Cours 3 - Qu`est ce que l`OMD

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Sociologie des grandes
métropoles
Soc-3760-20
Jean-Marc Fontan
Cours - 3
Plan
1. Les villes de la Renaissance : entre les
fondements urbains du capitalisme et
l’obsolescence des autres modèles de
civilisation
2. De la modernité à la mondialité :
l’urbanisation comme mode
d’industrialisation des sociétés dans une
économie mondiale de plus en plus unifiée
3. Réflexion sur le phénomène urbain, mise
en forme disciplinaire, éclatement de
l’objet au sein des sciences sociales
4. Regard sur la méthode
L’urbanisation répond à un besoin d’approfondissement et de
diversification de la vie sociale, au souci d’accéder à des avantages
et à des relations plus variées : il est avantageux de pouvoir être en
relation avec des partenaires plus divers, qui offrent plus d’idées
ou plus de savoir-faire; la ville offre la sécurité du nombre, des
murailles et plus encore elle permet d’accéder au sacré et de se
concilier les forces supérieures. L’urbanisation correspond donc à
une transformation voulue par beaucoup, car elle se double de
l’accès à un genre d’existence supérieur. Mais les motivations ne
sont pas partagées par tous de la même façon, et les problèmes que
crée l’accumulation de population imposent des limites au
mouvement tant que les moyens techniques sont médiocres.
(Claval, 1991, p. 31-32.)
C’est pour les élites que les avantages de l’urbanisation sont les plus évidents
sur le plan de l’existence sociale, comme ils le sont sur le plan économique : ne
disposent-elles pas de la richesse et de la puissance? Ne mènent-elles pas une
existence plus large et plus raffinée? Pour les populations de niveau modeste, la
situation est moins avantageuse et le bilan des aspects positifs et négatifs de la
vie urbaine plus nuancé. Au plan professionnel, la spécialisation plus poussée,
pour les artisans en particulier, apparaît intéressante, car elle permet de mieux
mettre en valeur les aptitudes personnelles; au plan social, les conditions
générales de la vie de relation sont trop voisines de celles de la campagne pour
que l’on ait le sentiment d’une rupture. La possibilité de participer à une vie
culturelle plus riche est cependant ressentie comme un avantage. Dans le
monde musulman, le citadin a seul le possibilité de faire la prière en commun le
vendredi, ce qui valorise son genre de vie par rapport à ceux des ruraux ou des
nomades. Au Moyen Age, la foi s’approfondit dans les milieux urbains; elle y
devient réellement populaire; elle conduit à un élargissement de l’expérience
personnelle de la religion. Le culte est moins chargé de connotations
naturalistes et animistes que dans les milieux où le rythme cosmique de la vie est
plus perceptible; la médiation sur le bien et le mal et sur les mystères de
l’existence individuelle tient plus de place. (Claval, 1991, p. 33.)
La ville de la Renaissance
 http://www.ifrance.com/EGB/Renaissance.htm
 http://www.collegeahuntsic.qc.ca/Pagesdept/Hist_geo
/Atelier/Parcours/renaissance.html#urbanisme
Villes du 13 au 15e siècle
Rocroi
Tenochtitlan
Pékin
Tombouctou
Convergences - divergences
entre villes civilisationnelles
 Bairoch identifie un ensemble de similitudes et
de différences entre les villes du monde
précédant l’industrialisation (pp. 37-39 du
recueil)
• La relation entre ville et civilisation: la ville
rend possible la civilisation et la ville
nécessite un niveau particulier de
développement civilisationnel (la ville est un
outil de développement d’une civilisation)
 Elle suscite et rend possible des
innovations (demande et utilité)
 Elle permet une meilleure circulation des
informations
 Elle facilite les interactions sociales
 Elle abrite des ressources dont la fonction
est consacrée à des activités marchandes
et non marchandes non agricoles
Suite 1…
 La relation de la ville à l’espace est
partagée entre un rapport de dépendance
et d’interdépendance :
• De proximité avec les autres régions rurourbaines nationales ou Cités-État, relation
marquée par la dépendance agricole de la
ville et de domination-complémentarité du
centre sur la périphérie
• De grande distance avec d’autres villes et leur
régions attenantes, relation marquée par
l’interdépendance plus ou moins égalitaire en
termes d’échanges de biens et de services,
dont les connaissances
 Un réseau urbain de proximité et de grande
distance (ex. de Bordeaux au 18e si. (Claval, 1981, pp. 65, 66))
Suite 2…
 Autre élément important, la ville se définit à
partir d’un espace en expansion, c’est le
champ urbain, concept qui permet de
mesurer les avantages de localisation
• Pour la ville fermée, le champ est directement
délimité par la muraille externe, laquelle marque
une coupure en termes d’avantage locationnel
(« IN - OUT » : sécurité, économie de temps…)
• Pour la ville ouverte, la décroissance des
facteurs de localisation suit une courbe normale
descendante en fonction principalement des
coûts de transport jusqu’à un point « neutre »
au-delà duquel les avantages sont sensiblement
les mêmes à distance inégale du centre urbain
Toulouse
Rouen
Divergences entre villes
civilisationnelles



