Discours des vœux aux forces vives de Marie-Guite DUFAY 26 janvier 2016 Seul le prononcé fait foi Madame la Préfète, Mesdames, Messieurs les Députés, Mesdames, Messieurs les Sénateurs, Mesdames, Messieurs les Présidents des Conseils départementaux, Mesdames, Messieurs les membres du Conseil économique social et environnemental, Mesdames, Messieurs les représentants des corps enseignants et universitaires, Mesdames, Messieurs les représentants des chambres consulaires, chambres régionales de commerce et d’industrie, chambres régionales des métiers et de l’artisanat, chambres d’agriculture, chambres régionales de l’économie sociale et solidaire, Madame la Procureur de la Cour administrative d’appel Monsieur le Directeur de la Caisse des Dépôts Monsieur le Directeur de BPI France Mesdames, Messieurs les directeurs des services déconcentrés de l’Etat, Mesdames, Messieurs les Directeurs Généraux des services, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux, Monsieur le Maire, Mesdames et messieurs les élus Chers Collègues Mesdames et messieurs, 1 Merci aux élus, aux acteurs économiques, aux entreprises et à leurs représentants, aux chambres consulaires, aux organisations professionnelles, aux représentants des salariés, à tous les acteurs du développement économique, à tous les acteurs culturels, acteurs sportifs, acteurs associatifs, à toutes les forces vives, qui tous contribuent au développement économique, humain et territorial de la Bourgogne FrancheComté. C’est la première fois que nous sommes tous réunis ici, forces vives de Bourgogne Franche-Comté. Votre réunion ici ce soir symbolise le rassemblement des forces nécessaire pour offrir à la Bourgogne Franche-Comté une nouvelle ambition. Cette nouvelle ambition doit s’appuyer sur une répartition des fonctions stratégiques entre Dijon et Besançon, à l’image des arbitrages équilibrés qui ont été faits pour les services de l’Etat. Je veux remercier tous les francs-comtois de s’être déplacés à Dijon ce soir. L’an prochain, nous ferons l’inverse. Mes vœux aux personnels de la région qui ont eu lieu à Besançon il y a 10 jours, ils auront lieu à Dijon. Nous vivons un moment historique, la naissance d’une collectivité. La naissance d’une collectivité territoriale, mais aussi une collectivité humaine, je sens auprès de vous, acteurs économiques, sociaux, culturels, sportifs, et de façon générale dans la société civile, de l’envie et du mouvement pour vous organiser à l’échelle de la Bourgogne FrancheComté. La société civile est plus en avance que le monde politique. J’ai testé ce week-end sur les pistes de ski de fond du massif jurassien combien notre nouvelle région est à l’œuvre, en croisant au fur et à mesure de mes rencontres, plus de Bourguignons que de Francs-Comtois. Mais dans ce moment intense où la page blanche s’offre à nous avec tous ses espoirs, n’oublions pas le langage de la 2 vérité. C’est dans un contexte difficile que nait cette nouvelle Collectivité : 1/ parce que notre pays souffre et vient de subir dans ses fondements républicains, des assauts terribles qui nous ont tous meurtris 2/ parce que notre pays doute et ne fait plus confiance aux élus, en témoigne l’abstention dans les urnes et la montée de l’extrémisme de droite, 3/ parce que aussi le pacte de responsabilité voulu par le Président de la République pour redresser les finances publiques va nous imposer de faire 60 millions d’économies dans les trois ans qui viennent. Heureusement, j’ai autour de moi une équipe soudée et pleine d’envie. Cette équipe est composée de 15 vice-présidents et de conseillers régionaux délégués. C’est une équipe renouvelée avec 10 nouveaux visages parmi les 15 vice-présidents. Elle est paritaire, elle permet une représentation de tous les territoires, et elle est l’incarnation de nos priorités politiques. Tous ont signé la charte d’éthique qui porte des valeurs et des engagements que nous avons pris devant les électeurs, qui vont au-delà de ce que prévoit la loi dans ce domaine : limitation du cumul des mandats, participation