Cohésion de la matière Il existe 3 états de la matière : solide, liquide et gaz. Un solide ionique est un empilement ordonné et compact d’un très grand nombre d’ions. Un solide moléculaire est un empilement ordonné et compact d’un très grand nombre de molécules. Quelle est la nature des interactions entre les ions d’un composé ionique ou les molécules d’un solide moléculaire ? I. Cohésion de la matière au sein des composés ioniques 1. Définition Un composé ionique solide est un empilement régulier d’un très grand nombre d’anions et de cations, l’ensemble étant électriquement neutre. La formule indique les proportions des ions constituant le composé (formule statistique) ; elle s’établit en respectant la neutralité électrique. Exemple : le carbonate de calcium dont la formule est CaCO3, formé d’ions Ca2+ (gris) et CO32- (gris clair et rouge), les proportions étant 1 pour 1 2. Formule d’un composé ionique Ions présents Cation Anion Proportions X cations pour Y anions Formule Chlorure de sodium Nitrate d’argent Sulfate de cuivre II Hydroxyde de calcium Chlorure de cuivre II Sulfate d’aluminium Sulfate d’ammonium 3. Cohésion d’un cristal ionique solide Le cristal de chlorure de sodium est constitué d’un empilement ordonné d’ions. Les ions Cl- sont aux sommets de cubes contigus d’arête a et aux centre de chaque face de ce cube. Les ions Na + sont situés au milieu de chaque arête et au centre de chaque cube. Les anions Cl- forment un sous réseau cubique à faces centrées dans lequel les cations Na+ occupent tous les sites octaédriques de la maille. La cohésion du cristal est assurée par les forces de nature électrostatique entre les ions. a. Exprimer en fonction de a les plus petites distances entre les centres de : deux Cldeux Na+ - un Cl et un Na Na + Cl + - b. Exprimer en fonction de a et e (quantité d’électricité élémentaire) la force électrique : Entre deux Cl- les plus proches Entre un ion Cl- et un ion Na+ Au sein des solides moléculaires : La glace est un solide moléculaire dans lequel les molécules d’eau sont très organisées. 1. Electronégativité des éléments chimiques – polarité de la liaison covalente : On a définit la liaison covalente comme une mise en commun équitable d’un doublet d’électrons. En réalité, certains atomes sont plus « avides » d’électrons que d’autres : ils ont davantage tendance à attirer les électrons. La grandeur physique qui quantifie cette capacité à attirer les électrons est nommée l’électronégativité. H 2,2 Li 0,98 Na 0,93 K 0,82 Rb 0,82 Cs 0,79 Fr 0,7 He Electronégativité des éléments chimiques Be 1,57 Mg 1,31 Ca 1 Sr 0,95 Ba 0,89 Ra 0,9 Sc 1,36 Y 1,22 * Ti 1,54 Zr 1,33 Hf 1,3 V 1,63 Nb 1,6 Ta 1,5 Cr 1,66 Mo 2,16 W 1,7 Mn 1,55 Tc 2,1 Re 1,9 Fe 1,83 Ru 2,2 Os 2,2 Co 1,88 Rh 2,28 Ir 2,2 Ni 1,91 Pd 2,2 Pt 2,2 Cu 1,9 Ag 1,93 Au 2,4 Zn 1,65 Cd 1,69 Hg 1,9 B 2,04 Al 1,61 Ga 1,81 In 1,78 Tl 1,8 C 2,55 Si 1,9 Ge 2,01 Sn 1,96 Pb 1,8 N 3,04 P 2,19 As 2,18 Sb 2,05 Bi 1,9 O 3,44 S 2,58 Se 2,55 Te 2,1 Po 2 F 3,98 Cl 3,16 Br 2,96 I 2,66 At 2,2 Ne Ar Kr Xe Rn Electronégativité croissante Ainsi, l’atome d’oxygène est plus électronégatif que l’atome d’hydrogène. Il en résulte que les électrons intervenant dans la liaison entre ces deux atomes se trouvent plus souvent autour du noyau de l’atome d’oxygène qu’autour du noyau de l’atome d’hydrogène. L’atome d’hydrogène présente donc un déficit partiel d’électrons, qu’on note δ+ (δ+ < +e) L’atome d’oxygène, au contraire, présente un excès partiel d’électrons, qu’on note δ- (δ- > -e). On parle de déficit ou excès partiel parce qu’aucun des atomes n’a totalement perdu ou gagné un électron ! On schématise la liaison entre les deux atomes de façon suivante : Electronégativité croissante II. Une telle liaison est dite polarisée. A contrario, si les charges sont réparties de façon totalement symétrique, elle sera apolaire, c'est-àdire non polaire. 