N°67
BELGIQUE / BELGIË
RD
LIEGE X
P601197
Retour : DGO4-SPW - Avenue Prince de Liège, 7 - B-5100 JAMBES (NAMUR) - Photo : Investsud
Passif et basse énergie dans
les bâtiments industriels et tertiaires
Le point énergie de la Wallonie pour les professionnels et décideurs
Trimestriel : mars, avril et mai 2011
2
Cahier général
Sommaire
Des bâtiments tertiaires et
industriels passifs et basse énergie
2
Cahier technique
- Cahier général
Novembre 10 266,3 / * 2,3
Décembre 10 492,7 / * 126,9
Janvier 11 336,1 / * -54,5
Les degrés-jours
Station d’Uccle – Dj 15/15
* écart par rapport à la normale
On assiste actuellement à une flambée des coûts de l'énergie. À lui seul, le
gasoil de chauffage a augmenté de 43% en un an. Le gaz et l’électricité suivent
la même trajectoire à la hausse. Un surcoût pour les ménages comme pour les
chefs d’entreprise, contraints de revoir leurs prévisions budgétaires, à l’heure où
la Wallonie tente de sortir la tête hors de l’eau.
Conscients de la nécessité de réduire leur consommation énergétique autant
que leur empreinte écologique, certains patrons des secteurs tertiaire et
industriel n’ont pas attendu cette nouvelle crise de l’énergie pour s’inscrire dans
une démarche de construction ou de rénovation durable. Ils ont opté pour des
normes de consommation plus basses : basse énergie, très basse énergie ou
passif. Pour les concepteurs de ces bâtiments de demain, le défi est immense.
Mais l’objectif est rencontré si on en croit les expériences des pionniers dans
le secteur. Vous le découvrirez au fil des pages, nos témoins se réjouissent de
leur investissement puisque, pour eux, confort de travail rime désormais avec
économies d’énergie.
Les bâtiments tertiaires certifiés passifs et les halls industriels “basse énergie”
se comptent encore sur les doigts d’une main aujourd’hui. Mais leur nombre
devrait exploser dans les prochaines années, dopé par la crise de l’énergie et
les incitants publics.
Ghislain Geron
Directeur général a.i.
DGO4 – Département de l’Energie et du Bâtiment durable
Edito p. 2
THEMA : Passif et basse
énergie dans les bâtiments
industriels et tertiaires
Le bâtiment tertiaire passif
en quelques mots p. 3-4
Investsud
ouvre la voie p. 5
À pas comptés
vers le zéro énergie p. 6
Entre logique de performance
et logique de responsabilité p. 7
L'école passive
de Louvain-La-Neuve
premier bilan p. 8-9
Agenda p. 16
Le Bois-Énergie :
maître achat p. 10-12
État des lieux de la
biométhanisation en Wallonie p. 13-14
Le développement éolien en 2010 p. 14
Produire vapeur, eau chaude et
électricité avec la même machine :
c’est possible grâce à la
cogénération ! p. 15
Edito
Publication réalisée par
le Service public de Wallonie,
Direction générale opérationnelle
Aménagement du territoire,
Logement, Patrimoine et Energie.
Avenue Prince de Liège, 7 - B-5100 Jambes
Comité de rédaction :
Cathy Delaunois, Manuel De Nicolo, Céline Léonard,
Valérie Martin, Carl Maschietto.
Ont collaboré à ce numéro :
Monique Glineur, Patricia Denis, Marny Di Pietrantonio,
Jean Cech, Guillaume Abeloos, Jacques Claessens,
Francis Flahaux, Christophe Haveaux, Philippe Hermand,
Delphine Robinet, Dimitri Eggermont
Mise en page :
Caudalie Communication
Abonnements :
- Via le site : http ://energie.wallonie.be
- Par courriel : [email protected]
- Par courrier postal, demande d’abonnement :
Service Public de Wallonie
DGO4 - Département de l'Energie et du Bâtiment durable
7, avenue Prince de Liège - 5100 JAMBES
Imprimé sur papier 100 % recyc
Toute reproduction, même partielle, est autorisée et
encouragée, sous réserve de la mention précise :
“RÉactif n°… - Service public de Wallonie - mois -
année - auteur(s)”
Editeur responsable :
Ghislain GERON - Service public de Wallonie
Avenue Prince de Liège 7 - B-5100 Jambes
© HMS Bausysteme
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- Cahier général
THEMA
Ici, nous tenterons de vous apporter
des éléments objectifs pour vous aider à
comprendre le concept passif. Que vous
soyez investis de près ou de loin dans un
projet…
Alors allons-y !
