ULCERES DE JAMBE Module de dermatologie 2ème année 2006-2007 Mme Bertaux DÉFINITION Plaie chronique avec perte de substance pouvant aller de la peau jusqu’à l’os, sans tendance spontanée à la guérison Ulcère artériel Siège le plus souvent sous la malléole externe, au dos du pied. De petite taille mais multiple. Ulcère artériel Il est creusant (peut aller jusqu’à l’os) Il est atone, sans bourgeons charnus Il a les bords nets Il est souvent très douloureux surtout en décubitus La jambe est pâle, froide, cyanosée Les pouls distaux sont mal perçus Ulcère artériel : Étiologie Fait suite à une artérite, une HTA ou un diabète Peut être associé à une obésité, un tabagisme, athérosclérose, embolies Souvent déclenché par un traumatisme Ulcère artériel : mécanisme Les éléments nutritifs (dont l’O2) n’arrivent pas au niveau des tissus. La nécrose des tissus a lieu avant l’apparition de l’ulcère Ulcère veineux 10 fois plus fréquent que l’ulcère artériel Il siège le plus souvent au dessus de la malléole interne de la jambe De grande taille et unique, mais peu profond Non douloureux en dehors des soins Ulcère veineux Les pouls distaux sont bien perçus Avant d’être traité il est souvent sale, couenneux ou purulent Entraîne au maximum une nécrose de la peau et des tissus sous-cutanés Ulcère veineux : étiologie Maladie variqueuse La fonction d’évacuation des déchets de fonctionnement des tissus n’est plus assurée Séquelles de phlébites La gène à la circulation de retour aboutit à une mauvaise vascularisation La peau péri-ulcéreuse est souvent le siège de troubles trophiques témoignant d’une thrombose ancienne : Dermite ocre La rupture d'un vaisseau sanguin provoque la libération d'hématies dans les tissus. Les hématies libèrent de l'hémoglobine dont le fer colore les tissus en rouille (ou ocre) Atrophie blanche liée à une insuffisance veineuse chronique sévère. Cet ulcère est très douloureux L’hypodermite est un élément défavorable à la vascularisation et à la cicatrisation. Elle témoigne d'une importante altération microcirculatoire avec désordre tissulaire. Hypodermite rétractile. La peau est scléreuse, très dure, rétractée, réalisant une vraie guêtre. Eczéma Oedème Ulcères mixtes, artério-veineux Chez les personnes âgées présentant plusieurs pathologies L’apparition de douleurs sur un ulcère à priori veineux doit faire suspecter un ulcère mixte Autres origines Troubles immunologiques Troubles métaboliques Infections Traumatismes Affections malignes Troubles vasospasmodiques COMPLICATIONS L’hémorragie résultant de la rupture d’une varice (attention si anticoagulant) La surinfection : - de l’ulcère : enduit fibrino-leucocytaire très adhérent, purulent, parfois nécrotique Ulcère surinfecté Complications La surinfection de la peau péri-ulcéreuse sous forme : - d’érysipèle (streptocoque) d’eczéma de contact à la pommade d’une lymphangite (staphylocoque) d’une hypodermite Complications L’infection des tissus environnants réalisant une cellulite pouvant se compliquer à son tour de - gangrène, septicémie, ostéomyélite Complications Le tétanos La cancérisation (exceptionnel) L’extension et l’aggravation pouvant conduire à une amputation Retentissement sur les AVQ par réduction de la mobilité articulaire et atrophie du mollet Traitements Les règles d’hygiène de vie Combattre les facteurs de risque vasculaire Prophylaxie du tétanos Propreté scrupuleuse Apport nutritif riche en protéines Traitements en présence de varices : . Limiter station debout . Prévention : marche (20 mn 3 fois/jour) mais repos en phase aiguë . Surélever les jambes au repos . Éviter leur exposition à la chaleur . Éviter les vêtements serrés à la taille Traitement . Phlébotoniques sur PM . Contention élastique permanente . Sclérose et/ou traitement chirurgical des varices Traitement En présence d’artérite . Prévention par la marche mais repos en phase aiguë . Jambes légèrement déclives . Vasodilatateurs, antiagrégants plaquettaires, anticoagulants sur PM . Chirurgie (pontages) Traitement L’ulcère ne guérit pas tant que le réseau vasculaire sous-jacent n’est pas complètement fonctionnel. L’ischémie trop importante empêche la cicatrisation L’ulcère s’étend et se creuse Traitements locaux Le nettoyage de la plaie: Au sérum physiologique ou à l’eau du robinet sous la douche. Il faut éviter d’utiliser une compresse (sauf si plaie fibrineuse) qui pourrait arracher des tissus sains. Préférer le jet d’une seringue ou d’un flacon plastique. On peut utiliser du savon sans antiseptique, ni parfum, ni colorant. Dans ce cas rincer sans sécher Le nettoyage de la peau péri-ulcéreuse diminue le