2. L’eau : molécule polaire Du fait de sa géométrie, l’eau possède un caractère dipolaire : elle se comporte comme un petit élément à deux pôles électriques de signe opposés : O H O H Molécule d’eau H δ+ H δ+ Comportement dipolaire Dipôle électrostatique associé à la molécule Mise en évidence du caractère dipolaire associé à la molécule : action d’un bâton électrisé sur un filet d’eau : 3. Molécules polaires ou apolaires : Méthode : Déterminer la structure spatiale de la molécule Repérer les répartitions des charges partielles de chaque atome en fonction de la polarité des liaisons Trouver le barycentre (moyenne) des charges partielles positives et négatives ; si les deux barycentres coïncident, la molécule est apolaire. tétrachlorure de carbone CCl4 dioxyde de carbone CO2 Ammoniac NH3 Ethanol CH3CH2OH Schéma de Lewis Représentation de Cram + répartition des charges partielles 4. Interaction entre molécules : liaisons intermoléculaires a. Forces de Van der Waals : interactions de courte portée le plus souvent attractives entre molécules. Elles concernent aussi bien les molécules polaires à travers leurs charges partielles que les molécules apolaires qui subissent une polarisation temporaire par influence. b. Liaison hydrogène : interaction de nature électrostatique toujours attractive. Elle est la plus forte des liaisons intermoléculaires. C’est un cas particulier des interactions de Van der Waals. Elle se manifeste uniquement entre une molécule qui comporte un atome d’hydrogène lié à un atome X petit et très électronégatif (N, O ou F) et un autre atome, Y, possédant un doublet non liant (F, O ou N). Pour que la liaison hydrogène existe, les trois atomes doivent être alignés et la distance entre eux relativement faible. C’est une interaction à courte portée. Cas de la glace : indiquer sur les schémas les liaisons hydrogène ; compléter le schéma en dessinant d’autres molécules d’eau qui montre une organisation en un véritable réseau cristallin. III. Effet des transferts thermiques sur la cohésion de la matière Un apport d’énergie thermique (chaleur) à un corps pur formé d’ions ou de molécules peut : - entraîner une élévation de température : cela traduit l’augmentation de l’agitation des ions ou des molécules (augmentation de leur énergie cinétique) Corps pur Solide Liquide Gaz - Effet d’un transfert thermique reçu Augmentation du mouvement de vibration des ions ou molécules Augmentation du mouvement désordonné des ions ou molécules Augmentation de la vitesse des ions ou molécules permettre de casser les liaisons qui lient les ions ou les molécules. Il y a alors changement d’état. La température reste alors constante tout au long du changement d’état ; on l’appelle « température de changement d’état ». A l’état solide, les interactions électrostatiques entre ions d’un composé ionique ou molécules d’un solide moléculaire sont plus importantes qu’à l’état liquide ; elles deviennent très faibles à l’état gazeux. 1. Température d’ébullition et énergie de liaison : Dans le tableau ci-dessous sont répertoriées pour quelques solides (ioniques ou moléculaires) les valeurs de leurs températures de fusion et les valeurs de leur énergie de liaison : il s’agit de l’énergie qu’il faut apporter ces solides pour casser les liaisons qui lient les ions ou molécules de 1kg de corps pur solide et afin de le rendre liquide. Composés NaCl(S) NaCl(L) H2O(S) H2O(L) CH4(S)CH4(L) θfusion (t°C) 801 100 -161,7 Energie de liaison (kJ/kg)… 7000 334 58 …. entre … Préciser dans le tableau entre quelles particules la liaison est rompue lors du passage de l’état solide à l’état liquide. Quelle relation existe-t-il entre température de fusion et énergie de liaison. 2. Liaisons ioniques Composés θfusion (t°C) NaCl NaBr NaI 801 755 651 Rayon de l’halogénure (pm) 100 115 140 Expliquer l’évolution de la température de fusion des 3 composés ioniques présentés. 3. Température d’ébullition des hydrogénure du groupe 4A Le groupe 4A définit une famille d’éléments chimiques situés dans une même colonne du tableau périodique : C, Si, Ge, Sn. Ces éléments ont des propriétés chimiques similaires. Le tableau suivant donne les températures d’ébullition des molécules de ce groupe. Espèce chimique CH4 SiH4 GeH4 SnH4 T° ébullition (°C) -161,5 -112 -88,5 -52 Quelle hypothèse peut-on suggérer quant à la relation entre les forces de Van der Waals et le nombre d’électrons que contient la molécule. 