active, prévention des conflits d’intérêt, plus de démocratie et plus de transparence. C’étaient les conditions pour figurer sur cette liste et participer à l’exécutif. Michel Neugnot d’abord, vice-président en charge des Finances, des Ressources humaines, des Transports, déplacements et intermodalités, de Semur-en-Auxois, en Côted’Or (21) - Myriam Chiappa-Kiger, Montbéliard, conseillère régionale déléguée aux Ressources humaines (Doubs, 25) - Frédéric Poncet, conseiller régional délégué aux Transports (Saint Claude, 39) Laurence Fluttaz, orthophoniste à Chalon-sur-Saône (71) et ancienne élue à l’agglomération de Chalon, à qui revient la 3 culture et le patrimoine, ferments du vivre ensemble - Salima Inezarene, Conseillère régionale déléguée à la Culture (Audincourt, 25) Denis Sommer, qui connait à fond l’industrie, Grand Charmont, agglomération de montbéliard, vice-président en charge du développement économique et des nouvelles croissances, de l’emploi, de la sécurité professionnelle et du dialogue social territorial, qui est basé dans l’aire urbaine dans le Doubs (25). - Karine François, issue aussi du monde de l’industrie, conseillère régionale déléguée au Dialogue social territorial (Frahier-et-Chatebier, 70) - Jean-Claude Lagrange, Communauté urbaine du Creusot Montceau, conseiller régional délégué aux Nouvelles croissances, réseaux des villes industrielles, suivi des filières et des pôles (Sanvignes-les-Mines, 71) Sylvie Laroche, vice-présidente en charge de l’apprentissage et de la formation professionnelle, et des formations sanitaires et sociales entrepreneure sociale basée à Dole, dans le Jura (39). - Franck Charlier, conseiller régional délégué à l’Apprentissage (Gueugnon, 71) Patrick Molinoz, vice-président en charge de la jeunesse, de la vie associative, de la laïcité, de la lutte contre les discriminations, de l’égalité homme-femme, du développement numérique des territoires, élu de terrain en Côte-d’Or (21) et farouche défenseur du principe de laïcité - Francine Chopard, conseillère régionale déléguée à la lutte contre les discriminations et l’égalité homme femme (Chalon-sur-Saône, 71) - Valérie Depierre, conseillère régionale déléguée à la Vie associative (Villette-les-Arbois, 39) - Denis Lamard, conseiller régional délégué à la Jeunesse, (Pierre de Bresse, 71) Frédérique Colas, en charge de la transition écologique et de 4 l’environnement, assistante sociale à Joigny, dans l’Yonne (89) - Pierre Grosset, issue de la société civile et pionnier dans le Jura, conseiller régional délégué à l’Habitat et à l’Efficacité énergétique (39, Montmorot) - Stéphane Woynaroski, conseiller régional délégué à l’Agenda 21 et biodiversité (21, Talant) Eric Houley, en charge de la Cohésion territoriale, élu de terrain à Lure (70), en Haute-Saône - Arnaud Marthey, conseiller régional délégué aux Nouvelles ruralités (Baume-les-Dames, 25) - Saliha M’PIAYI, conseillère régionale déléguée à la Politique de la Ville (Chenove, 21) Maude Clavequin, notre benjamine, basée dans le Territoire de Belfort (90), qui est vice-présidente en charge de la citoyenneté et de l’évaluation des politiques publiques. Sylvain Mathieu, forestier à Arleuf dans la Nièvre (58), en charge de la vice-présidence Bois, Forêt, Montagne, Parcs Océane Charret-Godard, psychologue du travail basée à Dijon (21), en charge de la Recherche, de l’Enseignement supérieur, de l’Université - Luc Bardi, conseiller régional délégué aux Sites universitaires (Besançon, 25) Patrick Ayache, bisontin (25), est en charge des Fonds européens et du contrat de Plan, du Tourisme et des Relations internationales - Hicham Boujlitat, conseiller régional délégué à la Coopération aux solidarités internationales (Cosne S/Loire, 58) - Liliane Lucchesi, conseillère régionale déléguée aux Relations franco-suisses (Pontarlier, 25) - Sylvie Martin, conseillère régionale déléguée au Tourisme et à la viticulture (21, Beaune) 5 Laëtitia Martinez, élue, creusotine (71), vice-présidente en charge du Sport - Yacine Hakkar, avocat à Besançon (25), conseillé