risque d’infection. Nettoyer à l’eau et au savon, rincer puis sécher. Différents aspect et traitements locaux Fond nécrotique nécessitant une détersion car les tissus morts sont source d’infection et empêchent la plaie de cicatriser La détersion se fait soit - par pansement actif (lent) comme les hydrogels (Purilon®, Duoderm® alginates (Algosteril®, Urgosorb®) hydrocolloïdes (Comfeel®, Duoderm®, Algoplaque®) - soit mécanique (rapide) à l’aide d’une curette, d’une pince ou d’un bistouri. Attention à ne pas faire saigner et à la douleur Il faut également retirer les squames et hyperkératose sur les berges de l’ulcère car elles retardent la cicatrisation Fond fibrineux La fibrine doit être retirée Fond de bourgeonnement Fond d’épidermisation Utiliser à ces 2 stades des pansements - gras dans les ulcères non exsudatifs - hydrocellulaires absorbants en cas d’exsudat important et de berges fragilisées - des alginates dans les ulcères hémorragiques Les hydrocolloïdes ont tendance à provoquer des macérations et à endommager les berges au retrait L’utilisation de compresses est déconseillée car elles maintiennent une forte macération du fait de la compression Grands principes à respecter Bien évaluer l’aspect de l’ulcère et de ses berges Reconnaître le stade de la plaie Ne pas changer de traitement local au bout de 2 jours Il faut environ 4 à 8 semaines pour guérir un ulcère de jambe 3 conditions pour guérir : - Traitement de la cause - Traitement local adapté - Respect des règles d’hygiène de vie Moyens de prise en charge de la douleur Antalgiques ½ heure avant la réfection du pansement Application de crème localement anesthésiante ½ h avant la réfection du pansement Mouiller le pansement au sérum physiologique pour faciliter son décollement. Gestes doux Distraire l’attention Si possibilité tenir la main Utilisation du MEOPA Si pansement trop douloureux, détersion au bloc opératoire sous anesthésie URTICAIRE Réaction inflammatoire de la peau qui se manifeste par une éruption papulooedémateuse prurigineuse qui ressemble à des piqûres d'orties Lorsque la cause est connue, la suppression de l'origine de l'urticaire entraîne en règle la guérison. Lorsqu'elle est inconnue, il faut se contenter de traitements symptomatiques ECZEMA L'eczéma est une maladie de la peau d'origine allergique, aiguë ou chronique. Elle se manifeste par des zones rouges surmontées d'une vésicule qui provoquent d'intenses démangeaisons. Traitement eczema Antiseptiques pour éviter la surinfection et corticothérapie locale. Huiles de bain ou pommades émollientes. Le traitement de la peau sèche à l’aide d’une crème hydratante est indispensable Antihistaminiques en cas de fortes démangeaisons PSORIASIS Maladie chronique et bénigne de la peau, caractérisée par des lésions érythémato-squameuses Évolution par poussées très longue et désespérante Traitement psoriasis pommades décapantes plus ou moins associées à des anti-inflammatoires corticoïdes L'exposition au soleil est conseillée En cas de psoriasis très étendu, il est fréquent d’utiliser la Puvathérapie PURPURA Ecoulement anormal de sang au niveau de la peau ou des muqueuses : celles-ci sont parsemées de petites taches rouge vif ou bleuâtres (supérieures à 3 mm), qui en vieillissant deviennent brunâtres ou jaunâtres. Ne s’effacent pas à la vitropression. Traitement en fonction de la cause MYCOSE Affection parasitaire, très répandue, provoquée par des champignons Il apparaît sur la peau sous forme de légères rougeurs avec des petites peaux blanchâtres et sur les muqueuses, comme du lait caillé. Il provoque des démangeaisons surtout au niveau des muqueuses. Traitement mycose Bonne hygiène mais pas trop de lavages Bien sécher, éviter les macérations, les habits serrés. Attention à la contagion Antifongiques locaux et/ou généraux Cancers de la peau Les cancers épithéliaux (carcinome)= cancer de l’épiderme avec 80 à 800 cas nouveaux par an pour 100 000 habitants selon les pays - Les épithéliomas basocellulaires à évolution purement locale ; Le traitement précoce repose sur l'exérèse chirurgicale complète de la lésion ou, pour les petites tumeurs, la destruction, azote liquide, ou laser. - Les épithéliomas spinocellulaires, pouvant être invasifs et métastatiques. Le traitement est l'exérèse chirurgicale large, associée si besoin au curage ganglionnaire. La radiothérapie et la chimiothérapie ont leurs indications. Les mélanomes malins avec 4 à 6 nouveaux cas pour 100 000 habitants en France chaque année. Le mélanome est une tumeur maligne développée à partir des mélanocytes. L'exérèse chirurgicale des lésions initiales s'impose