4. Les alcanes sont des hydrocarbures (molécules constituées uniquement d’atomes de C et de H) ne présentant que des liaisons C-C simples. Leur formule brute est CnH2n+2. Voici quelques alcanes linéaires (alcanes dont la chaîne carbonée ne comporte pas de ramification (chaque atome de C n’est lié qu’à 2 autres atomes de C) : Formule brute CH4 C2H6 C3H8 Alcane Méthane Ethane Propane eb (°C) - 161,7 - 88,6 - 42,1 Formule brute C4H10 C5H12 C6H14 Alcane Butane Pentane Hexane eb (°C) - 0,5 36,1 68,7 a. Tracer la courbe donnant la température d’ébullition en fonction du nombre d’atomes de carbone. Commenter la courbe obtenue et conclure. b. Quelle hypothèse peut-on suggérer quant à la relation entre intensité des forces de Van der Waals et taille de la molécule ? c. Le décane est un alcane linéaire de formule brute C10H22. À votre avis, quel est son état physique à température ambiante ? Pourquoi ? d. La paraffine de bougie est constituée de molécules d’alcanes à chaîne linéaire. Que pouvez-vous dire sur la longueur de la chaîne carbonée de la paraffine de bougie ? Argumenter. 5. Les alcools sont des composés organiques oxygénés (molécules constituées d’atomes de C, H et de O) comportant une fonction alcool – OH (groupement hydroxyle). Voici les températures d’ébullition de quelques alcools linéaires Formule brute Alcool eb (°C) CH3OH C2H5OH C3H7OH Méthanol Ethanol Propanol 65 78 97 Formule brute C4H9OH C5H22OH C6H13OH Alcool eb (°C) Butanol Pentanol Hexanol 117 138 157 Justifier l’évolution de la température d’ébullition des alcools en fonction du nombre d’atomes de carbone de leur chaîne carbonée. Quelle différence constate-t-on entre la température d’ébullition de l’alcane et celle de l’alcool ayant la même longueur de chaîne carbonée ? Expliquer cette différence IV. Tableau comparatif solide ionique/ solide moléculaire Solide ionique Solide moléculaire Eléments de base Type de liaison Nature de la liaison Structure Comparaison l’énergie de liaison Température de fusion V. Applications : 1. Le Kevlar® Le poly-para-phénylène téréphtalamide (ou PPD-T), plus connu sous le nom déposé de Kevlar®, est une fibre d'aramide découverte en 1965 et fabriquée par la firme Dupont de Nemours. Commercialisée depuis les années 1970 sous le nom de Kevlar®, elle possède des propriétés très intéressantes pour l’industrie. Son exceptionnelle résistance à la traction et à l'élongation, aux chocs et à l’usure est notamment exploitée pour la fabrication de gilets pare-balles mais aussi dans l’industrie aéronautique. Ce polymère est constitué de noyaux de benzène séparés par des groupements amides. Parmi l’ensemble des matériaux connus, seuls la toile d'araignée (qui est trois fois plus résistante) et les nanotubes le surpassent. Il a pour autres qualités sa faible densité, sa capacité d’absorption des vibrations et son excellente résistance aux chocs. Sa rigidité est supérieure à celle de l'acier. Par ailleurs, ce matériau se caractérise par une dilatation thermique nulle et un bon comportement chimique vis-àvis des carburants. En contrepartie, le Kevlar® résiste mal aux rayons UV et aux fortes températures (il se décompose à 400°C) et est difficile à usiner. Applications : - industrie textile : renfort de vêtements et voiles de bateau - industrie aéronautique et aérospatiale - nautisme : câbles, renforcement des coques de bateaux. - fabrication de casques et de gilets pare-balle. - Automobile de compétition (renforcement des pneus et d'autres caoutchoucs, doublure de freins) - matériel sportif : snowboard, ski, escrime, raquettes ou cordage, cadres de vélos a. Chercher la définition des mots en gras. b. Le maillon de base de la chaîne de kevlar est indiqué figure 1. Justifiez l’organisation spatiale des chaînes de PPD-T (figure 2) ainsi que ses propriétés mécaniques. Fig. 1. motif de la chaîne de PPD-T 2. Fig. 2. Représentation schématique du PPD-T Les pattes du gecko Une