Le bâtiment tertiaire est dit passif s’il res-
pecte les conditions suivantes :
des besoins en énergie de chauffage
inférieurs ou égaux à 15 kWh/m².an ;
des besoins en énergie de refroi-
dissement inférieurs ou égaux à
15 kWh/m².an ;
une étanchéité à l’air inférieure ou éga-
le à 0,6 vol/h (sous 50 Pa) ;
des besoins en énergie primaire (EP)
inférieurs ou égaux à 90 - 2,5 x Com-
pacité ;
le confort intérieur estival vérifié par si-
mulation dynamique ; actuellement, il
est demandé de ne pas dépasser 5 %
du temps d’occupation au-delà de
25°C.
Lors d’une certification, d’une demande
de primes ou pour toute autre analyse de
bâtiment que l’on souhaite passif, il sera
obligatoire de l’encoder dans le logiciel
PHPP 2007 ou plus récent. C’est un outil
d’aide à la conception qui sert également
à la certification des bâtiments ou partie
des bâtiments passifs.
En parallèle au PHPP, il y a les logiciels
édités par le Service public de Wallonie.
Ces derniers sont mis à disposition des
auditeurs, certificateurs, architectes et
bureaux d’étude qui souhaitent établir
un bilan énergétique standardisé des -
timents (logiciels PEB, PAE, PACE). Ils
sont à considérer comme des outils -
glementaires (demande de permis d’ur-
banisme ou de certification permettant
une comparaison entre bâtiments).
Il est important de souligner qu’à l’heure
actuelle, les méthodes implémentées
dans le logiciel PHPP et dans le logiciel
PEB sont différentes. Les hypothèses de
calcul (comme la température intérieure
ou encore la valeur des apports inter-
nes) sous-jacentes à ces deux logiciels
conduisent à des résultats non compara-
bles. C’est pourquoi l’utilisation d’un lo-
giciel adéquat en fonction de ce que l’on
souhaite évaluer est primordiale.
Notons qu’actuellement une étude est
menée de front par les trois Régions afin
comparer ces deux méthodes.
Et le concept “basse énergie” ?
Il est également important d’éviter les
amalgames… un bâtiment passif n’est
pas “une évolution” du bâtiment basse
énergie ou très basse énergie. En effet, si
les critères du passif sont clairement an-
noncés, ceux du concept basse énergie
sont plus flous. On parle d’un bâtiment
“basse énergie” quand ses besoins en
énergie de chauffage sont compris entre
30 et 60 kWh/m².an. C’est un concept
qu’on utilise beaucoup dans le cadre
du résidentiel. Dans le domaine tertiai-
re, le concept “basse énergie” devrait
être étoffé de critères ou recommanda-
tions portant sur les besoins de froid, le
confort, les consommations électriques.
À suivre…
Arrêtons-nous un moment, prenons le temps quelques minutes pour faire le point…
Nous cherchons tous à investir dans le concret, à réaliser nos rêves, à nous projeter loin,
bien loin. Le passif… Certains disent qu’il faut de la conviction et de la détermination,
d’autres vous diront que c’est de la folie et d’autres encore que ce n’est que le début
d’une belle et grande aventure…
Le bâtiment tertiaire passif
en quelques mots…
© Investsud
THEMA
4
- Cahier général
liens utiles
http://www.maisonpassive.be
http://www.passiv.de
http://energie.wallonie.be
© photo : Estif - www.estif.org
Concept révolutionnaire
ou aboutissement des
techniques connues ?
Certains parleront de révolution, les
autres d’une adaptation des connaissan-
ces. Difficile alors de vous annoncer une
vérité “universelle” sur l’état de l’art et son
applicabilité sur le terrain. Elle n’existe
certainement pas d’ailleurs…
Toujours dans un but d’objectivité, le
mieux est encore de lister les points d’at-
tention :
Enveloppe :
• Gestion des nœuds constructifs
Gestion ne veut donc pas dire “sup-
pression”. Dans tout projet de
construction neuve ou de rénovation,
la présence des ponts thermiques est
pratiquement inévitable. Il s’agit alors
de les évaluer, de les comptabiliser, de
les optimiser et d’assurer une mise en
œuvre correcte des jonctions des dif-
férentes parois.