délégué au Sport Stéphane Guiguet, de Mâcon (71), enseignant et issu du monde syndical, vice-président en charge des Lycées - Loïc Niepceron, conseiller délégué Education (Navenne, 70) Sophie Fonquernie, agricultrice en élevage laitier avec une activité d’agritourisme dans le Doubs (25), vice-présidente en charge de l’Agriculture, de la viticulture et de l’agroalimentaire, elle aussi elle connait à fond Denis Hameau, Dijonnais (21) délégué à l’innovation territoriale au groupe La Poste et élu de terrain, est vice-président en charge de l’Economie sociale et solidaire Enfin, 2 conseillères déléguées auprès de moi - Françoise Tenenbaum, conseillère déléguée pour les questions de santé (Dijon, 21) - Muriel Vergès-Caullet, conseillère déléguée pour le Service public de l’orientation (89) Et je n’oublie pas Jérôme Durain, Sénateur de Saône-et-Loire, qui est président du groupe de la majorité régionale « Notre région d’avance – la gauche unie », qui a rôle majeur dans l’animation de cette équipe. Je serai la Présidente de tous les bourguignons et francscomtois, et je m’efforcerai, avec mon équipe, de les représenter tous dignement, avec modestie, humilité, responsabilité, ce qui n’empêche pas l’ambition. Alors quelques instants pour vous 6 présenter cette ambition. Les trois grands défis du mandat à relever ensemble Les engagements que j’ai pris devant les électeurs, ils seront complétés par les propositions qui émaneront des forces vives du territoire, dès lors qu'elles serviront l'intérêt général et les valeurs que nous portons, dans l’unique objectif de faire front face aux 3 grands défis qui nous attendent. 1er défi : construire ensemble la nouvelle région 2ème défi : mener de toutes nos forces la bataille pour l'emploi 3eme défi : faire émerger un nouveau modèle de développement plus durable 1er défi : construire ensemble la nouvelle région Notre nouvelle identité se construira d’abord par la fraternité. C'est en renforçant les liens qui nous unissent que nous saurons échapper aux impasses de l'individualisme et de l'intolérance. Et ces liens, ils s'éprouvent dans la vraie vie, dans le vivre ensemble, dans le partage des expériences, dans la vie culturelle et sportive des territoires. La culture : plus notre société s’enrichit de la créativité des artistes, mieux elle peut se défendre face au fanatisme qui la ronge. Erri De Luca : « aujourd’hui on a besoin de la mobilisation des forces désarmées car le front s’est émietté partout et chaque citoyen est appelé à faire son tour de garde. Chacun devient protecteur de son propre voisin. Bientôt le théâtre, la musique, la littérature, le cinéma s’en feront l’écho ». Voilà pourquoi j’ai mis la culture au fronton de notre projet : patrimoine, création, spectacle vivant, art contemporain, médiation culturelle, éducation artistique dans les lycées, pour porter la culture partout et pour tous. spectacle vivant, que nous aurons à cœur de mettre en réseau et de faire grandir, notre volontarisme en matière d'art contemporain, de médiation 7 Le sport est l'autre ferment du vivre ensemble que nous voulons préserver et développer. Il fait rayonner la région par les champions qui portent notre excellence à travers le monde, il fait la joie des plus jeunes et de leurs familles au quotidien, dans les stades ou sur les pistes, avec là encore le souci de l'accès au plus grand nombre, y compris aux plus fragiles et aux personnes en situation de handicap. Le vivre ensemble, c'est plus généralement la vie associative, le bénévolat et l'engagement qui le servent le mieux, c'est pourquoi nous soutiendrons l’emploi associatif en accompagnant la création et la consolidation de 6 000 emplois d’utilité sociale. Parce que la culture, le sport et la vie associative sont essentiels au vivre ensemble, nous nous engageons à sanctuariser les moyens qui y sont consacrés. Notre nouvelle identité commune se construira avec les collectivités et leurs élus, qui représentent des bassins de vie sur lesquels nos politiques d’aménagement, de développement économique, de formation