Journée des ESA 29 septembre 2016 Regards croisés sur la prise en soins ESA Magnac Laval Présentation équipe 1 IDEC 2.5 ASG Psychologue Ergothérapeute Psychomotricienne Ouverture du service en janvier 2012 Basée à l’HIHL/ site Magnac Laval Visite de pré-admission IDEC + Psychologue - Évaluation des IADL - Recueil des aides déjà en place et des besoins en aides humaines et matérielles - Recueil de la plainte spontanée du patient et/ou de l’aidant - Évaluation psy: comportement, thymie, données cognitives, fardeau - Evaluation de la nécessité de faire intervenir l’ergothérapeute ou la psychomotricienne Staff pluridisciplinaire Une fois par semaine - Présentation des nouveaux patients - Définition des objectifs - Compte rendu de début/fin de PES pour les médecins (prescripteur et traitant) - Évaluation à mi prise en soins - Discussion sur les PES en cours Cas clinique Anamnèse - Monsieur R, 82 ans, diagnostiqué « syndrome de Benson » au CMRR - Il vit à domicile avec sa compagne - Ancien ingénieur à France télécom - Fils d’une précédente union qui vit sur Paris mais ils se voient très rarement - Aucune famille proche, la compagne se sent isolée - Loisirs (voyage, restaurant), sport (tennis, golf, randonnées) - Vie sociale importante Syndrome de Benson Atrophie pariéto-occipitale bilatérale Début: troubles visuo-spatiaux + Syndrome de Balint (paralysie du regard, ataxie optique, déficit attention visuelle) + Syndrome de Gerstmann (agnosie digitale, indistinction droite/gauche, acalculie, agraphie) + Désorientation spatiale, apraxie idéomotrice, aphasie transcorticale sensorielle, déficit champ visuel CMRR Bilan neuropsychologique du 5 mai 2015 et du 16 septembre: Déficit cognitif avec au premier plan: atteinte des capacités visuo-spatiales agnosie aperceptive responsable d'une simultagnosie syndrome de Gerstmann alexie agraphie pouvant être en rapport avec des troubles visuo-perceptifs et visuo-spatiaux troubles de la compréhension d'ordre apraxie réflexive et visuo-constructive troubles phasiques Au second plan: léger dysfonctionnement des stratégies de récupération active des informations en mémoire épisodique atteinte de l'administrateur central de la mémoire de travail quelques troubles exécutifs (troubles de l'inhibition, persévération et trouble de la flexibilité spontanée) Par contre: pas d'atteinte de l'orientation temporo-spatiale pas d’atteinte de l'encodage et du stockage d'information en mémoire épisodique réalisation de gestes symboliques et de pantomimes est possible conscient de ses troubles, ce qui explique l'existence d'un syndrome anxio-dépressif Au quotidien, apraxie de l'habillage et une apraxie idéatoire (le patient ne sait plus mettre la table) désorientation topographique Hypothèse de diagnostic : ces éléments pourraient faire évoquer un syndrome de Benson Évaluation IDEC Aides déjà en place : le couple emploie une aide ménagère trois heures par semaine. Au niveau physique: autonomie lors de la toilette mais les troubles cognitifs gênent au Plainte spontanée: quotidien notamment lors des déplacements, des AVQ ou encore des loisirs Déplacements: Monsieur a pour habitude d’aller chercher le pain et le journal tous les jours risque de chute, il risque de se perdre dans le bourg comme dans la maison AVQ: Monsieur a pour habitude de mettre le couvert, d’entretenir le jardin mais il a désormais des difficultés Ne reconnaît plus les ustensiles; sa femme remplit les sacs de tonte de pelouse et lui, les vide; n’arrache pas que les mauvaises herbes - Voyage risque de chute Restaurant Monsieur mange dans l’assiette de sa compagne Evaluation psychologue Thymie: nosognosie qui joue sur le moral avec propos morbides - Comportement: baisse des activités isolement social hallucination (?): Monsieur a depuis peu de temps des hallucinations visuelles (voit la voisine en train de jardiner par exemple). Il a des difficultés à critiquer ses hallucinations, même si sa femme lui dit que ce n’est pas vrai, c’est dur pour lui de la croire. Zarit: 45/88 (charge modérée pour la compagne qui a du mal à accepter le retentissement de la maladie) - Plainte cognitive: trouble de la mémoire récente, mémoire ancienne est mieux préservée DTS ralentissement idéo-moteur selon sa compagne langage spontané et fluent même si Monsieur peut parfois dire un mot à la place d’un autre (paraphasies) importants troubles visuo-spatiaux (il peut facilement se cogner contre des objets, il chute, il s’assoie à côté des chaises, il a des difficultés à attraper les objets) difficultés pour lire et écrire difficultés pour s’habiller correctement (apraxie de l’habillage) difficultés de jugement: sacs d’herbe tondue, porte du garage - Les bilans ergothérapiques et psychomoteurs sont réalisés en présence des ASG, ce qui permet une meilleure compréhension partagée de la problématique. Evaluation ergothérapeute Rôle de l’ergothérapeute à l’ESA : Il évalue les déficiences et les capacités motrices, sensitives, sensorielles, cognitives et mentales. - apraxie de l’habillage: difficultés pour enfiler ses vêtements correctement et sa montre - désorientation visuelle : localisation des objets dans l’espace - difficulté pour déterminer la taille des objets les uns par rapport aux autres, leur éloignement les uns par