Les indicateurs de développement humain Les indicateurs de développement humain du PNUD dans une approche régionale Nord-Pas-de-Calais - Wallonie Michel Laffut IWEPS Colloque SWEP SFE Indicateurs et politiques : Le syndrome du tournesol Bruxelles 23 mars 2007 Objectifs Point de départ : une étude réalisée en collaboration avec le Conseil régional du NPDC, l’Université de Lille (Jean Gadrey) et l’IWEPS (Christine Ruyters et moi-même) But : calculer des indicateurs de développement humain au niveau régional Pourtant aujourd’hui Il ne s’agit pas, ou peu, de présenter des résultats… Mais plutôt d’alimenter une réflexion ‘a propos d’une étude’. Prémisses Le poids et le sens des mots Indicateurs - La mode des indicateurs utilisation abusive Rôle fonctionnel des indicateurs : approcher une réalité qui n’est pas directement observable La qualité d’un indicateur dépendra de sa capacité d’approche C’est la réalité qui est première, non la mesure Développement humain - Versus croissance économique Pourquoi chercher un autre indicateur alors qu’il en existe un : le PIB ? Le PIB ne serait-il pas un indicateur suffisamment intéressant ? Ou la réalité à observer est-elle autre ? D’où vient cette insatisfaction ? Que se cache-t-il derrière cette quête du développement humain’ (cfr aussi ‘développement durable’, ‘cohésion sociale’, …) Origine de l’insatisfaction 1° Utilité de construire des indicateurs alternatifs de richesse et de progrès – Dépasser les concepts de croissance et de PIB par habitant, • qui reposent sur des valeurs marchandes et monétaires (ignorant largement la sphère non marchande et négligeant l’approche en termes réels) • qui biaisent les comparaisons internationales (appliquant le modèle de la comptabilité nationale à des réalités qui ne s’y prêtent guère) – Pour évaluer les progrès en termes de développement humain et de développement durable • qui visent à introduire dans les bilans des sociétés de nouveaux critères économiques, sociaux et environnementaux • qui permettent la construction d’indicateurs plus nuancés et plus réalistes pour l’ensemble des pays – multidimensionnels Origine de l’insatisfaction 2° Utilité de s’attacher aux réalités infra-nationales – Si les écarts entre les pays restent importants, les écarts entre les régions d’un même pays peuvent eux aussi être très importants • ce constat est encore plus marquant lorsqu’on se situe au sein des grandes entités supra-nationales, l’UE par exemple • Si l’on n’y prend garde, on risque d’assister à des exclusions, voire des désertifications territoriales – La globalisation et la mondialisation de l ’économie ne doivent pas masquer les effets qu’elles produisent sur les territoires et les populations qui y vivent • D’où un regain d’intérêt pour le développement territorial (cfr CPDT de l’OCDE) • D’où l’attention portée à un développement équilibré. Origine de l’insatisfaction 3° Fortes interrogations sur l’avenir – Perception de menaces lourdes • Craintes environnementales • Craintes sociales • Craintes démographiques – Perception d’une situation mondiale incertaine • Mondialisation • Emergence des pays concurrents à bas salaires • Délocalisations, télétravail, téléproduction – les espoirs fondés sur la prospective Une petite simulation La démarche du PNUD Rapport mondial sur le développement humain 1990 (p.10) - « Le développement humain est un processus qui conduit à l’élargissement des possibilités offertes à chacun. - Vivre longtemps et en bonne santé, - être instruit et - avoir accès aux ressources nécessaires pour jouir d’un niveau de vie convenable - sont les plus importantes. S’y ajoutent - la liberté politique, - la jouissance des droits de l’homme et - le respect de soi […] » Les indicateurs du PNUD IDH : indicateur de développement humain IPH : indicateur de pauvreté humaine IPF : indicateur de participation des femmes [ISDH : indicateur sexo-spécifique de développement humain] La conception de l’ IDH Les composantes de l’IDH Instruction et accès au savoir Longévité et santé Niveau de vie décent Les critères de l’IDH Et leurs mesures (les indicateurs) Espérance de vie à la naissance Le tx d’alphabétisation des adultes Les indices dimensionnels Indice EV Indice AA Le tx brut de scolarisation Le PIB par habitant (en PPA) Indice S Indice de niveau d’instruction L’indicateur synthétique IDH Indice PIB Le calcul de l’ IDH EV Iev = (EV-25) / (85-25) Ta Ts Ia = Ta/100 Is = Ts/100 Ini = 2/3 (Ia) + 1/3 (Is) IDH = 1/3 (Iev) + 1/3 (Ini) + 1/3 (Ipib) PIB Ipib = [log (PIB) – log (100)] – [log(40.000) – log (100)] Classement des pays selon quatre indicateurs Classement des pays développés selon quatre indicateurs. Classement IDH (2003) Pauvreté : IPH-2 (2003) Indicateur de participation des femmes/hommes IPF (2003) 