et de transports doivent prendre appui. J’ai déjà proposé un premier tour d’horizon aux Présidents des 8 départements, qui sera suivi d’une rencontre avec les agglomérations et les mois qui viennent seront prioritairement consacrés à une série de rencontres thématiques avec les principaux acteurs de l’économie, de la formation, de l’économie sociale et solidaire, de la culture, des sports, du tourisme…afin que tous soient associés le plus étroitement possible à la construction de la nouvelle région. La loi NOTRe renforce les intercommunalités dans cet objectif, et la gouvernance territoriale collective que je souhaite poursuivre trouvera en la CTAP, la Conférence territoriale de l’action publique, un véhicule pour que les forces de chaque territoire participent aux enjeux de développement économique et humain de la grande région. Construire ensemble notre nouvelle région, c'est aussi 8 renforcer les solidarités, car il n'est de développement durable que s'il est équitable. Solidarité avec les plus fragiles d'entre nous, avec le maintien de la gratuité des manuels scolaires, la mise en place d'une tarification sociale progressive dans les cantines et les internats, la généralisation de la carte avantages jeunes et de l'aide au permis de conduire, et demain, la généralisation de la gratuité des transports scolaires… Solidarité avec les territoires les plus fragiles, en milieu urbain comme en milieu rural par la consolidation de la politique de la ville. L’aménagement du territoire sera un des instruments de justice territoriale pour le maintien des services publics, la couverture numérique, la route et le rail, l’accès aux soins et il doit nous amener à mettre en place une autre organisation de la Région plus déconcentrée pour être plus proche et plus réactive face aux projets des territoires. Solidarité enfin avec les femmes, hommes et enfants que les conflits du monde ont poussé à émigrer vers nos rives. Construire ensemble la nouvelle région, c'est enfin réinventer la démocratie à cette nouvelle échelle. Je veux saluer les deux CESER, représentants la société civile dont nous avons tant besoin à l’heure où j’ai le sentiment que sur bien des plans, elle est plus en avance que la société Politique. Mais la région a le devoir d’aller plus loin pour construire une nouvelle gouvernance régionale qui redonne toute leur place aux citoyens. Tout reste à construire sur la forme. Et je veux associer toutes les bonnes volontés à cet immense défi. Ce sera l'objet des journées citoyennes que nous développerons et de l'outil numérique régional que nous mettrons en place pour rapprocher les citoyens de leurs élus, pour mettre constamment à l’épreuve de l’évaluation les projets que nous mènerons. Rien ne peut remplacer la proximité et le contact, c’est pourquoi j’ai demandé aux élus rassemblés ici ce soir de continuer les cafés débats expérimentés pendant notre campagne tout au long du mandat. Je souhaite aussi que nous puissions faire des comptes rendus réguliers du mandat. 9 2ème défi : mener de toutes nos forces la bataille pour l'emploi Contre le chômage, personne ne détient de baguette magique. Il résulte d'un ensemble de facteurs à la fois conjoncturels et structurels. Mais avec le renforcement de ses compétences économiques, la région prendra toute sa part dans cette mobilisation générale. Il n’y a pas de région forte sur le plan économique sans université forte. Je tiens à saluer et féliciter l’Université de Bourgogne Franche-Comté qui vient de prouver avec une très belle réussite sur le plan national l’excellence des projets qu’elle porte. Notre université est en effet lauréate, nous l’avons appris vendredi dernier, du concours « I-SITE », décerné par un jury international . L’I-site va permettre à la fois de donner à notre université une attractivité très forte pour les étudiants, les chercheurs et les cerveaux face aux autres universités grâce à un enrichissement de l’offre de formation, et de guider nos entreprises vers la haute technologie dans trois grands secteurs riches de