• L’étanchéitéàl’air
L’étanchéité à l’air doit être étudiée afin
de limiter au maximum les pertes par
infiltration involontaire. Tout comme
pour les ponts thermiques, des détails
de raccords devront être étudiés par le
bureau d’architectes.
Confortestival
• Protectionssolairesefcaces.
Dans certains projets, les protections
solaires seront des éléments indis-
pensables pour assurer un confort in-
térieur estival voire de mi-saison. Ces
protections seront placées à l’extérieur
et auront des caractéristiques différen-
tes en fonction des orientations (pro-
tection fixe pour l’orientation sud et
protections mobiles pour les orienta-
tions est ou ouest)
• Intégration de systèmes de refroi-
dissementpassifsoupeuénergivo-
res (freecooling, night cooling, etc.)
Ces systèmes de refroidissement pas-
sifs sont indispensables pour limiter les
besoins de froid du bâtiment. Ils per-
mettent “d’écraser” considérablement
le poids énergétique d’un système
de refroidissement actif. L’expérience
montre qu’un bâtiment tertiaire intè-
gre généralement une combinaison
de deux systèmes de refroidissement
passifs.
• Gestiondesapportsinternes
Le projet doit intégrer une réflexion
globale sur les installations électriques
mais également sur la bureautique.
Ainsi, les puissances installées devront
être étudiées pour être minimisées et
assurer un niveau d’éclairement suffi-
sant.
Le confort intérieur, essentiel…
L’enjeu majeur dans le secteur tertiaire est
la gestion du confort intérieur estival. En
effet, les apports internes sont concen-
trés en journée et des stratégies passives
doivent être mises en place afin d’assurer
un confort de travail. C’est là que la simu-
lation dynamique trouve tout son sens. Il
s’agit donc de simuler le bâtiment, heure
par heure, d’analyser l’évolution de la
température intérieure zone par zone et
de calculer ainsi le nombre d’heures au-
delà duquel le bâtiment dépasse la tem-
pérature de consigne.
Nous insistons sur la nécessité de ce
type d’outil et pas uniquement pour les
bâtiments passifs mais bien pour tous les
bâtiments tertiaires de moyenne et gran-
de taille ayant un niveau d’efficacité éner-
gétique élevé (très basse énergie, passif
ou encore zéro énergie).
L’intérêt de la simulation dynamique est
de pouvoir quantifier de manière fiable le
confort intérieur, ce que ne peut pas réa-
liser actuellement le PHPP ou tout autre
logiciel statique (qui ne permet pas une
simulation horaire).
Les aides
Et puis n’oublions pas que la Wallonie
met à disposition une plate-forme, La
Plate-forme Maison Passive a.s.b.l., qui a
pour but de vous aiguiller tout au long de
votre projet passif, que ce soit pour du ré-
sidentiel, du tertiaire, de la rénovation ou
encore une nouvelle construction.
Cette aide peut se matérialiser sous for-
me de guidance individualisée ou bien par
une assistance téléphonique ou “électro-
nique” pour des questions plus ponctuel-
les. Le but est bien de définir la faisabilité
du projet passif et de déterminer les axes
de direction. En aucun cas, la Plate-for-
me Maison passive a.s.b.l. ne remplace
le bureau d’étude ou l’architecte.
Les coordonnées de la Plate-forme Mai-
son Passive :
Plate-formeMaisonPassivea.s.b.l.
98, rue Nanon
B- 5000 Namur
Tel. : 081 390 650 - Fax : 081 390 619
Mail : infotechnique@maisonpassive.be
Même si actuellement la certification pas-
sive de bâtiments tertiaires n’aboutit pas
à une réduction fiscale ou à une prime
régionale, elle est un gage de qualité et
de savoir-faire qui est connu et reconnu
dans le secteur de la construction.
Le passif tertiaire en quelques
chiffres
Actuellement, la PMP a.s.b.l. a assuré
des guidances pour une cinquantaine de
projets tertiaires. Elle a certifié 3 bâtiments
tertiaires sur le territoire wallon. 4 projets
sont en demande de certification. Une
vingtaine de projets sont en cours et ne
devraient pas tarder à se concrétiser. On
parle bien évidemment de bureaux passifs
mais également d’écoles, de crèches, de
résidences pour personnes handicapées,
d’hôtels ou encore de salles polyvalentes.
Bref, nul doute que cet engouement est
un signe encourageant vers une amélio-
ration énergétique considérable du parc
immobilier et une réappropriation du
bâtiment comme lieu la performance
énergétique côtoie savoir-faire du sec-
teur de la construction, qualité de vie et
confort intérieur.
