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Les cancers liés à une exposition professionnelle représenteraient en France entre
2 et 8 % des cas incidents [1] soit entre 4 000 et 16 000 cas annuels. En regard, en
1997 seulement 409 cancers professionnels ont été reconnus en maladie
professionnelle [2]. L’identification des formes professionnelles des cancers apparaît
donc comme un enjeu médical et social très important.
I. Contexte général de l'étude
1. Physiopathogénie générale
Les cancers résultent de l’accumulation dans une cellule de dysfonctions, le plus
souvent irréversibles, transmises aux cellules filles. Ces dysfonctions génétiques
(mutations) ou épigénétiques (méthylation par exemple) sont soit acquises au cours de
la vie (altérations somatiques) soit héritées (mutations germinales ou constitutionnelles).
Le cancer est une maladie que l’on peut qualifier de pluri-factorielle, pluri-étape et pluri-
cheminenement [3] (cf. figure 1).
• Pluri-factorielle car de très nombreux facteurs [4] peuvent soit augmenter la
fréquence des mutations acquises, soit limiter les capacités de régulation/protection
de la cellule (altération des processus de réparation de l’ADN, inhibition de
l’apoptose), soit enfin perturber les moyens de défense de l’organisme (immuno-
dépression). Ces facteurs sont classiquement appelés facteurs de risque de la
maladie. Ils sont en fait le plus souvent des facteurs directs ou indirects de risque de
mutations.
• Pluri-étape car depuis Knudson [5, 6] puis Vogelstein [7, 8], il est admis qu’une
mutation ne peut à elle seule conférer à une cellule le statut ou le phénotype
cancéreux et que d’autres étapes (d’autres mutations ou altérations de l’expression
de gènes) sont nécessaires.
• Enfin, pluri-cheminement car il apparaît qu’il n’existe pas de profil unique de tumeur
[9] et qu’ainsi le cancer correspond à l’obtention dans une cellule d’une masse