croissance : la santé, l’écologie liée à l’alimentation et les technologies intelligentes. Il nous faut aussi pour préparer l’avenir ce qui est la première responsabilité des régions, massivement investir sur 2 secteurs porteurs d’emploi pour demain : la croissance verte et là nous devons trouver dans nos savoir-faire la capacité de construire demain éolienne, cuve de méthanisation ou équipement de stockage de l’énergie électrique et l’industrie numérique qui doit pouvoir s’appuyer sur une métropole Dijon-Besançon French Tech. Nous disposons de beaucoup de gisements de nouvelle croissance. À nous de mettre en place à l'échelle de la nouvelle région l'écosystème qui favorisera tous les liens utiles. C'est tout l'objet de la politique de filière. Nous assumerons notre rôle de chef de file en lien avec les chambres consulaires, dont le partenariat à l’échelle régional doit continuer à être excellent. 10 Face aux inquiétudes qui se font jour liées aux évolutions de compétences des collectivités, je veux rassurer les acteurs économiques : nous allons garantir la continuité des aides économiques durant toute l’année 2016, malgré les transferts de compétences. Pendant le temps de concertation et d’élaboration du SRDEII, les aides aux entreprises seront sécurisées et le nouveau SRDEII sera l’occasion d’évaluer et d’affiner ensemble, Région, Etat, et Acteur Economique une stratégie la plus offensive possible pour le développement économique. Parallèlement, nous travaillons aussi d’ores et déjà à des axes de convergence de nos dispositifs. En matière d’aide à l’artisanat avec une harmonisation des aides à la création apportées à tous les artisans de Bourgogne-Franche-Comté et une extension à la grande région d’un dispositif d’actions collectives destiné à conquérir des marchés nationaux et mondiaux. Convergence enfin en matière de garantie avec une offre renforcée et cohérente grâce à notre partenariat fructueux avec BPI et par l’extension de l’activité de « Bourgogne garantie » à la grande région ; en matière d’aides aux PMEPMI avec un réseau unifié et le déploiement d’un portail unique numérique dans les meilleurs délais. La stratégie de développement économique de la grande région reposera également sur le réseau de terrain que constituent les agences de développement économique en pleine restructuration du fait des transferts de compétences à la fin de l’année. Les acteurs économiques y auront toute leur place, tout comme les entreprises seront associées au pilotage de la nouvelle agence régionale de développement fusionnée qui verra le jour d’ici la fin de l’année. Cette gouvernance économique territoriale je la veux ouverte, transparente, inclusive : chambres consulaires, branches 11 professionnelles, syndicats patronaux et syndicats de salariés, dans un le cadre d’un dialogue social territorial renouvelé et qui s’enrichit année après année. La grande région, je la veux enfin réactive et prompte à relancer l’investissement public en jouant pleinement son rôle en particulier pour le secteur des travaux publics, dont les entreprises ont connu ces dernières années une diminution de leur activité sans précédent. Les plans de soutien d’urgence en Bourgogne Franche Comté avaient déjà permis d’injecter près de 120 M€ en 2014 et 2015 pour des chantiers immédiats. Pour redonner de l’oxygène aux entreprises des travaux publics, j’ai demandé au Premier ministre le 14 janvier d’accélérer les investissements prévus dans le cadre du Contrat de Plan Etat-région (CPER), notamment pour les chantiers routiers (RN 7 dans la Nièvre, la RN 57 dans le Doubs, la Route Centre Europe Atlantique ou « RCEA ») et du rail (ligne Lyon / Paray-le-Monial). J’attends de l’Etat 20 M€ de crédits supplémentaires dans les trois mois qui viennent pour booster les investissements. D’autres moyens peuvent être mobilisés comme l’accélération de l’équipement en très haut débit et la mobilisation de l’appareil de formation pour répondre aux besoins en compétences, toujours avec en ligne de mire le double objectif de relancer l’emploi