Marny Di Pietrantonio,
pour le service du Facilitateur tertiaire
5
- Cahier général
THEMA
Investsud
ouvre la voie
Voici deux ans, Investsud inaugurait à Marche-en-Famenne, le premier bâtiment tertiaire
passif de Wallonie. Que du bon, jusqu’ici, pour cette société de Capital à Risque qui
revendique n’en avoir pris aucun dans cette ‘aventure’.
Depuis son inauguration en septembre
2008, ce premier bâtiment wallon à con-
sommer moins de 1,5 litre de mazout au
mètre carré (15 kWh/m².an) a vu défiler
quelques poignées de journalistes, des
dizaines de visiteurs d’un peu partout
dans le monde, la plupart des conjoints et
enfants des collaborateurs de l’entreprise
et même des grands-parents pressés
de tâter les murs du bâtiment, histoire
de vérifier que l’absence de radiateur ne
condamnait pas leurs descendants à une
vie professionnelle trop spartiate. Sans
compter les quelque sept-cents jeunes de
la région venus découvrir le phénomène
et contribuer à la rédaction d’un syllabus
sur le sujet pour contribuer à l’information
de leurs pairs dans les écoles du pays
(www.passif-en-marche.be).
Valeur d’exemple
L’initiateur de ce premier bâtiment ter-
tiaire passif de la Région wallonne, Benoit
Coppée, estime en effet que le fait d’ouvrir
une voie urbanistique nouvelle lui donne
un devoir de pédagogie. Et il s’y prête
avec un plaisir évident. Coppée n’a pour-
tant rien d’un moine soldat converti à la
cause climatique. Il considère seulement
avoir eu la chance d’être bien conseillé
et a pris le temps de peser sereinement
le pour et le contre parmi les options qui
lui étaient proposées. Il se défend même
d’avoir pris le moindre risque inconsidéré
avant de se lancer dans cette aventure
qui, à ses yeux, n’en est pas une, puisque
nombre d’entreprises de pays voisins l’ont
précédé dans une démarche similaire et y
ont largement trouvé leur compte. En tant
que responsable d’une entreprise dont la
vocation est d’avancer des capitaux aux
PME après s’être soigneusement assuré
de leur bonne gouvernance et de leur
saine gestion, il n’était évidemment pas
question pour lui de donner l’exemple
contraire à travers la construction d’un
bâtiment luxueux et dispendieux sur le
plan énergétique.
Quel bilan, concrètement ?
Quoiqu’il en soit, Investsud se déclare ravi
du choix réalisé dans une fourchette de
prix moins de 1250 euros/m² hors TVA
et hors honoraires - très proche du coût
d’une construction traditionnelle similaire.
Et son patron ne se prive pas de lister les
avantages induits : “L’assurance d’abord
d’être protégé des fluctuations futures
du baril et d’avoir construit un bien im-
mobilier qui ne risque pas de perdre de la
valeur, tout en restant dans un standard
reconnu et éprouvé dans de nombreux
pays voisins. (...) Le fait aussi de pouvoir
offrir un environnement de qualité sus-
ceptible d’attirer des collaborateurs de
qualité dans un endroit les sollicita-
tions culturelles et autres sont plus rares
qu’à Bruxelles, Mons ou Liège.”
Même si les occupants considèrent que
les inconvénients sont négligeables, les
spécialistes des techniques spéciales
qui sont intervenus dans l’élaboration du
bâtiment concèdent néanmoins (dans le
n°4 du trimestriel spécialisé be-passive)
deux ‘bémols’ : l’un concerne le manque
de modularité des locaux et l’autre le
night cooling qui s’est révélé insuffisant
dans certaines conditions extrêmes
(quelques nuits d’orage).
Des enseignements dont ils se promet-
tent de tirer les leçons au bénéfice du
deuxième bâtiment similaire (on en
prévoit quatre) qui sera prochainement
construit sur le site.
Jean Cech
La gestion du refroidissement est en
effet un défaut dont souffrent cer-
tains “bâtiments passifs de première
génération”. Les guidances assurées
aujourd’hui par la Plate-forme Mai-
son Passive montrent une évolution
et une meilleure prise en compte du
critère de confort.
Il n’en reste pas moins que le bâti-
ment de Marche confère un (très) bon
confort de travail et que la démarche
proactive est à encourager !
Nivelles Invest est également en
cours de demande de certification
pour un de ses bâtiments à Louvain-
la-Neuve.
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