Thèse de l’Institut National Polytechnique de Grenoble présentée le 20 décembre 2000 à Grenoble par Corentin Jorel Développement de Jonctions Supraconductrices à Effet Tunnel (JSET) pour le comptage de photons en astronomie Thèse préparée au Laboratoire d’AstrOphysique de Grenoble Sous la direction de Philippe Feautrier et au Laboratoire de CryoPhysique du DRFMC/SPSMS/CEA-Grenoble Sous l’encadrement de Jean-Claude Villégier Contexte scientifique • Collaboration : UJF LAOG CEA-G DRFMC CNRS CRTBT • Objectif : obtenir des détecteurs à comptage de photons pour le visible et l’infrarouge proche. • Applications : • Astronomie • Télécommunications • Instrumentation 2 Introduction • Intérêt des JSET : • Détection tridimensionnelle ((x,y), t, l) des X à l’IR • Sensibilité optimale et bonne dynamique • Efficacité quantique (~ 70 %) • Taux de comptage (~ 10 kHz) • Inconvénients: • Fonctionnement à très basse température (~0,1 K) • Difficultés des grands formats 3 Contexte de la photodétection Diode à aval. (Takeuchi 1999) T (°K) Efficacité quantique Faux événements Taux de comptage (E/DE) 7K 0.9 @ 700nm 0,4 @ 700nm 20000 s-1 300 s-1 ? sans sans -40 °C 50% @ 700nm 1/pixel/s 14 Hz/image 5 MHz /pixel HEB (Korneev 2004) 4K 0.2 @ 800 nm 0.1 @ 1.55mm 10-3 s-1 3000 s-1 2 GHz sans 12*10 JSET (Martin 2004) 0,2 K 0.3 @ 200-500 nm ~0 10 kHz 10 TES (Miller 2003) 0,1 K 0.4 @ 2001000 nm 10-3 s-1 10 kHz 10 CCD 0,5 MPixels 4 Etat des lieux • Thèse de B. Delaët : • Procédé de fabrication jonctions Nb de qualité comptage de photons à 0,78 mm • Objectif double : • Nouveau matériau : Ta • Avec un nouveau procédé plus performant 5 Plan de l’exposé Introduction I- Principes physiques des photodétecteurs JSET II- L’épitaxie de l’absorbeur Ta III- Fabrication et caractérisation des JSET IV- Photodétection Conclusion 6 I- Principes physiques des photodétecteurs JSET Principe de base i, V- hn (~eV) Électrode Supraconductrice Ta (~meV) Barrière Tunnel e ~ 1nm i, V+ hn Substrat Saphir 2 Couches de piégeage en Al Éclairage en face arrière Électrode Supraconductrice Absorbeur Ta (~meV) Les 3 enjeux : Absorbeur Ta de qualité Barrière fine et sans défaut 8 Schéma de principe de l’absorption lumineuse Quasiparticule Barrière tunnel Phonon N0 hn/D D Ta hn DAl Paire de Cooper Substrat saphir Énergie Passage tunnel Absorbeur Ta eVp Al Al2O3 Al Ta 9 Processus d’amplification Processus de multiplication • N0 = hn / 1,7Dg (M. Kurakado, 1982) Sens du courant • Nombre de charges comptées : N = <n> N0 • <n> lié à 2 temps caractéristiques : <n>= tQP / tt D eVpol tQP la durée de vie des QP tt le temps tunnel: t t 4eN EFVol RN ( D eV p )2 D D eV p 2 de Korte (1992) 10 Résolution et choix des supraconducteurs Matériau TC (K) D (meV) N0 (l=0,12mm) N0 (l=2mm) Nb 9,2 1,55 4000 250 Ta 4,48 0,66 8000 500 Al 1,17 0,17 30000 2000 Hf 0,13 0,02 300000 18000 Valeurs valables à T<0,1 TC DE 2,35 ( F G) 1,7D E Avec F = 0,2 (Kurakado, 82) et G = 1 + 1/<n> (Goldie, 94) Résolution tunnel limite (eV) 10 1 Nb Ta Al Hf 0,1 IR visible UV 0,01 0,1 1 10 Rayons X 100 1000 10000 Energie du photon (eV) 11 Caractéristique I-V et point de fonctionnement 0,8 Théorique idéale sans pièges Expérimentale avec pièges aluminium I Courbe avec flux de photons 0,6 Courant (mA) 0,4 IC 0,2 If+dI 