et de moderniser nos infrastructures. La région peut aussi agir grâce à l’instauration de bonnes pratiques dans la commande publique, avec la mise en place d’une clause environnementale dans les marchés pour favoriser la sélection d’entreprises locales et lutter contre les travailleurs détachés. Je veux aussi une grande région réactive et à l’écoute pour notre agriculture et notamment l’élevage qui traverse une crise structurelle qui tire les prix vers le bas au détriment de la qualité. J’ai demandé à Mme la Préfète une réunion prochaine avec l'ensemble de la profession pour voir comment nous pouvons, aux côtés de l'Etat, prendre notre part dans les 12 situations d'urgence qui se présentent. Mais notre responsabilité est d'aider les exploitations qui souffrent à prendre les virages qui s'imposent : diversification, création et fixation de valeur ajoutée locale, modernisation pour favoriser la compétitivité des exploitations, achats locaux favorisés dans les lycées… Il y a aussi une grande préoccupation de la profession vis à vis de ce qui est considéré comme un excès de normes. Aussi faudra-t-il ensemble prendre les moyens d'objectiver ce sujet et de parvenir à un allégement réglementaire L'autre principal levier dont dispose la région pour mener la bataille de l'emploi, c'est celui de la formation, dont nous savons qu'elle conditionne l'accès à l'emploi. Et d'abord, la formation des plus jeunes. Nous voulons construire le lycée de demain, pour le rendre à la fois plus moderne, plus connecté, plus accessible à tous, plus économe en énergie et plus ouvert sur son environnement. Le lycée de demain, c'est aussi et surtout une carte des formations pertinentes, où la région entend jouer tout son rôle avec le rectorat et les branches professionnelles pour former là où il faut aux métiers qui recrutent. La voie de l'alternance devra être massivement encouragée car c’est à la fois une voie de l’excellence et une voie de promotion sociale. 2 enjeux, à ce stade, sur la formation initiale : (1) déployer un service public de l’orientation qui permette de mettre les jeunes davantage en lien avec les formations d’avenir, et (2) lutter contre le décrochage scolaire en multipliant les pédagogies alternatives, Ecole de la 2ème Chance, Ecole de la Production, MFR avec un impératif : innover, expérimenter car on ne peut pas lutter contre le décrochage scolaire sans innover. Au-delà de la formation initiale, la formation tout au long de la vie est l'une des conditions de la liberté. « Former plutôt que chômer », telle est l'ambition que nous nous sommes fixée pour 13 construire la sécurité professionnelle grâce au dialogue social territorial que nous voulons ériger en règle de gouvernance. Le Premier ministre s’est montré très ouvert le 14 janvier à l’ouverture d’une nouvelle expérimentation pour déroger au droit commun avec le contrat de solidarité territoriale qui doit préfigurer un nouvel acte de la sécurisation des parcours professionnels. Le soutien à l’apprentissage fait aussi partie de nos priorités. Nous sommes la région qui emploie le plus grand nombre d’apprentis en proportion de la population. Ce sont plus de 20 000 apprentis qui sont accueillis chaque année dans les 53 CFA de Bourgogne Franche-Comté. Nous allons nous pencher avec les chambres sur les moyens de renforcer le système des « Développeurs de l’apprentissage », pour renforcer encore la lisibilité de l’apprentissage et le lien jeunes-entreprises. Je veux aussi, comme nous l’avons fait pour l’industrie, mettre en œuvre un vaste plan de sensibilisation aux métiers, pour changer leur représentation auprès des parents mais aussi des enseignants. Enfin, nous veillerons aux équilibres financiers des Chambres des métiers et de l’artisanat qui sont en première ligne pour favoriser l’expansion des métiers et de l’apprentissage. La région a aussi un rôle majeur pour aider les demandeurs d’emploi à retrouver les qualifications qui leur permettront de reprendre une activité. Le Plan voulu par le Président de la République trouvera