rapport aux autres, leur orientation (cuvette des wc, assiette, chaise pour s’assoir) - agnosie spatiale importante : il a du mal à reconnaitre les paramètres spatiaux des objets (volume, direction, mouvements…) et leurs relations topographiques (exp: confondre le trottoir avec la route) - possible agnosie associative car il semble en difficulté pour faire l’association entre la représentation perceptive de l’objet et les informations structurales stockées en mémoire (couverts pour manger) - identification des objets par le toucher échouée. Evaluation ergothérapeute Evaluation de l’ergothérapeute dans le cadre de l’ESA : L’ergothérapeute analyse les habitudes de vie, les facteurs environnementaux En lien avec son bilan, l’ergothérapeute va proposer à Monsieur et à sa compagne, des solutions concrètes pour l’aider à continuer ses activités (Mettre la table, s’habiller, aller chercher le pain) Aménagement du domicile et des lieux extérieurs: Comment faire pour que Monsieur puisse continuer à aller chercher le pain? Quelles sont les solutions d’aménagement du domicile qui vont permettre qu’il reste chez lui le plus longtemps possible? (Chambre au rez de chaussée, aménagement de la douche, barres d’appui,…) Evaluation psychomotricienne Evaluations de la psychomotricienne dans le cadre de l’ESA: - Troubles de l’équilibre en lien avec le reflet cortical de l’image perçue : rétrécissement du champ visuel avec « lamelle » à hauteur des yeux persistance de la perception visuelle lors du déplacement de l’objet ce qui crée la vision de deux (ou plus) objets hallucinations visuelles - Troubles du schéma corporel : Monsieur ne situe pas son corps dans l’espace perte des sensations proprioceptives capacités tactiles conservées capacités d’apprentissage par répétition du geste et sensations tactiles Désorientation topographique - Staff pluridisciplinaire Problématique - Diminution des activités de loisirs - Diminution de l’autonomie lors des AVQ - Épuisement de l’aidant - Souffrance morale du couple Staff pluridisciplinaire Définition des objectifs: 1) Maintien des activités de loisirs pour améliorer la thymie Maintien des praxies Aide à l’aidant 2) 3) Réalisation des objectifs par les ASG Pourquoi? Comment? Quel résultat? Limites? ASG 1) Maintien des activités de loisirs pour améliorer la thymie Pourquoi? Du fait de sa pathologie, Monsieur a tendance à diminuer ses activités et sa compagne n’a pas toujours la patience de l’accompagner Comment? Comme il pratiquait la randonnée, nous avons proposé à Monsieur des grandes promenades en lui décrivant l’environnement. Le fait de décrire permettait, de façon détournée à Monsieur de repérer les obstacles Résultat? Monsieur continue à aller seul acheter son pain et son journal et maintenant, quand il perçoit un obstacle, il met la main en avant afin de l’appréhender Limite? Nous voulions familiariser Monsieur à un bâton de marche afin qu’il puisse repérer les obstacles mais il ne semble pas prêt à l’utiliser ASG 2) Aide à l’aidant Pourquoi? - Méconnaissance de la pathologie Non acceptation des troubles et du retentissement sur son quotidien Manque de patience face aux difficultés Comment? - Explication de la maladie Présentation des solutions de répit Préconisation d’une augmentation des aides humaines (auxiliaire de vie en relais ESA, SSIAD) Aménagement du domicile ALFA Soutien psychologique aux aidants Résultat? - A pu exprimé le fait qu’elle comprenait mieux la pathologie et qu’elle allait adapter son comportement Limite? - Le couple ne souhaite pas augmenter les aides ASG 3) Maintien des praxies Pourquoi? Afin de préserver le plus longtemps possible l’autonomie de Monsieur Comment? - Evaluation de l’habillage et de la toilette dont le rasage Pour la mise du couvert, essai d’un set de table avec l’emplacement des couverts et par le toucher uniquement Résultats? - Refus du couple d’une évaluation de l’habillage, toilette. Le set de table ne fonctionne pas car persistance perception visuelle, agnosie associative. Monsieur reconnaît les ustensiles par le toucher Limites? - Réticence du couple Troubles cognitifs trop évolués Les relais Augmentation des aides humaines mais le couple refuse Accueil de jour non adapté donc non proposé ALFA (pas forcément adapté mais Madame a besoin de rencontrer d’autres aidants ESA dans un an Bilan fin de prise en soins Les +: - Madame est plus patiente avec son compagnon - Monsieur prend en compte nos conseils lors de ses déplacements - La présentation des structures de répit les a rassurés sur les solutions possibles en cas d’évolution Bilan fin de prise en soins Les -: - Impossibilité de répondre complètement à la plainte spontanée de Monsieur - Absence de structures adaptées - Pathologie peu connue d’où difficulté d’adaptation optimale de la prise en soins - Le couple a encore besoin de temps pour accepter la maladie d’où certains objectifs non atteints Bilan fin de prises en soins L’intervention des différents professionnels a permis: - Regards croisés sur la situation du couple et de la pathologie - Échanges de connaissances et de conseils - Adaptation de notre pratique au patient et à ses capacités/incapacités - Remise en question de nos pratiques - Nécessité d’aller à la recherche d’info sur la pathologie Merci