CH». Grasseyement : «Quat kilomèt» Le «R» disparaît à l’intérieur d’une syllabe. Christian Dumais © 2009 13 Physiologiques: Bouche molle (patate chaude); Dents serrées; Articulation exagérée; Articulation minimale (ventriloque). Défauts: Balbutiement (inversion de syllabe, bafouillage); Grasseyement; Chuintement; Parler sur le bout de la langue (zozoter); Escamotage des mots (mots mangés: les noms des élèves). Conséquence : perte de crédibilité Christian Dumais © 2009 14 «La liaison est la prononciation de deux mots qui se suivent en unissant la consonne finale du premier mot à la voyelle initiale (ou au «h» muet) du second.» Elle se fait entre deux mots unis par le sens. Liaisons obligatoires Entre un déterminant et le mot qu’il Liaisons interdites Entre un nom singulier et un adjectif précise. postposé. Ex. : «Les uns et les autres» Ex. : Un étudiant américain» «*quatre-z-enfants, *ça va-t-être» «Je suis ému». Voir p. 59 du recueil de textes pour d’autres exemples. Christian Dumais © 2009 15 Sons et mots émis souvent involontairement lors de la prise de parole. Ex. : «euh», «comme», «tsé», «fait que», «genre», «disons», «style», bruits de la bouche, etc. Explications possibles : • Peur des silences; • Mauvaise maîtrise de la langue; • Stress. Christian Dumais © 2009 16 Les variétés (registres) de langue • Quand vient le temps de parler ou d’écrire, on doit se demander quelle variété de langue il faut adopter. Laquelle est la plus adéquate. • Quatre variétés de langue. Christian Dumais © 2009 17 -Utilisation de termes et de nombres précis. Ex. : - Être vivant; - Animal; - Chien; - Caniche. Éviter : chose, affaire, machin, il y a, ceci, cela, etc. Favoriser les mots propres (mots techniques) à chaque discipline. Ex. : Cercle chromatique Outil de classement des couleurs. Taille Crayon au lieu d’aiguisoir (outil qui aiguise le métal). En tant qu’enseignant(e) : -Attention au jargon spécialisé. -Fournir des points de repère. -Rechercher la concision. - Nous avons d’abord commencé. - À neuf heures du matin. - Il a trop exagéré. Christian Dumais © 2009 18 Structures syntaxiques (des énoncés) Formulation des phrases (moins rigide qu’à l’écrit) -Utiliser de préférence des phrases affirmatives. a) Le comité d’école oeuvre en dehors du cadre hiérarchique de l’établissement. b) Le comité d’école ne s’inscrit pas dans le cadre hiérarchique normal de l’établissement. -Employer des phrases actives plutôt que passives. a) Le directeur avait accepté cette proposition. b) Cette proposition avait été acceptée par le directeur. Christian Dumais © 2009 19 Éléments de la comunication verbale • • • • • • • • -Formuler des questions -Utiliser des formules de contact -Reformuler, paraphraser et expliquer -Formuler des mots d’encouragement -Confronter ses idées -Suivre des règles -Cohérence et structure du discours -Marqueurs de relation Christian Dumais © 2009 20 • La communication non verbale est le langage du corps. • «La communication non verbale correspond à ce qui se passe en nous au moment où nous disons les choses, à ce qui nous habite comme pensées, comme émotions, comme sensations qui transparaissent à travers notre corps.» Michèle B. Tremblay • La communication non verbale en dit souvent davantage que la parole. • On accorde souvent plus de crédibilité à la communication non verbale qu’à la communication verbale. Christian Dumais © 2009 21 -Recourir à des gestes; -Interpréter le langage non verbal; -Posture d’écoute ; -Regard; -Distance; -Support visuel (recourir à des illustrations et à des objets) et sonore; -Le silence et les pauses. Christian Dumais © 2009 22 Un geste est un mouvement du corps volontaire ou involontaire, révélant un état psychologique, ou visant à exprimer, à exécuter quelque chose. Les mimiques correspondent aux gestes expressifs et aux jeux de physionomie qui accompagnent ou remplacent le langage oral. •Que faire des mains ? •Que penser de la synergologie ? Christian Dumais © 2009 23 Christian Dumais © 2009 24 Comportement qui correspond à une certaine disposition psychologique. • L’expression du visage; •Les effets du sourire; •Peu importe le temps de préparation ou le sujet, un message ne sera jamais bien reçu par un public si l’entrain, le dynamisme et la confiance en soi sont absents. Christian Dumais © 2009 25 La position est la façon de se placer pour communiquer. La posture est une attitude particulière que prend le corps. La posture de base pour parler à un groupe est de se tenir debout, les jambes légèrement écartées, stables. Il faut éviter de bouger sans arrêt. Il faut faire attention aux comportements inconscients (bureau, crayon, feuille, etc.). Attention au déhanchement. L’importance de se déplacer dans la classe. Christian Dumais © 2009 26 L’expression des yeux de la personne qui regarde. • C’est le premier contact avec les élèves, il établit dès le départ une relation avec eux. • Les yeux doivent balayer toutes les personnes qui forment le groupe («WM», côté plus attentif). On s’arrête un moment sur chaque personne lorsque cela est possible. • On gagne à regarder les gens dans les yeux. • Le regard est souvent révélateur. Christian Dumais © 2009 27 L’espace séparant deux ou plusieurs personnes. La distance publique : de 3, 65 m à 7,50 m, voire plus. C’est la distance confortable qui s’établit entre un orateur et son public lors d’une réunion, entre le professeur et ses étudiants ou ses élèves. La distance sociale : de 1, 25 m à 3,65 m. C’est la distance qui sépare deux personnes qui se connaissent peu ou pas du tout : un client, un livreur, etc. La distance personnelle : de 45 cm à 1, 25 m. C’est une petite sphère protectrice créée pour s’isoler des autres. C’est la distance idéale à respecter en société. La distance intime : de 0 à 40 cm (la présence de l’autre s’impose). Ici, les personnes entrent dans la sphère intime l’une de l’autre. C’est une distance où l’on peut se toucher, sans tendre le bras, une distance où l’on peut percevoir le souffle de l’autre. Pénétrer dans cette sphère intime ne peut se faire, sans gêner son interlocuteur, que dans la mesure où l’on est autorisé à le faire. Christian Dumais © 2009 28 Tout ce qui permet de rendre plus concret et plus accessible ce qui est dit et expliqué. Les supports visuels doivent faciliter la compréhension. •On comprend mieux et on retient plus longtemps ce qu’on a vu et entendu que ce qu’on a simplement entendu. •Il faut choisir le bon support (schéma heuristique). •Il faut utiliser adéquatement le support (tableau ou affiche ?). •Il faut éviter de surcharger le support. •Il ne faut pas regarder vers l’écran ou le tableau, mais vers le public. Christian Dumais © 2009 29 L’absence de bruit, d’agitation, aucun son n’est perceptible. Contrôle des silences : orateur expérimenté. Les silences n’apparaissent pas au hasard. Avantages : Plus expressif; Plus attentif au public; Éviter les hésitations qui créent des pauses involontaires. Truc: Compter jusqu’à 2 ou 5 entre les parties de votre discours. Privilégier le silence plutôt que de crier. Il faut être attentif aux types de silence d’une classe (ennui, travail acharné, timidité, etc.). Christian Dumais © 2009 30 La gêne est un malaise ou un trouble physique que l’on éprouve dans l’accomplissement de certaines fonctions ou de certains actes. Le trac est une peur, une angoisse irraisonnée éprouvée au moment de paraître en public, de subir une épreuve, etc. Il provient de la peur de l’échec. Cela vient du fait que l’on s’est forgé un modèle idéal de l’orateur et qu’on s’attribue souvent des défauts imaginaires. Le trac fait en sorte qu’on est tellement préoccupé par nous qu’on en oublie l’exposé en tant que tel de même que le public. Christian Dumais © 2009 31 Astuces pour éviter le trac : -Se fixer des objectifs réalistes; -Être bien préparé ; - Pratiquer son oral avec une ou deux personnes ; - Se faire un plan sur un carton ou au tableau ; -Penser positivement ; -S’ajuster pendant l’exposé ; -Ne pas s’attarder trop longtemps aux points qu’on oublie, il n’est jamais trop tard pour y revenir ; -Dédramatiser sa nervosité, sa rougeur et ses tremblements en le disant à l’auditoire ; -Déterminer le moment idéal pour faire sa présentation si cela est possible ; -Avoir bien mangé ; -Porter des vêtements confortables et dans lesquels on se sent bien ; -Prendre de grandes respirations ; Christian Dumais © 2009 -Faire de l’exercice physique avant son oral. 32 Échauffements vocaux Respiration profonde Étirer la mâchoire Mâcher Souffler Bailler Tirer la langue Fredonner Répéter des sons vocaliques Dire des virelangues Un banc plein de pain blanc. Un plein banc de blanc pain Si ces six saucissons-ci sont six sous, ces six-cent-six saucissons-ci sont six-cent-six sous. Ton thé t’a-t-il tarit ta toux ? Peuplier / peuple Panier / piano Tes laitues naissent-elles ? Si tes laitues naissent, mes laitues naitront. Je veux et j’exige; j’exige et je veux. Trois petites truites cuites, trois petites truites crues. Dindon dîna, dit-on, du dos dodu d’un dindon. Christian Dumais © 2009 33 Trouver la source d’inspiration (abdomen et poitrine). Lecture en dyade d’un scénario comportant quatre personnages. L’expert (changement de débit à chaque claquement de mains). Lecture de contes pour enfants (ton, débit, volume, pause, etc.). J’en connais une bonne! (gestion des pauses dans une blague). Le bruiteur (accompagner une histoire de sons). Le radio-feuilleton. Christian Dumais © 2009 34 Lectures pour le prochain cours : Cours 5 : Le français au Québec Verreault, C. 1999. « L’enseignement du français en contexte québécois : de quelle 104 langue est-il question ? » Terminogramme (septembre), 91-92, p.21 à 40 Gélinas, M.-C. 2001. La communication efficace. De l’intention aux moyens d’expression. 2e éd. Montréal : CEC, p. 34 à 40. Veyrat, C. 1995. L’intelligence du Petit Robert. Montréal : Les Éditions logiques, p. 107 à 137. Christian Dumais © 2009 124 131 35