naturellement une traduction rapide dans notre Région puisque nous nous sommes engagés à multiplier le nombre des demandeurs d’emploi formés. Nous avons un outil de travail avec les entreprises que nous souhaitons étendre à toute la Région, et je me réjouis que l'Etat s'apprête à intervenir dans le financement des Contrats de 14 professionnalisation, autre outil d'alternance pour lequel nous sommes mobilisés en Franche-Comté depuis 2010. Former, c’est le nerf de la guerre pour le développement économique – Former tout au long de la vie – Former en réconciliant théorie et pratique. Nous réunirons pour cela une grande conférence sociale d'ici l'été pour mettre autour de la table l'ensemble des partenaires sociaux de la nouvelle région et construire avec eux les compromis dont notre territoire a besoin pour sécuriser les parcours professionnels tout en investissant dans les compétences. Cette démarche doit continuer à viser en priorité les salariés les plus exposés aux risques de précarité : les jeunes, les intérimaires, les plus faiblement qualifiés, ceux dont le secteur est en pleine reconversion. Tout comme elle doit viser les demandeurs d'emploi les plus éloignés du marché du travail, et notamment les chômeurs de longue durée. Au-delà de l’action structurelle en matière de formation, il y a aussi les exigences plus conjoncturelles pour face à l'urgence de certaines situations locales. Nous nous engageons ainsi à déployer une force d'intervention locale et spécifique à chaque menace de plan social avec pour mission d'éviter le maximum de licenciements. 3ème défi : faire émerger développement plus durable un nouveau modèle de La région n'est pas seulement là pour répondre à l'urgence. Elle doit voir plus loin pour préparer l'avenir. Et la stratégie aujourd'hui, c'est de faire émerger un nouveau modèle de développement face aux limites de notre modèle actuel, qui produit trop d'inégalités entre les hommes et les territoires et détruit la planète. La COP 21 a permis d'aboutir à un accord mondial historique par lequel près de 200 pays se sont engagés à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre et à aider les plus pauvres d'entre eux à faire les efforts nécessaires pour réaliser la transition énergétique et écologique. Cette réussite 15 collective, certes insuffisamment contraignante et ambitieuse aux yeux de certains, nous oblige. C'est par les territoires que nous remplirons nos engagements. À sa place, la région doit jouer tout son rôle pour participer à cet effort. La Bourgogne Franche-Comté peut et doit devenir à terme un territoire à énergie positive, c'est à dire un territoire qui produit autant d'énergie qu'il n'en consomme. Cela suppose d'abord de réduire notre consommation d'énergie. C'est l'objet du service public de l'efficacité énergétique qui doit permettre à chacun, quel que soit son lieu d'habitation, d'être accompagné pour réaliser les travaux nécessaires dans son logement pour consommer moins d'énergie, et réduire au passage sa facture énergétique et lutter ainsi contre la précarité énergétique. Mais cela suppose aussi de développer massivement les énergies renouvelables. C'est l'objet de la société d'économie mixte que nous voulons créer sur les énergies de demain pour investir massivement dans ce secteur porteur sur lequel notre territoire dispose d'une véritable mine d'or. Cette transition énergétique s'inscrit plus globalement dans la transition écologique qui vise à préserver notre environnement et notre écosystème. Nous sommes l'une des premières régions vertes de France avec un patrimoine naturel exceptionnel qu'il nous faut absolument protéger et valoriser. Cela suppose d'assumer des choix volontaristes en matière d'aménagement du territoire, en matière de gestion de l'eau et de lutte contre toutes les pollutions. Nous voulons faire de la Bourgogne Franche-Comté une région zéro déchet, ce qui implique de diminuer considérablement la production de déchets tout en développant massivement le recyclage et le réemploi dans une économie circulaire et vertueuse. La