étude récente entreprise aux USA, entreprise par Autumn et ses collègues de l'Université de Berkeley [K. Autumn et al., «Adhesive force of a single gecko foot-hair» Nature, 405 (2000) 681-685.], fait apparaître que le gecko, un lézard qui vit dans les régions tropicales, est capable de se mouvoir sur n'importe quelle surface lisse verticale ou sous un plan horizontal tout aussi lisse, par la seule action des forces de Van der Waals. […] Les pattes du gecko (qui ne porte pas de griffes comme ses cousins de nos pays tempérés) sont terminées par cinq doigts dont l'observation au microscope électronique à balayage fait apparaître qu'ils présentent chacun environ 5000 poils de kératine par millimètre carré, qui se divisent à leur terminaison en plusieurs centaines de soies. Au total, ce lézard possède environ deux milliards de soies qui lui assurent à la fois suspension et progression. Dessous de la patte avant gauche du gecko tropical (a) et poils recouvrant le dessous des pattes vus au microscope électronique à balayage (b). (Photographies : Kellar Autumn). a. La kératine est une protéine principalement constituée de cystéine. A l’aide du modèle général de liaison peptidique ci-dessous, construire la molécule de kératine issue de l’assemblage de 3 molécules de cystéine par liaison peptidique. cystéine : liaison peptidique : O R O H2N O R H H O N OH H NH2 HO R R O O SH H2N OH N H H2O b. Dans la kératine obtenue, entourez les atomes d’hydrogène susceptibles de former des liaisons hydrogène. Justifier. c. On donne ci-dessous une représentation de la structure du verre donnée. Le verre est-il un composé ionique, d’une molécule ou d’un solide moléculaire ? S’agit d’un cristal ou un solide amorphe ? Quels sont les atomes du verre susceptibles de se lier aux atomes d’hydrogène identifiés précédemment dans la kératine ? Justifier. Faire un schéma d’un morceau de kératine lié à un morceau de verre. O O Si O O Si Si Si S O O O Si O Si O O O Si O Si O O OH Si Si d. On suppose que chaque soie crée une force O O O O d'attraction de l'ordre de 20 nanonewtons. Calculez la force d’attraction exercée par les 4 pattes du lézard. Comparez à son propre poids (il ne pèse lui-même pas plus de 200 à 300 grammes). 3. O O O O O O Pneus de voiture Les pneumatiques de nos voitures sont des polymères élastomères appelés caoutchouc obtenus par la polymérisation du butadiène. H2C CH CH CH2 La formule semi-développée du butadiène est : Le polymère obtenu par polyaddition (ouverture d’une des 2 doubleliaisons) est : CH3 C HC CH2 Le caoutchouc obtenu à ce stade n'a pas de consistance solide. Si l'on fait une bille de caoutchouc pur et qu'on la pose sur un support plan, elle coule tout doucement et forme finalement une flaque de caoutchouc ; les enchevêtrements et interactions entre les différentes chaines de macromolécules assurent une cohésion suffisante pour donner à ce liquide une assez grande viscosité. H3C CH3 CH2 C C CH CH2 C CH CH H2C CH3 H3C C CH CH2 C CH3 CH Pour le rendre solide, le caoutchouc subit une vulcanisation : on le mélange avec un certain pourcentage d’atomes de soufre. Il est alors recuit de 140 °C à 200 °C, ce qui apporte l'énergie nécessaire à l'établissement des liaisons covalentes entre le soufre et les macromolécules du caoutchouc. La vulcanisation est donc une réaction chimique irréversible qui crée une réticulation entre les chaînes macromoléculaires et les atomes de soufre qui jouent ainsi le rôle de pontages. Les propriétés du caoutchouc vulcanisé sont son étanchéité (imperméabilité aux gaz et aux liquides), sa grande capacité à filtrer le bruit, mais surtout son élasticité. Un bon dosage du soufre est essentiel : trop de soufre fait perdre l'élasticité ; pas assez de soufre limite la cohésion et la durée de vie diminue. a. Comment peut-on expliquer le caractère visqueux du caoutchouc avant vulcanisation ? b. Pourquoi la vulcanisation du caoutchouc lui confère un caractère solide ? c. Pourquoi un pourcentage élevé de soufre ajouté lors de la vulcanisation réduit les propriétés élastiques de ce polymère ?