0,0 If VP -0,6 T = 200 mK Courant normal -1,5 -1,0 -0,5 V Réprésentation schématique sous le gap RN -0,4 -0,8 V = 2D Vp -0,2 0,0 0,5 1,0 1,5 Tension (mV) • Suppression du courant Josephson avec B • Minimisation du courant de fuite sous le gap T < 0,1TC pour la contribution thermique Barrière sans défauts • Compromis sur Vp pour régler le rapport dI/I 12 Potentiel d’appariement Effet de proximité DTa = 0,66 meV Djonction DAl = 0,17 meV Absorbeur Ta Al (60nm) Représentation schématique, d’après Brammertz 2003 13 Effet de proximité Energie en unité de DTa Densité d’état normalisée DTa Dans le Ta Dans l’ Al Courbes de densité d’état, d’après Brammertz, 2003 Dj Energie (meV) 14 II- Epitaxie de l’absorbeur Ta Pourquoi et comment • La qualité cristalline est un paramètre critique : influence directe sur la durée de vie des quasiparticules tQP • 2 types de caractérisations : • Diffraction par rayons X • Mesure du RRR = (r300K – r10K)/ r10K 16 Epitaxie du Nb Conditions de dépôt Diffraction q - 2q de deux films de Nb 5000 Al2O3 (024) Al2O3 (012) 4000 Nb (110) 3000 Nb (600 nm) à froid polycristallin Nb (200) Nb (220) 2000 Nb (222) Nb (211) 1000 Coups/s Al2O3 (036) 0 5000 4000 Nb (200) 3000 Nb (600nm) à 600°C épitaxié 2000 1000 0 20 30 40 50 60 70 80 2q o 90 100 110 120 130 140 • Hauteur des grains à ~50 nm • Dispersion de l’orientation des plans [200] de 0,2 ° 17 Epitaxie du Ta Conditions de dépôt Diffraction q - 2q de films Ta 100000 Al2O3 10000 (012) Ta (110) Al2O3 (024) Ta (200) Ta (211) 1000 Ta (800 nm )/ Nb (10nm) à froid Coups 100 polycristallin 10 20 40 60 10000 Al2O3 (024) 1000 Ta (200) (KCo) 100 80 Ta (200) (KCo) épitaxié 10 1 20 40 q (degré) Ta(650 nm)/Nb(20nm) à 650°C 60 80 • Hauteur des grains à ~90 nm • Dispersion de l’orientation des plans [200] de 0,27 ° 18 RRR et l10K Évaluation du libre parcours moyen avec le RRR : 0,10 R R10K r 300K r10K M RRR 300K R10K r10K r10K Nb (Gurvitch, 86) 2,5 . 10-12 cm2 pour Ta (v.d. Berg, 99) Film Nb A1048 Température 600 °C de dépôt RRR 30,5 l10K (nm) 78 Film Ta Film Ta/Nb A1077 A1066 A1088 amb. 600 °C 650 °C 2,6 5 26 50 45 100 0,08 Résistance () Et rl = 3,75 . 10-12 cm2 pour RRR = 45 0,06 0,04 0,02 0,00 0 50 100 150 200 250 Température (K) Film de Ta/Nb (A1088) 19 300 Bilan • Optimisation du dépôt de Ta par : • Chauffage du substrat à 600 °C • Utilisation d’une sous couche de Nb Obtention de couches épitaxiées dans la direction [100] avec des libres parcours moyens de l’ordre de 100 nm 20 III- Fabrication et caractérisation des jonctions Réalisation de la multicouche Ta/Al-AlOx-Al/Ta 25 oC ~24 h 150 à 180 nm de Ta sur 10 à 20 nm de Nb ~8 h 80 nm d’ Al ~1/2 h 20-200 mbar d’O2 dépôt Ta Dépôt Ta Chauffage /dégazage Décapage RF dépôt Al oxydation SAS 600 oC dépôt Al Température du substrat Temps 80 nm d’ Al 120 nm de Ta sur 3 nm de Nb 22 Procédé de fabrication (1) Contre-électrode Ta 120 nm Absorbeur Ta 150 nm Al 80 nm AlOx 1.2 Vue en coupe nm Junction (few 10 mm) Substrat Saphir Al 80 nm Vue de dessus 25, 30, 40 ou 50 mm 1ère étape : Gravure de la multicouche et définition de la jonction 23 Procédé de fabrication (2) Gravure d’une bandelette de Ta/Al-AlOx-Al Junction (few 10 mm) Absorbeur 2ème étape : Préparation du contact à l’absorbeur 24 Procédé de fabrication (3) SiO2 ~ 450 nm Lift-off des trous de contacts ~ 400 nm Junction (few mm) 40 10 mm Substrat Saphir SiO2 3ème étape : Pulvérisation de la couche de passivation SiO2 et lift-off des trous de contact 25 Procédé de fabrication (4) ~ 500 nm Nb SiO2 Junction (few 10 mm) Substrat Saphir SiO2 Nb 4ème étape: Dépôt du Nb et gravure des lignes de courant 26 Dispositifs obtenus • ~ 200 mono-détecteurs • ~ 20 matrices de 9 pixels • ~ 30 multi-jonctions à absorbeur commun 1 cm plaquette 3 pouces en fin de procédé 27 Dispositifs obtenus (2) Nb Nb 200 mm 30mm 40mm Optique MEB 28 Dispositifs obtenus (3) 40 mm Mosaïque de 3*3 pixels 29 mA Caractérisation électrique d’une mosaïque : transparence de la barrière 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0,0 -0,1 -0,2 -0,3 -0,4 -0,5 -0,6 T<300 mK RN autour de 30 mcm2 Zone de Vp -1,5 -1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 1,5 mV Caractéristiques I-V des jonctions (30*30 mm2) d’une mosaïque 3*3 pixels 30 Caractérisation électrique d’une mosaïque : courant de fuite 30 T<250 mK 20 nA 10 RD de 0,2 à 0,45 cm2 0 -10 Zones de polarisation -20 -30 -0,3 -0,2 -0,1 0,0 0,1 0,2 0,3 mV … sous le gap (courants et tensions faibles) 31 Point critique : le flanc des jonctions Tasup Nb Al/AlOx/Al Ta abs 1 mm Trace de l’interface Al/Al 300 nm Motif technologique vu au MEB 32 Flancs des jonctions Empilement SiO2 Saphir Empilement Ta/Al-AlOx-Al/Ta d’une jonction après une gravure au FIB 33 Flancs des jonctions jonction Agrandissement 34 IV- Photodétection Comptage de photons à 0,78 mm Dispositif expérimental PC Support en cuivre Générateur d’impulsions Photodiode Cryostat Amplification Fibre optique Amplificateur de charge + étage de polarisation Bobines de champ magnétique Support en cuivre 10 mm JSET Schéma du banc de mesures 36 Réponse du détecteur à un paquet de photons Jonction 40 *40 mm2 RN=37 mcm2 10000 8000 Nombre de charges 6000 4000 Paramètres : T= 130 mK B = 30 Gauss Vp = 80 mV Ifuite = 2,4 nA 2000 0 -2000 -4000 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 ms 2 courbes de réponse issues de la même acquisition 37 Ajustement des impulsions 10000 130 mK • Hauteur des pics proportionnelle à l’énergie absorbée Nombre de charges 8000 6000 • Utilisation de la moyenne des impulsions M(t) comme gabarit 4000 2000 • Ajustement de chaque impulsion i sous la forme : i *M(t)+i 0 -2000 -4000 -6000 0,2 0,4 0,3 0,5 0,6 ms 2 courbes de réponse et moyenne des impulsions 38 Courbes de réponse et ajustement 9000 Nombre de charges 6000 3000 0 -3000 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 ms 39 Extraction du nombre de charges Ni • Ni = i * Nmoyen 9000 Nombre de charges 6000 3000 • Evaluation de tQP comme 0 le temps de montée : 18 ± 1 ms -3000 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 ms Courbes de réponse et leur ajustement 40 Histogramme de détection Energie (eV) 3,2 6,4 9,6 12,8 60 Jonction 40 *40 mm2 RN=37 mcm2 2800 charges 40 Coups Paramètres : T= 130 mK B = 30 Gauss Vp = 80 mV Ifuite = 2,4 nA 20 0 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 *2800 charges Histogramme du nombre de charges détectées par impulsion lumineuse 41 Histogramme de détection Energie (eV) 3,2 6,4 9,6 12,8 60 • N(1 photon) = 2800 e- pour N0 = 2000 QP Soit <n>exp = 1,4 2800 charges Coups 40 • Sensibilité 1800 e-/eV 20 • Et tQP = 18 ± 1 ms 0 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 *2800 charges Histogramme du nombre de charges détectées par impulsion lumineuse tt ~ 1 ms soit <n>th~ 18 42 … à Vp = 0,1 mV 35 Même configuration sauf : 30 Coups 25 20 Vp : 80 100 mV 15 If : 2,4 4 nA 10 5 0 4 6 8 10 12 14 *2800 charges 43 Comparaison à l’état de l’art Groupe ESTEC ESTEC PSI (suisse) Yale Riken Cette thèse Jonction Réseaux Ta/Al 12*10 Al * Ta/Al * Ta/Al 2 Nb/Al * Ta/Al 3*3 RN (mcm2) 2 7 4 7 2 30 RD (cm2) Pouvoir de Résolution E/DE 30 1,9 2 * 0,08 0,8 ~1 15 10 2,5 1,7 2,5 à l=500nm à l=500nm à l=500nm à l=340 nm à l=500nm à l = 780 nm 44 Conclusion Principaux résultats • Conception et développement d’un procédé de fabrication de jonctions: • Film de Ta épitaxiés de RRR = 45 • Excellente fiabilité (<5% de jonctions défectueuses) • Homogénéité et robustesse des dispositifs • Caractérisation électrique des dispositifs • Courant de fuite dans le cadre de l’état de l’art • Transparence des jonctions en cours d’amélioration • Détection de paquets de 5 à 8 photons avec DE > E comptage de photons à 0,78 mm 46 Perspectives • Fiabilisation du procédé de fabrication sous conditions d’oxydation réduite • Possibilité d’aborder les jonctions tout Al • Comptage de photons jusqu’à 2 mm Application aux longueurs d’ondes télécoms Spectro-imagerie pour l’astronomie avec les matrices de détecteurs (visible et proche IR) 47 48 49 DTa Djonction Al Ta DAl Unités de DTa Potentiel d’appariement Potentiel d’appariement nm Evolution du potentiel d’appariement dans la bicouche Al/Ta (d’après Brammertz, 2003) 50 Comparaison avec le précédent procédé Type de jonction Caractéristiques électriques RN (mcm2) RD (cm2) Gap (meV) Sensibilité (charges/eV) Cette thèse Ta/Al 35 0,8 0,45 1800 Thèse B. Delaët Nb/Al 40 10* 0,6 980 51 Courant de paires et évaluation de d Courant de paires de cooper : avec I I 0 sin • Effet Josephson continu • Effet Josephson alternatif • Dépendance en B suppression du courant Josephson Courant critique en mA 4eV t h 0,12 4dB x 0 0 d l1 l 2 t DB L 0,10 0,08 0,06 0,04 0,02 0,00 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 Champ en Gauss d 100 nm Courbe de dépendance du courant au champ magnétique. Les points expémimentaux sont ajuster par un sinc 52 Marche defiske et évaluation de t 15 Superposition de courbes mettant en évidence la 1ère marche de Fiske 10 • Marche de Fiske: n 0c t Vn * 2L rd t=1,2nm Courant (mA) 5 0 -5 Première marche de Fiske à V=0.22 mV -10 -15 -1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 Tension (mV) 53 jonction Cette Thèse Ta/Al Cette Thèse Ta/Al Taille (mm) 40*40 Rn (mcm2) Paramètres Groupe Al PSI (Suisse) Ta/Al Ta/Al Riken (Japon) Nb/Al 25*25 30*30 20*20 10*10 20*20 40 3 7 4 7 2 200 mbar, 25 min. 10 mbar, 20 min. * 0,5 mbar, 1h ESTEC Yale 15% de 4 1,3 mbar, 20 mbar, 12 min min. Paramètres d’oxydation de la barrière et comparaison internationale : 54 Réponse du détecteur à un paquet de photons • 0,6 Hauteur des pics <n>N0 E 0,4 V 0,2 0,0 -0,2 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 ms 2 Courbes de réponse du détecteur consécutive à l’absorption des 2 paquets de photons pendant la même acquisition 55 56