question des mobilités est aussi au centre de la transition écologique. Nous devons développer des modes de transports 16 plus collectifs et plus respectueux de l'environnement en investissant notamment dans la modernisation d'un service public ferroviaire de qualité accessible à tous. Je veux notamment mettre la grande vitesse au service des transports du quotidien en expérimentant sur l’axe Besançon-Dijon avec la SNCF un TERGV qui permette aux abonnés du TER d'emprunter le TGV. Mais il nous faut plus globalement développer l'intermodalité en facilitant le passage d'un mode de transport à un autre grâce à une carte régionale des transports et grâce à une approche transversale de la mobilité en fonction du besoin de chacun. Notre politique des transports se veut à la fois ambitieuse, pragmatique et économe en énergie : développer la mobilité partout et pour tous. Au-delà de ces efforts ciblés, c'est l'ensemble de notre modèle de développement que nous devons repenser pour aller vers une croissance plus durable, avec un modèle de développement plus équitable, car l'économie de la qualité à laquelle je crois, c'est une économie qui respecte autant l'environnement que l'humain. C'est une économie qui relocalise l'activité industrielle autant qu'agricole à travers la création de valeur ajoutée locale et en investissant dans le progrès technique. C'est une économie qui lutte contre les exclusions et qui a le souci de faire une place à chacun. Je voudrais rappeler l’importance pour nous de l’économie sociale et solidaire qui a été, vous le savez, un marqueur de notre volonté d’investir dans une économie qui replace en son cœur l’humain et l’innovation sociale. Nous encouragerons la création des entreprises de l’économie sociale et solidaire, le développement des activités d’aide à domicile et qui permettent la remise au travail de personnes en situation difficile. Nous élargirons à toute la Bourgogne Franche-Comté le dispositif « Émergence », pour soutenir le travail des forces vives locales qui agissent pour conjuguer les compétences des personnes éloignées de l’emploi à des activités d’utilité sociale nouvelles, en ville et dans les territoires ruraux. C’est aussi l’objectif en 17 expérimentation à Prémery, dans la Nièvre, dans le cadre de la loi « territoire zéro chômeurs » portée par des parlementaires de Bourgogne Franche-Comté avec ATD Quart-Monde. Ce mandat sera celui du changement d’échelle de l’ESS, avec des projets novateurs et à vocation régionale comme la Cité de l’autre économie de Dijon que nous nous sommes engagés à soutenir. C'est aussi le même combat pour plus de démocratie, car la transition ne se fera que par la mobilisation de tous, à commencer par celle des citoyens, à l'image de ces " POTES ", ces pionniers ordinaires de la transition énergétique qui ont montré le chemin en Franche-Comté et que nous ferons essaimer demain dans la grande région en rejoignant toutes les autres initiatives citoyennes qui existent déjà sur le terrain. La transition est en marche et rien ne pourra l'arrêter. À nous d'y prendre part avec enthousiasme et détermination ! Construire ensemble la nouvelle région, mener de toutes nos forces la bataille de l'emploi et faire émerger un modèle de développement plus durable. Tels sont les principaux axes de la mobilisation à laquelle j'appelle les forces vives pour ce mandat et dès cette année : j’en appelle à toutes les forces vives pour s’unir derrière ces objectifs, car sans vous, cette mobilisation sera vaine : artistes, sportifs, bénévoles, élus, associations, chefs d’entreprise… Je compte sur la mobilisation de tous comme vous pouvez compter sur la mienne. Nous avons la chance historique de faire naître ensemble une nouvelle collectivité. Fondons-là sur un projet de territoire qui porte en germe un modèle de société plus équitable, plus durable et plus démocratique pour une Région de qualité. Et nous pourrons dire alors que la Bourgogne Franche-Comté a su préparer l'avenir en restant fidèle à ses valeurs d'audace et de coopération. 18