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Section 1 – Le « maximum d’ophélimité pour la collectivité » chez Pareto
1. Le projet parétien : l’économie pure comme première approximation
Si Pareto est aujourd’hui principalement connu pour ses apports en économie néoclassique
(particulièrement son critère d’efficacité et sa conception de l’utilité ordinale (Kirman 2008))
il se voulait à l’origine un théoricien du social. Il a développé une approche large des sciences
sociales, qui fonctionne par « approximations successives » et dont la méthode veut
qu’aucune science ne puisse expliquer complètement à elle seule les phénomènes sociaux. Au
contraire, pour une approche réaliste et explicative des phénomènes sociaux, il est nécessaire
de mobiliser à la fois l’économie pure, l’économie appliquée et la sociologie. Chacune des
trois disciplines présente un fonctionnement autonome et un objet spécifique. C’est justement
parce que leur approche est nécessairement partielle qu’une science satisfaisante doit
combiner les trois disciplines.
L’économie pure est la discipline par laquelle commence l’analyse des phénomènes sociaux.
Elle est la version la plus épurée, la plus abstraite et donc la plus simplifiée : elle est une
première approximation, celle qui est la plus éloignée du phénomène réel. Après avoir mené
l’analyse selon les règles de cette première approximation, il convient pour Pareto de
mobiliser l’économie appliquée qui va donner une image plus explicative de la réalité, et enfin
la sociologie qui est la dernière approximation, celle qui va donner la meilleure représentation
et explication du phénomène social. L’intégration des trois disciplines permet seule de mener
à bien une analyse sociale qui produit des effets de connaissances de la réalité du monde
social de plus en plus proches de la vérité :
« D’analyse en analyse, d’abstraction en abstraction, séparant, distinguant, écartant, nous
sommes ainsi descendus jusqu’à l’économie pure ou à d’autres théories semblables ; mais
ce n’est pas là un but, ce n’est qu’un moyen. Notre but est l’étude de l’homme tel qu’il
est. » (Pareto [1898], p. 106).
2. L’objet de l’économie pure : l’équilibre général concurrentiel
L’économie pure parétienne est donc la première abstraction : à ce titre, elle peut faire des
hypothèses excessivement schématiques (comme celle de l’homo oeconomicus par exemple)
et utiliser les mathématiques comme moyen d’appréhender des vastes interdépendances entre
les phénomènes économiques. L’objet de l’économie pure est ainsi de représenter le