L’urbanisation au service de l’État et non une urbanisation
comme mode de définition d’une souveraineté (Cité-État)
 Pour coloniser l’espace interne européen (ex. les
Bastides du sud-ouest de la France à partir de 1200)
 Pour coloniser le monde: les villes coloniales à partir des
Croisades (1er vague) puis des comptoirs commerciaux
et les conquêtes territoriales (2e vague)
L’urbanisation n’est pas garante de développement, la
preuve des villes ne sont plus (Byzance, Thèbes), car la ville
demeure dépendante
 D’un cadre civilisationnel comportant des limites
 D’une logique de localisation qui évolue en fonction des
conjonctures mondiales
 Des contradictions générées par ses élites
L’urbanisation renvoie à des situations très variées (à
l’image du processus de développement) - effets de densité
différenciée
Les fondements de la rupture avec le projet
des Cités-État / pour: des cités dans l’État
• Essor du technicisme (économique) : innovations
•
•
majeures (techniques de transport, outillage,
écriture…) - effets sur hausse de productivité et
croissance démographique (surplus à absorber par les
villes ou les colonies)
Essor de l’absolutisme (Europe) et du colonialisme
(« État-Nation-Monde ») (politique) qui permet la ville
ouverte au sein d’un espace national et colonial fermé
- effets sur une plus grande intégration sociale et
sociétale (d’autres cultures - régions)
Essor de l’individualisme comme construction
civilisationnelle (social) qui privilégie des formes
institutionnelles sur d’autres (religion monothéiste ;
ville citoyenne ; éducation technique…) - effets positifs
sur la valorisation de l’acteur individuel et collectif et
son détachement du poids de la tradition et de la
filiation restrictive
La révolution industrielle renouveau de l’urbanisation

La révolution néolithique a vu naître la ville: longue phase de
développement chaotique jusqu’au siècle des Lumières (18e s.)

La révolution industrielle donne un second souffle au processus
d’industrialisation


Avant 1800, la vie économique reposait sur l’agriculture, après cette
date, l’agriculture partage son poids économique avec les secteurs
manufacturier et des services, lesquels prennent tout leur essor dans
des petites villes et dans des métropoles
Avec la modernité, la très grande ville, comme zone d’agglomération (ville globale: 5 millions et plus) fait son apparition.

Londres, .5 million en 1700, atteint 2 millions d’habitants dès 1845 et 7
millions en 1910
Les Villes dans le monde
Rang
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
Ville
1900
Londres
6,4
New York
4,2
Paris
3,9
Berlin
2,4
Chicago
1,7
Vienne
1,6
Tokyo
1,4
Saint-Pétersbourg 1,4
Philadelphie
1,4
Manchester
1,2
Birmingham
1,2
Moscou
1,2
Pékin
1,1
Calcutta
1
Boston
1
Ville
New York
Londres
Rhin-Ruhr
Tokyo
Shanghai
Paris
Buenos Aires
Chicago
Moscou
Calcutta
Los Angeles
Osaka-Kobe
Milan
Mexico
Philadelphie
1950
12,3
10
6,9
6,7
5,8
5,5
5,3
4,9
4,8
4,4
4
3,8
3,6
3
2,9
Ville
New York
Tokyo
São Paulo
New York
Shanghai
Calcutta
Los Angeles
Rio de Janeiro
Séoul
Bombay
Londres
Rhin-Ruhr
Pékin
Buenos Aires
Paris
Source : encyclopédie Yahoo / Internet
1985
18,1
17,2
15,9
15,3
11,8
11
10,4
10,4
10,2
10
9,8
9,2
9,2
9,2
8,9
Ville
Mexico
São Paulo
Tokyo
New York
Shanghai
Pékin
Rio de Janiero
Calcutta
Bombay
Jakarta
Séoul
Los Angeles
Le Caire
Madras
Manille
2000(1)
31
25,8
24,2
22,8
22,7
19,9
19
17,7
17,1
16,8
14,2
14,2
13,1
12,9
12,3
De l’agriculture à l’industrie - l’apport des
petites villes // les services - celui des
grandes villes
• La modernisation de l’économie met en scène deux
logiques de renouvellement du mode de
développement de l’économie européenne à partir
de deux types de milieux urbains
 Les petites villes industrielles donnent naissance à la
manufacture à partir des petits ateliers de production exploitation situés en région rurale :
www.ancestry.com/search/r#41637
http://socserv2.socsci.mcmaster.ca/~econ/ugcm/3ll3/toynbee/i
ndrev
 Les moyennes et grandes villes permettent le
développement du commerce international et celui de
l’industrie des services, dont les services financiers
Une urbanisation-modernisation
reposant sur l’intégration interne et
externe des économies-monde
• Une intégration interne en raison de la capacité
d’absorber le surplus de main-d’œuvre agricole au sein
de nouvelles activités économiques et de trouver des
débouchés pour celles-ci
– Processus fondé sur de nouveaux rapports sociaux
(exploitation de classes)
• Une intégration externe en raison de la capacité
d’absorber la dynamique d’autres économies-monde au
sein de l’économie-monde européenne et de faire de
cette dernière le cadre de développement du systèmemonde en devenir
– Processus fondé sur de nouveaux rapports sociétaux (relation
Centre-périphérie)
• La ville offre un cadre institutionnel à ces deux
processus
Exercice de synthèse

