Magnus Lindberg
(né en 1958)
Concerto pour violon et orchestre
Disciple de Paavo Heininen à Helsinki mais aussi de Vinko Globokar et Gérard Grisey à Paris,
le compositeur finlandais Magnus Lindberg s’inspira dans un premier temps des courants
d’avant-garde des années quatre-vingt, notamment à l’Ircam. Progressivement, il explora
de nouveaux chemins sonores en quête d’une expression lyrique et d’un langage toujours
plus personnel. De ses premières grandes compositions, Lindberg a gardé le goût de la
complexité de l’écriture au service du raffinement de l’écriture. Son Concerto pour piano
(1991) était déjà marqué par un souci de revenir aux formes plus “classiques”, quêtant un
“sens narratif” selon l’expression du compositeur.
Achevé en 2006, le Concerto pour violon stupéfie par la luxuriance de son orchestration en
regard d’une instrumentation relativement modeste. La nomenclature instrumentale
correspond à celle d’un orchestre de type mozartien.
La virtuosité et la fragilité des atmosphères attirent immédiatement l’oreille dès les
premières mesures du Premier mouvement (aucune des trois parties de l’œuvre ne possède
de titre ou ne spécifie un quelconque tempo). Les sons filés du violon se déploient dans
l’extrême aigu comme un chant lointain. Les sonorités tournoyantes de l’orchestre
multiplient les influences bien que celles-ci disparaissent aussitôt qu’on les évoque. Il est
par conséquent inutile de tenter une description de l’œuvre par analogies. On pourrait tout
juste évoquer une succession d’atmosphères lyriques qui divisent les pupitres au sein de
l’orchestre et provoquent des dialogues incessants. Tantôt soliste à part entière, tantôt
responsable du récitatif, le violon construit son chant dans la masse sonore qui le porte.
Dramatique et lyrique, proche par bien des aspects dans son traitement harmonique de
l’écriture de Sibelius, le Second mouvement laisse place nette au violon. Les couleurs et
les contrastes s’y révèlent d’une grande séduction. Puis, l’orchestre se fait de plus en plus
pressant et intègre dans ses pupitres la voix du soliste. Au milieu de cette page, la cadence
est d’une virtuosité diabolique. Elle s’achève par un étonnant dialogue entre la contrebasse
et le violon.
Le caractère finlandais de l’œuvre se manifeste davantage dans le finale. Celui-ci est
enchaîné avec le mouvement précédent et aussi bref qu’incisif. Persifleur dans les bois, il
évoque une succession de danses folkloriques, lumineuses et trépidantes. Une incessante
pulsation rythmique clôt l’œuvre de manière réjouissante.
Le Concerto pour violon fut créé le 22 août 2006 à l’Avery Fisher Hall de New York. La
violoniste Lisa Batiashvili était accompagnée par Louis Langrée à la tête du Mostly Mozart
festival Orchestra.