1. Norvège 1. Suède 1. Norvège 2. Islande 2. Norvège 2. Danemark 3. Australie 3. Pays-Bas 3. Suède 4. Luxembourg 4. Finlande 4. Islande 5. Canada 5. Danemark 5. Finlande 6. Suède 6. Allemagne 6. Belgique 7. Suisse 7. Suisse 7. Australie 8. Irlande 8. Luxembourg 8. Pays-Bas 9. Canada 9. Allemagne 9. Belgique 10. États-Unis 10. Canada 10. France 11. Japon 11. Espagne 11. Suisse 12. Pays-Bas 12. Japon 12. États-Unis 13. Finlande 13. Autriche 13. Belgique 14. Danemark 14. Australie 14. Nouvelle-Zélande 15. Royaume-Uni 15. Royaume-Uni 15. Espagne 16. Irlande 16. Irlande 16. France 17. Autriche 17. États-Unis 17. Bahamas 18. Italie 18. Royaume-Uni 19. Nouvelle-Zélande 19. Costa Rica 20. Allemagne 20. Argentine 21. Espagne 21. Portugal Source : PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, 2005. Classement selon le PIB/hab. (PPA) (2003) 3 6 10 1 7 20 8 2 12 4 13 11 16 5 18 15 9 19 22 14 23 Fragilité des indicateurs Toutes les étapes sont contestables - La conception - Le choix des critères - Les mesures - Critique des sources - Collecte de données - Interprétation des données - La construction de l’indicateur - La combinaison - Le calcul Utilité et fragilité Puissance des indicateurs Malgré ses faiblesses - L’IDH est un indicateur plus riche et plus nuancé que le PIB - Ses composantes sont autant d’indicateurs dimensionnels utiles Depuis 17 ans - Il s’enrichit conceptuellement - il s’impose progressivement au point de devenir incontournable - Il a mis en évidence la différence entre croissance et développement Sa force c’est de mieux rendre compte de la réalité économique et sociale que les indicateurs existants Espérance de vie à la naissance en Belgique et en Wallonie Evolution 1970-2003 - Hommes + Femmes 80 78 76 Age 74 72 70 68 66 Belgique Wallonie Sources : Institut national de statistique – Statistiques démographiques 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990 1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 1981 1980 1979 1978 1977 1976 1975 1974 1973 1972 1971 1970 64 Espérance de vie à la naissance en Belgique et en Wallonie Ecarts annuels (B - W) 1970 - 2003 1,50 1,40 1,30 1,20 1,10 1,00 0,90 0,80 Ecart B-W moyenne mobile 3 ans Ecart B-W Total Sources : Institut national de statistique – Statistiques démographiques 2002 2000 1998 1996 1994 1992 1990 1988 1986 1984 1982 1980 1978 1976 1974 1972 1970 0,70 Taux brut de scolarisation dans les trois cycles, avec et sans promotion sociale (PS), en Belgique et en Wallonie, 1981-2003 120 115 110 taux brut de scolarisation hors PS Belgique 105 100 taux brut de scolarisation avec PS Belgique % 95 90 taux brut de scolarisation hors PS Wallonie 85 80 taux brut de scolarisation avec PS Wallonie 75 2003 2001 1999 1997 1995 1993 1991 1989 1987 1985 1983 1981 70 Sources : Statistiques de l’enseignement des Communautés française, flamande et germanophone ; calculs : IWEPS – Ulg. Ecarts des taux bruts de scolarisation (avec PS) en Belgique et en Wallonie (en %) 6,00 5,00 4,00 3,00 2,00 % 1,00 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 -1,00 1994 0,00 -2,00 -3,00 Sources : Statistiques de l’enseignement des Communautés française, flamande et germanophone ; calculs : IWEPS – Ulg. Conclusions sur l’évolution des IDH belge et wallon de 1994 à 2003 Trois constatations s’imposent : 1. L’IDH manifeste une tendance à la hausse tant en Belgique qu’en Wallonie, passant de 0,917 à 0,947 pour la Belgique et de 0,895 à 0,921 pour la Wallonie 2. mais le score wallon est systématiquement en dessous du score belge 3. l’écart Belgique – Wallonie augmente légèrement sur la période (de 0,022 à 0,026) C’est le PIB qui pèse le plus lourd dans cet écart, suivi de l’espérance de vie, l’indice d’instruction, plafonné à 100%, restant neutre dans les écarts. Conclusions sur l’IPH-2 belge et wallon en 1990 à 2001 Quatre constatations : 1. L’IPH-2 manifeste une tendance à la baisse de même intensité tant en Belgique qu’en Wallonie, passant de 13 à 12,8 pour la Belgique et de 13,6 à 13,4 pour la Wallonie 2. Les écarts Wallonie - Belgique se maintiennent (0,6) 3. Mais cet écart réduit résulte du poids excessif et non discriminant du taux d’illettrisme. 4. En réalité, la Wallonie réalise de mauvais score sur les trois autres composantes (décès avant 60 ans, +19,8%; taux de pauvreté, +3,4%; chômage de longue durée, +75,3%) Conclusions sur l’IPF belge et wallon en 2003 Trois constatations : 1. La Belgique et la Wallonie présente un IPF de bon niveau (0,833 et 0,787) 2. Si l’écart est défavorable à la Wallonie, il faut toutefois relever que la Wallonie obtient un meilleur score sur la parité politique et sur la parité économique 3. Mais son score sur la parité des revenus est nettement moins bon (0,49, contre 0,68 pour la Belgique).