Retour sur la dynamique culturelle-spatiotemporelle


Comprendre l’émergence et le développement de la
ville : une question interdisciplinaire - religion,
géographie, histoire, économie, politique,
anthropologie, culture artistique, communications…
Retour sur la démarche réflexive en trois temps:



Topique : énoncé empirique
Dynamique : mise en forme primaire des données
Critique : mise en forme distancée et relationnelle
des données
L’interprétation de l’urbain
1. Pour une lecture dynamique - l’apport des
paradigmes - deux lectures « critiques »
L’urbain et la théorie factorielle des 3 A (Armée,
Argent, Agriculture - texte de Moriconi-Ébrard (recueil))
L’urbain, un élément d’un cadre méta-social
d’explication des institutions sociales : (mode de
développement, mode de production, structure sociale : production,
expérience, pouvoir- texte de Castells)
2. Pour une lecture dynamique - l’apport des
paradigmes - une lecture « empirique »
L’urbain et la théorie des seuils, des
contraintes et des ruptures - approche de
Bairoch par facteurs qui s’accumulent et
prépondérance de certains facteurs dit
centraux (agriculture, démographie…)
Suite 1…
 Penser la ville de façon dynamique
demande
 de porter un regard sur les modèles explicatifs
- un retour aux textes (Weber, école de
Chicago…), d’en comprendre et assimiler la
logique de raisonnement
 De puiser au sein de ces modèles pour
construire ou alimenter son propre mode
explicatif (lequel dépasse le cadre de ce cours
et demande une intégration intellectuelle des
différentes lectures disciplinaires et
sectorielles dont vous vous imprégnez)
Suite 2…

Penser la ville de façon critique
demande :
1.
critiquer c’est passer au crible, distinguer, discerner afin de bien juger (Hatier,
Culture Générale, 1998, p. 81)
2.
Selon Kant : la critique est un libre et public examen de la raison : libre, parce
qu’elle ne connaît que sa propre norme et rejette toute autorité; public, parce
qu’elle exige communicabilité et refuse le secret (ibid., p. 82)
3.
Théorie critique : dénonciation de la raison instrumentale, asservie aux
intérêts capitalistes (influence marxiste), puis contestation de la raison ellemême qui est totalitaire par sa nature (Adorno) (ibid., p. 82)
4.
Rationalisme critique de Popper : est vrai ce qui n’a pas été nié, mais cette
vérité est momentanée est appelée à être dépassée car elle porte de
l’irrationnalité (ibid. p. 83)
L’urbanité en méthode

Texte introductif de Grosjean - Thibaud
 Idée de laboratoire
• Récits de vie
• Cartes mentales
• Observation participante
• Analyse de réseaux sociaux
 Renouvellement de la perspective d’analyse
• De deux modes disjoints
• Analyse architecturale
• Analyse sociologique
• Des modes conjoints à influence réciproque
 Renouvellement des paradigmes
• Des approches unifiantes par des déterminismes micro ou le macro
• Aux approches de construction polycentrique des activités et
phénomènes urbains
 Quatre montages méthodologiques présentés
• Observer des comportements in situ
• Accompagner des citoyens dans une démarche
• Évoquer un espace (le reconstruire - son / image)
• S’entretenir avec le habitants (redonner la parole)
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