«Les oiseaux chantent, Ysaye joue du violon ».
Théodore Radoux (directeur du Conservatoire Royal de musique de Liège)
«Et puis cet Ysaye est vraiment un artiste de génie »
Vincent d’Indy (d’une lettre à sa femme)
« Eugène Ysaye, le colosse du violon, ample et sobre à la fois »
Darius Milhaud (Notes sans musique)
« Ysaye me rappelle le grand Laub. Sa sonorité a un pouvoir formidable
et une incomparable pureté »
Antonin Dvorak
INTRODUCTION
« M. Ysaye va jouer du violon en prenant M. Colonne sur ses épaules,
ou bien M. Pugno terminera son morceau en saisissant le piano entre
les dents… »
Claude Debussy
(Monsieur Croche)
Eugène
Ysaye
Le
virtuose
Né à Liège le 16 juillet
1858
Mort à Bruxelles le 12
mai 1931
Nicolas Ysaye
(1826 1905)
Père d’Eugène Ysaye
Issu d’une vieille famille wallonne, le grand-père d’Eugène Ysaye,
maçon de son état, est un violoniste du dimanche, jouant à l’église et
dans les bals de la région de Liège. Il enseigne le violon à coup de trique à
ses deux fils qui sont priés, aussi, d’apprendre un « vrai métier ». Nicolas,
le père d’Eugène, devient donc tailleur tout en étudiant au conservatoire
de Liège. D’un caractère trempé, il décide, contre l’avis de sa famille, de
devenir musicien à part entière. Mais le succès se fait attendre et Nicolas
court le cachet. Lorsqu’il tombe amoureux de la fille d’un contremaître
des houillères du Hainaut, celui-ci s’oppose formellement à un mariage
avec ce musicien miséreux. Alors, Nicolas enlève Marie-Thérèse. Le
couple s’installe à Liège, au deuxième étage d’une maison sise 233 rue
Sainte-Marguerite, dans un minuscule deux pièces. C’est là que naîtront
leurs trois premiers enfants : Marie, Joseph, puis Eugène-Auguste le seize
juillet 1858. Le bébé pèse près de cinq kilos ! Notre violoniste en pèsera
cent à quarante ans….
Dès l’âge de quatre ans, c’est avec son père qu’Eugène,
comme son frère Joseph, prend ses premières leçons de violon. Selon la
méthode héritée du grand-père, les coups pleuvent et les exercices sont
répétés à l’infini…. Pourtant, Nicolas ne songe pas à faire de ses enfants
des musiciens. L’argent est rare. Nicolas taille les vêtements de la famille.
Marie-Thérèse gère au mieux l’économie domestique. La misère est digne,
l’éducation sévère. Eugène se sauve quelquefois pour aller s’amuser avec
ses petits voisins dans la rue où sur le terril de la mine toute proche. Au
retour, les corrections sont terribles. Vers sept ans, de lui-même, Eugène
fait vibrer le son de son violon. Son père l’interdit immédiatement.
Impossible il est trop jeune. Désespéré par cette étriquée et cette rigidité,
Eugène fugue, devient rebelle et provocateur. Voici un évènement qui
aura des conséquences bien négatives par la suite : Eugène joue
régulièrement à la cathédrale et reçoit chaque semaine deux francs (de
l’époque). Un soir de paie, Nicolas est absent et le bedeau règle son
salaire, mais lui donne aussi celui de son père. Se retrouvant avec une
somme d’argent dont il n’avait pas l’habitude, il ne peut résister, il se
paie des pâtisseries et des jouets. Mais il faut rentrer et c’est avec la peur
au ventre qu’il prend le chemin du retour. Son père l’attend de pied ferme
et Eugène est roué de coups puis est sommé de se mettre à genoux puis
Nicolas l’enferme devant s’absenter un moment. Une fois seul, Eugène
brise une porte vitrée et disparaît. Blessé au poignet de la main droite, il
perd beaucoup de sang et doit subir une opération. Des années plus tard,
cette main droite le fera souffrir régulièrement.
la diva Adelina Patti
La cathédrale Saint-Paul
de Liège
Nicolas tente de le placer comme apprenti chez un
armurier. Peine perdue, il faut rapidement retirer l’enfant. Il gagne d’ailleurs
déjà quelque argent avec son violon en jouant à la cathédrale, ce qui
améliore l’ordinaire de la famille. En 1865, on inscrit Eugène au
conservatoire de Liège. Deux ans plus tard, à neuf ans, Eugène remporte un
deuxième prix. Mais les appréciations des professeurs sont mauvaises : « A
des dispositions, mais ne travaille pas assez » ou en solfège : « Très
négligent ». Eugène se montre critique et difficile avec ses professeurs. Et le
voilà, en 1869, à onze ans, exclu du conservatoire….
Il faut dire qu’avec la naissance de deux autres
enfants, la famille manque toujours d’argent et qu’Eugène, en plus de ses
cours, doit jouer dans les bals jusqu’à l’aube avec son père et son frère
joseph. En 1868, lorsque son père accompagne la diva Adelina Patti en
Amérique, c’est Eugène et son frère Joseph qui gagnent l’argent du
ménage. Drame encore : fin 1868, la mère d’Eugène meurt en couche.
Eugène n’a que dix ans. Nicolas reprend l’éducation de ses fils ; l’aîné,
Joseph, si discipliné et Eugène, doué mais rebelle. Toujours à l’étroit,
Eugène doit travailler son violon dans une cave.
(1843 1919)
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