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7 Decembre 2012
Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier
On voit sur le premier graphique qu'en 1999, les émetteurs étaient pour la plupart des
banques (le marché étant alors de taille relativement réduite). En partie grâce à la
croissance rapide de l'endettement des entreprises de télécommunications, les années
2000-2003 ont donné naissance à une nouvelle sous-classe d'actifs (graphiques 1 et 2). Le
poids des télécoms est passé ainsi de 16 à 30% dans l'indice des émetteurs non financiers
entre 2000 et 2002. Cette première vague d'émissions d'entreprises industrielles a créé
près de 300 Mds € de dette supplémentaire en à peine quelques années, grâce également
à la participation croissante des émetteurs automobiles américains sur le marché du crédit
européen. Ces derniers étant tombés dans la catégorie des "anges déchus" en 2005, les
encours de titres se sont légèrement contractés avant d'afficher une croissance très
modeste jusqu'en 2008, freinés également par le désendettement nécessaire de
nombreuses sociétés industrielles. La deuxième vague d'émissions est survenue en 2009 :
les banques ayant nettement durci leurs conditions de prêt après la crise Lehman, les
sociétés ont été contraintes à une nouvelle étape de désintermédiation. L'intérêt des
investisseurs pour le rendement a soutenu la demande en obligations d'entreprise,
permettant aux émetteurs d'accéder massivement à ce canal de financement. En à peine
un an (graphique 2), le segment des émetteurs non financiers s'est développé dans des
proportions record, avec 175 Mds € d'émissions nettes. En 2009, les utilities ont joué un
rôle important pour finaliser le financement de leurs dernières opérations de fusions et
acquisitions, mais les autres secteurs ont aussi été relativement actifs sur les marchés
primaires. Grâce à ce développement, les émetteurs industriels ont presque rattrapé les
financiers en termes de poids sur le marché.
1.2. Le rôle des émetteurs financiers
Contrairement aux industrielles, c'est avant la crise des subprimes que les financières ont
connu la plus forte croissance de leur encours de dette. De 2006 à 2008, les sociétés
financières ont émis en moyenne 100 Mds € de dette supplémentaire par an. À noter
qu'avant 2008, cette croissance était principalement due à des émissions d'obligations
subordonnées de toutes formes, principalement de la dette subordonnée senior (lower Tier
2) et subordonnée junior (upper Tier 2 et Tier 1), comme le montre le graphique 3. La crise
des subprimes et ses conséquences ont mis un terme à cette tendance, et la dette senior a
retrouvé ses lettres de noblesse, au même titre que les obligations sécurisées et qu'un
nouveau moyen de financement, la dette assortie de garanties publiques.
1.3. Profil actuel du marché des émetteurs financiers privés
Comme le montrent les graphiques, le marché du crédit IG en euros ne s'est pas développé
ces deux dernières années, une évolution sans surprise au regard du désendettement
indispensable des émetteurs industriels, puis des banques, d'où un rétrécissement des
émissions nettes jusqu'à des niveaux neutres, voire négatifs. Toutefois, outre cette
tendance purement quantitative, les crises récurrentes ont donné lieu à des transformations
remarquables et rapides dans la composition, la qualité et le profil de risque des obligations
d'entreprise offertes aux investisseurs. Par exemple, dans le secteur financier, on voit sur le
graphique 3 que la dette senior, la plus défensive et à plus faible bêta financier, occupe à
nouveau depuis peu une place prépondérante aux dépens des obligations subordonnées.
Les crises américaines (subprimes et Lehman) et les crises souveraines dans la zone euro
ont contraint les régulateurs à renforcer leurs exigences de qualité des fonds propres durs.
Par conséquent, le segment des titres subordonnés a commencé à se réduire sous l'effet
de rachats, d'adjudications, de l'exercice d'options d'achat, de l'absence de nouvelles
émissions, et enfin de nombreuses dégradations de notes de crédit qui ont plus pesé sur
les subordonnées que sur la dette senior.
En effet, une proportion remarquable du marché High Yield (HY) européen est désormais
constituée «d‘anges déchus» Tier 1 et lower Tier 2 (voir encadré à la fin de cette étude). La
deuxième tendance qui se dégage parmi les financières concerne le poids réduit des
banques de pays périphériques : celles-ci représentent tout juste 11% du marché de la
dette financière IG, contre 18% au moment de la crise Lehman.
Pour conclure, l'univers actuel des obligations financières accessible aux investisseurs est
beaucoup plus défensif qu'il y a quelques années, notamment en raison des changements
réglementaires et des baisses de notes de crédit. Le poids des émissions subordonnées à
bêta fort a nettement diminué, tout comme la part des émetteurs périphériques
Changement annuel dans les montants de
dette IG (en Mds €)
La croissance du marché IG (encours de
dette en Mds €)
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400
600
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1600
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Financières Non-Financières
Source : Stratégie Amundi
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2010
2011
2012-H1
Financières Non-Financières
Source : Stratégie Amundi