Dès l’âge de quatre ans, c’est avec son père qu’Eugène,
comme son frère Joseph, prend ses premières leçons de violon. Selon la
méthode héritée du grand-père, les coups pleuvent et les exercices sont
répétés à l’infini…. Pourtant, Nicolas ne songe pas à faire de ses enfants
des musiciens. L’argent est rare. Nicolas taille les vêtements de la famille.
Marie-Thérèse gère au mieux l’économie domestique. La misère est digne,
l’éducation sévère. Eugène se sauve quelquefois pour aller s’amuser avec
ses petits voisins dans la rue où sur le terril de la mine toute proche. Au
retour, les corrections sont terribles. Vers sept ans, de lui-même, Eugène
fait vibrer le son de son violon. Son père l’interdit immédiatement.
Impossible il est trop jeune. Désespéré par cette étriquée et cette rigidité,
Eugène fugue, devient rebelle et provocateur. Voici un évènement qui
aura des conséquences bien négatives par la suite : Eugène joue
régulièrement à la cathédrale et reçoit chaque semaine deux francs (de
l’époque). Un soir de paie, Nicolas est absent et le bedeau règle son
salaire, mais lui donne aussi celui de son père. Se retrouvant avec une
somme d’argent dont il n’avait pas l’habitude, il ne peut résister, il se
paie des pâtisseries et des jouets. Mais il faut rentrer et c’est avec la peur
au ventre qu’il prend le chemin du retour. Son père l’attend de pied ferme
et Eugène est roué de coups puis est sommé de se mettre à genoux puis
Nicolas l’enferme devant s’absenter un moment. Une fois seul, Eugène
brise une porte vitrée et disparaît. Blessé au poignet de la main droite, il
perd beaucoup de sang et doit subir une opération. Des années plus tard,
cette main droite le fera souffrir régulièrement.